LIBAN


Nom officiel: République du Liban
Continent: Asie
Superficie: +/- 10 500 km2
Population: (1989) +/- 3,3 M. d'h.
Capitale: Beyrouth (+1/- M. d'h.)
PIB/h.: (1986) $ 2 500

Régime: république théoriquement pluripartite. Etat de guerre civile depuis 1975
Chef de l'État: Eliras Hraoui
Chef du gouvernement: Selim el-Hoss
Ligue arabe: oui (1945)
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades représentant personnel de l'Imam (résidence: Damas)
 

% de non-musulmans: (estimation approximative datant de 1985): 40%
- ventilation : - maronites: 60%; grecs-orthodoxes: 15%; grecs-catholiques: 10 %; arméniens (divers) :10%; autres: 5%
% de musulmans: 60 % (estimation, idem)
- vent. /100 - chantes: 58%; sunnites: 32%; druzes: 10%



[Comme dans le cas de l'Iran, un volume de 400 pages ne suffirait pas à épuiser le sujet. Le cadre d'un ouvrage comme l'Atlas impose de se limiter à la présentation d'organisations, de personnalités et à une rapide chronologies]

LES ISLAMISTES CHI'ITES

Le HizbAllah

Quand il apparaît publiquement, durant l'été 1982, nombreux sont ceux qui, au Liban même, s'amusent de cette tentative de créer dans ce pays plus phénicien qu'arabe, subtil et occidentalisé, un mouvement à l'iranienne. La mayonnaise, disent tous ces sceptiques, ne prendra jamais.

Et pourtant.

Entre 1982 et 1990, le Parti de Dieu a successivement:

· Conquis des bases opérationnelles dans la vallée de la Bekaa, au sud du pays et dans les banlieues au sud de Beyrouth. Il les a conservées sans catastrophe majeure jusqu'à ce jour et, sauf dans la banlieue beyrouthine, élargies.

· Réussi à chasser les "Satans" américains et français du Liban.

· Survécu à la reprise en main de Beyrouth par l'armée syrienne et à la fin de la guerre Irak-lran, qui lui fournissait pourtant ses thèses majeures de mobilisation.

· Fait défiler chaque année, dans son fief de Baalbek, une milice de plus en plus imposante à l'occasion du Jour de Jérusalem: 5 000 hommes en juin 1985; près de 10 000 en avril 1990. Si l'on en croit la presse libanaise, le Parti de Dieu a fait à cette occasion une exhibition de ses ressources en armement: mortiers de 120 mm, obusiers autotractés de 130 mm, missiles antiaériens Sam 7, blindés M 113.

· Conservé une homogénéité sans précédent - et sans égale - sur la scène libanaise. Toutes les organisations politico-militaires de ce pays sont périodiquement déchirées par des scissions; on s'y entretue même parfois; au minimum les dirigeants s'y disputent-ils publiquement et à tout propos. Toutes, sauf le HizbAllah au sein duquel règne une impressionnante discipline. Au point même où l'on chercherait en vain une seule critique publique d'un des dirigeants du Parti de Dieu contre l'un ou l'autre de ses collègues.

Par tradition historique, et du fait qu'il évolue depuis son apparition dans une ambiance de guerre civile, le HizbAllah est très secret: la composition précise de son comité exécutif, le majlis - qui se réunit en secret - n'est pas connue avec précision. Et le processus selon lequel s'élabore sa politique et se prennent les décisions, dans le cadre de sa direction collégiale, n'est toujours pas connu des experts occidentaux.

Très rigide et manichéen sur le plan doctrinal, le HizbAllah est des plus pragmatiques dans son fonctionnement quotidien et est capable de prendre rapidement des virages très délicats (voir la chronologie, plus bas, son attitude face à Saddam Hussein en août 1990).

Mais la singularité majeure du HizbAllah reste sa nature théocratique où se combinent une foi de type millénariste, le stoïcisme et le goût du martyre propres au chi'isme.

Dans la vision - manichéiste - du monde qu'ont les dirigeants du HizbAllah, l'Islam est la Vérité absolue, la Justice parfaite et s'opposer à lui comme le fait l'Occident c'est défendre le mensonge, la corruption, l'impureté.

