BANGLADESH


Nom officiel : République populaire du Bangladesh
Continent: Asie
Superficie: 144000 km2
Population: (1986)104 M. d'h.
Capitale: Dacca (i 3,5 M. d'h.)
PIB/h.: (1986) $ 404

Régime: présidentiel autoritaire
Chef de l'État: Justice Shahabudin
Chef du gouvernement:
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades

% de non-musulmans: 20 %
- ventilation: hindous: +/- 75%; divers: +/- 25%
% de musulmans: 80% - Islam religion d'État
- vent. /100: - sunnites hanafites: 90%
- chi'ites :10%


Dans son ensemble, l'islam bengali est plutôt décontracté: la plupart des femmes vont tête nue; l'alcool est en vente libre et si l'islam est devenu religion d'État en juin 1988, c'est plutôt par manœuvre de politique intérieure que suite à une pression populaire intense.

Il existe cependant au Bangladesh des mouvements qui prennent l'islam comme centre de références. Certains d'entre eux sont même massifs, mais de type légitimiste et plutôt conservateurs. Dans cette catégorie, le principal est le Zaker Sangathan (Mouvement de ceux qui vont dans la même voie ou qui pensent de façon identique) fondé en octobre 1989 par maulana Shah Soufi Hashmatullah, un haut dignitaire souri et pir (voir, glossaire p. 269) Sahib d'Atroshi. Le pir compte plusieurs millions de fidèles, dont le président du Bangladesh lui-même, Hussein Mobamed Ershad, qui lui rend fréquemment visite.

LE COURANT ISLAMISTE

A l'origine, le courant islamique est représenté dans ce qui était à l'époque le Pakistan oriental - avant la guerre de 1971 et la fondation du Bangladesh - par la branche bengalis de la Jama'at e-Islami, fondée par maulana Maududi (voir Pakistan, p. 166). Comme au Pakistan, la Jama'at bengalis fonctionnait - et fonctionne - plus comme un parti "bourgeois", à l'occidentale, que comme un vrai mouvement révolutionnaire islamique, et ses capacités de mobilisation des masses sont assez réduites. Circonstances aggravante pour la Jama'at bengalis: sa collaboration avec l'armée pakistanaise lors de la guerre d'indépendance de 1971; laquelle se livra au Bangladesh à des massacres abominables. La Jama'at ne s'est jamais vraiment remise de cet épisode sombre de son histoire et a d'ailleurs été frappée d'interdit jusqu'à la fin des années 70.

Au début de la décennie 80, la Jama'at, dirigée par le professeur Gholam Azam, et surtout sa branche étudiante, le Forum étudiant islamique, ont été sensibles à l'attraction de Téhéran.

De retour d'Iran en 1980, le président de la ligue étudiante, Abou Taher, déclare ainsi que sa visite a été pour lui une "renaissance". Mais cette lune de miel est brève et la Jama'at en revient vite à sa référence extérieure d'origine: l'Arabie Saoudite.

Mais, du temps de sa dissolution, la Jama'at avait crée une plate-forme extérieure pour lui permettre d'être présente dans la vie politique bengalis: la Ligue démocratique islamique, présidée par un religieux très populaire, maulana Abdurrabim, traducteur en bengali des œuvres de maulana Maududi.

Petit à petit, la Ligue va s'éloigner de la Jama'at et évoluer vers des positions islamiques-révolutionnaires, tandis qu'une scission se produit au sein du Forum étudiant, selon les mêmes lignes de clivage. Durant la première moitié des années 80 également, l'un des martres les plus réputés de l'Islam bengali, Hafizjee Huzoor (directeur de la madrasa Nouria d'Ashrafabad), se rapproche également de l’Iran et crée le Mouvement pour le califat.

En septembre 1986, sous l'impulsion de maulana Seyyed Fazlul Karim, pir de Char Monai, divers éléments de ce courant radical créent le Mouvement pour une Constitution islamique (MCI), qui fonctionne effectivement dès 1987. L'une de ses premières prises de position publique consiste à condamner l'Arabie Saoudite pour le massacre du Hajj en 1987: difficile d'être plus clair.

En septembre 1989, au moment de l'exécution des 16 militants révolutionnaires sismiques koweitis en Arabie Saoudite, l'Organisation de la justice révolutionnaire du Bangladesh a envoyé un communiqué menaçant à l'AFP de Dacca, où elle promettait de venger les martyrs.

Après le décès de Hafizjee Huzoor en 1988, à l'âge de 96 ans, certains de ses disciples décident, conjointement avec des étudiants radicaux, de créer un pôle activiste, jeunes uléma et étudiants, à l'intérieur du MCI. C'est ainsi qu'a été fondé en décembre 1989 le Rassemblement (ou "assemblée", ou "conseil") des Bengalis pour le califat (Bangladesh Khalifat Majlis), dont les dirigeants sont cheikh ul-Hadith maulana Azizul-Haq, maulana Abdul Gaffar, les professeurs Akhtar Farouk et Ahmed Abdul Qadir et le docteur Abidur RaLman.

Le MCI a manifesté, en avril 1990, à Dacca pour soutenir les intifadas du Kashmir et de Palestine.

En marge du MCI et de ses composants, il existe aussi au Bangladesh un comité al-Qods très actif. Dans l'Islam asiatique, ces comités ont été créés sur proposition de l'imam Khomeini, pour organiser des manifestations, le dernier vendredi du Ramadan, sur le thème de la libération de Jérusalem (al-Qods, la Sainte, est le nom donné à Jérusalem par les musulmans ).

Dans un registre similaire, des Conférences du Pèlerinage (voir Iran, p.131) sont organisées chaque année à Dacca. En mai 1990, plus de 500 uléma, universitaires et personnalités diverses ont adopté, à l'occasion d'un de ces séminaires, les motions suivantes:

. Sauvegarde des Lieux saints de La Mecque et Médine.
. Droit d'organiser à La Mecque, à l'occasion du Hajj des "marches de désaveu du paganisme" (c'est la "marche" de 1987 qui a tourné au massacre).
. Fin de la pratique saoudienne des quotas de pèlerins par nation.
. Procès islamique pour juger les responsables du massacre du pèlerinage de 1987.
. Hommage à l'Imam Khomeini.
. Condamnation de la monarchie saoudienne, "marionnette de l'impérialisme".
 

  retour | suite