L'homicide narcisso-sexuel organisé, inorganisé et mixte

La distinction fondamentale entre l'homicide narcisso-sexuel organisé et l'homicide narcisso-sexuel inorganisé remonte à 1980. Elle a été introduite aux Etats-Unis par John Douglas et Robert Hazelwood, des agents spéciaux du FBI. C'est une des plus importantes contributions à la classification du criminel sexuel : tout profilage se base sur cette distinction.

L'homicide narcisso-sexuel organisé renvoie à un tueur mobile qui possède généralement un véhicule bien entretenu. Il capture sa victime suite à une conversation ou une escroquerie, au lieu de recourir à la force physique. La victime lui est souvent inconnue et il la sélectionne selon ses critères personnels. Il opère des retenues avant le passage à l'acte pour maintenir un contrôle sur elle. Il commet des actes sexuels ou/et violents, ante-mortem et peri-mortem. On parlera de sadisme, sexuel ou non, du vivant de la victime. La scène de crime reflète son contrôle, en particulier celui du sang. L'arme est une arme de choix qu'il prend avec lui. Le corps est souvent transporté à partir du lieu du crime, puis dissimulé. Si le lieu de rencontre ou d'agression est différent du lieu du crime, et si celui-ci diffère également du lieu de dépôt du corps, on parlera de scène de crime multiple. Le tueur est souvent très organisé : il a tout planifié et tout contrôlé jusqu'au bout. Une attention particulière doit être portée aux disparitions et aux victimes dont le corps n'a pas été retrouvé. En cas de pluralité de victimes, celles-ci se ressemblent. L'auteur est plutôt un bel homme avenant de type athlétique.

L'homicide narcisso-sexuel inorganisé renvoie à un tueur qui passe à l'acte de manière spontanée, impulsive et sous le coup de facteurs émotionnels. Il agit dans sa propre zone géographique et connait souvent sa victime, au moins de vue. Il utilise fréquemment une arme d'opportunité -prise sur place- et agit lors d'une attaque-éclair. Le dialogue avec la victime et les retenues sont réduites à leur plus simple expression. Il commet des actes sexuels post-mortem. On parlera de nécrophilie, essentiellement sexuelle. Le lieu du crime est choisi au hasard et laissé en désordre, avec des preuves matérielles ou/et l'arme du crime. Le corps reste en vue sur la scène du crime, avec de nombreuses traces de sang. En cas de pluralité de victimes, elles ne se ressemblent pas. L'auteur est plutôt un homme négligé et réservé de type asthénique (longiforme).

L'homicide narcisso-sexuel mixte emprunte à la fois aux caractéristiques de l'homicide narcisso-sexuel organisé et de l'homicide narcisso-sexuel inorganisé. Plusieurs cas de figure se présentent, lesquels peuvent très bien se cumuler : l'existence d'au moins deux auteurs, l'un étant organisé, l'autre non ; la jeunesse ou la vieillesse du criminel ; la dépendance à des drogues ou à l'alcool ; la survenance d'évènements inattendus ou de stresseurs externes conduisant à l'interruption du passage à l'acte ; la résistance imprévue de la victime ; un viol organisé basculant dans l'escalade criminelle inorganisée ; l'organisation avant le crime et l'inorganisation après le crime, ou inversement ; l'organisation et l'inorganisation sur l'ensemble d'une série criminelle etc...

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