Assurer le triomphe de la Vérité et de la Justice, c'est donc chasser les infidèles du Proche-Orient. En instaurant une république islamique au Liban? Non. Les dirigeants du HizbAllah savent que c'est irréalisable, et l'ont dit cent fois. Leur objectif est beaucoup plus vaste: d'abord faire disparaître l'influence occidentale de la région, puis assurer le retour au sein de l'oumma d'un Machrek irrigué, revivifié par le "pur Islam de Mahomet".

Pour ce faire, l'arme nô 1 du HizbAllah, c'est la persuasion, la capacité de ses prêcheurs à convaincre, à mobiliser des masses de plus en plus vastes. Et c'est ainsi qu'inlassablement, de réunions politiques en sermons dans les mosquées, d'hommages funèbres en fêtes religieuses, les missionnaires du Parti de Dieu travaillent à entraîner dans l'action la communauté des croyants. Ceux qui viennent à eux sont rarement des individus isolés, ainsi que cela se produit en Occident quand on adhère à un parti politique, mais des structures traditionnelles libanaises: familles, clans, villages entiers parfois.

Au-dessus même des membres du comité exécutif, le guide spirituel du HizbAllah est Mohamed Hussein Fahdlallah. Vieux routier de la scène révolutionnaire islamique, il participe depuis près de deux décennies - et donc bien avant la révolution iranienne- à toutes sortes de séminaires, conférences, conclaves islamistes de Londres à Téhéran, de La Mecque à Beyrouth. Intellectuel chi'ite de haute volée, orateur et écrivain de talent, son autorité personnelle dépasse largement le Liban et est à l'échelle du Proche-Orient tout entier. Il exerce sur le majlis du HizbAllah une importante influence qui s'exprime plus sur le mode de la persuasion que sur celui du commandement. Cheikh Fahdlallah est le cousin de l'hojatolislam irakien Mobamed-Bakr al-Hakim.

Dans le majlis, un cénacle comptant une douzaine de membres - mais dont on ne connaît ni la composition précise ni, en son sein, la ventilation des responsabilités - les éléments dirigeants sont:

· Cheikh Sobhi Toufeïli, né en 1948 à Brital, au Liban, ancien étudiant en théologie des séminaires de Nadjaf (Irak) et de Qom (Iran), secrétaire général.

· Cheikh Seyyed Ibrahim al-Amine, né en 1953 à Nabi Ayla, près de Zablé, dans la Bekaa, ancien des séminaires de Nadjaf et de Dom, porte-parole.

· Cheikh Seyyed Abbas Moussavi, né en 1952 à Nabi Chit, (Liban), ancien du séminaire de Nadjaf.

· Seyyed Hussein Moussavi, frère d'Abbas et seul laïc de la direction du Parti de Dieu.

· Ainsi que les cheikhs Zouheïr Kanj, Hassan Nasrallah et Mobamed Yazbek.

Au-delà du majlis et depuis le début de la "guerre de l'lqlim al-Touffah" (voir chronologie plus bas) on constate que le pilotage stratégique du HizbAllah est le fait d'une équipe restreinte où l'on retrouve Sobhi Toufeïli, Ibrahim al-Amine, Mohamed Yazbek, Hussein Moussavi; y figure aussi Hussein Khalil, directeur des services de renseignements du Parti de Dieu.

Car - toujours l'obsession du secret et la guerre civile - le HizbAllah possède, avec son Organisation spéciale de sécurité (OSS) l'un des SR les plus sophistiqués du Liban.

Il a été créé sur le conseil et avec l'assistance de l'unité de Pasdaran (Gardiens de la Révolution) iraniens en garnison dans la vallée de la Bekaa depuis l'été 1982. Le contexte libanais, un cocktail de guerre civile, d'affrontements claniques et confessionnels avec, en prime, interventions et occupations étrangères, imposait la constitution de cette arme anti-pénétrations, anti-coups tordus par excellence qu'est un bon service de renseignements. Le modèle choisi est celui des SR du Fatah et de l'OLP. D'abord parce qu'ils sont plutôt efficaces mais surtout parce que les cadres de l'OSS-HizbAllah ont pour la plupart une expérience concrète du fonctionnement desdits services.

