Régime: présidentiel, parti unique
Chef de l'État: Félix Houphouët-Boigny
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: non
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades
% de non-musulmans: +/- 77 %
- ventilation: animistes: 80%, chrétiens (catholiques
pour la plupart): 20%
% de musulmans: 23%
- vent. /100: - sunnites, en général
malékites
- minorité libanaise chi'ite: +/- 70 000 personnes,
officiellement; sans doute pas loin du double, en réalité
Après la Révolution iranienne de février 1979, des cadres islamistes venant de Téhéran sont allés trouver l'hojatolislam Seyyed Rachid Moussavi Zendjani qui étant depuis 1978 directeur libanaise de Marcory, pour développer dans ce pays les activités musulmanes chi'ites. A la mi-1981, l'Iran a demandé au gouvernement ivoirien, l'autorisation d'installer à Abidjan un centre culturel et de tourisme dont le président serait ce même hojatolislam (né en 1947 à Zendjan). Début 1982,1'1ran le présentera comme chargé d'affaires, ce que les ivoiriens accepterons en avril de la même année. C'est grâce à lui, et aux spécialistes envoyes de Téhéran que la communauté chitite locale s'est fortement structurée. Néanmoins, cette communauté compte dans ses rangs de plus en plus d'éléments clandestins et est très impliquée dans les affaires libanaises, qu'elles soient financières ou "militaires". Des miliciens d'AMAL et du HizbAllah viennent souvent en Côte-d'Ivoire pour affaires ou pour une parenthèse de paix et de repos dans la guerre civile libanaise.
Profitant de ces circonstances favorables, la direction de l'Organisation spéciale de sécurité (OSS) du HizbAllah décide dès le printemps 1987 - le réseau de Fouad Ali Saleh vient d'être démantelé à Paris de faire transiter par l'Afrique occidentale les armes et explosifs destinés à une nouvelle campagne de terreur en France. Entre mai et septembre 87, un véritable arsenal est livré à Abidjan, en provenance du Liban: 6 armes de poing et 4 pistolets-mitrailleurs de calibres et marques divers, 1 lance-roquettes et des obus, 30 grenades, plusieurs centaines de cartouches, 3 postes émetteurs-récepteurs. Mais surtout près de 83 kilos d'explosifs: du TNT (79 pains de 200 g; 35 pains de 350 g. 120 pains de 400 g; de la tolite (25 pains de 250 g), de fabrication soviétique, mais conditionnés sous un emballage de film plastique portant la marque de la République islamique d’Iran. Plus des détonateurs: 96 pyrotechniques et 43 électriques. Notons que les explosifs et les grenades sont identiques à ceux saisis à Valence (voir Espagne, p. 94).
Par le plus grand des hasards, les deux conteneurs où l'arsenal était rangé sont découverts en août 1988 dans une villa du quartier de Marcory; à Abidjan: le locataire avait oublié de payer son loyer. Celui-ci, Mohamed Abdul Taqi, est arrêté le 18 août et différents documents en sa possession montrent qu'il est lié à Hassan Harajli (voir Guinée, p. 115) et constitue l'un des éléments du réseau HizbAllah Europe, p. 100) monté au début des années 80 par l'OSS du HizbAllah et son chef, Hussein Khalil.
En juin 1989, le colonel Pierre Chirol, conseiller du
président Houphouët-Boigny pour les affaires arabes et islamiques,
ancien chef de poste du SDECE en Arabie Saoudite, puis officier de la DOSE,
est assassiné à Abidjan. Par des "voyous". Il entretenait
encore, dit-on, des liens étroits avec les services saoudiens. Il
suivait de très près la progression de l'Islam révolutionnaire
en Afrique occidentale, les réseaux islamistes partant d'Afrique
pour remonter vers l'Europe. A-t-il été vraiment victime
de "rôdeurs" ?