INDE ET KASHMIR

Dans son ensemble, le Kashmir (1), historique a une superficie de 220 000 km2. La population totale d'un Kashmir réunifié serait à l'heure présente de +/- 12 millions d'habitants.

Mais, dans son état actuel, le Kashmir est divisé en deux:

Etat de Jammu-et-Kashmir (Inde)

+/- 139 000 km2.
pop: +/- 6 millions d'h.
Capitale d'été: Srinagar, +/- 800 000 h., au cœur d'une vallée qui fait +/- 140 km de longueur La ville de Jammu, elle, capitale d'hiver de l'État, compte +/- 400 000 habitants, dont 15% de musulmans.

Cet Etat de l'Union indienne est en fait occupé depuis 1947 par les troupes de son propre pays. A l'époque, l'Inde promet à deux reprises (le 13 août 1948 et le 5 janvier 1949) un référendum à la commission des Nations unies sur l'Inde et le Pakistan, qui n'aura jamais lieu. Par la suite, l'affaire du Kashmir a été à l'origine de trois conflits entre l'Inde et le Pakistan (1947,1965 et 1971).

Les habitants de l'État de Jammu-et-Kashmir sont près de 65% musulmans. Il y a par ailleurs 33% d'hindous et de petites minorités de sikhs, de bouddhistes et de chrétiens. Entre décembre 1989 et juin 1990, plus de 40 000 familles hindoues ont quitté le Kashmir, du fait de la guerre civile. La plupart se sont repliées au Jammu, où les hindous sont désormais en majorité. Depuis 1947, 2 millions de Kashmiris ont fui la domination indienne. lis vivent pour partie au Pakistan, pour partie dans le reste du sous-continent indien et en Asie, en Iran notamment.

Azad Kashmir (Kashmir libre, Pakistan)

+/- 79 000km2. Pop.: +/- 3 M. d'h. Capitale: Muzaffarabad. Son Premier ministre actuel est Mumtaz Hussein Rathore.

Entre ces deux Kashmirs, une ligne de cessez-le-feu longue de 1400 km sépare les armées indienne et pakistanaise. Le fondateur du Pakistan, Mobamed Ali Jinnah, considérait le Kashmir - où deux des affluents majeurs de l'Indus, la Chenab et la Jhelum, ont leur source - comme la "veine jugulaire" de son pays: c'est dire son importance pour le gouvernement d'Islamabad.
 
Depuis leur conversion, les Kashmiris ont toujours été des musulmans fervents, réagissant avec violence à toute agression: la première émeute islamique importante du XXe siècle dans l'empire colonial britannique se déroule au Kashmir en juillet 1931: 21 morts. Quand, en 1969, le premier d'une longue série de "déséquilibrés" israéliens incendie à Jérusalem la mosquée al-Aqsa, second Lieu saint de l'Islam après l'ensemble La Mecque-Médine, des émeutes secouent Srinagar (4 morts). En février 1989, c'est cette même ville qui manifeste contre Les Versets sataniques de Salman Rushdie (1 mort, des dizaines de blessés), la veille même de la publication de sa falwa par lilmam Khomeini.

LE FRONT DE LIBERATION DU JAMMU ET-KASHMIR (FLJK)

Le FLJK (voir aussi la chronologie, plus bas) combat sur trois fronts - politique, diplomatique, lutte armée - pour un Etat du Kashmir souverain, indépendant, neutre et réunifié. Cet Etat regrouperait les deux parties du Kashmir, celle sous occupation indienne et Azad Kashmir, actuellement sous contrôle pakistanais. Le président actuel du FLJK est Amanullah Khan.

Outre ses commandos de moujahidin et ses structures d'encadrement de la population, le FLJK peut compter sur une organisation féminine très active, Dukhtaran e-Millat e-Kashmir (les Filles de la nation du Kashmir), commandées par Aasiyah Andrabi. Cette jeune femme de 27 ans a donné ordre à ses militantes de participer à la lutte armée aux côtés du FLJK, bien qu'elle le trouve insuffisamment révolutionnaire-islamique. Le FLJK contrôle par ailleurs le Front étudiant de libération du Jammu-et-Kashmir (FELJK). Fondé en 1987, ce Front juvénile a fourni en juin 1990 un état de son armement: fusils d'assaut kalachnikovs, grenades, armes de poing chinoises et allemandes; quelques lance-roquettes (RPG).

