A. Leur base principale : l'Amérique du Nord

1) la Californie et le reste des Etats-Unis

Nous l'avons vu précédemment, les bandes de motards sont nées en Californie, lieu idéal pour les longues virées motorisées. En 1998, les autorités ont dénombré 55 gangs de motards en Californie (dont environ une trentaine présente dans le comté de Los Angeles), pour un total estimé entre 1.000 et 5.000 membres72. Ces chiffres montrent bien la présence massive des motards sur la côte ouest, dont les étendues désertiques permettent, en plus des balades à moto, de dissimuler d'importants laboratoires de drogues de synthèse (et notamment de méthamphétamines). Outre la drogue, les Hells Angels détiendraient également un quasi-monopole sur les marchands ambulants dans cet Etat, suite à une série d'incendies criminels jamais élucidée. Il y a actuellement 18 chapitres Hells Angels en Californie : Shasta, Vallejo, Sacramento, Sonoma, Richmond, Frisco, Daly City, Ventura, San Fernando Valley, Dago, Berdoo, Monterey, San Jose, Merced County, Orange County, Fresno, un chapitre « Nomads » (c'est à dire, sans attache territoriale précise) et enfin, la maison-mère à Oakland. C'est le 1er avril 1957 que le chapitre d'Oakland a été fondé par celui qui allait devenir le « Président Mondial » des Hells Angels, véritable légende américaine : Ralph Hubert Barger Jr, dit Sonny Barger.

Né en 1938, orphelin de mère et élevé par son père et sa grand-mère, il rejoint l'armée en 1955 et est libéré 13 mois plus tard du fait de son jeune âge. En 1957, il rejoint les Hells Angels dont il prend la tête un an plus tard, après l'incarcération d'Otto Friedli, véritable fondateur des H.A. mais aujourd'hui « injustement » tombé dans l'oubli. Il déplace alors le chapitre-mère de Berdoo à Oakland. Sous son impulsion, le club devient une organisation criminelle redoutable. Barger a quelques ennuis avec la justice mais s'en tire toujours à bon compte. Ainsi, en 1972, il est acquitté (avec 3 autres membres du club) pour le meurtre d'un passeur de cocaïne. En juin 1979, commencent des poursuites fédérales contre 32 H.A. (dont Barger et sa femme) sur le fondement de la loi R.I.C.O. : Barger est incarcéré quelques temps mais le jury ne pouvant rendre de décision, le procureur se résout à abandonner la plupart des charges. Le procès a coûté entre 4 et 20 millions de dollars et est dénoncé par les H.A. comme la preuve de la persécution judiciaire à leur encontre. Au milieu des années 80, Sonny Barger est de nouveau inculpé pour avoir planifié un attentat à la bombe contre un repaire Outlaws. Cette inculpation (puis sa condamnation à 3 ans et demi de prison) est due à Anthony Tait, important H.A. d'Alaska, « officier de renseignement » du club et informateur du F.B.I... Libéré en novembre 1992, Barger fêtera deux ans plus tard la fin de sa période de probation en compagnie de ses "frères" et d'un Sénateur, Ben Nighthorse Campbell. Aujourd'hui, Barger a son propre site internet73 où on l'on trouve des statues de lui (avec certificat d'authenticité) ; il se serait également lancé dans la production de voitures électriques. A plus de 60 ans et atteint d'un cancer de la gorge, il est sans doute en retrait des « affaires » et serait installé à Cave Creek, en Arizona, où il a écrit son autobiographie.

Au cours des années 50, les Hells Angels commencent leur ascension criminelle en jouant les recouvreurs de dettes pour d'autres groupes criminels. Dans les années 60, ils se mettent à trafiquer les amphétamines et la marijuana mais ce trafic se déroule surtout au sein ou aux abords du groupe. C'est le 6 septembre 1964 (jour du « Labor Day Run » à Monterey) que les H.A. vont connaître une célébrité nationale : 46 membres des H.A. sont arrêtés et 4 sont poursuivis pour le viol de deux filles de 14 et 15 ans. Les poursuites sont abandonnées pour manque de preuve mais le rapport du Procureur de l'État concernant ce groupe est repris par la presse nationale (New-York Times, Time, Newsweek,...) leur assurant une audience inespérée. En outre, ces ennuis judiciaires poussent les H.A. à se procurer rapidement de l'argent : ils se lancent alors de manière intensive dans la production de drogues chimiques. Ils recrutent ainsi dans les milieux hippies et intellectuels de gauche : le chimiste « underground » du L.S.D., Augustus Owsley Stanley III, travaille pour eux. En août 1965, Hunter S. Thompson leur consacre un livre74 et leur présente des grandes figures de la « beat generation » comme Allen Ginsberg ou Richard Alpert (le "gourou de l'acide"). Dans les milieux beatniks et hippies, on les surnomme alors les "policiers du peuple". Mais la rupture se produit quelques mois plus tard à propos de la guerre du Vietnam.

Autre moment marquant de l'histoire des H.A. : le 6 décembre 1969, en échange de quelques caisses de bière, ils assurent la sécurité du concert des Rolling Stones à Altamont (Californie)75. Il y aura une victime (un homme noir), tuée à coups de couteau. On parle de racisme mais il semble bien que la « victime » avait sorti une arme à feu et la pointait vers Mick Jagger76. Ultérieurement, des menaces sont proférées contre les Rolling Stones, accusés de n'avoir pas assez soutenu le club (les stars du rock auraient fini par payer 50.000 $ pour éviter un « contrat »). En tout cas, il s'agit là d'un nouveau coup de projecteur sur les H.A.. Aujourd'hui encore, ces vétérans du rock utilisent toujours (mais plus discrètement) des structures liées aux Hells pour assurer la sécurité des concerts. C'est aussi le début de leur implantation nationale, et notamment sur la côte Est : Lowell, Massachussets en 1967 ; Buffalo en 1968 et enfin New-York en 1969. Ce dernier chapitre formera la « maison-mère » des Hells pour toute la côte Est et sera dirigé par celui qui sera longtemps considéré comme la seconde légende vivante (après Barger) : Sandy Frazier Alexander.

D'une famille ayant fait fortune à Cuba sous Battista, Sandy Alexander doit quitter l'île à 7 ans. Il s'engage à 18 ans dans une unité de reconnaissance des Marines (où il apprend à tuer à mains nues). Après son armée, il s'installe en Californie et devient un « hangaround » des Hells Angels. Il part néanmoins sur New-York où il intègre les « Aliens M.C. »77, une bande de motard bien implantée localement et travaillant à l'occasion pour la Mafia. Il quitte cette bande pour fonder son propre groupe dont il demande l'intégration aux Hells Angels. Le 5 décembre 1969, le chapitre de Manhattan voit officiellement le jour. Alexander le dirigera tout en contrôlant l'ensemble des chapitres de l'est des Etats-Unis. Arrêté le 2 mai 1985, il est condamné à 16 ans pour trafic de drogue. C'est à l'occasion du procès que les membres de son chapitre découvrent qu'il a utilisé les finances du club pour s'enrichir personnellement : c'est la fin du mythe, Alexander est exclu de l'organisation. Seul son passé lui évitera une exécution en règle par ses anciens amis.

