IRAK


Nom officiel: République d'Irak
Continent: Asie
Superficie: +/- 435 000 km2
Population: (1989) 18 M. d'h.
Capitale, Bagdad (4, M. d'h.)
PlB/h.: (1986) $ 2 670
Pétrole (production): (1988) 127 M. de t. (4,2% de la prod. moud.)
Pétrole (réserves connues) : 14 milliards de t.

Vecteurs et engins de destruction massive:
. vecteurs: Scud B (URSS), 300 Km, 1 t. de c.u.; "al-Hussein" (URSS, Scud modifiés), 600 km, de 120 à 300 kg de c.u.; "al-Abbas" (URSS, Scud modifiés), 900 km, 900 kg de c.u. (Au total: + 500 vecteurs)
. engins: chimiques, oui. Nucléaires: non, mais programme en cours

Régime: dictature à parti unique
Chef de l'État: Saddam Hussein
Ligue arabe : oui (1945)
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: rétablis en septembre 1990

% de non-musulmans: 4 %
- ventilation: chrétiens: 75 %; autres: 25 %
% de musulmans: 96%
- vent. /100: - chi'ites (Arabes): +/- 55 %
- sunnites hanafites (Arabes): 30%
- sunnites hanafites (Kurdes): 15%



Tout le mouvement islamiste est évidemment clandestin en Irak; des organisations, le plus souvent démantelées, survivent en tant que réseaux au Proche-Orient, en Europe et en Asie du Sud. Du côté sunnite, une branche irakienne des Frères musulmans a été fondée en 1948, mais interdite et ré primée dès 1951. Elle semble faible et assez dispersée: certains de ses dirigeants vivent en Arabie Saoudite, mais d'autres, tel Kusay Fahmi, qui est intervenu en décembre 1986 dans un colloque révolutionnaire islamique tenu à Téhéran, soutiennent vigoureusement le régime iranien.

Côté chi'ite, le Conseil supérieur de la Révolution islamique d'Irak (CSRII), créé en 1980, tente de coiffer l'ensemble des mouvements hostiles au régime de Saddam Hussein. Son président est l'hojatolislam Mohamed-Bakr al-Hakim, fils du grand ayatollah Mohsen al-Hakim (voir Histoire, p. 235) et l'un des fondateurs d'al-Da'oua; son porte-parole, I'hojatolislam Mahmoud Hachemi, l'un des élèves du grand ayatollah Mohamed-Bakr al-Sadr. Le CSRII est sous le contrôle de l'hojatolislam Ahmad Salek Kachani (né en 1946 à Ispahan, ex-responsable de la "Mobilisation des déshérités" pendant la guerre Irak-Iran), directeur du département "Irak" au secrétariat particulier de l'ayatollah Ali Khamene'i, "L'Imam de l'oumma".

Le CSRII contrôle un certain nombre d'organismes et de moyens de communication, dont l'Institut du martyr Mobamed-Bakr al-Sadr, qui organise des colloques et des réunions un peu partout où il le peut dans le monde musulman; quatre hebdomadaires, Al-Jihad, Liwa as-Sadr (Le Bataillon al-Sadr), ash-Shabid (Le Martyr) et l'édition en langue arabe du quotidien de Téhéran Kayhan; enfin, une revue en arabe, persan et anglais, Tawhid (L'Unité).

La mission du CSRII est de fédérer des organisations qui ont en commun d'avoir une dimension terroriste avérée:

· Al-Da'oua (voir Histoire, p. 235), dont le journal de Téhéran Kayhan (18 juillet 987) contrôlé par Ahmad Khomeini, fils de l'Imam, dit (à propos des attentats de 1983 au Koweit, voir p.142): " 14 personnes ont été accusées d'être les adhérents du mouvement clandestin al-Da 'oua al-Islamiyya, (I 'Appel de l'Islam), le précurseur du Jihad islamique, [souligné par nos soins] et ont été mis en prison." (Comprend surtout des gens de Nadjaf)

. L'Organisation de l'action islamique de l'hojatolislam seyyed Mohamed-Taqui Modarressi. Ce groupe est responsable des attentats les plus graves perpétrés à Bagdad en 1981 -83 et comprend surtout des gens de Kerbala.

Cependant, durant toute la guerre entre l'Irak et l'Iran, le CSRII n'a jamais été capable de dépasser le stade des attentats et des petites escarmouches sur le sol irakien; ce malgré une base considérable: plusieurs centaines de milliers de chi'ites irakiens, 500 000 d'après les islamistes, se sont réfugié en Iran entre 1980 et 83.

Voyant le CSRII incapable d'ouvrir un front intérieur sérieux en Irak, le régime de Téhéran a tenté dès 1986 de "marier" l'organisme de Mohamed-Bakr al-Hakim aux mouvements nationalistes kurdes, en guerre eux aussi avec Saddam Hussein et bien implantés dans le nord de ce pays. Une Conférence internationale d'aide aux peuples d'Irak a donc été organisée à Téhéran, en décembre 1986, pour unifier toute l'opposition irakienne. Sans grands résultats: la Syrie et la Libye, qui soutiennent également divers segments de l'opposition au régime de Saddam, n'étaient pas là; Massoud Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan, s'était fait représenter par un sous-fifre, et les résultats militaires de l'opération ont été modestes.

En avril 1987, au moment du 7e anniversaire de la mort de l'ayatollah Mohamed-Bakr al-Sadr, des rumeurs insistantes ont couru dans la région de Mossoul, sur un attentat du Da'oua visant Saddam Hussein. Plusieurs de ses gardes du corps et 6 islamistes auraient été tué dans l'action, le président irakien en sortant indemne.