Malgré les proclamations de neutralité des dirigeants du FLJK, un futur Kashmir libre serait sans doute allié et ami du Pakistan; également, si l'on écoute la direction du Front, de la République islamique d'Iran.

LES AUTRES MOUVEMENTS DANS L'INTIFADA DU KASHMIR

Outre le FLJK et ses organisations satellites, plusieurs dizaines de groupes et de mouvements de toute taille sont engagés, à des niveaux divers, dans l'intifada. Citons notamment : l'Armée de libération islamique, al-Kerbala, al-Khomeini, al-Maqboul, al-Omar, la Fédération des étudiants musulmans, le HizbAllah, le Hizb e-Islami, le Hizb ul-Moujabidin, le Jihad islamique, la Ligue des étudiants islamiques, la Ligue populaire, les Moujahidin du Kashmir, l'Organisation de libération du Kashmir, les Rangers musulmans, les Tigres d'Allah, les Tigres de Mahomet, les Tigres de Zia.

Récemment (avril 1990), 11 de ces mouvements ont fusionné en un Mouvement de libération du Kashmir.

Les plus importants de ces groupes sont:

· Les Tigres d'Allah, dirigés par le "maréchal de l'air" Noor Khan et Aamir Jamil, sont une "filiale" kashmirie du Hizb e-Islami afghan de Gulbuddin Hekmatyar. Spécialisé dans les opérations de "moralisation islamique" ce mouvement a décrété, dès décembre 1989, un certain nombre d'interdictions et s'emploie depuis lors à les faire respecter, avec succès, semble-t-il. Loteries, bars, cinémas (sauf pour les films pakistanais), boutiques vendant de l'alcool ou louant des vidéo cassettes, salons de beauté, ont ainsi dû fermer. En outre, commerces et sociétés ont du retirer le mot indien de leur raison sociale, tandis que la population était invitée à clore ses comptes ouverts dans des banques indiennes. Fin février 1990, les Tigres d'Allah, suivis par l'ensemble de la résistance, ont demandé aux commerçants de refuser toute transaction en monnaie indienne, et de ne plus accepter que l'argent pakistanais. Les Tigres d'Allah et le FLJK coordonnent peu ou prou leurs actions.

C'est sans doute par l'intermédiaire du Hizb e-Islami afghan que la complexe méthodologie de l'Intifada palestinienne a été transmise aux moujahidin kashmiris. On sait en effet que, depuis 1988, des fedayin de HAMAS et du Jihad palestinien (voir Palestine, p. 170) suivent un entraînement militaire en Afghanistan, dans des secteurs sous le contrôle de Gulbuddin Hekmatyar; ils y ont rencontré des militants islamistes du Kashmir, mais aussi du Xinjiang chinois. Ces Palestiniens leur ont enseigné leur technique, particulièrement efficace à Gaza, du quadrillage des quartiers et de l'encadrement de la population, où chaque zone opérationnelle est dotée d'un commandement souple, léger, triangulaire avec ses branches "renseignement", "intifada" (mouvement populaire) et "militaire" (guérilla, le moment venu).

L'affaire est d'autant plus préoccupante pour l'Inde que des groupes afghans ont, par l'intermédiaire des Kashmiris, noué des contacts avec des musulmans vivant en Inde même, hors du Kashmir, sans doute en vue d'actions ultérieures. Propagande ? Réseaux de soutien ? Actions de guérilla urbaine ? Rien de concret pour l'instant, mais une menace sérieuse d'agitation pour l'avenir.

· Le Hizb ul-Moujahidin, soutenu par le mouvement fondamentaliste pakistanais Jamiat e-Islami de Qazi Hussein Ahmad, très proche de l'Arabie Saoudite. Le Hizb ul-Moujahidin et le mouvement de jeunes qu'il contrôle, la Ligue des étudiants islamiques, prônent, eux, non pas l'indépendance, mais la fusion du Kashmir et du Pakistan. Leur argument essentiel est que, si le Kashmir est indépendant, il subira le sort peu enviable de tous les petits voisins de l'Inde, Sikkim, Bhoutan et Népal.