Les années 70 s'avèrent fastes pour les H.A. qui deviennent de très importants fabriquants et trafiquants de stupéfiants (P.C.P., L.S.D.,...) : ils sont réputés dans ce milieu comme étant des « commerçants honnêtes ». Le 2 septembre 1970 voit la naissance officielle du "Hells Angels Motorcycle Club", déclaré comme association à but non-lucratif destinée à "promouvoir la moto, les clubs de motos et la sécurité des motards". C'est aussi l'époque de leur premier conflit territorial avec les « Mongols », en 1977, et le début de leur rivalité avec les « Outlaws ». La décennie suivante voit éclater la pleine puissance des Hells : ils sont présents dans nombre d'activités criminelles (dont le trafic de cannabis, de drogues de synthèse, de cocaïne, d'armes ; la prostitution ; le racket ; le meurtre sur gages ;...) et sont intégrés dans la vie publique (par leur combat contre le port obligatoire du casque, par leurs relations avec l'industrie cinématographique d'Hollywood ou encore par leurs liens avec le monde du rock et de la country music). Dans le même temps, ils se rapprochent du mouvement des « R.U.B. » (Rich Urban Biker) où ils trouvent de nouvelles relations, notamment dans le monde des affaires (légales). Plus inquiétant, une organisation d'amoureux de la moto composée de policiers et d'officiers de probation (les « Wild Pigs »), fondée en Californie en 1988 et ayant essaimé dans l'ensemble des Etats-Unis et au Canada, semble parfois entretenir des liens avec les Hells Angels et les Diablos78. En 1997, les H.A. s'installent en Arizona en absorbant le clan des « Dirty Dozens », basé dans la région de Phoenix. Il s'agit d'une implantation stratégique importante pour les H.A. puisque l'Arizona est un lieu de production et de consommation importante en matière de méthamphétamines. En 1999, le Mississippi (qui ne connaît aucune implantation des « Big Four ») est une nouvelle cible pour les Hells Angels qui développent leurs activités (notamment des laboratoires de méthamphétamines) et leurs contacts avec les gangs locaux dans le nord de l'Etat. En effet, les Bandidos sont tout aussi actifs dans le sud de la région au point d'avoir réussi à y implanter 2 sections en 1999. Mais cette guerre entre bandes de motards a peut être fragilisé les organisations : pour augmenter les "troupes", le recrutement se fait plus intense, et donc, moins contrôlé. En outre, les périodes minimales obligatoires pour les prospects ont été abaissées. Cette politique de recrutement intense pourrait permettre aux forces de l'ordre une meilleure infiltration des mouvements. Pour limiter le risque, les HA ont décidé de se rendre plus discrets aux yeux des services de renseignements criminels. Ainsi, ils utilisent des "alias" pour cacher leurs nouveaux chapitres : "Family MC" dans le Tennessee ; "The Thugs MC" à Las Vegas ; "Charleston 81 Boxing Team" pour la Caroline du Sud ; ... Les HA ont également su être à la pointe de la technologie. Sous l'impulsion d'un membre d'origine japonaise, John Fukushima, les Hells se sont équipés en informatique (tous les chapitres sont à présents censés posséder un ordinateur) : les minutes des réunions sont informatisées, utilisant pour cela des programmes cryptographiques.

Alabama

Warlocks

Arizona

Chosen Few / Vietnam Vets

Californie

Amons / Chosen Few / Diablos79 / Galloping Goose / Hades Riders / Heathens / Hessians80 / Misfits / Monks / Righteous Ones / Sons of Hawaii / Sundowners / Vietnam Vets

Caroline du Nord

Rebel Roosers / Veterans

Caroline du Sud

Screaming Eagles / Veterans / Warlocks

Colorado

Invaders / Iron Horsemen / Sons of Silence / Vietnam Vets

Connecticut

Boozefighters / Charter Oaks / Diablos / Helter Skelter / James Gang / Killerettes81 / Sundowners / Vigilantes

Dakota du Nord

BPM

Dakota du Sud

El Forastero / Vietnam Vets

Delaware

Vietnam Vets

Floride

Kingsmen / Renegades / Vietnam Vets / Warlocks

Géorgie

Vietnam Vets

Hawaii

Statewide Ali'i's

Idaho

Brothers Speed

Illinois

Hells Henchmen / Invaders / Peacemakers / Vietnam Vets

Indiana

Diablos / Grim Reapers / Hells Henchmen / Invaders / Iron Horsemen / Sons of Silence / Vigilantes

Iowa

El Forastero / Galloping Goose / Grim Reapers / Sons of Silence / Vietnam Vets

Kansas

El Forastero

Kentucky

Grim Reapers / Iron Horsemen / Sons of Silence

Louisiane

Galloping Goose / Sons of Silence

Maine

Iron Horsemen / Vietnam Vets / Vigilantes

Massachusetts

Armaggedon / Diablos / Herdsmen / Long Riders / Midnight Shift / Sidewinders / Vietnam Vets / Vigilantes

Maryland

Chosens Sons / Iron Horsemen / Kingsmen / Vietnam Vets

Michigan

Avengers / Highwaymen / Road Agents / Vigilantes

Minnesota

BPM / El Forastero / Grim Reapers / Hells Outcasts / Sons of Silence / Vietnam Vets

Mississippi

Warlocks

Missouri

El Forastero / Galloping Goose / Invaders / Saddle Tramps

Montana

Galloping Goose / Vietnam Vets

Nevada

Branded Few / Gents / Misfits / Noblemen / Red Demons / Righteous Ones / Sundowners / Thugs / Vietnam Vets

New-Hampshire

Diablos / Milford and Company / Talons

New-Jersey

Warlocks

New-York

5th Chapter / 69ers / Bishops / Bridge Runners / Chosen Few / Cycle Lords / Cycle Tramps / Dirty Thunder / Dominion Saints / Excaliber / Highwaymen / Hoboken / Iron Chariots / Iron Horsemen / Kingsmen / Legacy / Lonely Ones / Melchizedeks / Mill River Riders / Mohawk Valley Riders / New Breed / Night Stalkers / North Coast XII / Raiders / Road Agents / Road Iron / Road Vultures / Satan's Soldiers / Snakes / Unforgiven / Veterans Nomads / Wraith

Nouveau-Mexique

Red Devils / Vietnam Vets

Ohio

Avengers / Dirt and Grime / Herdsmen / Iron Horsemen / Vietnam Vets

Oklahoma

Grim Reapers / Vietnam Vets

Oregon

Brothers Speed / Gypsy Jokers

Pennsylvanie

Warlocks

Rhode Island

Chieftains / Vietnam Vets

Tennessee

Grim Reapers / Hells Henchmen

Texas

Banshees / Reapers

Utah

Bad Company Barons / Sundowners

Vermont

Vietnam Vets

Virginie

Invaders / Warlocks

Virginie Occidentale

Avengers

Vermont

Vietnam Vets

Washington

Brothers Speed / Gypsy Jokers / Iron Horsemen

Wisconsin

BPM / Immortals / Sundowners / Vietnam Vets

2) Leurs activités

- Trafic de stupéfiants :

C'est l'activité principale des HA : c'est sans doute le chapitre de San Bernardino qui a commencé à revendre des stupéfiants aux autres sections californiennes en 1967. Aujourd'hui, tous les types de drogue sont concernés par le trafic. Chaque HA contrôle directement une sorte de "sous-gang" allant de 10 à 30 personnes (prospects ou hangarounds, membres d'autres gangs, femmes, associés divers, ...), ce système leur permettant ainsi de se maintenir en dehors du 1er cercle de trafiquants. Les autres gangs doivent recevoir une autorisation et payer une "taxe" pour pouvoir vendre de la drogue sur le territoire contrôlé par les Hells Angels. Le trafic se fait sur une base individuelle et non collective : ce système permet d'éviter les inculpations de chapitres entiers ou de l'ensemble de l'organisation. Il est même interdit de parler de stupéfiants durant les réunions des clubs, de peur des micros.

