Le premier de tous les manuels d'insurrection
: "Instructions pour une prise d'armes"
d'Auguste Blanqui (extraits)
Ce programme est purement militaire et laisse entièrement de
côté la question politique et sociale, dont ce n'est point
ici la place : il va sans dire, d'ailleurs, que la révolution doit
se faire au profit du travail contre la tyrannie du capital et reconstituer
la société sur les bases de la justice.
Une insurrection parisienne, d'après les vieux errements, n'a
plus aujourd'hui aucune chance de succès.
En 1830, le seul élan populaire a pu suffire à jeter-bas
un pouvoir surpris et terrifié par une prise d'armes, événement
inouï, qui était à mille lieues de ses prévisions.
Cela était bon une fois. La leçon a profité au
gouvernement, resté monarchique et contre-révolutionnaire,
bien que sorti d'une Révolution. Il s'est mis à étudier
la guerre des rues, et il y a repris bientôt la supériorité
naturelle de l'art et de la discipline sur l'inexpérience et la
confusion.
Cependant, dira-t-on, le peuple en 48 a vaincu par la méthode
de 1830. Soit. Mais point d'illusions ! La victoire de Février n'est
qu'un raccroc. Si Louis-Philippe s'était sérieusement défendu,
force serait restée aux uniformes.
A preuve les journées de Juin. C'est là qu'on a pu voir
combien est funeste la tactique, ou plutôt l'absence de tactique
de l'insurrection. Jamais elle n'avait eu la partie aussi belle : dix chances
contre une.
D'un côté, le Gouvernement en pleine anarchie, les troupes
démoralisées ; de l'autre, tous les travailleurs debout et
presque certains du succès. Comment ont-ils succombé ? Par
défaut d'organisation. Pour se rendre compte de leur défaite,
il suffit d'analyser leur stratégie.
Le soulèvement éclate. Aussitôt, dans le quartier
du travail, les barricades se montent çà et là, à
l'aventure, sur une multitude de points.
Cinq, dix, vingt, trente, cinquante hommes, réunis par hasard,
la plupart sans armes, commencent à renverser des voitures, lèvent
et entassent des pavés pour barrer la voie publique, tantôt
au milieu des rues, plus souvent à leur intersection. Quantité
de ces barrages seraient à peine un obstacle au passage de la cavalerie.
Parfois, après une grossière ébauche de retranchement,
les constructeurs s'éloignent pour aller à la recherche de
fusils et de munitions.
En Juin, on a compté plus de six cents barricades, une trentaine
au plus ont fait à elles seules tous les frais de la bataille. Les
autres, dix-neuf sur vingt, n'ont pas brûlé une amorce. De
là, ces glorieux bulletins qui racontaient avec fracas l'enlèvement
de cinquante barricades, où il ne se trouvait pas une âme.
Tandis qu'on dépave ainsi les rues, d'autres petites bandes
vont désarmer les corps de garde ou saisir la poudre et les armes
chez les arquebusiers. Tout cela se fait, sans concert ni direction, au
gré de la fantaisie individuelle.
Peu à peu, cependant, un certain nombre de barricades, plus
hautes, plus fortes, mieux construites, attirent de préférence
les défenseurs qui s'y concentrent. Ce n'est point le calcul, mais
le hasard qui détermine l'emplacement de ces fortifications principales.
Quelques-unes seulement, par une sorte d'inspiration militaire assez concevable,
occupent les grands débouchés.
Durant cette première période de l'insurrection, les
troupes, de leur côté, se sont réunies. Les généraux
reçoivent et étudient les rapports de police. Ils se gardent
bien d'aventurer leurs détachements sans données certaines,
au risque d'un échec qui démoraliserait le soldat. Dès
qu'ils connaissent bien les positions des insurgés, ils massent
les régiments sur divers points qui constitueront désormais
la base des opérations.
Les armées sont en présence. Voyons leurs manoeuvres.
Ici va se montrer à nu le vice de la tactique populaire, cause certaine
des désastres.
Point de commandement général, partant, point de direction,
pas même de concert entre les combattants. Chaque barricade a son
groupe particulier, plus ou moins nombreux, mais toujours isolé.
