CHINE

 
La République populaire de Chine (RPC) abrite 16 millions de musulmans, selon ses propres sources (1,4% de la population).

Chiffre contesté avec vigueur par les islamistes qui parlent, eux, de 50 millions de fidèles. Toujours selon Pékin, il y aurait 20 000 mosquées en RPC. La RPC n'est pas membre de l'Organisation de la conférence Islamique. En 1988, la RPC a produit 198 M. de t. de pétrole ( 4,5% de la prod. Mond. Ses réserves connues sont de 3,2 Milliards de t.

La RPC et la République Islamique d'Iran entretiennent des relations diplomatiques (niveau: ambassades)..
 

XINJIANG (EN CHINOIS, "NOUVELLE FRONTIERE")



Nom officiel: (pour ses habitants) Turkestan oriental. Zone frontalière du Pakistan, de l'Afghanistan et de l'URSS
Continent: Asie
Superficie: 1, 647 M. de km2
Population: +/- 15 M.
Capitale: Urumqi ( 1 M; d'h.)
PIB/h.: n. d. (le PIB/h. de la RPC était, en 1988, de $ 1 110)

Régime: communiste

% de non-musulmans: +/- 6 M. de Chinois, officiellement athées. En réalité, traditions confucianiste et taoïste fortes
pop. musulmanes: - hors du Turkestan oriental, en grande majorité dans la région du haut fleuve Jaune, vivent +/- 8 M. de Huit, Chinois islamisés.
- au Turkestan chinois et dans les provinces alentour vivent:

. Ou'ïghours: +/- 6M.
. Kazakhs: +/- 1 M.
. Kirghiz: +/- 100 000
. Tadjiks, Turkmènes, Ouzbeks: +/- 100 000

- vent. /100: Turcophones, et Sunnites Hanafites, pour la plupart



L' Islam est -formellement- apparu en Chine en 651 après JC, au temps du 3° calife, Othman et a marqué assez durablement la culture chinoise:

· Le fondateur de la dynastie Ming, T'a Tsuwa était très proche de l'islam et s'y était même converti, selon certains chroniqueurs,
· Du fait de la qualité des astronomes venus du Proche-orient, la Chine a même utilisé le calendrier musulman de 1339 à 1669,
· A partir de 1642, des musulmans chinois se rendent en pèlerinage à la Mecque,
· Au 19° siècle, des rebellions musulmanes ont éclaté en Chine avec régularité et il y a même eu, pendant 16 ans, un Etat islamique au Yunnan, sous la direction de Sultan Suleyman (Tu Tsui de son nom chinois).

Il y a aujourd'hui, selon les sources officielles chinoises, 16 millions de musulmans en Chine populaire. Faux, disent les islamistes: nos frères vivant en Chine sont plus de 50 millions. Et le dernier recensement fait à l'époque du Kuomintang, en 1936, semble bien leur donner raison: il y avait à l'époque +/-  48 200 000 musulmans en Chine! Malgré les guerres, les massacres et la Révolution culturelle, on voit mal comment ils pourraient n'être que 16 millions aujourd'hui.

La communauté islamique chinoise qui, dans son ensemble, est implantée dans les provinces suivantes: Ningxia, Gansu, Xinjiang, Gunghai, Hebei, Henan, Shandong et Yunnan,. est divisée en deux moitiés à peu près égales:

· les Huis descendants, dans un lointain passé, de voyageurs et commerçants arabes et perses, mais aujourd'hui très sinisés et parlant chinois. Leur lointaine origine remonte à 755 (JC) quand le second calife abbasside, Abou Ja'afar al-Mansour envoya 4000 hommes à la rescousse de l'empereur Su Tsung, confronté à une sédition. La plupart de ces soldats arabes et musulmans se fixèrent en Chine et se marièrent avec des chinoises, donnant ainsi naissance à une petite communauté musulmane. Les Huis ( 8 millions au total) sont majoritaires dans la région autonome du Ningxia Hui (capitale: Yinchuun). Située dans un secteur aride de la Chine du centre, cette région, où vivent 1,5 million de Hui, sert de "vitrine musulmane" aux autorités de Pékin: 2 400 mosquées y sont ouvertes, 2 900 imams y exercent leur ministère et 5 000 futurs religieux y fréquentent les madrasas.
· La seconde moitié, provenant du Turkestan chinois, est d'origine turque et turcophones et fait, elle, figure de "minorité indigérable". Conquis au XVIIIe siècle par l'armée chinoise, le Turkestan oriental - trois fois plus grand que la France - est, aujourd'hui encore, une colonie: le premier secrétaire du Parti et le commandant militaire, par exemple, y sont toujours chinois. Sans oublier le rôle peu glorieux que Pékin a assigné de longue date au Xinjiang: celui de terre de relégation des criminels et centre d'essais nucléaires notamment.