ð méthamphétamines :

Ce produit a fait son apparition aux États-Unis dans les années 70 mais son usage devient très populaire aux cours des années 90, au point de remplacer le crack dans certaines zones82. Longtemps producteurs exclusifs de ce produit, les bikers doivent faire face à la concurrence des cartels mexicains. Ceux-ci, ayant accès plus facilement aux produits précurseurs, proposent une marchandise meilleur marché. Les HA ont choisi de collaborer avec les réseaux mexicains83 ; mais en implantant leurs chapitres au nord des États-Unis et au Canada, ils pourraient réduire leur dépendance vis à vis des mexicains. Surtout, ils pourraient décider de délaisser le marché US des méthamphétamines pour développer le trafic international. Les laboratoires de fabrication de "meth'" sont implantés dans des ranchs disposant d'installations souterraines, des bateaux au large des côtes, des îles sur les Côtes Est et Ouest, des immeubles résidentiels, des camping-cars, les sièges d'autres gangs, ... Des laboratoires sont aussi installés dans des containers enterrés : ces containers (servant également de caches d'armes) sont volés par les HA et les Hessians sur les docks californiens. Un laboratoire a ainsi été saisi par la police après 10 ans de fonctionnement. Installé dans les locaux d'une agence de voyage, sa construction a été évaluée à près d'un million de dollars (près de 7 millions de FRF, ±1 million d'euros) : traitement chimique des déchets, système de filtration d'air pour atténuer les odeurs, générateur pour éviter une consommation d'électricité trop voyante, ... Des gangs liés aux HA ont organisé des cours de chimie pour les autres clubs contre 10.000$ et un pourcentage sur les produits vendus. Les revendeurs de meth' ont ordre de ne pas couper la drogue qu'ils vendent : il faut éviter que des clients non-satisfaits aillent livrer des infos à la police. Pour le transport de la drogue, les gangs utilisent également les services de sociétés comme UPS ou Federal Express. Un superviseur et un employé d'UPS à Charleston (Caroline du Sud) ont été arrêtés dans les années 1990 pour avoir participé à un trafic de méthamphétamines et d'ecstasy pour le compte des HA.

Les produits précurseurs, nécessaires à la fabrication du produit final, sont obtenus via des sociétés de produits chimiques, des Universités, des sociétés contrôlées par les HA comme les magasins de développement photo ou les parfumeries. Les HA ont également infiltré l'industrie du traitement des déchets toxiques, ce qui leur permet de détourner des produits déjà saisis par la police mais également de recycler les déchets issus de leurs laboratoires (pour la production d'un kg de méthamphétamines, il y a 5 à 6 kg de déchets). Une des sociétés de traitement contrôlées avait même par ailleurs des contrats officiels, notamment avec l'Armée américaine. Une autre société transporte des déchets chimiques et médicaux par bateaux, notamment sur l'Ohio et sur le Mississippi : outre le détournement de produits précurseurs, ces transports permettent également le trafic de drogue. Toutes ces sociétés « sous-contrôle » respectent scrupuleusement les lois fédérales et locales sur la protection de l'environnement. Pour faciliter le trafic de produits chimiques, les HA ont enfin infiltré le Syndicat des Dockers à Vancouver (Canada).

ð cocaïne :

Les HA ont commencé à s'intéresser à la cocaïne dans les années 80 mais aujourd'hui, c'est le trafic n°1 pour certains chapitres. En 1992, le démantèlement d'un réseau lié aux HA et à la mafia italo-américaine révélait que la drogue était stockée à Miami puis distribuée à New-York, dans le Mississippi, le Tennessee, la Nouvelle-Orléans, Dallas, ... Sur la Côte Ouest, la cocaïne arrive par cargo, la drogue étant ensuite transférée par des bateaux de pêche (les HA contrôlent par ailleurs une société de pêche en Caroline du Nord). En été 1993, au large de la Nouvelle-Ecosse, l'équipage du "Fortune Endeavour" a dû jeter par-dessus bord près de 750 kg de cocaïne appartenant aux Hells et à la Mafia de Montréal. Plusieurs tentatives de récupération avec du matériel de haut niveau (y compris sous-marin) ont échoué. Avec une présence de plus en plus forte des HA en Amérique du Sud (Brésil et Argentine), la cocaïne est obtenue directement auprès des pays producteurs et non plus par le biais des cartels mexicains. Cet approvisionnement direct se constate, par exemple, avec une saisie de 353 kg de cocaïne pure à 95-98% à Montréal au milieu des années 90.

ð marijuana :

Une partie du cannabis vendue par les HA aux États-Unis provient du Mexique et est achetée par les chapitres aux cartels mexicains ou à la mafia US. Mais la plus grosse partie provient de serres hydroponiques installées en Colombie-Britannique (Canada) : le "BC Hydro" ou « BC Bud », produit en association avec la mafia italo-canadienne, peut atteindre un taux de principe actif84 de 30%. A la fin des années 90, les autorités de Colombie-Britannique découvrent en moyenne 8 serres par jour, avec une moyenne de 150 à 200 plants par serre85. La livre de marijuana vaut entre 1.500 et 2.000 US$ à Vancouver, 3.000 $ à Seattle (de l'autre côté de la frontière), 6.000 à Los Angeles et jusqu'à 8.000 $ à New-York86. Le plant de cannabis (avec une teneur en THC de 15% et 3 récoltes par an) rapporte annuellement 4.500 $ (près de 34.000 FRF, plus de 5.000 euros). Outre les serres hydroponiques, les gangs de motards utilisent également des plantations en plein air, parfois en menaçant les agriculteurs dont les champs sont utilisés pour cacher la plantation illicite.87

ð autres :

La fabrication et le trafic de LSD datent des années 60 : les HA étaient alors le principal fournisseur des hippies dans la Baie de San Francisco. L'héroïne est particulièrement l'objet de trafic par les chapitres de Los Angeles et de New-York. L'ecstasy est fabriquée par les chapitres canadiens et est revendue lors des "raves". Il existerait également des liens entre les gangs de motards et des organisations criminelles israéliennes produisant l'ecstasy aux Pays-Bas. Le trafic de médicaments détournés est également une activité des Hells Angels. En février 2001, la police procède à l'arrestation du porte-parole officiel des Hells Angels et président du chapitre de Ventura (Californie), George « Gus » Christie Jr.88. Il est accusé d'avoir vendu des milliers de pilules de Valium et de Vicodin dans des écoles californiennes via un groupe d'étudiants surnommé « The Outfit »89. Les médicaments étaient volés à la « Los Angeles Air Force Base ».

- Prostitution :

Il s'agit de la deuxième source de revenus pour les HA. Cette activité se déroule à travers des salons de massage, des clubs de strip-tease, des bars topless, des salons de coiffure, des salons de tatouage, des services d'escorte, ... Les prostituées (rapportant en moyenne 250 $ par nuit - près de 1.900 FRF) sont également utilisées pour des chantages sur les clients, notamment des policiers90.

- Vols :

Certains chapitres, notamment au Minnesota, rachètent des voitures volées contre de l'argent, de la cocaïne ou des méthamphétamines à des "street gangs" afro-américains. Un HA autrichien est soupçonné de revendre en Europe des véhicules volés par ses "frères" américains. Le trafic de motos volées est une activité hautement lucrative car une Harley-Davidson vaut entre 15 et 60.000 $ aux Etats-Unis (entre 110.000 et 450.000 FRF). En mai 1996, l'opération "Outlaw" menée par les services de répression en Californie et visant les clubs des Hells Angels, des Hessians, des Vagos et des Mongols a mis à jour un réseau de vol de motos revendues à l'étranger rapportant 4 millions de dollars par an, 30 millions de FRF (32 arrestations). Autre activité : le vol de matériaux de construction destinés soit à être revendus, soit à être réutilisés par des sociétés de construction détenues par les HA.