LA DIMENSION INTERNATIONALE DE L'INTIFADA DU KASHMIR

La communauté sikh

Depuis le début de l'année 1990, les mouvements sikhs de l'Union indienne en lutte - eux aussi - pour la sécession des territoires où ils sont majoritaires, ont pris fait et cause pour les Combattants de la liberté Kashmiris, en vertu du proverbe "L'ennemi de mon ennemi est mon ami". La diaspora sikh est à la fois nombreuse et influente à peu près partout dans le Commonwealth, ainsi qu'aux Etats-Unis.

Publiquement, les dirigeants du Conseil du "Khalistan" (nom que prendrait une nation sikh indépendante), ceux du Mouvement international des sikhs pour la liberté et des groupes militants sikhs agissant en Inde même ont appelé leurs frères vivant au Jammu-et-Kashmir à "aider les moujahidin" et les policiers et militaires sikhs envoyés par le gouvernement indien à Srinagar à fraterniser avec la résistance kashmirie, qualifiée de "modèle pour les Sikhs " .

La République islamique d'Iran

Entre l'Iran et le Kashmir existent des liens nombreux et anciens. La langue, la culture, la cuisine perses sont très populaires dans tout le pays. Mais, beaucoup plus important, c'est un Perse, Hazrat Amiri Kabir Mir Seyyed Hamadani (= de Hamadan, ville de Perse), localement connu sous le nom de Shah Hamadan, qui, selon la chronique, a converti, sous le règne du sultan Qotb al-Din (1373-1389), "plus de 37 000 Kashmiris à l'islam".

Or, dans l'entourage du saint homme parti, en 1375 pour révéler la prophétie de Mahomet aux Kashmiris, se trouvait l'ancêtre direct de l'Imam Khomeini ! Sa famille a vécu deux siècles au Kashmir, précisément dans la petite ville de Hyderpur, aujourd'hui sur la route de l'aéroport de Srinagar. Une partie de la famille de Khomeini réside encore aujourd'hui à Lucknow, en Inde. D'où le nom de plume-"al-Hindi", l'Indien - qu'utilise Rouhollah Khomeini pour signer ses poèmes mystiques de jeunesse.

Tout cela rend le Kashmir particulièrement populaire en Iran, où les médias l'ont baptisé "Iran e-saghir" (le petit Iran). Depuis 1979, ces mêmes médias suivent de près la situation dans ce pays, publient tous les appels et communiqués du FLJK, interviewent régulièrement ses dirigeants, etc.

L'un des principaux instruments iraniens sur la scène kashmirie est l'Association islamique Internationale Shah Hamadan présidée par l'un des descendants de ce dernier, le docteur Agha Seyyed Hussein Hamadani. La première des conférences internationales de cette association s'est tenue à Muzaffarabad, capitale du "Kashmir libre", en octobre 1987, juste avant le début de l'insurrection. Coïncidence ? Lors d'une nouvelle conférence internationale Shah Hamadan tenue à Téhéran en février 1990, Seyyed Hamadani a déclaré: "Le soutien de l'Iran islamique [à la cause du Kashmir, NDT] est spontané, enthousiaste, inconditionnel."

Et, effectivement, l'Iran fait tout pour encourager les moujahidin kashmiris: "soutien total" réitéré par l'ambassadeur d'Iran au Pakistan, Javad Mansouri, dénonciations publiques par les ayatollahs Mehdi Karrubi (président du Majlis) et Moussavi Khoeniba (conseiller du président Rafsandjani), tant à Téhéran que lors de visites au Pakistan, des "massacres de musulmans" au Kashmir, le soutien à l'intifada en cours étant, selon les mêmes, un "devoir religieux pour les musulmans". Dès janvier 1990, la visite officielle du ministre indien des Affaires étrangères à Téhéran a été annulée pour cause, justement, de répression au Kashmir. Téhéran a été le premier pays à répondre favorablement à l'appel de Benazir Bhutto visant à réunir le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la conférence islamique en soutien à l'Intifada: cela lui a valu une popularité accrue dans l'ensemble de l'Islam asiatique et menace désormais la suprématie saoudienne dans cette partie du monde. Manifestation concrète de la perte de prestige des Saoudiens dans la région: à la fin mai 1990 s'est tenue, dans la grande mosquée de la ville pakistanaise de Wah, une conférence nationale sunnite en présence de plusieurs dizaines d'uléma de tout premier plan et de plusieurs milliers de participants. Objet du colloque: l'unité de tous les musulmans, thème cher à Téhéran. Les attaques les plus violentes ont été réservées aux wabhabites, aux Saoudiens "qui traitent les chi'ites d'infidèles" (kafirs). "Ceux qui ne font pas preuve de révérence envers la Maison du Prophète [Ahl al-Beit]" a déclaré l'un des orateurs, vivement applaudi, ne sont pas dignes du nom de vrais musulmans. Quand on sait que la maisonnée en question comprend, outre Fatima, sa fille, le gendre du Prophète, Ali, et leurs fils Hassan et Hussein, soit les trois premiers Imams du chi'isme duodécimain, on comprend la portée de ces propos, tenus à proximité même du Kashmir...

