BAHREIN


Nom officiel: Etat de Bahrein
Continent: Asie
Superficie: 690 km2
Population: (1989) 497 000 h.
Capitale: Manama ( 150 000 h.)
PIB/h.: (1986) $ 8 300
Pétrole (production): 2, 5 M. de t.
Pétrole (réserves connues): 40 M. de t.

Régime: monarchie
Chef de l'État: Cheikh Issa Bin Salman al-Khalifa
Chef du gouvernement: Cheikh Khalifa Bin Salman al-Khalifa
Ligue arabe: oui (1971)
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: chargé d'affaires

% de non-musulmans: +/- 15 %
ventilation: Chrétiens: +/- 45 %;hindous: +/- 55 %, etc.
% de musulmans: 85%
- vent. /100: - chi'ites: +/- 70 %
- sunnites, la plupart malékites: +/- 30%



En décembre 1981, la police de Bahreïn arrête 73 personnes - 57 Bahreinis, 13 Saoudiens, 2 Koweitis et 1 Omani - des "saboteurs, agents islamiques et terroristes", selon un communiqué ultérieur du Conseil de coopération du Golfe. Tous sont arabes et chi'ites, aucun n'est iranien; ils constituent le bras armé du Front islamique de libération de Bahreïn (FILB), créé à Londres en 1977, et dont le directoire se trouve à Téhéran. Dans leurs "planques", les policiers trouvent des uniformes de la police locale, des plans d'immeubles officiels, des notes sur les déplacements et la protection des principales personnalités de l'État.

Des marginaux ? Les Bahreinis du groupe ont des rapports - famille, école, amitié - avec au moins un quart des familles chi’ites du pays. Leur objectif, en tout cas, le motif de leur condamnation ultérieure: préparer à Bahreïn un coup d'État révolutionnaire islamique. Selon leurs aveux, les conjurés étaient placés sous les ordres d'un "bureau du Golfe" dirigé depuis l'Iran par l'hojatolislam Hadi Modarressi. Son frère, Mohammed-Taqi est l'un des principaux dirigeants de l'Organisation de l'action islamique d'Irak. Jusqu'à son expulsion, en 1 979, Hadi Modarressi était le guide spirituel de la communauté chi’ite de Bahreïn, imam de la grande mosquée de Manama et représentant personnel de l'Imam Khomeini dans ce pays. (Voir Sierra Leone, p. 184)

Après ce premier assaut contre le régime bahreini, la tension retombe dans l'île. Mais le Front islamique de libération de Bahreïn n'en a pas pour autant renoncé. Sur le plan intérieur, et jusqu'en 1988 inclus, le FILB tente chaque année de faire dégénérer les cérémonies de l'Achoura - tolérées par le pouvoir - en manifestations révolutionnaires islamiques, voire en émeutes. Tout aussi régulièrement, ces tentatives se soldent par des arrestations suivies de détentions parfois longues.

Chaque année également, le très efficace service de sûreté de Bahreïn, dont l'état-major comporte plusieurs spécialistes britanniques du renseignement, démantèle des réseaux ou des cellules du FILB. La sévérité des conditions de détention, la brutalité des interrogatoires ont déjà valu à Bahreïn de vives critiques d'organisations humanitaires. Les islamistes dénoncent d'ailleurs la présence de 1 500 prisonniers de conscience dans les geôles de l'île; un chiffre sans doute exagéré, même si plusieurs dizaines de Bahreinis, une centaine peut-être, sont, parfois depuis plusieurs années, maintenus en détention administrative pour cause d'activisme islamiste.

Un deuxième assaut des forces favorables àT éhéran se produit à l'automne de 1987. En juillet, les Etats-Unis sont intervenus directement dans la guerre du Golfe; celle-ci atteint son paroxysme et menace de s'étendre à toute la région. Sous prétexte de combattre l'Amérique, et jusqu'à ce qu'il accepte le cessez-le feu proposé par l'ONU, en août 1988,1'1ran va multiplier les actes d'intimidation sur ses petits voisins, grâce à ses séides locaux. En octobre 1987, de jeunes chi'ites bahreinis manifestent à Manama et dans les villes de Bani Jamreh et Bilad al-Qadim contre la présence de bases américaines sur l'île. Violences et plusieurs dizaines d'arrestations.

En décembre 1987, le service de sûreté démantèle un réseau du FILB, qui préparait une campagne de bombes, juste avant qu'il ne passe à l'action. L'opération - prise par le gouvernement pour une tentative de coup d'État - visait la maison de la radio, l'immeuble de la télévision, l'aéroport, certaines installations pétrolières et résidences de personnalités. Elle devait coïncider avec l'absence de l'émir et de plusieurs de ses ministres, partis pour une session du Conseil de coopération du Golfe. Le chef du réseau, un ingénieur déjà interpellé lors de la tentative de soulèvement de 1981, mais relaxé, avait reçu son entraînement en Iran. Revenu à Manama, il avait monté son réseau avant de décider de passer à l'action. Et de se faire finalement arrêter avec son groupe et leurs sympathisants, dont 23 employés de la compagnie pétrolière bahreinie.

Le gouvernement, peu soucieux de rejoindre le Koweit dans le collimateur de Téhéran, a longtemps passé l'affaire sous silence, ainsi d'ailleurs qu'un attentat à la bombe dans une base américaine en janvier 1988.

Depuis la fin de la guerre du Golfe, le FILB observe un black-out. Plus de manifestations, plus d'attentats, plus de communiqués vengeurs dans la presse de Téhéran. Où seules paraissent désormais, de loin en loin, des lettres larmoyantes du Comité de défense des prisonniers politiques à Bahreïn et du Mouvement des femmes musulmanes de Bahreïn demandant, depuis Téhéran ou Londres, la fin des tortures et des détentions arbitraires dans leur pays.

Mais les clandestins du FILB, s'ils n'agissent plus de façon spectaculaire, doivent quand même continuer à travailler; ne serait - ce qu'à collecter du renseignement politique ou militaire pour les Frères de Téhéran.

 
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