En outre, les milliards de Francs générés par les "baraques" permettent-ils aux criminels:
. De mettre sous leur coupe un nombre important de patrons de bars, cafés-tabac, etc., importants "leaders d'opinion" dont on connaît le rôle en matière de recueil du renseignement, de diffusion de rumeurs, du lancement de modes, etc.
. De corrompre des élus locaux, des fonctionnaires territoriaux, voire des agents de l'Etat,
. De mobiliser des ressources en vue d'opérations criminelles de grande envergure (achat de stupéfiants au niveau "grossiste", par exemple).
D'un strict point de vue criminologique, il nous semble donc dangereux de laisser plus longtemps les choses en l'état, et le domaine des "machines à sous" se transformer peu à peu en une dangereuse zone grise au c_ur de la société française.
Annexes
1°) Les casinos et jeux de hasard en France
. Le chiffre d'affaires annuel du Pari Mutuel Urbain est de 36 milliards de Francs en 1998.
. Celui de la Française des Jeux est de 35,7 milliards de F.
Il y a en France 159 casinos dont le chiffre d'affaires global est de 25 milliards; là-dessus, le produit "jeux" brut est de 10,7 milliards de Francs en 1998 (+ 16,6 % sur 1997) , sur lesquels l'Etat et les communes ont prélevé 5,7 milliards de taxes.
84 % du chiffre d'affaires "jeux" des casinos (avant taxes) provient des machines à sous, légalisées par la "Loi Pasqua" de 1986. La plupart des machines à sous appartiennent à 4 grands groupes (Accor, Barrière, Compagnie Européenne de Casinos, Partouche). Le 1er parc de machines à sous français est Deauville-Trouville avec 525 machines.
· Les usagers des machines à sous dans les casinos 10 :
La mise moyenne d'un joueur se situe entre 150 et 220 F., pour des "jackpot" allant de 3 à 4000 F.
· Age :
18-20 ans : 4,5 %
21-30 : 24,4 %
31-40 : 17,4 %
41-50 : 19.9 %
51-60 : 15 %
61-70 : 14,2 %
+ de 70 ans : 4,6 %
· Caractéristiques :
une majorité d'employés
- chômeurs & retraités.
Près de 30 % de moins de 30 ans.
Sur 100 clients : 39 % de réguliers,
6 % de quotidiens.
20 % d' "inactifs non retraités";
22 % de retraités.
2°) Les débits de boisson et de tabac en France
En France, il existe plus de 50 000 établissements
type débits de boisson ou de tabac :
. Débits de boisson simples : 35
547
. Débits de tabac simples : 4 507
. Cafés-tabacs : 10 318
TOTAL : 50 372 établissements en
1998
3°) "Baraques" et stupéfiants : une comparaison chiffrée
En février 1998, un chômeur toxicomane meurt d'une surdose d'héroïne près du "plan" (commerce clandestin d'héroïne) de la cité Emile-Zola à Massy (Essonne). Le 19 février 1998, un sénateur indigné écrit au procureur de la République d'Evry qu'Emile-Zola accueille un "commerce permanent de drogues organisé à l'échelle de la cité, se déroulant sous protection armée". Une enquête s'ensuit, qui conduit à l'arrestation en flagrant délit de 18 individus.
Les procès-verbaux et notes de synthèses s'empilent. Loin des thèses de sociologie et de psychologie abstraite portant sur les violences urbaines, ces pièces judiciaires révèlent la cruelle réalité du terrain. Et permettent de voir comment "tourne", quels profits réalise, une PME de la drogue.
"Le Plan de Massy" vend 200 doses d'héroïne ou de cocaïne par jour, en doses d'un quart de gramme, à 200 F. la dose. La recette est donc de 30 000 francs par jour en moyenne. Tournant "de 10 h. du matin jusqu'au soir, sept jours sur sept", le "Plan de Massy" dégage donc un chiffre d'affaires de dix millions de francs par an. Or pour la section "Villes et banlieues" de la Direction centrale des Renseignements généraux, un "trafic visible d'héroïne" se constate dans 132 quartiers de France. A un "plan" par quartier (certains en comptent plusieurs, comme la Pierre-Plate, à Bagneux) le business de détail de l'héroïne, c'est pour l'année 1998, au minimum, un milliard trois cent vingt millions de francs.
10 Voir sur ce point l'enquête
du sociologue Jean-Pierre Martignoni-Hutin de l'Université Lyon
II.