- Fraudes :

Les chapitres HA sont impliqués dans différents types de fraudes à l'assurance : incendies d'entreprises, déclarations de vol de motos (réelles ou imaginaires), escroquerie à l'assurance maladie (notamment chapitre de Salem, Massachussetts) et à la carte de crédit. Le leader californien George "Gus" Christie s'est fait une spécialité de la délinquance en col blanc à travers ses sociétés. Son entreprise de réparation de voitures fait régulièrement saisir les véhicules des particuliers mécontents des travaux et les revend ensuite. De même, son école de karaté est connue pour accueillir des étudiants fictifs, technique de blanchiment d'argent sale. Au Canada voisin, on soupçonne un gang de motards du Québec d'avoir pénétré le système informatique de la Banque Laurentienne pour se procurer des renseignements sur des cartes de crédit. En février 2001, une opération menée par la Gendarmerie Royale du Canada, la Sûreté du Québec et le FBI permet de démanteler un réseau de fraude par télémarketing91 et d'arrêter 20 personnes, dont un membre des Hells Angels.

- Armes :

Le trafic d'armes et d'explosifs est une activité importante pour les gangs de motards, ce qui explique le suivi de leurs activités par l'ATF92. Les armes sont obtenues auprès de militaires ou d'anciens militaires. Beaucoup de chapitres sont situés à proximité de bases militaires : ainsi, plusieurs HA habitent près de Fayetteville en Caroline du Nord qui abrite Fort Bragg et Pope Air Force Base. Les bikers recrutent sur place du personnel de l'Air Force pour passer des armes et des stupéfiants par avions. Un gang proche des HA, les Mystic Warriors MC, fréquentent assidûment les bars des Marines près du Camp Lejeune (Caroline du Nord). Une partie des armes proviendrait également de pillages des dépôts de l'armée en Estonie.

- Jeux :

Les HA fréquentent souvent les casinos du Nevada (ils possèdent d'ailleurs des parts dans les maisons closes locales) pour des opérations de blanchiment et de prostitution (via notamment les "services d'escorte"). Les casinos d'Atlantic City et des réserves indiennes sont également des lieux fréquentés par les motards. Le chapitre HA de Bridgeport, Connecticut, s'est spécialisé dans le recouvrement de créances de jeux ou d'usure pour le compte de la Famille Genovese de New-York via la Famille locale Curcio.

- Blanchiment :

Les HA ont su rapidement s'appuyer sur des spécialistes (avocats, banquiers, agents immobiliers, entrepreneurs, agents d'assurance, ...) pour leurs opérations de blanchiment. Ces opérations reposent sur un réseau dense de PME-PMI dans lesquelles les HA ont des intérêts, cachés ou non. Il existe même une société d'investissement basée à Tucson : la "United Capital Development". Des places financières comme la Suisse ou les Bahamas sont utilisées pour le transit des fonds. Les méthodes de blanchiment sont multiples, mais classiques : achats immobiliers (notamment de vastes terrains dans l'Idaho et le Kentucky) ; achats de véhicules (voitures, camions, motos, bus, bateaux, avions, ...) ; dépôts bancaires de moins de 10.000 $93 ; casinos ; achats de métaux précieux, bijoux, diamants ; ... Les sociétés légales jouent donc un rôle fort important pour toutes ces opérations. Ces sociétés sont très nombreuses : entreprises de construction ; sociétés de machines-outils ; équipement médical ; transport ; garages ; photographe ; arts martiaux ; salles de gym ; sécurité des concerts et des films ; gardes du corps ; équipe de stock-car ; salons de massage ; concessionnaires automobiles ; location de voitures ; clubs de strip-tease ; production musicale ; service de limousine ; location vidéo ; salons de tatouage et de piercing ; bars ; pizzerias ; société de pêche ; restaurants ; ...

3) les « quatre grands »...

« One Way AOA,

AOA All the Way »

Il existe plusieurs centaines (Interpol cite le chiffre de 900 dans un document de 1985) bandes de motards criminels aux États-Unis, de taille et de puissance inégales. Certaines sont d'ailleurs totalement inféodées aux plus importantes. Les services de police considèrent qu'ils existent 4 grandes formations criminelles à dimension (au moins) nationale : les Hells Angels (nous n'y reviendront pas ici), les Outlaws, les Bandidos et les Pagans94. Si des guerres les opposent fréquemment, on peut noter qu'il y a eu des rencontres au sommet entre ces 4 clubs (au moins deux fois en 1986 et diverses rencontres bilatérales depuis).

1. Les Outlaws (ou American Outlaw Association)95 : le club a été fondé en 1935 près de Chicago et s'appelle alors le « McCook Outlaws M.C. ». En 1950, le club se déplace à Chicago même et change de nom : « The Chicago Outlaws M.C. ». Mais ce n'est véritablement qu'à partir de 1959 que John Davis va développer le groupe. Le 1er janvier 1965 voit la naissance de l' « American Outlaws Association » (A.O.A.). L'organisation compte aujourd'hui près d'une cinquantaine de chapitres en Amérique du Nord (pour environ 1.000 membres) et possède également des antennes en Australie, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Belgique, en Norvège, en Suède, en Allemagne et en Thaïlande. Le territoire américain est divisé en 4 régions contrôlées par les chapitres d'Oklahoma City, Atlanta, Chicago et Detroit. Le club est structuré sur le modèle des Hells Angels. La maison-mère (longtemps Chicago) se situe depuis 1984 à Detroit où « règne » le Président National des Outlaws, Henry Joseph « Taco » Bowman96. C'est leur escadron de tueurs d'élite (les « SS ») qui est impliqué en 1974 dans le meurtre de 3 Hells Angels. Ces assassinats marquent le début d'une guerre totale entre les deux groupes. D'ailleurs, les Outlaws ont la réputation d'être d'une violence extrême. Leur principale source de revenus est le trafic de diazepam (un produit médicamenteux plus connu sous le nom de « Valium ») qu'ils produisent dans des laboratoires clandestins installés au Canada. Plus classiquement, ils se livrent également à l'importation et au trafic de cocaïne, en utilisant notamment les liens tissés par leurs chapitres de Floride avec des trafiquants colombiens et cubains. Les Outlaws semblent également contrôler le marché des méthamphétamines dans le Wisconsin et possèdent des laboratoires clandestins en Géorgie. En outre, l'importation de marijuana (notamment depuis Hawaii) ne leur est pas non plus étrangère.

Après la drogue, les Outlaws sont fortement présents dans le proxénétisme, sans doute leur seconde source de revenus. Les jeunes filles (beaucoup de « paumées », parfois à partir de 15-16 ans) sont forcées à se prostituer dans des bars topless, des salons de massages ou dans la rue. Des menaces très claires planent sur elles et leur famille. Les Outlaws n'oublient pas non plus les activités légales et ont largement investi, notamment dans des salons de massage, des sex-shops, la vente de bateaux,... Le conflit permanent avec les Hells Angels a facilité, à partir de 1980, un rapprochement avec les « Bandidos », au point que ces deux groupes détiennent conjointement un bar topless à Oklahoma City.

Le conflit latent avec les Hells Angels a repris de la vigueur au début des années 90 quand les H.A. se sont rapprochés des « Hells Henchmen » pour implanter des chapitres dans l'Illinois, en plein « territoire » Outlaws. Ceux-ci ont vivement réagi : à l'été 1994, le chef des « Hells Henchmen », Mathias LaMont, est abattu ; quelques mois plus tard, une voiture piégée vise leur siège. En 1997, les autorités fédérales (notamment F.B.I. et A.T.F.) inculpent 17 Outlaws sur le fondement de la loi R.I.C.O. pour leur implication dans des meurtres, des attentats à la bombe et des cambriolages. Un de ces Outlaws, James W. Schneider, décide de collaborer avec la Justice et demande une protection fédérale : le gang dénonce une machination policière. Autre coup dur pour l'organisation : en novembre 1997, un de ses dirigeants, Clarence Smith, est reconnu coupable par un tribunal de Tampa (Floride) de 4 meurtres et une tentative, commis en 1983 ; d'un attentat à la bombe ayant tué un témoin fédéral en 1981 ; d'entente délictueuse à fin de racket ; de projet d'assassinat contre un rival dans l'Indiana en 1994 ; de transport d'explosif en Louisiane et de trafic de drogue. Smith avait été pendant quelques années le chef régional des Outlaws. Enfin, en mai 2001, 6 Outlaws97 sont inculpés sur le fondement de la loi RICO (notamment pour l'affaire du meurtre d'un membre Hells Angels en 1994) et complot de trafic de drogue. Durant 4 mois, un membre du Chapitre de Milwaukee a collaboré avec la justice, notamment en portant un micro.