Qu'il compte dix ou cent hommes, il n'entretient aucune communication avec
les autres postes. Souvent il n'y a pas même un chef pour diriger
la défense, et s'il y en a, son influence est à peu près
nulle. Les soldats n'en font qu'à leur tête. Ils restent,
ils partent, ils reviennent, suivant leur bon plaisir. Le soir, ils vont
se coucher.
Par suite de ces allées et venues continuelles, on voit le nombre
des citoyens présents varier rapidement, du tiers, de moitié,
quelquefois des trois quarts. Personne ne peut compter sur personne. De
là, défiance du succès et découragement.
De ce qui se passe ailleurs on ne sait rien et on ne s'embarrasse pas
davantage. Les canards circulent, tantôt noirs, tantôt roses.
On écoute paisiblement le canon et la fusillade, en buvant sur le
comptoir du marchand de vins. Quant à porter secours aux positions
assaillies, on en n'a même pas l'idée. " Que chacun défende
son poste et tout ira bien ", disent les plus solides. Ce singulier raisonnement
tient à ce que la plupart des insurgés se battent dans leur
propre quartier, faute capitale qui a des conséquences désastreuses,
notamment les dénonciations des voisins, après la défaite.
Car, avec un pareil système, la défaite ne peut manquer.
Elle arrive à la fin dans la personne de deux ou trois régiments
qui tombent sur la barricade et en écrasent les quelques défenseurs.
Toute la bataille n'est que la répétition monotone de cette
manoeuvre invariable. Tandis que les insurgés fument leurs pipes
derrière les tas de pavés, l'ennemi porte successivement
toutes ses forces sur un point, puis sur un second, un troisième,
un quatrième, et il extermine ainsi en détail l'insurrection.
Le populaire n'a garde de contrarier cette commode besogne. Chaque
groupe attend philosophiquement son tour et ne s'aviserait pas de courir
à l'aide du voisin en danger. Non : "Il défend son poste,
il ne peut pas abandonner son poste".
Et voilà comme on périt par l'absurde !
Lorsque, grâce à une si lourde faute, la grande révolte
parisienne de 48 a été brisée comme verre par le plus
pitoyable des gouvernements, quelle catastrophe n'aurait-on pas à
redouter si on recommençait la même sottise devant un militarisme
farouche, qui a maintenant à son service les récentes conquêtes
de la science et de l'art, les chemins de fer, le télégraphe
électrique, les canons rayés, le fusil Chassepot ?
Par exemple, ce qu'il ne faut pas compter comme un des nouveaux avantages
de l'ennemi, ce sont les voies stratégiques qui sillonnent maintenant
la ville dans tous les sens. On les craint, on a tort. Il n'y a pas à
s'en inquiéter. Loin d'avoir créé un danger de plus
à l'insurrection, comme on se l'imagine, elles offrent au contraire
un mélange d'inconvénients et d'avantages pour les deux partis.
Si la troupe y circule avec plus d'aisance, par contre elle y est exposée
fort à découvert.
De telles rues sont impraticables sous la fusillade. En outre, les
balcons, bastions en miniature, fournissent des feux de flanc que ne comportent
point les fenêtres ordinaires. Enfin, ces longues avenues en ligne
droite méritent parfaitement le nom de boulevards dont on les a
baptisées. Ce sont en effet de véritables boulevards qui
constituent des fronts naturels de défense d'une très grande
force.
L'arme par excellence dans la guerre des rues, c'est le fusil. Le canon
fait plus de bruit que de besogne. L'artillerie ne pourrait agir sérieusement
que par l'incendie. Mais une telle atrocité, employée en
grand et comme système, tournerait bientôt contre ses auteurs
et ferait leur perte.
La grenade, qu'on a pris la mauvaise habitude d'appeler bombe, est
un moyen secondaire, sujet d'ailleurs à une foule d'inconvénients
; elle consomme beaucoup de poudre pour peu d'effet, est d'un maniement
très dangereux, n'a aucune portée et ne peut agir que des
fenêtres. Les pavés font presque autant de mal et ne coûtent
pas si cher. Les ouvriers n'ont pas d'argent à perdre.
Pour l'intérieur des maisons, le revolver et l'arme blanche
baïonnette, épée, sabre et poignard. Dans un abordage,
la pique ou la pertuisane de huit pieds triompherait de la baïonnette.
L'armée n'a sur le peuple que deux grands avantages, le fusil
Chassepot et l'organisation. Ce dernier surtout est immense, irrésistible.