Dès les années 30, des rébellions antichinoises se sont produites au Xinjiang et en 1933 a même été créée une éphémère République de Turquie orientale. Son leader d'alors, Asya Beg, aujourd'hui octogénaire, vit toujours à Istanbul, en compagnie de +/- 6 000 exilés turcs du Xinjiang.

Ailleurs en Chine, en 1953, des émeutes visant à l'instauration d'un Etat islamique ont secoué la province du Henan et, en 1974, des émeutes islamistes au Yunnan ont fait près de 2 000 morts.

Au Xinjiang enfin, dans la ville de Kashgar, des émeutes antichinoises ont fait, au début des années 80, un nombre inconnu de victimes.

Dans la période récente, il a fallu attendre avril 1990 pour que les sources officielles chinoises parlent d'une "rébellion armée" de musulmans du Xinjiang ayant fait 22 morts et 13 blessés.

Il semble bien que l'affaire ait eu une autre gravité: des sources crédibles, proches des milieux islamistes, font état d'une agitation incessante dans la région depuis 1988, qui aurait causé au total plus de 2 000 morts jusqu'à présent.

En 1990, les émeutes - qui se déroulent à l'occasion du Ramadan - prennent l'allure d'un soulèvement. Elles partent le 3 avril de la ville d'Urumpi, capitale du Xinjiang où se déroule une première manifestation, durement réprimée, pour l'instauration d'une république indépendante du Turkestan oriental. Le 5, à Baren, à 40 kilomètres de Kashgar, où vivent plus de 100 000 Ouïghours, c'est l'insurrection.. Baren est une des grandes oasis de la célèbre route de la soie, aux limites d'un des déserts les plus inhospitaliers du globe, le Takla-Makan, à 240 km de la frontière soviétique -donc du Tadjikistan et de la Kirghizie - mais à 3 000 km de Pékin. 3000 insurgés en armes s'emparent des bâtiments officiels. Les troubles s'étendent à Kashgar, Yankent, Kargalik, PasLan, Hotem, Asku et Kucha. Le 8 avril, la loi martiale est déclarée au Xinjiang. Le même mois, ces émeutes se poursuivent dans d'autres de ces villes-oasis, Khotan et Yili, ville proche de la frontière soviétique; se renouvellent à Urumqi, en mai. Au total, sans doute, des centaines de morts dans des affrontements entre les militants du Parti islamique du Turkestan oriental dont Pékin a fini par signaler l'existence du bout des lèvres - armés et entraînés par les moujahidin d'Afghanistan, et la police militarisée de Pékin, véritable armée intérieure dotée de blindés et d'avions.

A la fin du printemps, +/- 2000 islamistes armés, sous le commandement d'Aboul Qasim, se replient en direction des monts du Pamir, et y poursuivent la résistance.

Depuis, la répression a été terrible: des arrestations par milliers, de nombreuses fermetures de mosquées et de madrassa, renforcement du contrôle du PC chinois.

Les autorités chinoises sont d'autant plus attentives à l'agitation des populations turques que, lors du mouvement pour la démocratie, à Pékin, en 1989, l'un des leaders du mouvement des étudiants, Wer Kaixi, était un ressortissant ouïghour...

En septembre 1989, 1'ayatollah Ahmad Jannati, président de l'Organisation pour la propagation de l'islam, est venu à Pékin en visite officielle et a déclaré que Téhéran était prêt à accueillir les étudiants chinois en théologie islamique dans les séminaires de Qom et de Mechhed.

En juillet 1990, 2 uléma pakistanais, prêchant la Révolution islamique, ont été arrêtés au Xinjiang. Selon les autorités de Pékin, ces missionnaires étaient des officiers des SR pakistanais, l'inter Service Intelligence, avant, bien sûr, de découvrir leur vocation religieuse...

Depuis le début de l'été 1990, sans doute pour couper l'agitation de ses sources extérieures, la frontière sino-pakistanaise et sino-soviétique est fermée par l'armée chinoise, qui compte dans la région 16 divisions à 8 000 hommes.
 

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