2. Les Pagans : ce sont les seuls des « Big Four » à ne pas avoir de dimension internationale connue mais une réelle puissance américaine depuis la fusion avec le gang des « Sons of Satan » au début des années 7098. Surtout implanté autour des grandes métropoles du Nord-Est des Etats-Unis (il existe cependant des chapitres plus au sud, notamment en Floride et à la Nouvelle-Orléans99), le gang regroupe près de 900 membres pour un peu moins de 50 chapitres. Le club a été fondé dans le Maryland, en 1959 puis s'est établi en 1975 à Marcus Hook (Delaware) avant qu'une série de meurtres ne pousse l'opinion publique à les faire chasser par la police. Les Pagans sont aujourd'hui installés à Suffolk (Etat de New-York).

Cette bande est plus nomade que les autres : ainsi, il n'existe pas véritablement de chapitre-mère (même si celui de Suffolk en joue le rôle), il s'agit plus d'un « Parlement » composé de 13 à 20 anciens présidents de chapitre. Les Présidents et Vice-Présidents n'ont alors pas le même rôle prépondérant que dans les autres gangs de motards (mais ils font figure de leaders charismatiques). Le Président des Pagans est Paul « Ooch » Ferry qui reçoit un salaire annuel fixé par le « Parlement ». Par une sorte de « coquetterie », ce salaire est le même que celui du Président des U.S.A., soit près de 200.000 $ (1,5 million de FRF). Fonctionnant un peu comme la « Commission » de Cosa Nostra, le « chapitre-mère virtuel » donne des directives générales, contrôle la venue de nouveaux chapitres et assure la discipline générale. Les membres de cette « Commission » sont responsables d'un certain nombre de chapitres présents sur un territoire donné mais ceux-ci sont toutefois relativement indépendants. Chaque chapitre est tenu de rétrocéder une partie de ses revenus au chapitre-mère. On retrouve là une organisation sensiblement identique au modèle mafieux sicilien.

Comme les Outlaws, les Pagans sont également très impliqués dans le trafic de femmes, même si celles-ci sont également utilisées pour des missions de « renseignement » au sein des administrations « stratégiquement intéressantes ». Mais leur principale activité reste le trafic de drogues et notamment les drogues chimiques comme le P.2.P., produit précurseur des méthamphétamines, et le P.C.P.. Autre activité de choix pour les Pagans : le trafic d'armes et d'explosifs (parfois de haute technicité). Ils possèdent également des affaires légales : des commerces de réparation de motos et même une compagnie de transport routier. Eux aussi considèrent les Bandidos et les Outlaws comme des organisations soeurs et sont donc opposés aux Hells Angels ou à leurs alliés. Le gang a subi un coup très rude en avril 1998 après l'arrestation de 33 de ses membres (dont le sergent d'armes national, Keith Richter) pour des opérations d'extorsion menées à Long Island contre les clubs de strip-tease.

3. Les Bandidos (ou Bandido Nation)100 : il s'agit sans doute du groupe un-pourcentiste qui connaît actuellement la plus forte progression internationale, au point d'ailleurs d'avoir maintenant un véritable ascendant sur les « organisations soeurs ». Elle a vu le jour en mars 1966 à Houston (Texas), grâce à Donald Eugene Chambers, condamné plus tard pour le meurtre de deux hommes101. Elle tient son nom d'une marque de produits « tex-mex », « Frito Bandido », dont l'emblème a inspiré également les couleurs du club. Le club compte près de 140 chapitres pour 1.500 membres. En peu de temps, l'importance numérique (et donc la puissance) de cette bande a considérablement augmenté, notamment par l'ouverture de nombreux chapitres en Europe et en Australie. Aux Etats-Unis, ils sont surtout implantés dans les États du sud mais également autour de Seattle (Etat de Washington). Le Président actuel (qui a le dernier mot sur les « affaires » du club) serait George Wegers et le chapitre-mère se situe à Corpus-Christi (Texas).

Contrairement aux autres bandes, les Bandidos n'ont pas de véritables clubhouses : les réunions (« messes ») se font au domicile des membres tout aussi bien sécurisé et fortifié que les « repaires » des autres organisations. Autre différence avec les autres bandes : leurs couleurs sont toujours éclatantes et ne doivent pas être salies. La sécurité du club et le service de renseignement est assuré par un chapitre « Nomads » (qui n'a pas de territoire déterminé même si la plupart de ses membres est installée à Lubbock, Texas). Ils sont également réputés pour avoir un fort pouvoir corrupteur auprès des autorités locales voire fédérales. Les Bandidos n'hésitent pas aussi à recourir à la violence : un procureur fédéral est sorti miraculeusement indemne en 1978 après le mitraillage de son véhicule ; moins de chance pour le juge « Maximum » John, assassiné le 29 mai 1979. Leur implantation près de la frontière mexicaine explique leur implication dans le trafic de cocaïne mais aussi, véritable spécialité motarde, de méthamphétamine. Leurs contacts avec des militaires leur permettent également de se fournir en armes et explosifs (dont du C-4). L'alliance avec les Outlaws (datant de 1978) leur a également permis de diversifier leur approvisionnement en cocaïne. Enfin, la prostitution est aussi une source importante de revenus : les Bandidos possèdent des bars topless et des boîtes de nuit au Dakota, au Texas, dans l'Oklahoma ou en Alaska ; des services d'escorte à Houston ; une agence de modèles nues à Austin ;...

La « Bandido Nation » est l'alliée des Outlaws dans la guerre contre les Hells Angels en Amérique du Nord et dans le reste du monde. Curieusement, les affaires peuvent rapprocher les ennemis : en décembre 1989, un Bandidos est arrêté en compagnie d'un H.A., en possession d'un chargement de cocaïne. D'autres gangs, qui n'ont pas pris l'appellation « Bandidos », sont affiliés à la « Bandido Nation » : les « Hombres M.C. » (basés à Houston mais possèdant quelques autres chapitres dans le reste du pays), les Guerrilleros (Allemagne), les Diablos102, les Campesinos (Texas), les Amigos, les SouthSiders (San Antonio), les Regulators (Roswell), les Hermanos (Wyoming, Dakota du Sud, Etat de Washington).

Début 2001, les Bandidos se sont également rapprochés des "Mongols", un club principalement présent en Californie103 (où ils se sont opposés dès les années 70 aux Hells Angels) mais aussi au Colorado, au Nevada104, en Oklahoma105 et au Mexique. Les Mongols ont notamment invité des Bandidos (et des Hessians) lors d'une fête importante en Californie, en pleine terre des Hells Angels106. Les Mongols sont également considérés comme des proches des Outlaws.

