Le concept de victime à risque apporte des informations déterminantes sur la manière dont le tueur a commis son crime. Le risque est évalué notamment à partir de l'âge, la stature physique, la capacité de résistance, la profession, le mode de vie et le logement de la victime. On distinguera la situation dans laquelle elle se trouve dans son quotidien, puis au moment des faits.
Au quotidien, celle-ci peut être classée à haut risque, à moyen risque, ou à bas risque - pour elle. Le tueur cherche généralement une victime à haut risque, c'est à dire celle qui est en situation de vulnérabilité personnelle (ex : petite femme naïve sans défense) et circonstancielle (ex : seule dans un endroit isolé à minuit). La victime à moyen risque est personnellement vulnérable, mais ne l'est pas au vu des circonstances, ou inversement. Ainsi, la victime marche dans un parking souterrain, mais pratique les arts martiaux. Sa profession ou son mode de vie n'en font pas une cible privilégiée (ex : secrétaire qui ne sort pas), mais c'est une femme sourde et muette. Des éléments à haut risque et à bas risque peuvent également se juxtaposer. L'analyse est alors plus subtile : la personne visée est timide et vit en autarcie (ex : vieille dame), de sorte qu'elle ne peut pas avoir de mauvaises fréquentations (bas risque) ; mais elle devient une cible privilégiée pour une personne l'attaquant chez elle (haut risque). De même, une femme séparée (haut risque par rapport à l'ex-amant) n'a pas refait sa vie (bas risque toujours vis à vis de l'ex-amant). La victime à bas risque est celle qui n'est pas en situation de vulnérabilité, qu'elle soit personnelle ou circonstancielle. C'est le policier armé dans son commissariat, ou l'enfant qui joue avec ses parents à la maison.
Au moment des faits, l'approche doit être plus précise en parlant d'environnement à haut risque, à moyen risque, ou à bas risque - toujours pour la victime. Les hypothèses sont les suivantes :
1°) une victime à
haut risque dans un environnement à haut risque (ex : petite femme
naïve dans la forêt)
2°) une victime à
haut risque dans un environnement à moyen risque (ex : petite femme
naïve dans un lieu de passage -type couloir d'immeuble)
3°) une victime à
haut risque dans un environnement à bas risque (ex : petite femme
naïve dans un lieu fréquenté -type bureaux, centre ville)
4°) une victime à
moyen risque dans un environnement à haut risque (ex : femme prudente
mais ouverte dans un lieu isolé - type forêt, terrain vague)
5°) une victime à
moyen risque dans un environnement à moyen risque (ex : femme prudente
mais ouverte dans un lieu de passage)
6°) une victime à
moyen risque dans un environnement à bas risque (ex : femme prudente
mais ouverte dans un lieu fréquenté)
7°) une victime à
bas risque dans un environnement à haut risque (ex : grande femme
athlétique de caractère dans un lieu isolé)
8°) une victime à
bas risque dans un environnement à moyen risque (ex : grande femme
athlétique de caractère dans un lieu de passage)
9°) une victime à
bas risque dans un environnement à bas risque (ex : grande femme
athlétique de caractère dans un lieu fréquenté)
Par ailleurs, il faut rechercher
si des facteurs émotionnels (ou stresseurs) ont pu augmenter le
degré de victime à risque. Ces éléments de
stress peuvent être d'ordre personnel (ex : dispute), sentimental
(ex : rupture) ou professionnel (ex : licenciement). Ils sont très
importants car le criminel a très bien pu sélectionner une
victime à bas risque qui, parce qu'elle est dans un état
de stress au moment des faits, devient à moyen ou à haut
risque. Le criminel ne sera donc plus sophistiqué et désinvolte,
mais simplement organisé et opportuniste. A l'inverse, si la victime
est à haut risque dans un environnement à haut risque, et
qu'elle vient en plus de rompre avec son compagnon, le tueur est en principe
des plus inorganisés, puisqu'il a pris sa victime dans une situation
d'extrême vulnérabilité.