MALAYSIA


Nom officiel Fédération de Malaysia
Continent: Asie
Superficie: 330 000 km2
Population: (1989) +/- 16,7 M. d'h.
Capitale: Kuala Lumpur (920 000 h.)
PIB/h : (1986) $ 3 160
Pétrole (production): (1988) 26 M. de t. (0, 9% de la prod. mond.)
Pétrole (réserves connues): 400 M. de t.

Régime: monarchie constitutionnelle
Chef de l'État: roi, Tuanku Mahmoud Iskandar el-Hajj
Chef du gouvernement: Datuk Sari Mahathir Mohamed
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades

% de non-musulmans +/- 45 %
- ventilation: Chinois de confessions diverses: +/- 73 %; hindous: +/- 27%
% de musulmans : +/- 55 %
- vent. /100: - sunnites, pour la plupart shaféites



La Malaysia, de par l'ampleur de la renaissance islamique qu'y s'y manifeste, est le cœur de la communauté musulmane malaise. Au nord, les Pattani de Thaïlande; au sud, les groupes de croyants indonésiens; à l'est, dans l'État malaysien de Sabah, sur l'île de Bornéo, la foule des réfugiés musulmans du sud des Philippines, les Moros. C'est enfin de Malaysia que provient l'essentiel de la communauté musulmane de Singapour (voir p.185).

C'est en Malaysia que l'on trouve l'Islam le plus militant du monde malais: jeûne du Ramadan, justice inspirée par la charia, port du hijab. Une résurgence musulmane qui remonte au début de la décennie 70 et touche aussi bien des paysans que les étudiants de grandes universités, celle de Kuala Lumpur notamment.

Le premier Etat de la péninsule malaysienne a avoir été islamisé a été le sultanat de Malacca au XIVe siècle. Depuis, l'ensemble de la population malaise y a embrassé l'Islam; religion qui est d'ailleurs officiellement celle de l'État fédéral de Malaysia.

Depuis son indépendance, ce pays a toujours connu un courant islamiste très actif, sinon puissant en termes électoraux. C'est en 1951 qu'a été créé le Parti islamique malaysien (Parti Islam SeMalaysia, PAS), dont le fief est le nord de la péninsule, où la proportion de Malais est la plus forte, et la foi, la plus intense. Associé par épisodes au pouvoir fédéral, le PAS a contrôlé pendant la plus grande part de ces trente dernières années l'État du Kelantan, à la frontière avec la Thaïlande.

En Malaysia, l'agitation islamiste a débuté en 1980: l'attaque d'un poste de police par un petit groupe nommé l'armée d'Allah sur terre a fait 8 morts. A l'automne de 1985, dans l'État de Kedah, un affrontement violent opposant des policiers aux fidèles d'lbrahim Mahmoud, un prêcheur exalté, a fait 18 morts, dont 4 au sein des forces de l'ordre. En octobre 1988, une vague répressive ordonnée par le gouvernement a conduit à l'arrestation d'une centaine de jeunes militants islamistes, dont la plupart ont été libérés ultérieurement.

Mais, durant les années 80, le PAS, lui-même en crise, n'a pas été vraiment en mesure d'exploiter le renouveau islamique sensible dans tout le pays ni le malaise montant, sur fond de crise économique, chez les paysans et les déshérités des villes.

En 1983, la direction du PAS a été désavouée par la base, et son président contraint à la démission. Ce sont de jeunes radicaux venus pour la plupart de l'organisation juvénile du parti, Angkatan Bella Islam Malaysia ou ABIM (Mouvement de la jeunesse islamique), qui ont pris en main ses destinées. Mouvement très important - plus de 100.000 adhérents dont de très nombreux étudiants - ABIM a été fondé en 1971. Depuis le début de la décennie 80 ses dirigeants sont dans l'ensemble favorables à la République islamique d'Iran.

Au sein du PAS, une tendance dure, le Conseil des Représentants islamiques s'est fixé comme objectif la transformation de la Malaysia en un Etat islamique et pousse la direction du parti à la radicalisation. L'UMNO, le parti au pouvoir, rassemblant des Malais d'origine et plutôt modérés, a réagi à cette menace en se donnant une image musulmane - plus par nécessité que par goût - et en jouant à fond la carte du nationalisme malais. Or le PAS, parti musulman est par définition multiracial et compte dans ses rangs des Chinois convertis et des musulmans indiens. Coincé entre une majorité réislamisée et une montée du sentiment national malais face aux communautés hindoue et chinoise, le PAS a connu un véritable désastre aux élections générales de l'automne 1986: un seul siège au Parlement fédéral (mais quand même 15% des suffrages), perte du gouvernement régional du Kelantan, exclusion de la coalition au pouvoir à l'échelon fédéral.

Depuis, le PAS tente de reconquérir sa base au prix d'un énorme travail sur le terrain dans le nord du pays et chez les étudiants, ses deux bastions traditionnels.

L'étoile montante du parti est son vice-président, Ustaz Hajj Abdulhadi Awang. Né en 1947 dans l'État de Terengganu (nord-est du pays), diplômé de l'université coranique de Médine et d'al-Azhar au Caire et père de 7 enfants c'est un prêcheur très populaire dans tout le nord du pays. Dès décembre 1982, Ustaz Awang a noué des contacts avec les dirigeants de la République islamique d'Iran, à l'occasion du Congrès mondial des imams de la prière du vendredi, tenu à Téhéran, et est depuis un fidèle compagnon de route de la République islamique de l'Iran . Il a notamment vigoureusement condamné l'Arabie Saoudite à l'occasion du massacre du Hajj en 1987.

Avec beaucoup de prudence - les gouvernements de Malaysia et d'Indonésie ont conclu un pacte antiactivistes islamistes - le PAS maintient des contacts avec ses frères d'Indonésie et leur fournit clandestinement brochures, ouvrages, cassettes audio et vidéo de propagande révolutionnaire islamique.

Autre foyer d'agitation islamiste en Malaysia: l'Association des réfugiés Bangsamoro, à Sabah, dans l'île de Bornéo. Ils sont plus de 300 000 et très militants (voir Philippines, p.178)

Un Mouvement pour la libération d'al-Qods (voir Bangladesh, p..69) organise chaque année à Kuala Lumpur des manifestations pour le Jour de Jérusalem (voir Iran, p.131 et s.).

En octobre 1990, les élections législatives fédérales et dans les Etats redonnent une confortable majorité au premier ministre sortant, Mahathir Mohamed, mais dans l'État de Kelantan, l'opposition rafle les 39 sièges; 24 vont au PAS qui a également 6 élus nationaux..
 
 

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