4) les ennemis publics numéro 1 au Canada 107

Les services de police canadiens (notamment le Service Central de Renseignements Criminels, S.C.R.C.) ont acquis une grande expérience dans le domaine de la répression des gangs de motards, au point d'en devenir la référence mondiale. Le territoire canadien recèle en effet un nombre important de gangs de motards et ceux-ci s'y livrent une guerre impitoyable. Il existe une trentaine de gangs de motards au Canada mais les Hells Angels (avec 25 chapitres à part entière) restent la plus puissante et la mieux structurée du pays. C'est en 1977 que les Hells Angels prennent pied au Canada avec l'absorption de la bande des « Popeyes », au Québec. C'est alors la deuxième plus grosse bande du pays avec près de 300 membres et 4 sections. Cependant, seule une trentaine de leurs membres sera jugée digne de porter les couleurs rouge et blanche, le 5 décembre 1977. Mais les Outlaws les ont précédés de quelques mois en intégrant, en juillet 1977, 4 chapitres du club des Satan's Choice de l'Ontario (Canada). Il s'agit alors du plus important gang de motards canadiens (avec 12 chapitres), principalement impliqué dans la fabrication de drogues de synthèse. Soucieuse de l'indépendance et des « traditions » du groupe, une partie des Satan's Choice refuse de se laisser avaler par les Outlaws, sans toutefois s'allier aux H.A.108. Quelques années plus tard, en septembre 1984, les Iron Hawgs deviennent un chapitre des Outlaws, le plus important en nombre d'Amérique du Nord. Aujourd'hui, les Outlaws n'ont pu s'extraire véritablement de l'Ontario (8 sections au total) et malgré des accords avec les autres bandes locales, leur position semble se fragiliser. Des problèmes, sans doute liés à des dettes de drogue, ont envenimé les rapports des Outlaws avec les petites bandes. Ceci a permis aux Hells Angels de faire des incursions sur le territoire de leurs rivaux et de prendre langue avec des gangs du cru et des mafieux locaux109. Il existe également une section Outlaws à Montréal mais elle est largement isolée, au coeur d'un territoire totalement acquis aux Hells Angels.

Le conflit déjà en cours aux Etats-Unis va s'étendre à la « Belle Province » quand le principal tueur des H.A. assassine un Outlaws le 20 février 1978. Plusieurs assassinats et attentats s'ensuivent. La décennie 80 voit les H.A. se rapprocher de diverses bandes et créer ainsi des nouvelles sections. Les Outlaws ne pourront jamais véritablement quitter la province anglophone de l'Ontario. L'année 1985 est un tournant important dans le monde des motards. En juin de cette année-là, la police retire 5 corps du Saint-Laurent (un sixième cadavre ne sera jamais retrouvé). Il s'agit de membres importants du chapitre québécois « North ». Ce massacre entraîne une forte réaction de la police : 39 arrestations, 220 perquisitions et, au final, 23 condamnations. Les Hells Angels canadiens sont doublement déstabilisés : d'abord par la réaction policière (les Outlaws en profitent d'ailleurs pour pousser leur influence auprès des sous-bandes locales) mais surtout par les répercussions de ce massacre. En effet, l'élimination de la section « North » a été décidée au plus haut niveau de la hiérarchie canadienne des Hells Angels après consultation de divers "frères" à l'étranger. Les membres de la section « North » étaient accusés de consommer de la cocaïne110 et étaient ainsi devenus difficilement contrôlables. En outre, ils étaient accusés d'avoir détourné une importante somme d'argent appartenant au chapitre d'Halifax. La décision fut donc prise d'éliminer une section entière, ce qui secoua le monde du motardisme : jamais plus un frère ne pourra faire entièrement confiance à un autre frère. Il faudra même qu'une délégation canadienne de H.A. fasse une « tournée » des autres chapitres pour leur expliquer les raisons de leur geste.

Durant les années 90, les Hells Angels de Québec (près de 90) affrontent un nouvel ennemi : les Rock Machines. Née en 1990, cette bande regroupe un certain nombre d'éléments issus d'anciens gangs disparus. Liés à la pègre montréalaise (le « Gang de l'Ouest »111) et à la mafia italo-canadienne, les Rock Machines112, bien qu'indépendants, sont d'abord proches des Hells Angels. Le conflit qui éclate en juillet 1994, a pour cause le contrôle du trafic de stupéfiants dans la région de Québec. A la fin de l'an 2000, on comptait près de 160 personnes assassinées au cours de ce conflit, sans compter les tentatives de meurtre, les attentats à la bombe ou les incendies criminels. Un enfant de 11 ans a également été tué lors de l'explosion d'une voiture piégée à Montréal et 4 autres personnes non liées au monde des bikers ont été victimes de balles perdues. Dans le cadre de cette lutte anti-Hells, les Rock Machines ont reçu un soutien des Outlaws mais ils sont surtout proches des Bandidos, dont ils sont devenus officiellement un « club hangaround » en 1999113. En octobre 2000, les Rock Machines prennent officiellement le nom de "Bandidos Canada". Les opérations de police et l'instauration d'une nouvelle loi anti-gang114 provoquent de sérieux remous au sein du monde criminel québécois : les mafieux montréalais font pression sur les deux organisations (avec lesquelles ils sont en affaires) pour qu'ils adoptent un profil bas. La situation devient encore plus tendue après la tentative de meurtre dont est la cible le journaliste québécois Michel Auger, spécialisé dans les enquêtes sur le monde criminel. Quelques jours plus tard, en septembre 2000, dans une salle du Tribunal de Québec, des représentants des Hells Angels (menés par Maurice "Mom" Boucher) et des Rock Machines (menés par Fred Faucher) annoncent la fin de leur conflit. La guerre reprend après quelques semaines d'accalmie, ainsi que les surenchères : à l'arrivée des Bandidos, les Hells Angels répondent par l'ouverture massive de 6 chapitres en Ontario. La nouvelle donne provoque même d'importantes défections au sein même des Bandidos (ex-Rock Machines) : certains parmi ceux-ci, autrefois très impliqués dans la guerre contre les Hells Angels, rejoignent le chapitre d'élite "Nomads" des Hells Angels, obligeant même les Bandidos a fermé deux de leurs nouveaux chapitres115.

Quelques incidents isolés ont également opposé les Hells Angels à d'autres groupes criminels comme les bandes vietnamiennes et des gangs russes. Les activités des bandes de motards au Canada ne sont guère différentes de celles de leurs collègues américains. On sait notamment qu'ils contrôlent la production de cannabis hydroponique et le trafic de stupéfiants au sein des établissements pénitentiaires. Les Hells Angels savent également investir des territoires nouveaux comme le Nunavut116 : la demande en drogue est faible mais le gramme de cocaïne ou de marijuana coûte trois fois plus que dans les grandes villes du sud du pays117. Les sections de Colombie-Britannique (réputés être les plus riches du monde) se sont également lancées dans le virtuel puisqu'elles possèdent des sites de spectacles sexuels en direct sur Internet. D'ailleurs, la plupart des clubs de strip-tease du Canada appartient en sous-main ou sont rackettés par les motards. Les Hells Angels auraient également mis la main sur une partie des activités du prêt usuraire au Québec en 1999-2000, après une série d'assassinats. Autre activité importante : la contrebande d'alcool et de cigarettes, souvent en liaison avec des éléments criminels des réserves indiennes situées le long de la frontière avec les Etats-Unis.