Les mouvements "dans la ligne de l'Imam", au Pakistan et dans la région, ne sont pas en reste. Chaque semaine, le président et les dirigeants du mouvement de masse chi'ite, le TNFJ (voir Pakistan, p. 1661 et s.) soutiennent avec énergie le Jihad du Kashmir et, naturellement, "L'Intifada globale des musulmans, de la Palestine à l'Azerbaïdjan". La communauté islamiste irakienne réfugiée au Pakistan, proche d'al-Da'oua (voir Irak, p. 128), soutient aussi le combat des Kashmiris, par voie de presse, et en manifestant (en février 1990 à Rawalpindi, par exemple).

Fin mars 1990 a eu lieu à Islamabad, sur le modèle de ces Conférences internationales de soutien à l'Intifada palestinienne, organisées depuis 1988 à Beyrouth (voir Liban, p...), une "Conférence internationale de soutien à l'intifada du Kashmir. Les participants, le gratin des mouvements révolutionnaires islamiques, étaient les suivants:

L'imam Mohamed al-Asi (de la communauté islamiste de Washington DC, voir Etats-Unis, p. 95).

Pour le HizbAllah du Liban (voir, p.147):

· Cheikh Zoubeir Kanj (Rassemblement des uléma musulmans et majlis du HizbAllah).

· Allama Ghalif al-Naboulsi (Rassemblement des uléma du Jebel Amil et HizbAllah).

Pour le Pakistan (voir, p. 166):

· Le président d'Azad Kashmir, Sardar Abdul Qayyum Khan

· Le président du Sénat du Pakistan.

· Agha Morteza Pooya (émir du Hizb e-Jihad, porte-parole de l'Alliance démocratique islamique, la principale force d'opposition au Pakistan).

· hojatolislam Seyyed Sajid Ali Naqvi, émir du TNFJ

· hojatolislam Seyyed Iftikhar Hussein Naqvi, directeur des relations internationales du TNFJ.

L'Iran était représenté par l'ayatollah Ibrahim Amini Nadjafabadi, ancien élève de Khomeini, professeur à l'école théologique de Qom, membre du Conseil des experts, un vieux routier des réunions islamistes internationales.

La motion finale de cette conférence appelle à soutenir "les mouvements révolutionnaires islamiques dans le monde, Afghanistan, Azerbaïdjan, Irak, Liban, Palestine".

Les islamistes Kashmiris répondent favorablement à ce soutien appuyé. Fin janvier 1990, Amanullah Khan, président du FLJK, a eu lors d'une conférence de presse des mots très durs pour l'Inde, mais aussi pour le Pakistan, accusé de mollesse. Il a réservé tous ses louanges à l'Iran, "qui a pris la tête du mouvement de soutien à notre cause", et a demandé à Téhéran une "aide matérielle concrète". Dans les nombreuses réunions publiques qu'ils organisent au Pakistan, les Kashmiris soulignent souvent le rôle de l'Iran dans leur jihad (Rawalpindi en février 1990, par exemple).

C'est ainsi que, suivant lentement mais sûrement un processus de "libanisation" désormais classique, l'affaire du Kashmir tourne au règlement de comptes international. L'aide aux moujahidin Kashmiris est une punition pour l'Inde, alliée de l'Union soviétique, favorable au régime afghan de Najibullah et hostile à la République islamique d'Iran. Comme ce dernier pays soutient ouvertement les Kashmiris, l'Irak s'est mis à apporter, mais de façon occulte, son aide à l'Inde (voir p. 119 et s.). Conséquence ? Les alliés de l'Irak, tout musulmans qu'ils soient, gardent sur le Kashmir un silence prudent. Au premier rang de ces muets - rôle qui lui est peu familier- Yasser Arafat. Amertume chez les islamistes pakistanais, naguère chauds supporters de l'OLP et qui se tournent désormais vers le Front du refus...