Au début de la décennie 80, un dirigeant des SR palestiniens au Liban, Mahmoud al-Natour "Abou Tayeb"(1), chargé de la sécurité des personnalités et des installations palestiniennes au Liban, a recruté tout un groupe de jeunes chi'ites libanais fascinés par la résistance palestinienne. lis ont combattu au Sud-Liban et fait les "petits boulots" de la Force 17. Après le départ de l'OLP de Beyrouth durant l'été 1982, certains de ces jeunes, laissés à l'état d'orphelins, sont retournés à leur communauté, à leur foi. Le talent de prêcheur de cheikh Fahdlallah, dans sa mosquée de l'imam Reza à Bir el-Abed (banlieue sud de Beyrouth), a, paraît-il, joué un grand rôle dans l'affaire. Ce sont ces jeunes qui vont se retrouver tout naturellement à l'OSS/HizbAllah: leurs aînés (les Ibrahim al-Amine, Sobhi Toufeïli, etc., âgés de 35 ans en moyenne à l'époque) ont reçu une éducation religieuse classique dans les séminaires irakiens (Kerbala, Nadjaf) ou iraniens (Qom, Mechhed) et manquent totalement d'expérience concrète dans le domaine du renseignement. Cette première vague de jeunes chi'ites formée à l'école des SR palestiniens sera rejointe, fin 1983, par leurs frères ayant suivi Arafat au Nord-Liban, jusqu'à l'expulsion de ce dernier de Tripoli en décembre 1983.

Par la suite, ces jeunes conserveront des contacts avec les palestiniens restés au Liban: ceux du Front du refus, principalement, sauf au Sud, dans la région de Tyr et de Saïda, où, du fait de l'absence syrienne, les arafatistes peuvent se maintenir.

Appareil militaire, service de renseignement, quadrillage de secteurs entiers du Liban, 3 stations de radio(2), l'ébauche d'un réseau de télévision: pourquoi faire?

D'abord survivre et durer et là, suite à l'arrêt des hostilités Irak-lran, le HizbAllah a rencontré durant l'été de 1988 un problème crucial: celui de la légitimation de son combat. C'en était fini de la rhétorique: "Aujourd'hui Kerbala, demain Jérusalem." Il fallait trouver autre chose, dans la sphère islamique, pour enflammer et mobiliser les masses. Ce nouveau moteur de la propagande, ce sera l'Intifada. Dès septembre 1988, les radios, la presse du HizbAllah font de plus en plus référence au soulèvement des Palestiniens, en insistant, c'est évident, sur sa dimension islamique. Mais la propagande ne peut suffire, l'action au service de l'Intifada doit suivre; d'où la nécessité de forger une alliance avec des acteurs du soulèvement; ce sera ceux du Front du refus. Qui, s'ils sont révolutionnaires et nationalistes, n'en sont pas moins à 100% sunnites, pour ceux d'entre eux bien sûr qui sont musulmans (il y a une minorité de 20% de Palestiniens chrétiens).

D'où la nécessité pour le HizbAllah de ne pas passer pour une organisation sectairement chi'ite et d'élargir son champ d'action,

LES STRUCTURES UNITAIRES

Le Rassemblement des ulémas musulmans (RUM)

Fondé en 1982, il regroupe des religieux sunnites et chi'ites professant, en leurs propres termes, une "allégeance totale" envers la Révolution Islamique d'Iran. Sur la scène libanaise, le RUM est actif de Beyrouth-Ouest à la vallée de la Bekaa et jusqu'au Jebel Amil, tout au sud du pays, Son émir est un cheikh sunnite originaire de Saïda, Maher Hammoud. En juillet 1990 encore, il a publiquement défendu la présence et le rôle de l'Iran au sud-Liban. Son comité directeur se compose de:

· Cheikh Zouhelr Kanj, chi'ite, ancien du séminaire de Nadjaf, Irak. (membre du majlis du HizbAllah).

· Cheikh Ali Khazen (chi'ite).

· Cheikh Selim al-Lababidi (sunnite).

· Cheikh Salahuddin Arkadan (sunnite).

Le RUM publie un bulletin hebdomadaire, L'Unité islamique. Il a patronné ces dernières années les Conférences du Pèlerinage organisées à Beyrouth. (voir Iran, p.131 et s.).

LES ISLAMISTES SUNNITES

La Jama'a islamique de Saïda

Cette formation est proche à la fois des mouvements islamistes palestiniens comme le Jihad islamique-Beit ul-Moqaddas et du HizbAllah du Liban. On trouve à sa tête, au cours de la décennie 80, les cheikhs "sudistes" favorables à la Révolution islamique: Maher Hammoud, qui a participé à ce titre aux Conférences internationales sur les Lieux saints d'Arabie Saoudite de Téhéran (novembre 1987) et Londres (janvier 1988); Ahmad al-Zain, mufti de Saïda (qui a fait allégeance à l'ayatollah Ali Khamene'i, Guide de la Révolution islamique, en janvier 1990, en présence de l'ambassadeur d'Iran au Liban, Ali Zamanian) et Ali Cheikh-Ammar. La Jama'a a constitué avec le HizbAllah des unités de guérilla anti-israéliennes nommées Résistance islamique/Force du Fajr (voir chronologie,).