La guerre s'aggravant, l'unité militaire du CSRII, la Division Badr-9 - qui dépend de l'état-major des Pasdaran - une "armée de 40 000 volontaires" selon Mobamed Bakr al-Hakim, a été "totalement mobilisée" à partir de l'automne 1987, au point que même les mollahs et les étudiants en théologie irakiens réfugiés ont été appelés à faire leur devoir. De division, Badr-9 est passée à l'état de corps d'armée à 3 divisions d'infanterie en mai 1988, avec ses commandos, son artillerie, ses transports. Au moment du cessez-le-feu d'août 1988, Badr-9 a cessé également ses opérations sur les fronts, mais continue à ce jour d'être une force armée constituée et entraînée ayant eu, selon ses dires, 1 000 morts au combat contre les troupes de Saddam Hussein.

En janvier 1988, l'hojatolislam Seyyed Mehdi al-Hakim, 54 ans, frère du président du CSRII et fils du grand ayatollah Mohsen al-Hakim, directeur de la Fondation mondiale Ahl al-Beit, dont le siège est à Londres, est assassiné à Khartoum par des individus que le ministre soudanais de la Culture dit être "des employés de l'ambassade d'Irak" (voir Soudan, p.187). Sa mort porte à 30, au moins, le total des membres de la famille al-Hakim assassinés par les bassistes en Irak ou à l'étranger.

A Téhéran, en mai, le CSRII annonce la mise sur pied de groupes d'aide à l'action de ses combattants, en Irak, en Iran et, plus inquiétant, en Europe.

En octobre 1988, Mohamed Bakr al-Hakim est invité à Damas et longuement reçu par Hafez al-Assad, rien de ce qui inquiète Saddam Hussein n'étant indifférent à ce dernier. Il a été question de politique et surtout du Liban. Au moment où l'Irak fournissait largement le camp chrétien libanais en armes, pour faire payer à Assad son alliance iranienne, une rencontre Assad-al-Hakim permettait de faire passer un message clair: et si les moujahidin irakiens de Badr-9 recevaient l'autorisation de rejoindre leurs frères du HizbAllah dans la vallée de la Bekaa, pour y renforcer le camp musulman ? En attendant, le CSRII a été autorisé à ouvrir un bureau àDamas.

Depuis 1989, sur le plan politique, le CSRII travaille à unifier toute l'opposition à Saddam Hussein, laïque et religieuse, arabe et kurde, autour d'une Charte de la résistance. Des contacts réguliers ont lieu avec la gauche irakienne réfugiée à Damas et les Kurdes de Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan. Sans résultats décisifs à ce jour.

L'automne 1989 a vu la reprise d'une activité terroriste - modeste - à Bagdad. En septembre, une bombe a fait 23 blessés au club britannique de Bagdad et un mois plus tard, dans la même ville, un engin a explosé sous la voiture d'un diplomate turc. La revendication pour le premier - les Martyrs de Halabja - et la cible pour le second font penser à des actions kurdes, et non révolutionnaires islamiques.

Mais, si l'activité militaire du CSRII est au point mort faute de guerre et que ses projets politiques avancent bien lentement, le Conseil, dans la grande tradition d'al-Da'oua, est toujours aussi actif sur le plan des relations internationales. En janvier 1990, l'hojatolislam seyyed Mohamed-Taqi Modarressi a présidé un colloque sur "les martyrs de l'Islam" en présence de délégations venues d'Afghanistan, de Bahreïn et de plusieurs pays de la péninsule arabique, Arabie Saoudite en tête. Peu après, à Téhéran toujours, le CSRII a réuni pour une conférence des uléma et militants d'Arabie Saoudite (HizbAllah du Hejaz, ORIPA), d'Afghanistan (coalition des 9 mouvements chi'ites) et du Liban (HizbAllah, Rassemblement des uléma du Jebel Amil).

En avril, l'Institut du martyr Mohamed-Bakr al-Sadr a organisé un séminaire à Qom pour le Xe anniversaire de l'exécution de l'auteur de Notre Philosophie. Etaient présents des moujahidin d'Irak, bien sûr, des religieux et des étudiants originaires de pays du Golfe, du Liban, d'Afghanistan, d'Inde et du Pakistan.

Le lendemain de l'invasion du Koweit par l'Irak, le CSRII a violemment attaqué, comme à son habitude, le régime de Bagdad. Rien de plus normal, compte tenu du nombre élevé de réfugiés islamistes d' al-Da'oua dans l'émirat. Mais, depuis cette date, devant la conversion minute de Saddam Hussein au "pur Islam de Mahomet", le mouvement de Mobamed Bakr al-Hakim garde un silence gêné.

Le 17 août, fait rarissime, le grand ayatollah hajj seyyed Abol Qasem Moussavi Kho'i, absolument silencieux pendant toute la guerre Irak-Iran, publie une fatwa anti-séoudienne, interdisant le "recours aux mécréants contre des musulmans" et appelant ces derniers à "résister aux ennemis de Dieu, qui cherchent à porter atteinte à l'islam".

En octobre 1990, l'hojatolislam Mohamed-Taqi Modarressi, chef de l'Organisation de l'action islamique, a avoué, à l'occasion d'une conférence de presse, l'échec des tentatives de l'opposition irakienne à constituer un front anti-Saddam à partir de Damas. (voir également Histoire, p. 235).

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