Heureusement on peut le lui ôter, et dans ce cas, l'ascendant passe
du côté de l'insurrection.
Dans les luttes civiles, les soldats, sauf de rares exceptions, ne
marchent qu'avec répugnance, par contrainte et par eau-de-vie. Ils
voudraient bien être ailleurs et regardent plus volontiers derrière
que devant eux. Mais une main de fer les retient esclaves et victimes d'une
discipline impitoyable ; sans affection pour le pouvoir, ils n'obéissent
qu'à la crainte et sont incapables de la moindre initiative. Un
détachement coupé est un détachement perdu. Les chefs
ne l'ignorent pas, s'inquiètent avant tout de maintenir les communications
entre tous leurs corps. Cette nécessité annule une partie
de leur effectif.
Dans les rangs populaires, rien de semblable. Là on se bat pour
une idée. Là on ne trouve que des volontaires, et leur mobile
est l'enthousiasme, non la peur. Supérieurs à l'adversaire
par le dévouement, ils le sont bien plus encore par l'intelligence.
Ils ont sur lui l'avantage moral et même physique, la conviction,
la bravoure, la fertilité des ressources, la vivacité de
corps et d'esprit, ils ont la tête et le coeur. Nulle troupe au monde
n'égale ces hommes d'élite.
Que leur manque-t-il donc pour vaincre ? Il leur manque l'unité
et l'ensemble qui fécondent, en les faisant concourir au même
but, toutes ces qualités que l'isolement frappe d'impuissance. Il
leur manque l'organisation. Sans elle, aucune chance. L'organisation, c'est
la victoire, l'éparpillement, c'est la mort.
Juin 48 a mis cette vérité hors de conteste. Que serait-ce
donc aujourd'hui ? Avec les vieux procédés, le peuple en
masse succomberait, si la troupe voulait tenir, et elle tiendra, tant qu'elle
ne verra devant elle que des forces irrégulières, sans direction.
Au contraire, l'aspect d'une armée parisienne en bon ordre, manŸuvrant
selon les règles de la tactique, frappera les soldats de stupeur
et fera tomber leur résistance.
Une organisation militaire, surtout quand il faut l'improviser sur
le champ de bataille, présente de grandes difficultés pour
notre parti. Elle suppose un commandement en chef et, jusqu'à un
certain point, la série habituelle des officiers de tous grades.
Où prendre ce personnel ? Les bourgeois révolutionnaires
et socialistes sont rares, et le peu qu'il y en a ne fait que la guerre
de plume. Ces Messieurs s'imaginent bouleverser le monde avec leurs livres
et leurs journaux, et depuis seize ans, ils barbouillent du papier à
perte de vue sans se dégoûter de leurs déboires. Ils
souffrent avec une patience chevaline le mors, la selle, la cravache, et
ne lâcheraient pas une ruade. Fi donc ! rendre les coups ? C'est
bon pour des goujats. (...)
Les cadres manquent pour former une armée ? Eh bien ! il faut
en improviser sur le terrain, pendant l'action. Le peuple de Paris fournira
les éléments, anciens soldats, ex-gardes nationaux. Leur
rareté obligera de réduire à un minimum le chiffre
des officiers et sous-officiers. Il n'importe. Le zèle, l'ardeur,
l'intelligence des volontaires compenseront ce déficit.
L'essentiel, c'est de s'organiser à quelque prix que ce soit.
Plus de ces soulèvements tumultueux ; à dix mille têtes
isolées, agissant au hasard, en désordre, sans nulle pensée
d'ensemble, chacun dans son coin et selon sa fantaisie ! Plus de ces barricades
à tort et à travers, qui gaspillent le temps, encombrent
les rues et entravent la circulation nécessaire à un parti
comme à l'autre. Le républicain doit avoir la liberté
de ses mouvements aussi bien que les troupes.
Point de courses inutiles, de tohu-bohu, de clameurs ! Les minutes
et les pas sont également précieux. Surtout, ne pas se claquemurer
dans son quartier ainsi que les insurgés n'ont jamais manqué
de le faire, à leur grand dommage. Cette manie, après avoir
causé la défaite, a facilité les prescriptions. Il
faut s'en guérir sous peine de catastrophe.
Ces préliminaires posés, indiquons le mode d'organisation.
L'unité principale est le bataillon. Il se compose de huit compagnies
ou pelotons.