Faut-il, dans ces conditions, s'étonner d'un communiqué du Jihad islamique du Kashmir du 8 janvier 1990 ? Il déclare: "Si notre frère le moujahid Anis Naccache n'est pas libéré immédiatement, les citoyens français au Kashmir, en Inde ou ailleurs, ne seront plus en sécurité." Une menace immédiate et concrète ? Non sans doute. Mais plutôt l'annonce oblique de l'ouverture d'un nouveau front...

CHRONOLOGIE

1965: Fondation du Front de libération du Jammu-et-Kashmir (FLJK).

1984: le fondateur du FLJK, Maqboul Butt, est pendu à New Delhi après l'assassinat au Kashmir de deux Indiens: un officier des services de renseignement et un gérant de banque. Avant l'exécution, l'Armée de libération du Kashmir avait enlevé un diplomate indien en Grande-Bretagne, ultérieurement retrouvé mort.

1986: février, le gouvernement fédéral indien prend directement en mains l'administration du Jammuet-Kashmir

1987

Printemps: élections truquées au Kashmir. Les cadres du parti islamiste le Front uni musulman (FUM) sont jetés en prison avant même le scrutin. Réunis à près d'une centaine à la prison de Srinagar, les éléments jeunes du FUM concluent à l'impossibilité de la voie démocratique et décident de passer à la lutte armée.

Hiver: début de l'intifada; manifestations de petits groupes, jets de pierre, etc.

1988

Printemps: début de la "campagne militaire .

Juillet: manifestations violentes le 13, "jour des martyrs", célébré depuis 1931 en mémoire des émeutes musulmanes contre le maharajah de l'époque.

Août: premiers attentats à la bombe, ils visent le bureau des télégraphes de Srinagar et le Srinagar Club.

Septembre: tentative d'assassinat du directeur adjoint de la police du Kashmir. Un de ses gardes est tué.

Au total, pour l'année, 351 actes de violence (attentats, etc.) au Kashmir.

1989

Février: premier entraînement militaire de jeunes Kashmiris. Des moujahidin afghans leur enseignent les techniques de commando.

L'agitation reprend de plus belle pendant le Ramadan (avril-mai).

Mai : du 11 au 13 . Grève totale ordonnée par le FLJK avec pour mot d'ordre: "Les Indiens dehors !". Le 13, attentat à la bombe visant les locaux des services de renseignement indiens à Srinagar. Le 14, début officiel du Jihad contre l'Inde. Août: depuis douze mois, l'agitation a déjà fait 50 morts.

Novembre: le FLJK assassine le juge qui avait condamné à mort Maqboul Butt, en 1984.

. Boycottage des élections indiennes à l'appel du FLJK. Moins de 5% de votants au Kashmir.

Décembre: des fedayin du FLJK enlèvent Rubaiya Sayeed, fille du nouveau ministre fédéral indien de l'Intérieur, Mohamed Sayeed, premier musulman à occuper ce poste. Ils menacent d'assassiner la jeune fille si 5 cadres du FLJK ne sont pas remis en liberté. Cinq jours plus tard, les 5, dont Mohamed Altaf Butt, le jeune frère de Maqboul Butt, fondateur du FLJK, sont relâchés. Rubaiya Sayeed est aussitôt libérée. A ce moment, son père est ministre de l'Intérieur depuis à peine une semaine...

Au total, pour l'année, près de l 800 actes de violence, 80 morts, 140 jours de grève générale.

1990

Depuis le début de l'année, l'intifada a tourné à la guerre civile. Outre la police de l'État de Jammu-et-Kashmir, 40 000 hommes peu fiables pour le pouvoir fédéral indien (grèves, etc.), le corps expéditionnaire militaire de ce pays compte, dès mars, plus de 25 000 hommes.

Vagues d'attentats par explosifs, manifestations de masse suivies d'émeutes et d'affrontements avec les forces de l'ordre, attaques ou incendies de bâtiments officiels par des commandos de moujahidin, embuscades tendues à des convois militaires indiens, assassinats, ou enlèvements de personnalités indiennes ou de "collabos" kashmiris et répression indienne ont fait, depuis le 20 décembre 1989, plus de 550 morts (juin 1990) et des blessés par milliers.

