Le vol de voitures
: une branche importante du crime organisé
Dans les années 20, Sam
Giamcana2
se livre au vol de voitures (et à la contrebande d'alcool...) à
Chicago. Dans les années 70, deux petits truands colombiens, Pablo
Escobar et Gilberto Rodriguez Orejuela, sont fichés comme voleurs
de voitures... Quelques années plus tard, ils deviendront les chefs
du Cartel de Medellín et de celui de Calí. Au début
des années 80, Paul Castellano3
se trouve impliqué dans un vaste trafic de voitures volées
entre les États-Unis et le Koweit. En 1999, un trafic de voitures
à destination de l'Asie est découvert sur le port canadien
de Vancouver. Les organisateurs du trafic sont les Triades chinoises en
liaison avec le gang de motards des Hells Angels. En région parisienne,
le « gang de la Banlieue Sud », spécialisé dans
les braquages, s'était reconverti dans le vol de voitures. Sur Toulon,
José Ordioni, lieutenant de Jean-Louis Fargette4,
était propriétaire d'un garage, plaque-tournante d'un trafic
de voitures entre la Belgique et le sud de la France. N'oublions pas non
plus que le pédophile Marc Dutroux était connu comme trafiquant
de voitures par la gendarmerie belge.
Ces quelques exemples montrent
que les réseaux de trafic de voitures volées sont souvent
liés au grand-banditisme, à la criminalité organisée.
Un tel trafic nécessite des documents qui sont soit volés
(notamment dans les Préfectures ou lors d'envois par la Poste, souvent
à la commande5),
soit contrefaits. La contrefaçon de documents français, hautement
sécurisés, restent difficile mais de plus en plus de faux
documents européens apparaissent dans les services préfectoraux.
Les fonctionnaires n'étant pas formés à la détection
de ces documents, ceux-ci sont donc « blanchis » en France.
L'Italie et la Belgique restent également d'importants fournisseurs
de documents volés ou contrefaits.
Il existe également de
faux certificats d'expert concernant les épaves. En effet, lors
de sinistres, les voitures inutilisables sont considérées
comme « épaves » par les assurances et sont alors revendues
à des professionnels de la casse. La carte grise est alors «
gelée » en Préfecture. Si la voiture est réparée,
l'avis de l'expert est obligatoire pour la mise en vente à un particulier.
Des escrocs utilisent alors le manque de rigueur de certains experts (qui
ne se déplacent pas...), leur éventuelle complicité
ou des faux certificats pour remettre sur le marché des véhicules
inutilisables.
Entre le moment de la vente
par l'assureur à un épaviste et sa revente à un particulier,
la valeur du véhicule peut être multipliée par 3 ou
46.
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2Il
devient, entre 1957 et 1966, le chef de la Famille de Cosa Nostra de Chicago,
dite « The Outfit ». Il est assassiné en juin 1975.
3Chef
de la famille Gambino de la Cosa Nostra de New-York, de 1976 jusqu'à
son assassinat en décembre 1985.
4«
Parrain » de Toulon, Fargette est assassiné en mars 1993 alors
qu'il se trouve en « exil » en Italie.
5La
carte grise vaut, au marché noir, entre 1.500 et 2.000 FRF.
6Émission
« Le Droit de Savoir » - septembre 2000 - TF1