C'est sans doute pour affirmer leur position dans les prisons qu'au cours de l'année 1997, les Hells Angels ont abattu deux agents de l'administration pénitentiaire, dont une femme. Suite aux révélations d'un « repenti », le chef guerrier des Hells Angels, Maurice « Mom » Boucher, a été arrêté et jugé dans ces affaires. La sentence rendue en décembre 1998 a été considérée comme un échec de la justice canadienne puisque Boucher a été acquitté. De nouveau arrêté en octobre 2000 pour cette même affaire, il doit faire face en mars 2001 à de nouvelles charges relatives à 13 autres meurtres. Cette inculpation est la suite de l'opération "Printemps 2001"118. Deux mille policiers ont été mobilisés pour mener 175 perquisitions et 122 arrestations chez les Hells Angels, leurs gangs alliés et la pègre montréalaise119 (8 autres canadiens ont été arrêtés au Mexique et un dernier en Jamaïque). L'opération a permis notamment la saisie de 12 millions de dollars, 120 kg de cannabis, 10 kg de cocaïne et de nombreuses armes. Sans doute plus intéressant, la police affirme avoir découvert des documents comptables relatifs au trafic de drogue (comptes-clients, comptes-fournisseurs, dépôts, dettes de chaque chapitre, inventaire). Pour un futur procès de masse, la justice canadienne va construire un palais de justice spécial (coût estimé : 10 millions de dollars canadiens) et des mesures de sécurité spécifiques ont été accordées à plusieurs magistrats chargés de l'affaire ayant été menacés de mort. Quelques jours après "Printemps 2001", l'"Opération Shadow" entraîne l'arrestation de 40 personnes dont 8 membres du chapitre Hells Angels de Calgary pour des infractions aux armes et aux stupéfiants (11 kg de cocaïne, 4 kg de marijuana, des méthamphétamines, du valium, de l'ecstasy, de la morphine et des armes sont saisis). Une autre inquiétude provient des liens constatés entre certains membres des Forces Armées canadiennes et des bandes reliées aux H.A.. On pense qu'une partie des armes détenues par les motards criminalisés proviennent des stocks militaires.

Maurice Boucher (né en 1953) a connu ses premiers ennuis judiciaires dans les années 70 (1973 pour un petit vol et 1976 pour un braquage). A la même période, il est membre du gang des "SS" avec les frères Giovanni et Salvatore Cazzetta (qui formeront les "Rock Machines" plusieurs années après). Les "SS" sont absorbés par les Hells Angels et Boucher obtient ses couleurs le 1er mai 1987, après sa participation au meurtre du Président des "Death Riders", permettant ainsi aux Hells Angels de controller le trafic de drogue dans la région de Laval. Au début des années 90, il devient Président du chapitre de Montréal et dirige également le gang des "Rockers". On estime alors qu'il touche 500$ sur chaque kilo de cocaïne vendu à Montréal. En 1994, il est parti prenante dans le conflit qui éclate avec les "Rock Machine". Après 3 mois de prison pour port d'arme, il fonde avec 8 autres HA le chapitre Nomads le 24 juin 1995. Ce chapitre a un double objectif : mener la guerre contre les "Rock Machine" et implanter le gang en Ontario. Arrêté en octobre 1995 pour avoir ordonné un passage à tabac, Boucher est relâché sur ordre du juge. Arrêté à nouveau le 19 décembre 1997 pour le meurtre de deux agents de l'administration pénitentiaire, Boucher est acquitté le 27 novembre 1998 par des jurés qui ont mis en doute la crédibilité du témoin principal. Le soir de son acquittement, il se rend à un match de boxe où les 18.000 spectateurs lui font une "standing ovation". Le 8 octobre 2000, il rencontre Fred Faucher, leader des Rock Machine, pour conclure une Paix, intenable. La Cour d'Appel du Québec ayant annulé le 1er verdict, Boucher est à nouveau arrêté le 10 octobre 2000 pour le meurtre des deux gardiens de prison. C'est en prison qu'il est inculpé dans le cadre de l'opération "Printemps 2001".

Son fils, Francis Boucher (né en 1975), a suivi les traces de son père. Membre d'un gang de skin-head, il organise à l'âge de 17 ans une "Fête Aryenne". Il devient par la suite membre des "Rockers" et est condamné en 1996 et 1999 pour port d'arme. Condamné à un an de prison pour ce délit en décembre 2000, c'est là qu'il reçoit de nouvelles inculpations pour 8 meurtres et trafic de drogue (opération "Printemps 2001").

Clubs actifs au Canada120 :

- Talismen : Possèdent deux chapitres en Colombie-Britannique ;

- Vipers : créé en Colombie-Britannique au printemps 1998 sous parrainage H.A. ;

- Renegades : créé en Colombie-Britannique en janvier 1999 sous parrainage H.A. ;

- Apollos : installés au Saskatchewan et assujettis aux H.A. ;

- Spartans : deux chapitres au Manitoba, proches des H.A. ;

- Red Devils : installés en Ontario, proches des H.A.

- Vagabonds : en Ontario, tente de rester neutre et adopte un profil bas ;

- Queensmen : en Ontario ;

- Saddle Tramps : en Ontario ;

- Loners : opposés aux Outlaws, 5 chapitres en Ontario (mais aussi à l'étranger : États-Unis, Italie, Portugal, Irlande) ;

- Bacchus : installés au Nouveau-Brunswick, proches des H.A. ;

- Undertakers : en Nouvelle-Ecosse, proches H.A. ;

- Charlottetown Harley Club : installé sur l'île du Prince-Édouard, proche des H.A. ;

- Freedom Riders : créés en été 1995 à Terre-Neuve ; proches des H.A.

- Blatnois121 : au Québec ;

- Death Riders : au Québec, proches des H.A. ;

- Evil Ones122 : au Québec ;

- Satan's Guard : au Québec, proches des H.A. ;

- Jokers123 : au Québec ;

- Rowdy Crew : au Québec

 

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72 Pour l'ensemble des U.S.A., on compte une cinquantaine de chapitres Hells Angels.

73 www.sonnybarger.com

74 « Hells Angels, the Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gang ».

75 Le 5 juillet de la même année, le chapitre anglais assure le service d'ordre pour le concert des Stones à Hyde Park. Pas d'incident notable à signaler.

76 « Gimme Shelter » - documentaire des frères Maysles sur la tournée des Rolling Stones, diffusé le 26 février 1999 sur ARTE.

77 Fondé en 1964 à New-York, le club est présent dans 6 Etats en 2001.

78 Fondés en 1964 à San Bernardino (Californie), les Diablos ont 7 chapitres (Springfield, Massachussets ; Meriden, Connecticut ; Tamworth, New Hampshire ; Terre Haute, Indiana ; San Bernardino, San Diego et San Fernando, Californie) et sont dirigés par John Baltas. En février 1999, le trésorier du chapitre de Meriden, Richard Houle, est condamné à 13 ans et 4 mois de prison pour son implication dans un trafic de cocaïne. Cette condamnation fait suite à une vaste opération d'infiltration du F.B.I., montrant l'implication du groupe dans des affaires de violences, de trafic de drogue et d'armes, de vols de véhicules,... En tout 16 Diablos ont été condamnés.

79 A ne pas confondre avec les Diablos de Thaïlande et d'Allemagne, proches des Bandidos.

80 Fondé le 7 mars 1968.

81 Gang de femmes.

82 Il existe au moins 50 méthodes différentes pour produire les méthamphétamines et certaines de ces méthodes sont disponibles sur Internet.

83 C'est dans ce but que les Hells Angels chercheraient, selon une information (non confirmée) de la DEA au début 2001, à implanter un chapitre à Tijuana, au Mexique.

84 Tétrahydrocannabinol ou "THC".

85 Ces cultures sont gérées par les gangs de motards et les gangs vietnamiens.

86 Il s'agit du prix moyen au niveau du détail, soit respectivement entre 11.300 et 15.000 FRF ; près de 22.500 FRF ; 45.000 FRF et 60.000 FRF.

87 "BC Bud : growth of the Canadian Marijuana Trade" Drug Intelligence Brief - DEA (intelligence division) - décembre 2000

88 Avec lui sont inculpées 27 autres personnes dont sa femme, son fils et sa fille pour fraude, vol, trafic de drogue, port d'armes et fraude fiscale.