Depuis fin décembre 1989 toujours, le Kashmir est soumis à un couvre-feu pratiquement permanent et très ferme. Fin janvier 1990, la guérilla musulmane comptait, selon des sources locales concordantes, un millier de combattants entraînés, équipés d'armes automatiques et même de lance-roquettes sophistiqués. Dans la ville de Srinagar, partout des drapeaux du FLJK et du Pakistan. Les panneaux routiers sont tous écrits en ourdou; les autres ont été maculés de peinture verte. Aucune raison sociale comportant le mot Inde ne subsiste.

Mars: un groupe de contre-terrorisme hindou, Shiv Shena (l'Armée de Shiva), s'implante au Kashmir et débute une série d'attentats anti-musulmans. Riposte du FLJK: "Tout militant du Shiv Sema que nous capturerons sera brûlé vif sur-le-champ."

. AraTat déclare, à New Delhi: "Il n'y a rien de commun entre la Palestine et le Kashmir", au grand scandale des islamistes de la région, de l'Afghanistan au Bangladesh.

Avril: dissolution par l'Inde du FLJK, des Tigres d'Allan et du Hizb ul-Moujabidin et de 5 groupes du même type.

Mai: des agresseurs inconnus assassinent le plus haut dignitaire religieux musulman du Kashmir, Mirwaiz (émir prédicateur, titre héréditaire) Maulvi (Mollah) Mohamed Farouk, âgé de 45 ans. Les émeutes consécutives à sa mort font près de 50 morts et 300 blessés.

. 550 morts depuis janvier. Le gouverneur indien en poste depuis janvier, J. Jagmohan, un partisan de la manière forte, démissionne. Les chefs de l'intifada déclarent que leurs objectifs de base sont atteints: 1°) mobilisation complète de la population; 2°) mise en avant de la dimension islamique du soulèvement: 3°) prise de conscience par l'opinion publique mondiale de la situation au Kashmir.

. Le commandant militaire du FLJK, Ashfaq Majid Wani, est tué au combat à Srinagar. Son successeur est Yassin Malik.

Juin: Amanullah Khan, président du FLJK, déclare l'indépendance du Kashmir et annonce la constitution d'un gouvernement provisoire, qui compte 24 membres, dont 2 hindous.

. Les résistants kashmiris font pour la première fois usage d'un lance-roquettes (RPG 7), contre un hôtel de Srinagar, occupé par la police armée indienne: 10 morts, plusieurs dizaines de blessés.

Juillet :800 morts depuis janvier. Les mouvements de guérilla font désormais un usage régulier des RPG 7.

Août: coup dur pour le FLJK: son commandant militaire, Yassin Malik, son adjoint Abdulhamid Cheikh et une bonne partie de leur état-major, - 11 personnes en tout, sont capturés dans une maison de Srinagar - suite à une trahison. C'est le premier important succès indien depuis le début de l'intifada. Mais dès le lendemain, on connaît le nom du successeur de Yassin Malik: Javad Ahmed Mir.

. Depuis le 20 janvier 1990, il y a eu officiellement 1 133 morts. Près de 4 000, selon les islamistes.

. Dans la seule journée du 11, 45 morts. Depuis le changement de gouvernement au Pakistan, le groupe le plus soutenu n'est plus le FLJK, mais la Jama'at Kashmirie. Dans le seul mois d'août, 400 moujahidin ont été capturés par l'armée indienne.

Septembre: le massacre continue, le chiffre des l 500 morts officiels est dépassé.

Octobre: Les forces de répression indiennes incendient désormais les pâtés de maison -parfois des quartiers entiers - d'où viennent des attaques de la résistance Kashmirie, dans les villes de Srinagar, Anantnag, Handwara et Sopore. L'incendie déclaré, les soldats indiens tirent sur les pompiers locaux.

Novembre: 2000 morts depuis le début de l'année 1 990.

. L'imam de la grande mosquée de Srinagar, Maulvi Umar Farouk, fils de mirwaiz Maulvi Mohamed Farouk, assassiné récemment, remercie le peuple et les dirigeants de l'Iran pour leur soutien envers le peuple du Kashmir.
 

(1) Pour respecter les différents sigles comportant la lettre K (FLJK: Front de libération du Jammu-et-Kashmir, par exemple), nous avons choisi d'écrire le mot Cachemire à l'indienne, Kashmir,

 

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