ARABIE SAOUDITE


Nom officiel: Royaume d'Arabie Saoudite
Continent: Asie
Superficie: 2, 15 M. km2
Population: +/- 10 M. d'h.
Capitale: Riyad (+/- 1, 5 M.h.)
PlB/h.: (1986) $ 5 800
Pétrole (production): (1988) 257 M. de t. (8, 5% de la prod. mond.)
Pétrole (réserves connues): selon les sources, entre 25 et 35 milliards de t.

Vecteurs et engins de destruction massive:
. vecteurs: C SS 2 (R.P. de Chine, Dong Fang 3) 2 700 km de portée, 2 t. de charge utile
. engins chimiques et nucléaires: non, à peu près sûrement

Régime: monarchie absolue
Chef de l'État: roi Fahd Bin Abdulaziz
Chef du gouvernement: émir Abdallah Bin Abdulaziz
Ligue arabe: oui (1945)
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: section des intérêts ssoudiens, ambassade de Guinée à Téhéran

% de non-musulmans: +/- 0,2 %
ventilation: dont chrétiens: 80%
% de musulmans: 98, 8%
- vent. /100: - sunnites wahhabites (école juridique hanbalite): 93%
- chi段tes: 7%



L'Arabie Saoudite compte une minorité de 250 000 à 300 000 chi'ites; chiffre officiel contesté par ces derniers, qui affirment représenter 30% d'une population de i 10 millions d'habitants. 200 000 chutes vivent dans la province orientale, qui produit l'essentiel du pétrole du pays; ils forment 40% du personnel des champs pétrolifères. La révolution islamique d'Iran, mais surtout la prise d'assaut de la Grande Mosquée de La Mecque par des fondamentalistes sunnites en novembre 1979 ont poussé cette communauté autrefois paisible dans l'agitation. Quelques jours après l'événement de La Mecque, des émeutes secouent la province orientale: 17 morts dans la seule ville de Qatif. Depuis, le calme est revenu grâce à la mise en place de programmes sociaux spécifiques dont, auparavant, les chi'ites saoudiens étaient le plus souvent privés. En septembre 1989 encore, des tentatives de manifestation le jour anniversaire du martyre de l棚mam Hussein, l'Achoura, ont provoqué une vague d'arrestations.

Depuis février 1979, les relations entre la République islamique d'Iran et l'Arabie Saoudite étaient mauvaises: l'islam saoudien, le wahhabisme, fait preuve dès son origine d'une totale phobie envers les chutes; I'lmam Khomeini, lui, tient la famille royale Saoudienne pour de purs et simples laquais de la CIA. Et les médias iraniens n'appellent jamais le roi d'Arabie que "le nouveau chah Fahd, agent corrupteur". Mais c'est après l'affaire dite du "massacre des pèlerins iraniens" que les choses se gâtent vraiment. L'après-midi du vendredi 31 juillet 1987, la délégation iranienne au pèlerinage de La Mecque a convoqué une manifestation de défi aux ennemis de l'Islam, aux cris de "Mort à l'Amérique", "Mort à l' Union soviétique" et "Mort à Israël". De telles manifestations ont lieu sur place, dans des circonstances analogues depuis 1983; toutes ont été jusqu'alors pacifiques. Dans la foule, outre des dizaines de milliers d'iraniens, on trouve des opposants irakiens, des Palestiniens, des Libanais du HizbAllah, des Afghans, des Pakistanais, des Soudanais, des Indiens, des Bengali et même des musulmans des Philippines, membres du Front de libération nationale more" (voir Philippines, p.178). Qui agresse l'autre ? Les thèses diffèrent, bien sûr, mais on relève après l'échauffourée quelque 460 morts, dont 412 Iraniens. Le lendemain, l'Imam Khomeini jette l'anathème sur la dynastie saoudienne, désormais ennemi n°1 de la République islamique.

A partir de ce moment, l'agitation intérieure endémique des chi段tes saoudiens s'efface derrière une offensive révolutionnaire islamique internationale, voulue et soutenue par Téhéran.

LES ATTAQUES EXTERIEURES

Des organisations révolutionnaires-islamiques saoudiennes, en sommeil depuis des années se réveillent; de nouvelles entités terroristes visant sans équivoque possible la dynastie des Saoud commencent à frapper.

Le réveil, c'est celui de l'Organisation de la Révolution islamique dans la péninsule arabique (ORIPA), créée en 1975 pour promouvoir les droits des chi段tes saoudiens, citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Très active entre 1978 et 1980, elle végète depuis 1984, année où les efforts sociaux consentis par la monarchie dans la province Orientale ont fait sentir leurs effets.

Les apparitions: le HizbAllah fil-Hejaz et le Jihad islamique du Hejaz, qui revendiquent tous deux des attentats antisaoudiens à partir de mars 1988.

ORIPA, HizbAllah et Jihad sont bien entendu chi'ites et clandestins en Arabie Saoudite.

En Iran, l'Association des uléma combattants du Hejaz dirigée par cheikh Hassan Moussa al-Saffar, et sa section la plus active, celle des uléma et étudiants du Hejaz à Qom, servent de bases arrière pour la propagande et, sans doute, pour les opérations internationales.

Ainsi, depuis le début de 1988, se développe - en Arabie même mais le plus souvent à l' étranger- une guerre larvée, plus sévère qu'on n'a tendance à le croire en Occident. Gênante pour les Saoudiens, elle n'est pas en mesure de provoquer un effondrement ni, pour l'instant, un climat d'agitation "à l'égyptienne" à l'intérieur du pays.

