COMMANDO MADRID (ou COMMANDO ESPAGNE)

Commando d'Eta(m) ayant pour tâche de mener le combat hors du Pays Basque en portant l'insécurité au coeur même de la capitale espagnole. Le 21 juillet 1978, alors que la Constitution vient d'être approuvée, le commando commence sa longue série d'actions avec l'assassinat du général Sanchez Ramos et du lieutenant-colonel Perez Rodriguez. La liste des attentats commis depuis est impressionnante :
- 16/11/1978 : mort du juge Mateur Canoves
- 03/01/1979 : mort du général Ortin Gil
- 25/05/1979 : mort du général Gomez Hortigüela et de trois autres militaires
- 07/05/1981 : bombe - trois militaires morts, en réponse à celles d'Arregui à la DGS et de "Gogor" lors d'un affrontement avec la Garde Civile
- 18/04/1982 : bombe à la "Telefonica", pas de victimes
- 04/11/1982 : mort du général Lago Roman
- 29/01/1984 : mort du général Quintana Lacaci
- 21/11/1984 : le général Roson est blessé grièvement
- 12/02/1985 : un mort calle Nunez de Balboa
- 12/06/1985 : deux morts par révolver
- 12/06/1985 : attentat au parking Felipe II : un mort
- 17/08/1975 : mort d'un membre du GAL, Clément Perret
- 29/07/1985 : mort du vice-amiral Escrigas
- 09/09/1985 : voiture-piégée place de la république argentine : un mort, 19 gardes civils blessés
- 06/02/1986  : jet de grenade et mort de l'amiral Colon de Carvajal
- 24/04/1986 : voiture-piégée : cinq gardes civils meurent
- 17/06/1986 : mort du commandant Saenz de Ynestrillas et de deux militaires
- 14/07/1986 : voiture-piégée place de la République dominicaine : neuf élèves gardes civils tués. Et émotion considérable
- 21/07/1986 : tir contre le ministère de la Défense : 12 grenades antichars tirées depuis une voiture. Le contre-amiral Carlos Vila est blessé.

Parfaitement insérés dans la vie madrilène, presque totalement inconnus de la police et de la Garde civile qui entend venger ses morts, les membres du "commando Madrid" préparent minutieusement leurs forfaits et possèdent un sens certain du "coup" de guerilla, qui les fait opérer de deux façons : soit afin de répondre au coup par coup aux actions de la police ou du GAL (morts d'Arregui, de "Gogor", de Santi Brouard, déportation au Gabon de "Txomin"), soit afin de matérialiser symboliquement leur opposition à la bonne marche de la politique de la Moncloa (entrée en vigueur de la Constitution, signature du traité d'adhésion de l'Espagne à la CEE, élections générales). Le "commando Madrid" reste depuis des années le problème numéro un des autorités.
En fait, chacun se demande comment après dix ans d'activités, ce groupe d'élite d'Eta n'a pu être totalement démantelé. Cela tient sans doute à son infrastructure en "V", le commando étant formé de deux groupes indépendants qui ne se connaissent pas entre eux, et qui maintiennent le contact via la tête de l'organisation, située en France. Chaque commando dispose de trois groupes : infrastructure, information et opérationnel. Dans leur cas, les membres des deux premiers secteurs vivent à Madrid mais n'ont aucun contact avec les "opérationnels", pas plus qu'il n'achètent "Egin" ou ne fréquentent les bars basques. En quelque sorte, ils mènent une vie "normale".

Et pourtant, la police a porté quelques coups à ce commando, mais a toujours eu la malchance de tomber sur la même branche du "V" ; ainsi en 1981 sont arrêtés Isidro Etxave Urrestrilla et Joseba Aguire Izaguirre, qui meur peu après des suites des tortures infligées. De 1983 à mars 1986, son chef semble avoir été José Ignacio Aracama Mendi "Mendo", secondé par Belen Gonzalez Penalva, qui par deux fois réussit à échapper à la police. Aujourd'hui, le maître d'oeuvre serait José luis Urrusolo Sistiaga, un homme peu connu des services policiers, accompagné de Maria Rosa Delgado Iriondo qui a été reconnue par les témoins des derniers attentats, Miguel Miguez Garcia "Peke", José Antonio Olaizola Atxucarro "Antxon", Juan Carlo Arruti Azpitarte, Antonio Lopez Ruiz "Iker", Juan Manuel Soares Gamboa, Antonio Gabiola Goyonaga et Soledad Iparraguirre Genechea. Face à eux, soixante spécialistes de la lutte antiterroriste, qui les pourchassent à plein temps.

Jusqu'en janvier 1987, le succès n'est guère au rendez-vous ; il faut attendre le 16 janvier pour que le responsable à la Sécurité, lui-même basque, Julian San Cristobal, déjà auteur du coup de main contre l'entreprise "Sokoa" parvienne à arrêter six de ses membres, après des filatures entreprises à partir de décembre 1985, en utilisant en particulier du matériel cédé par la CIA, permettant de suivre les voitures utilisées par les terroristes, en particulier celle de Cristina Arrizabalaga Vazquez. L'assaut permet l'arrestation de José Ignacio de Juana, Esteban Esteban Nieto, Antonio Troitino Arranz, Maria Inmaculada Noble et Maria Teresa Rojo Paniego et la découverte de cinq "planques". Le commando avoue avoir commis une cinquantaine d'assassinats et avoir eu l'intention de faire exploser à l'aide de 1.000 kilos de dynamite le centre commercial de la Vaguada, situé au nord de Madrid. Malgré ce succès, la police reste circonspecte ; le Commando Madrid n'est toujours pas entièrement démantelé.


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