Le Mouvement d'unification islamique-Tawhid

C'est une formation implantée dans le nord du Liban, notamment à Tripoli. Fondée au début de la décennie 80, elle s'est toujours caractérisée par son hostilité à la Syrie - qui soutient bien sûr les milices de la minorité alaouite du Nord-Liban - et son appui sans faille aux Frères musulmans syriens (voir p. 194 et s.). Tour à tour allié des arafatistes (19821983) et des éléments libanais pro-iraniens (depuis), Tawhid" était présent à la Conférence des mouvements de libération islamiques et HizbAllah tenue à Téhéran en décembre 1987 (3)

Son émir est cheikh Saïd Cha'aban, l'un des éléments pivots de la politique iranienne de rapprochement avec les sunnites. Né à Batroun (Liban) en 1930, cheikh Cha'aban a étudié à al-Azhar, au Caire, entre 1952 et 1958.11 a résidé au Maroc (1958-61), puis en Irak (1961-64), deux pays où il a exercé la profession d'enseignant. En 1964, il s'est fixé à Tripoli, au Liban, et y a fondé en 1976 l'école al-Imam. En 1981, il a fondé, à Tripoli toujours, une formation politico-militaire nommée JoundAllah (les Soldats de Dieu), qui est devenue deux ans plus tard Tawhid.

Sur la scène islamiste sunnite est apparu récemment un parti Allahou Akbar dirigé par cheikh Youssef Mouslimani. Actif au Sud-Liban, il regroupe quelques centaines de libanais et de palestiniens. C'est d'ailleurs l'OLP qui semble lui assurer une part importante de son financement. Sa vocation est de mener, du Sud-Liban, un guérilla anti-israélienne.

ORGANISATIONS DIVERSES D'OBEDIENCE IRANIENNE

Comité de secours de l'Imam Khomeini

Branche libanaise d'une organisation charitable internationale dont le siège est à Téhéran et ayant pour directeur Mohamed Nayyeri. Au Liban, son siège est à Beyrouth; elle dispose de filiales à Baalbek, dans la Bekaa, à Tyr, Tripoli et, dans le Sud, à Saïda. Le comité libanais "scolarise 130 000 enfants, a construit un hôpital de 40 lits; est venu au secours de 135 000 familles déshéritées". Il dispose aussi d'un service de prêts sans intérêt.

La Fédération des étudiants musulmans du Liban

A fait d'innombrables fois serment d'allégeance à l'Imam Khomeini.

La Fondation des martyrs/Liban

C'est un organisme social et charitable iranien, implanté à Baalbek. Il pratique la générosité propagandiste et intéressée.

CHRONOLOGIE

[Dans un pays en guerre civile, tenir le registre chronologique des escarmouches, attaques, attentats entre milices serait un exercice aussi stérile que fastidieux. Nous nous bornerons par conséquent à donner des points de repère sur l'été et l'automne 1990, pour permettre au lecteur de comprendre les positions respectives des protagonistes islamistes - avant tout celles du HizbAllah - dans la guerre du Sud-Liban. Rappelons que cette guerre oppose AMAL au Parti de Dieu, l'objectif final étant le contrôle des +/- 1,3 million de chi'ites libanais]

Juin 1990: une tentative d'infiltration en Israël d'un commando de la Résistance islamique/Force du Fajr échoue. Les fedayin qui tentaient d'accéder à la côte israélienne par la mer, à partir du petit port libanais de Ras Naqoura sont tués tous deux. Résistance islamique/Force du Fajr est la signature commune du HizbAllah (chi'ite) et de la Jama'a Islamiyya de Saïda (sunnite) pour les opérations de résistance anti-israéliennes au Sud-Liban. Une précédente tentative maritime des mêmes en septembre 1988 avait également échoué (3 morts).