Chaque compagnie compte un lieutenant, quatre sergents, cinquante-six
soldats ; en tout soixante et un hommes.
Deux compagnies forment une division commandée par un capitaine.
Le bataillon présente par conséquent treize officiers, savoir
: un commandant, quatre capitaines, huit lieutenants, plus 32 sergents,
448 soldats et le porte-drapeau, total : 494 hommes. Les tambours sont
en sus, si on en trouve. (...)
Esquisse de la marche à suivre dans une prise d'armes à
Paris.
Les hommes qui prennent l'initiative du mouvement, ont choisi d'avance
un commandant en chef et un certain nombre d'officiers, dont les fonctions
commencent avec l'insurrection elle-même.
Manière d'organiser
Aussitôt que des citoyens accourent, à la vue du soulèvement,
les faire mettre en bataille sur deux rangs.
Les engager au silence et au calme, leur adresser une brève
allocution. Leur annoncer ensuite que tout citoyen marchant sous le drapeau
de la République recevra des vivres et cinq francs par jour, en
indemnité de salaire, pendant la durée de la lutte.
Inviter tous ceux qui ont servi dans l'armée ou fait partie
de la garde nationale à sortir des rangs et à se présenter
sur le front de la ligne.
Les classer en officiers, sous-officiers et simples soldats. Mettre
en réserve les premiers comme officiers supérieurs, choisir
les sous-officiers pour lieutenants, chefs de peloton, les simples soldats
pour sergents.
Distribuer aux lieutenants et aux sergents un imprimé qui leur
explique l'organisation de l'armée populaire et les diverses mesures
à prendre. Les caser à leurs places respectives comme officiers
et sous-officiers et encadrer entre eux les soldats de chaque peloton,
et former ainsi les compagnies jusqu'à épuisement du personnel
présent. (...)
Aussitôt le drapeau déployé, faire prêter
aux officiers, sous-officiers et soldats le serment ci-après :
"Je jure de combattre jusqu'à la mort pour la République,
d'obéir aux ordres des chefs et de ne pas m'écarter un seul
instant du drapeau, ni de jour ni de nuit, avant que la bataille soit terminée."
Distribuer les armes disponibles aux compagnies et aux bataillons,
dans l'ordre chronologique de leur formation; premiers organisés,
premiers armés. S'il n'existe que quelques fusils, les donner aux
sergents porte-fanions.
Les officiers et sous-officiers feront constamment aux soldats les
recommandations suivantes :
" Ne jamais perdre une seconde - rester en ordre - observer le silence
(sauf le cri de Vive la République poussé seulement à
un signal donné) - marcher d'un pas rapide. Dans le cas d'un engagement,
n'agir que d'après le commandement. Si on a le dessous, se rallier
vite et sans tumulte au drapeau et aux fanions. Si on a le dessus, garder
les rangs sans bruit, ni cri, prêts à marcher. Exécuter
tous les ordres avec rapidité et si on doit s'éloigner du
drapeau pour les remplir, le rallier vivement, aussitôt l'ordre accompli
".
Le cri de Vive la République ne doit être poussé
qu'au signal des chefs, parce qu'une marche silencieuse est souvent de
la plus impérieuse nécessité.
Qu'on soit en marche ou en halte, organiser aussitôt tous les
ouvriers qui se rencontreront sur le passage de la colonne.
S'il y a des cadres en excédent, ils marcheront à la
queue de la colonne, dans l'ordre des numéros de leurs compagnies,
incorporant en chemin, sans s'arrêter, tous les hommes de bonne volonté
trouvés sur la route. (...)
L'organisation de nouveaux bataillons continuera ainsi sans interruption,
pendant la durée de la lutte. Toute colonne en marche ralliera les
ouvriers rencontrés sur son chemin et les formera en compagnies
et en bataillons d'après les procédés ci-dessus.
Aussitôt que le nombre des bataillons dépassera neuf,
ils pourront être réunis par régiments et par brigades.
Dès le début de l'insurrection, des citoyens dévoués
seront chargés de couper les fils télégraphiques et
de détruire les communications du gouvernement avec la province.
Mesures insurrectionnelles.
Aussitôt que la chose sera possible, le commandant en chef établira
des commissions d'armement, de vivres et de sûreté publique.
Commission d'armement.