CHRONOLOGIE

1988

Mars: attentat à l'explosif visant la raffinerie Sadaf à Jubail, dans la province orientale. Dégâts importants.

Avril: vague d'arrestations dans la province orientale. Une quarantaine de jeunes révolutionnaires islamiques sont interpellés.

Août: arrestation de 4 suspects, auteurs présumés de l'attentat de Jubail. Fusillade: 1 policier est tué.

Octobre: reconnus coupables d'appartenance au HizbAllah-Hejaz et auteurs de l'attentat de Jubail, les 4 chi段tes saoudiens sont décapités.
. Peu après, riposte du Jihad islamique du Hejaz, qui assassine à Ankara Abdulghani Beddawi, 2e secrétaire de l'ambassade saoudienne en Turquie. Action revendiquée depuis Beyrouth.

Décembre: Hassan al-Amri, diplomate saoudien en poste à Karachi, au Pakistan, est grièvement blessé par balles. Action revendiquée depuis Beyrouth par Jund al-Haqq, les Soldats de la vraie Foi. Jund alHaqq est sans doute une coproduction d'islamistes du Proche-Orient et de Palestiniens dissidents.

1989

Janvier: Salah al-Maliki, 3° secrétaire de l'ambassade saoudienne en Thaïlande, est assassiné à Bangkok de 3 balles dans la tête. Action revendiquée par Jund al-Haqq et le Jihad du Hejaz.

Mars: assassinat à Bruxelles de l'imam Abdallah Ahdal, recteur saoudien du Centre islamique de Belgique, et du bibliothécaire de la grande mosquée, le tunisien Salem al-Behir. Action revendiquée par Jund al-Haqq.

Juin: au moment de la mort de l'Imam Khomeini, manifestations publiques de deuil dans la province orientale d'Arabie Saoudite, vite réprimées.
. Assassinat à Bruxelles du chauffeur de l'ambassade saoudienne, un Egyptien. Action revendiquée depuis Beyrouth par l'Organisation de libération de la péninsule arabique.

Juillet: au moment du pèlerinage, 3 attentats par explosif à La Mecque. 1 mort et de nombreux blessés. Action revendiquée depuis Beyrouth par la Génération de la colère arabe.

Août: arrestation d'un groupe de pèlerins chi段tes koweitis, soupçonnés d'avoir posé les bombes.

Septembre: 16 chi'ites koweitis, reconnus coupables des attentats, sont décapités à La Mecque.
. Peu après, lors d'une conférence de presse à Beyrouth, des représentants masqués du HizbAllahHejaz et du HizbAllah-Koweit annoncent une implacable vengeance.

Novembre: le seul diplomate saoudien encore en poste à Beyrouth est assassiné dans la partie ouest de la ville. Revendication du Jihad-Hejaz.
Au moment où s'achève l'année 1989, la répression visant les activistes chi段tes en Arabie Saoudite fait l'objet de critiques sévères de la part des organisations de défense des droits de l'homme.
Dans les prisons saoudiennes, des "éléments subversifs" - une centaine au total - sont détenus durant des mois, parfois des années sans procès et sans motifs juridiquement étayés, parfois battus et même torturés. Parmi eux, plusieurs uléma, les cheikhs Tahir al-Shimimy, Ja'afar al-Moubarak, Hassan al-Khuwaildi, Ibrahim al-Battat, AbdulLarim al-Awa, dont l'activité proprement criminelle n'a pas été prouvée.

1990

Janvier: bombe sous un véhicule de l'ambassade saoudienne à Ankara. Dégâts matériels.

Février: assassinat à Bangkok d'Abdurrahman al-Basri, 2e secrétaire, de Fahd Abdallah al-Bahli, officier consulaire, et d'Ahmed Abdallah al-Saif, opérateur télex de l'ambassade saoudienne. Vengeance suite à la décapitation des 16 Koweitis, selon la presse révolutionnaire islamique.

Mars: nouvelle vague de répression en Arabie, visant des religieux chi段tes.

Juillet: lors du pèlerinage, une "bousculade" se produit dans un tunnel menant aux Lieux saints de La Mecque et 1426 hajji périssent étouffés. Les islamistes contestent ce chiffre et parlent de près de 4 000 morts. Parmi eux, de très nombreux Indonésiens (680 et plus de 300 disparus), des Turcs (550 morts) des Malaysiens (entre 150 et 200 morts), des Egyptiens, des Indiens, des Pakistanais, des Philippins, etc. Ce second désastre, après celui de 1987, est très mal reçu par la communauté internationale des croyants. En Indonésie, Chalid Mawardi, dirigeant de l'association de religieux la plus importante et la plus renommée, NaUdat ul-Uléma (Mouvement du clergé), s'en prend vivement aux saoudiens qui "ne sauraient échapper à leur responsabilité en déclarant qu'il s'agit simplement de la volonté de Dieu".

De vives critiques sont également prononcées par les Iraniens, les Turcs, les Libanais, qui demandent l'enquête d'une commission internationale, ce que les saoudiens refuseront. Des critiques - plus feutrées - sont également adressées aux saoudiens par les Koweitis, les Egyptiens, les Irakiens et les Bahreinis.

. Risalat al-Haramain (le Message des Lieux saints), l'organe du Rassemblement des uléma du Hejaz (en exil en Iran), fait état de la présence, dans les zones montagneuses du sud de l'Arabie Saoudite, d'une organisation de lutte armée et d'opérations antiguérilla de l'armée saoudienne pour l'anéantir.

 

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