LE CONCEPT DE " PARTI DE DIEU " [HIZBALLAH]

 ''Ceux qui ont foi en Dieu, en son Prophète et ses fidèles, ceux-là sont le Parti de Dieu [HizbAllah]. Ceux-là seront victorieux. " (5,62)

LE CONCEPT DE "PARTI DE DIEU" EST-IL PUREMENT CHI'ITE ?

Non, loin de là. C'est une expression du Coran qui oppose le Parti de Dieu au Parti du Diable (Hizb al-Shaytan) et à, ce titre, elle figure en bonne place dans la rhétorique de tous les mouvements fondamentalistes sunnites. C'est pour cela bien évidemment que les autorités de Téhéran l'ont choisie comme emblème de leur effort d'exportation de la Révolution islamique.

Dans la période contemporaine, c'est en Egypte que l'expression HizbAllah est utilisée pour la première fois dans un contexte médiatique et propagandiste. En 1975, un ingénieur du Caire nommé Wail Uthman - un ingénieur, notons-le, donc éduqué à l'occidentale, qui, mieux, est un ancien responsable étudiant gauchiste de la faculté d'ingénierie du Caire - publie un petit livre dont le titre est HizbAllah. En 120 pages, cette plaquette ne dit rien d'autre que ce que dira le Parti de Dieu du Liban, sept ans plus tard, mais pratiquement dans les mêmes termes:

'"Nos femmes jouissent de la liberté de dévoiler leur corps [Sous le règne du Parti de Satan], on nous parle sans arrêt de ceux qui font la mode en Occident, et nous découvrons que tous ces personnages sont des juifs qui s'amusent des femmes de toutes sortes de façons. Ah! Mon Dieu! Combien ces femmes sont heureuses du droit de se promener nues qui leur a été octroyé par ces sectateurs du Diable!"

Uthman, en Egypte, n'est pas un marginal. La préface de HizbAllah est signée de Mohamed Mutawalli al-Sharawi, le cheikh le plus célèbre du Proche-Orient, la "star coranique" de la télé cairote. Sharawi y commence par rendre grâce "à Dieu qui a su préserver des cénacles de croyants que le paganisme n'a pas su détruire et dont le cœur est incorruptible, même face à la tyrannie". Plus loin, il qualifie HizbAllah de "travail de génie".

La police de Sadate, qui avait son idée sur ce qu'était ce "Parti du Diable", maudit à chaque page par Uthman, envoya ce dernier méditer quelques mois en prison sur la réalité satanique de l'Egypte. Le cheikh Sharawi, lui, était et reste intouchable.

Cinq ans plus tard, c'est dans Al-I'tisam (décembre 1980), la revue des Frères musulmans, que l'on retrouve le Parti de Dieu:

"Les communistes ont envahi l'Afghanistan et sèment la mort et la désolation sur leur passage... L'Amérique a déclenché cette sale guerre dans le Golfe dont seuls les peuples d'Irak et diIran paient le prix. C'est encore l'Amérique qui a organisé le coup d'État militaire en Turquie, avec pour objectif la liquidation du mouvement islamique. (...) Ce sont l'islam et la renaissance islamique qui sont visés par les attaques de la croisade judéo-communiste. Mais le Parti de Dieu vaincra."

ACTE DE NAISSANCE DU PARTI DE DIEU [HIZBALLAH]

[Extrait d'un discours prononcé par l'Imam Khomeini le 16 août 1979, devant le ministre syrien des Affaires étrangères.]

"J'ai l'espoir que va se constituer partout dans le monde, (...) un parti qui portera le nom de "parti des opprimés". Il sera rejoint par tous les déshérités qui se soulèveront contre les oppresseurs et les pillards de l'Est et de l'Ouest. Ces déshérités interdiront aux oppresseurs de les tyranniser plus longtemps et mettront à l'ordre du jour la promesse de l'islam qui est que les opprimés doivent régner sur terre.

"Jusqu'à ce jour, les opprimés ont été désunis, et rien ne s'accomplit dans la désunion. Maintenant qu'a été donné un exemple de l'efficacité de l'union des opprimés en terre musulmane, ce modèle doit se répandre partout où cela est humainement et historiquement possible et prendre le nom de "parti des opprimés", synonyme de "Parti de Dieu", ''HizbAllah"(1). Les opprimés doivent régner sur la terre, là est la volonté du Très-Haut, de Dieu.

"Ensemble, par un effort de volonté inflexible, ils doivent entreprendre leur libération et compter sur le "parti des opprimés" pour résoudre tous leurs problèmes, où que ce soit.

"Je dois dire, à mon grand regret que les gouvernements et les communautés islamiques, en particulier les gouvernements et les communautés arabes, ont commis une grave erreur, que nous avons commise aussi, ici, en Iran. Cette erreur grave a été de permettre à Israël d'échapper à la défaite. Ils ont commis l'erreur de ne pas étouffer Israël dans l'œuf, et ils lui ont permis de prendre des forces. Hélas! leurs intérêts égoïstes leur ont interdit d'entendre ce que nous disions depuis plus de vingt ans: Unissez-vous contre Israël. Ils lui ont donné cette chance et maintenant les choses en sont au point où la tyrannie [d'Israël] a mis le Sud-Liban à feu et à sang, et entreprend d'enterrer le problème palestinien. Nous avons inlassablement répété qu'Israël, ce foyer de corruption, ne se contentait pas d'al-Qods [Jérusalem], mais qu'il mettrait en péril l'ensemble des gouvernements du monde islamique si on lui en donnait l'opportunité. Les erreurs passées doivent être corrigées par l'unité des musulmans et par le combat du "parti des opprimés" contre les tyrans, au premier rang desquels l'Amérique et son laquais le plus corrompu, Israël. Voilà la grave faute qu'ont commise les gouvernements du monde islamique, les Arabes en particulier, et ils doivent la corriger."

(1) Souligne dans le texte original

 

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