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les principales filières de trafic :
Outre le marché national,
il existe deux grandes destinations pour les véhicules volés
en France. Tous les moyens de transport sont utilisés mais la voie
maritime reste la préférence des réseaux. Ceux-ci
s'adaptent facilement : lors d'une action concertée de contrôles
sur les grands ports d'Europe du Nord (Anvers, Rotterdam, Hambourg), Interpol
a constaté que les filières de trafic s'étaient repliées
sur d'autres ports (Le Havre, Marseille,...).
-- Les Pays de l'Est :
Les pays d'Europe orientale
(comme la Pologne, la République Tchèque,...) ont longtemps
été des pays importateurs de voitures volées avant
de voir leur marché saturé. Au trafic de véhicules
s'est donc tout naturellement substitué un trafic de pièces
détachées... Actuellement, les voitures volées sont
plutôt exportées vers des pays encore plus à l'Est
comme la Russie, l'Ukraine, la Moldavie ou les Pays Baltes... Des réseaux
mafieux ont bien évidemment été signalés comme
partie prenante au trafic. Ainsi, au début des années 90,
quand l'Armée Rouge avait encore des bases en ex-Allemagne de l'Est,
des militaires corrompus avaient mis en place un trafic de voitures volées.
Les véhicules étaient acheminés en Russie par avions-cargos
militaires. L'implication des groupes mafieux russes dans ce trafic semble
s'amoindrir depuis 1997. Les groupes ukrainiens, eux, ont décidés
de se partager les activités illégales : ainsi, sur une trentaine
de groupes mafieux, seuls 2 ou 3 s'occupent du trafic de véhicules.
Les pays balkaniques sont également
très touchés par ce phénomène7.
Ainsi, en Bulgarie, 20% du parc automobile est constitué de véhicules
volés (surtout d'Allemagne, de Belgique, de France et d'Italie).
En 1995, un réseau de ressortissants yougoslaves est démantelé
à Paris. Ils étaient spécialisés dans le détournement
de voitures de location (acheminées vers la Serbie par l'Allemagne,
l'Autriche et la Hongrie). A Mostar, en Bosnie, existent de véritables
marchés en plein air8
de voitures volées où les acheteurs (venant de Serbie et
du Monténégro) viennent faire leur choix. Les trafiquants
(liés aux « parrains » croates « Tuta »
et « Stella », arrêtés par le Tribunal Pénal
International en 1997) ne prennent même pas le soin d'enlever les
plaques d'origine des véhicules... En Albanie et au Kosovo, petits
truands et grands mafieux roulent avec arrogance dans des Mercédès
et BMW, naturellement volées. Au début des années
90, les trafiquants albano-kosovars convoyaient de l'héroïne
en Suisse puis redescendaient avec des voitures volées... Le rôle
actif de la mafia albano-kosovare dans ce trafic est relativement nouveau
en Europe de l'Ouest.
-- L'Afrique et le Moyen-Orient
:
Une autre partie des voitures
volées en France partent pour le Maghreb, l'Afrique Noire et le
Moyen-Orient. Les véhiculent transitent ainsi par l'Espagne avant
de rejoindre le continent africain ou partent des grands ports français
et européens (Marseille, Le Havre, Anvers,...). Le trafic de véhicules
volés en Europe et revendus en Afrique est facilité par le
statut spécifique des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
Le Moyen-Orient est surtout
demandeur de voitures de luxe alors que l'Afrique accueille des voitures
de tous types, y compris les camions. Ainsi, en août 2000, la police
algérienne annonce le démantèlement de trois réseaux
de trafic de voitures. Les faussaires de ces réseaux se livraient
également à des escroqueries en tous genres à base
de faux et les autorités s'inquiètent de la possibilité
de financement des groupes terroristes par ce biais. L'Afrique francophone
n'est pas la seule concernée par ces trafics puisqu'il existe également
sur Paris des mini-filières portugaises, plutôt familiales,
qui acheminent les voitures volées en Afrique lusophone, via le
Portugal.
L'Afrique est aussi une terre
d'accueil pour les pièces détachées volées.
En novembre 1999, à Marseille, la police découvre un «
supermarché » dans un entrepôt souterrain. Classées,
numérotées, rangées, les pièces détachées
étaient en partie empaquetées pour partir vers le Maghreb.
Une trentaine de voitures volées, attendant d'être démontées,
ont également été retrouvées. Quelques jours
plus tard, un autre entrepôt clandestin est détruit par un
incendie criminel, preuve que ce trafic juteux provoque des rivalités.
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7Voir
« Trafics et crimes dans les Balkans » - N. Miletitch - collection
« Criminalité Internationale » PUF
8Signalons
toutefois qu'il existe également, en taille plus modeste, ce genre
de marché aux portes de Paris. Des acheteurs peuvent y trouver des
voitures françaises mais aussi belges et allemandes aux origines
douteuses. Ce commerce se fait en plein air et sans grande discrétion...
Aucun contrôle de police ne vient troubler ces ventes...