Juillet 1990: la guerre qui oppose, depuis fin décembre 1989 AMAL, au HizbAllah dans la région méridionale libanaise de l'lqlim al-Touffah se réchauffe à nouveau. Elle a déjà fait plus de 300 morts depuis le début de 1990. L'objectif militaire du HizbAllah est de contrôler toute une bande de terre partant de la Bekaa (Machgara) jusqu'à l'embouchure de la Zahrani, à une dizaine de kilomètres au sud de Saida. Cet objectif atteint, le HizbAllah pourrait recevoir ses livraisons de matériel de guerre directement d'Iran, par bateau et échapperait ainsi au contrôle indirect des Syriens. Ce dont ceux-ci ne veulent naturellement à aucun prix. Un couloir iranien touchant la "zone de sécurité" instituce par Israël immédiatement au nord de sa frontière et incluant inévitablement à terme la grande ville chi'ite du Sud, Nabatiyeh, est un cauchemar pour Hafez al-Assad. L'lran pourrait ainsi lui dicter sa politique régionale en déclenchant des opérations militaires contre Israël.

Soutiennent le HizbAllah dans sa tentative de création du "couloir iranien":

· Tout d'abord la nébuleuse des mouvements évoluant dans sa périphérie: Rassemblement des uléma du Jebel Amil, Rassemblement des uléma musulmans, Jama'a Islamiyya, Jihad islamique-Beit ul-Moqaddas (voir Palestine, p...), Front islamique libanais, Mouvement des moujahidin musulmans, etc.

· La République islamique d'Iran - en tant que telle -et non une fraction supposée "extrémiste" par rapport à un appareil d'État censé être plus "modéré".

· Au-delà, des mouvements palestiniens laïcs extrémistes comme le FPLP-Commandement général et ce qui reste au Sud-Liban de l'Armée populaire d'Abou Nidal. Et même, enfin, diverses unités militaires du Fatah, aux ordres de commandants islamistes écœurés par la passivité actuelle de VOLE au Sud.

La coalition anti-HizbAllah est dirigée par la Syrie et financée par l'Arabie Saoudite. Son agent sur le terrain est la milice AMAL, appuyée par des unités de l'OLP et la milice du Parti national-social syrien (PNSS).

Mais, malgré les assauts répétés d'AMAL et du Fatah (+/- 1 000 hommes chacun), les bombardements des batteries d'artillerie palestiniennes et ceux de l'aviation israélienne sur Jarjouh, Louwaizeh et Ain Bouswar durant l'été, le HizbAllah, qui s'est emparé en avril d'un chapelet de bourgades stratégiques de l'lqlim al-Touffah dont celles de Journaya, Kfar Melli, Jarjouh, Kfar Hatta, les tient toujours en octobre 1990.

Août 1990: après l'invasion du Koweit par l'Irak, le HizbAllah, qui parle encore le 10 août du "régime criminel de Saddam Hussein", comprend vite tout l'intérêt de la "conversion" subite de celui-ci pour la Révolution islamique au Proche-Orient. La nouvelle ligne du Parti de Dieu devient ainsi, dès la mi-août, la suivante:

· La soumission de Saddam à Dieu est douteuse. Elle prête au scepticisme. Mais, confronté à un cas similaire, le Prophète a dit à un renégat qui revenait à lui: "Va, tu es libre", alors qu'il pouvait le mettre à mort. Pouvons-nous aujourd'hui être plus royaliste que le roi ?

· Désormais, les pétro-monarchies n'existent plus, et le "pur Islam de Mahomet" pourra enfin se faire entendre sur la péninsule arabique et dans les Lieux saints.

· La vraie confrontation était - et reste - celle qui oppose l'oumma aux nouveaux croisés.

Après l'arrivée massive des Américains dans la région, et notamment en Arabie, les déclarations du deviennent très menaçantes pour "l'arrogance mondiale". En août, Hussein Moussavi appelle à "affronter l'Amérique par le moyen d'actions de sacrifice" [C'est-à-dire comme à Beyrouth, en 19831 et en septembre, cheikh Fahdlallah déclare: "Nous apprenons à des musulmans à saboter les plans américains. "

(1) Aujourd'hui, Abou Tayeb est le patron de la "Force 17" et anime l'embryon d'organisation territoriale para-militaire de l'OLP dans les territoires occupés, D'Armée Populaire", l'une des structures d'encadrement de l'intifada
(2) " La voix des Opprimés", émettant depuis 1986 de la vallée de la Bekaa; "La voix de la Foi", id. depuis 1987.
(3) Depuis 1984, Tawhid dispose d'une "Radio de l'unification Islamique" qui émet depuis le nord du Liban.
 

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