Régime: monarchie constitutionnelle
Chef de l'État: reine Elizabeth II
Chef du gouvernement: Margaret Thatcher
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: non
Liens avec la République islamique d'Iran: rétablis début octobre 1990

% de non-musulmans: 98%
- ventilation: anglicans, sectes protestantes et catholiques romains; également, petites minorités sikh, hindouie et juive.
% de musulmans: +/- 1,5 M. de musulmans
- vent. /100 . sunnites, 90°/O du total: sous-continent indien, Turcs, Maghrébins, chi'ites et ismaïliens: petite minorité iranienne et sous-cont. indien

Il y a en Grande-Bretagne (G-B) entre 1,6 et 2 millions de musulmans, dans leur grande majorité des sunnites, originaires du sous-continent indien, disposant d'un millier de mosquées. La communauté pakistanaise est la plus nombreuse et la mieux organisée. Ses mosquées sont regroupées en réseaux, dont les principaux sont:

· L'Organisation musulmane internationale, président Abdulwahab Siddiqui.
· La Jama'at Ahle Sunnat; secrétaire général: Abdulaziz Chishti.

Qui représentent à elles deux + /- 80% des mosquées britanniques.

Les idées révolutionnaires islamiques sont très présentes dans la communauté britannique et leur propagateur n°1 est sans conteste le Muslim Institute, dont le siège est à Londres.

L'un des pôles majeurs, mondialement, de la propagande islamiste, l'institut musulman édite un bimensuel en version anglaise et arabe, Crescent International, et multiplie les conférences, séminaires, etc., sur trois continents, depuis une bonne décennie. L'institut possède des correspondants, ou même des bureaux, au minimum dans les pays suivants: Afghanistan, Afrique du Sud, Algérie, Bangladesh, Canada, Cisjordanie et Gaza, Egypte, Inde, Iran, Jordanie, Liban, Malaysia, Niger, Pakistan, Sénégal, Somalie, Soudan, Tunisie, Turquie. Le groupe Muslim Institute-Crescent International possède aussi une agence de presse très dynamique, Muslimedia, elle aussi implantée à Londres.

Le patron du Muslim Institute est un Pakistanais sunnite, Kalim Siddiqui, sexagénaire courtois, à la fois très radical sur le fond et d'une grande douceur dans l'expression de ses idées. Il mène, comme la plupart des dirigeants révolutionnaires islamiques, une existence personnelle agressivement modeste, tout en ne manquant pas de moyens pour ses entreprises ni pour les innombrables voyages de propagande qu'il fait dans le monde entier.

En mai 1990, le Muslim Institute a organisé une conférence publique à la mémoire de lilmam Khomeini. Kalim Siddiqui en a été l'orateur, dans un amphithéâtre de l'université de Londres où étaient réunis 500 islamistes.

En juin 1990, le Muslim Institute a lancé le Manifeste musulman, un texte préparé six mois durant par une équipe d'uléma et d'universitaires, dont maulana Nisar Beg, imam de la grande mosquée de Manchester, Abdulwahab Siddiqui et Abdulaziz Chishti, dont nous avons déjà parlé plus haut.

Très ambitieux, ce manifeste se veut le plan stratégique global de survie de la communauté musulmane vivant en Grande-Bretagne; il rejette catégoriquement toute idée d'intégration et d'assimilation et propose la création:

· D'un parlement musulman de Grande-Bretagne.
· D'une université islamique.
· D'une structure de "catéchèse" pour les jeunes.
· D'une commission des lois, pour infléchir celles du royaume qui sont défavorables aux musulmans.
· D'un conseil des femmes musulmanes en G-B.
· D'une commission de l'éducation.

Budget de l'entreprise: 1 million de livres sterling par an, pendant dix ans.