89 "The Outfit" est également de nom de la Famille mafieuse de Chicago.

90 On soupçonne ainsi les Hells Angels californiens d'avoir fourni des prostituées à des cadets de l'école de police de Los Angeles. Les photos prises sont utilisées pour les faire chanter.

91 Les fraudeurs annonçaient à leurs victimes qu'elles avaient gagné le gros lot (type voiture ou bateau) puis demandaient le versement de taxes avant de leur envoyer leur prix.

92 « Alcohol, Tobacco and Fire-arms », Bureau Fédéral chargé de la lutte contre les trafics de tabac, d'alcool et d'armes. Cette agence est particulièrement impliquée dans la lutte contre les gangs de motards.

93 Les Banques américaines ont obligation de déclarer tout dépôt égal ou supérieur à 10.000 $ (75.000 FRF). C'est l'IRS (Internal Revenue Service) qui est en charge d'analyser ces dépôts.

94 Il existe une autre organisation à la dimension respectable : les « Sons of Silence ». Basés à Colorado Springs, ils ont une quinzaine de chapitres pour 150 membres (et une implantation en Allemagne au cours des années 90). Ils se seraient alliés aux Hells Angels : ainsi, en 1989, deux Outlaws sont abattus par des « Sons of Silence » à Sturgis, Dakota du Sud. En avril 2001 en Iowa, l'A.T.F. procède à l'arrestation de 6 membres du gang (deux sont en fuite) pour trafic de méthamphétamines, cocaïne et marijuana (saisie de produits précurseurs dont de l'éphédrine et du lithium).

95 Pour l'implantation des Outlaws voir en annexe.

96 Placé sur la liste des « 10 principaux fugitifs » par le F.B.I. pour divers crimes (3 affaires de meurtre, attentats à la bombe, vol, extortion, trafic de drogue,...), « Taco » Bowman est finalement arrêté en juin 1999 près de Detroit. Il était en fuite depuis août 1997. En avril 2001, il est reconnu coupable par un Tribunal de Floride, grâce notamment au témoignage de Wayne Hicks, ancien Vice-Président National du club.

97 Dont 3 Présidents de chapitres (ceux de Milwaukee, de Park Falls et de Chicago Southside) et 2 "responsables régionaux" (couvrant les chapitres de Gary / Chicago / Joliet et ceux de Milwaukee / Janesville / LaCrosse / Park Falls et Sheyboygan).

98 C'est un ancien « fils du diable », John Vernon « Satan » Marron, qui est devenu Président des Pagans dans ces années 70.

99 Au début des années 90, des chapitres « Pagans » sont présents au Connecticut / Delaware / Floride / Georgie / Louisiane / Maryland / New-Jersey / New-York / Ohio / Pennsylvanie / Virginie et Virginie Occidentale

100 Pour l'implantation des Bandidos voir en annexe.

101 Il est décédé en juillet 1999.

102 Club créé en 1999 en Thaïlande, il ouvre deux chapitres en 2000 en Allemagne. Il existe un club homonyme aux Etats-Unis mais réputé proche des Hells Angels.

103 Ce club possède 38 chapitres en Californie (Alhambra, Azusa, Bakersfield, Baldwin Park, Boyle Heights, Camarillo, Cen Cal, Chino, Covina, Dago, East LA, El Monte, Hacienda Heights, Santa Fe Springs, San Fernando Valley, Harbor, Highland Park, Hollister, Los Angeles, Long Beach, Montebello, Nomads, Norwalk, Orange County, Pasadena, Paramount, Pico, Puente, Rosemead, San Jose, Sereno, So Cal, South Bay, South Gate, West Side, Whittier, Ingland Empire et San Gabriel Valley). On annonce également coutrant 2001 l'ouverture de nouveaux chapitres à Hollywood et Pomona.

104 Carson City

105 Chapitres : Tulsa, Tahlequah, Northside, Nomads East, Nomads West et Nomads South.

106 Une autre source de conflit pourrait apparaître à Denver où les Bandidos ont déjà un chapitre. En juin 2001, 33 membres du gang local des "Brothers Fast" deviennent officiellement "prospect" Hells Angels.

107 Voir en annexe.

108 C'est seulement en décembre 2000 que ce gang rejoindra les rangs des Hells Angels.

109 L'Ontario était en effet la seule province canadienne à ne pas avoir de section Hells Angels jusqu'en décembre 2000.

110 L'utilisation de drogue est formellement interdite par le règlement interne des Hells.

111 Dans les années 50, des criminels montréalais menés par les frères Dubois commencent à former un groupe qui se fera appeler le « Gang de l'Ouest ». Impliqué dans une multitude d'opérations illégales (vols, rackets, prostitution, trafic de drogue, règlements de comptes,...) et proche de la Famille mafieuse Cotroni, le gang des frères Dubois ne commence à être sérieusement inquiété qu'au milieu des années 70. L'organisation a connu une deuxième jeunesse en installant ses réseaux en Floride où elle a mené des opérations de trafic de cocaïne de très grande envergure (voir « Gangland International » de James Morton)

112 A l'origine, les Rock Machines n'étaient pas considérés comme un gang de bikers. Ils n'avaient notamment pas de "couleurs", mais portaient une bague "RM". Progressivement, les Rock Machines sont devenus un gang de motards classique.

113 Alors même que leur leader, Salvatore Cazzetta, plaide coupable en avril 1999 pour un trafic de cocaïne colombienne à Jacksonville (Etats-Unis) et est reconnu coupable pour les mêmes motifs au Canada en juin suivant.

114 La loi "C-95" est calquée sur la loi américaine R.I.C.O. et punit en tant que telle les activités liées à un groupe criminel.

115 Dont celui de Toronto qui sera réouvert quelques mois plus tard.

116 Devenu officiellement un Territoire en 1999, le Nunavut est une zone de plus de 2 millions de km² située au nord du pays et accueillant 25.000 personnes (85% d'Inuit).

117 En mars 1998, une enquête de deux ans permet l'arrestation de 29 personnes liées à un réseau de haschisch sur l'île Baffin. Parmi les personnes interpellées, un membre du chapitre HA de Sherbrooke, relâché faute de preuve.

118 Cette opération a notamment été rendue possible grâce aux informations fournies par "Danny Boy" Kane. Chef d'un gang allié aux HA, il accepte de travailler pour la police à partir de 1993 et devient par la suite membre du gang des "Rockers", force de frappe du chapitre Nomads. Kane s'est suicidé le 7 août 2000.

119 Dont Gérald Matticks, caïd important du "gang de l'ouest". Matticks est connu depuis les années 60, d'abord pour des vols de fret puis pour trafic de drogue. Arrêté en mai 1994 pour l'importation de 26 tonnes de haschisch, il doit être relâché suite à des manipulations policières. Son frère, Richard, a été condamné en 1997 à 3 ans de prison pour une affaire de 8 kg de cocaïne en liaison avec Giovanni Cazzetta, leader des Rock Machines.

120 Plusieurs gangs importants ont disparu durant l'année 2000 suite à leur absorption par les Hells Angels ("Los Brovos" au Manitoba ; les "Satan's Choice", les "Last Chance" et les "Para-Dice Riders" en Ontario).

121 Le 10 avril 2001, 8 membres des Blatnois (considérés comme un club-école Hells Angels) plaident coupables de 80 chefs d'inculpation (dont gangstérisme, enlèvement, voies de fait, menaces de mort, possession d'armes et production de cannabis).

122 Les Evils Ones ont connu début avril 2001 une opération de police sur des soupçons de trafic de drogue (17 arrestations).

123 En juin 2001, 10 associés des Jokers sont arrêtés dans une affaire de drogue. Ils sont soupçonnés de vendre plus d'un kg de cocaïne par semaine dans des bars du Québec.