En dehors du Muslim Institute, il existe nombre d'autres organisations islamistes en G-B:

· L'Association islamique des étudiants musulmans en G-B, qui a notamment organisé, en août 1988 et sous de grands portraits de l'Imam Khomeini, une manifestation de 2 000 personnes devant l'ambassade d'Irak à Londres, pour protester contre l'usage des gaz de combat sur le front du Kurdistan.
· L'Organisation d'action islamique d'Irak (voir p.128), al-Da'oua d'Irak (voir p. 128) et l'Organisation de la Révolution islamique dans la péninsule arabique (voir p. 56) disposent de sections britanniques. Souvenons - nous qu'en ce qui concerne al-Da'oua (voir Koweit, p. 142) la presse de Téhéran, parlant des sanglants attentats de 1984-1985 à Koweit City, signés Jihad islamique, définit ce dernier comme un groupe islamique l...l auparavant appelé al-Da'oua".

Divers comités et associations de soutien à des groupes islamistes du Proche-Orient sont aussi implantés à Londres:

· Egypte: le Comité pour les droits de l'homme en Egypte a manifesté en mai 1990, à l'occasion de la visite à Londres de Hosni Moubarak, contre la torture et l'assassinat de militants du Jihad d'Egypte. Le Conseil islamique égyptien, proche lui aussi du Jihad, est également implanté à Londres.
· Des comités (de défense des prisonniers politiques à Bahreïn; de soutien aux prisonniers politiques en Arabie Saoudite; pour les droits de l'homme dans le Golfe) manifestent souvent à Londres, et y ont, semble-t-il, des bureaux.

La communauté chi'ite, plus militante et organisée qu'en France, agit surtout à partir de ses mosquées et lieux communautaires (voir ci-dessous, la chronologie). L'un de ses centres principaux est la société Ahl al-Beit de Manchester, longtemps dirigée par l'un des fils du grand ayatollah irakien Mohsen al-Hakim, Mehdi al-Hakim, lui-même l'un des fondateurs d'al-Da'oua, assassiné en janvier 1988 à Khartoum (voir Soudan, p.187).
 

CHRONOLOGIE

1989

Juin: à la mort de l'Imam Khomeini, l'Union des organisations islamiques organise une manifestation - procession de Marble Arch à la grande mosquée de Londres, sur 2 kilomètres, +/- 5 000 personnes, originaires, selon les organisateurs, de: Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Irak, Iran, Etats du Golfe, Ethiopie, Inde, Pakistan, Malaysia, Indonésie, Soudan, Grande-Bretagne et divers pays d'Europe. Le même jour, d'autres cérémonies sont organisées par le Conseil des mosquées de Bradford, la Mission islamique au Royaume-Uni, le Conseil islamique européen, les Centres islamiques de Cardiff et de Southampton, le centre chi'ite de Stanmore et une vingtaine d'autres communautés. Des cérémonies ont lieu à Birmingham, Leicester et dans une cinquantaine de mosquées dans tout le pays. A la seule mosquée de Londres-Est, l'assistance dépasse 5 000 personnes.

Septembre: fondation du Parti islamique de Grande-Bretagne, d'obédience Saoudienne, présidé par un Britannique converti, Daoud Pidcock.

Octobre: 500 personnes manifestent à Londres après la décapitation en Arabie Saoudite de 16 islamistes koweitis.

Décembre: journée de solidarité (à laquelle participent une bonne partie des mosquées du pays) avec ceux qui risquent des poursuites pour avoir demandé publiquement la mort pour Rushdie.

1990

Janvier: à l'appel de l'Organisation musulmane Internationale (voir plus haut), une convention de 200 uléma et intellectuels se réunit, à Londres, pour évoquer l'avenir du courant révolutionnaire islamique.

Février: manifestations pour le 11 e anniversaire de la République islamique d'Iran, organisées à Londres, Birmingham, Bradford, Cardiff, Glasgow, Leeds, Liverpool, Manchester.

Avril: le 24, à Londres, manifestation pour le Jour de Jérusalem (voir Iran, p.131 et s.).

Mai: arrestation de 6 militants révolutionnaires islamiques (3 Koweitis, 3 Bahreinis), accusés d'une tentative d'attentat sur la personne de Salman Rushdie.

Juin: plusieurs cérémonies sont organisées pour le 1er anniversaire de la mort de 1'1mam Khomeini, notamment à la mosquée de Stanmore, dans des husseiniyye de la région de Londres, ainsi que par l'Association des étudiants islamiques et l'Union des associations islamiques de Londres.