La commission d'armement fera rechercher, soit dans les magasins et
fabriques d'arquebuserie, soit chez les particuliers, toutes les armes
disponibles, fusils de guerre et de chasse, pistolets, revolvers, sabres
et épées, ainsi que les poudres entreposées chez les
débitants ou réunies en dépôt, notamment chez
les artificiers.
Elle requerra le plomb en existence chez les plombiers ; les moules
à balles de tous calibres chez les quincailliers. Fera fabriquer
des mandrins par les tourneurs, des mesures à poudre, installera
des ateliers où les femmes et les enfants seront employés
moyennant salaire à la fonte des balles et à la confection
des cartouches.
Elle fera préparer des fanions, des drapeaux et des rubans pour
insignes.
Elle requerra chez les fabricants de produits chimiques les matières
qui entrent dans les diverses sortes de poudres, notamment l'acide sulfurique
et l'acide nitrique anhydres ou concentrés, éléments
du fulmicoton. On mettra en réquisition pour ces travaux les élèves
en pharmacie.
Commission des vivres.
La commission des vivres requerra chez les boulangers, bouchers et
dans les entrepôts de liquide, le pain, la viande, les vins et liqueurs
nécessaires à la consommation de l'armée républicaine.
Elle mettra en réquisition les traiteurs, restaurateurs et autres
établissements de ce genre pour la préparation des vivres.
Il y aura, par chaque bataillon, un commissaire des vivres chargé
de veiller à la distribution et de faire connaître à
la commission les besoins du bataillon.
Commission de sûreté publique
La commission de sûreté publique a pour mission de déjouer
les trames de la police et les manoeuvres des contre-révolutionnaires,
de faire imprimer, distribuer et afficher les proclamations ou arrêtés
du commandant en chef, de surveiller les télégraphes, les
chemins de fer, les établissements impériaux, en un mot,
de dissoudre les moyens d'action de l'ennemi, d'organiser et d'assurer
ceux de la République.
Les fonds nécessaires pour le service de ces trois commissions
et pour le paiement de l'indemnité quotidienne de cinq francs allouée
aux citoyens présents sous le drapeau seront prélevés
sur les caisses publiques.
On mettra en réquisition chez les camionneurs, voituriers, entrepreneurs
de déménagement, établissements d'omnibus, etc., les
voitures et les chevaux nécessaires pour le transport des armes,
des vivres et des matériaux et outils de toute espèce destinés
à la construction des retranchements, sacs de plâtre, auges,
truelles, pioches, ciseaux à froid, pics, marteaux, leviers en fer,
merlins, etc.
Il sera délivré aux marchands et industriels récépissé
régulier des livraisons de marchandises quelconques par eux fournies
sur réquisition. Ces fournitures seront soldées par le gouvernement
républicain.
Les trois commissions rendront compte de leurs travaux d'heure en heure
au commandant en chef et exécuteront ses ordres.
Il sera formé un service spécial pour les ambulances.
Des barricades.
Aucun mouvement militaire ne devant avoir lieu que d'après l'ordre
du commandant en chef, il ne sera élevé de barricades que
sur les emplacements désignés par lui.
Sous peine d'une prompte débâcle, les barricades ne peuvent
plus être aujourd'hui une oeuvre comme en 1830 et 1848, confuse et
désordonnée. Elles doivent faire partie d'un plan d'opérations,
arrêté d'avance.
Dans ce système, chaque retranchement est occupé par
une garnison qu'on n'abandonne point à elle-même, qui reste
en communication suivie avec les réserves et en reçoit constamment
des renforts proportionnés aux dangers de l'attaque.
Le tohu-bohu et l'éparpillement ne constituaient pas le seul
vice des anciennes barricades. Leur construction n'était pas moins
défectueuse.
Amas informe de pavés, entremêlés de voitures sur
le flanc, de poutres et de planches, ce mauvais barrage n'était
pas un obstacle pour l'infanterie qui l'enlevait au pas de course. Quelques
gros retranchements peut-être faisaient exception. Encore pas un
seul n'était à l'abri de l'escalade. Ils servaient eux-mêmes
d'échelle.
Arrêter les troupes, les contraindre à un siège,
résister même assez longtemps au canon, telle est la destination
d'une barricade.
Il faut donc la construire d'après ces données, pour
qu'elle atteigne son triple but. Jusqu'ici, elle n'y a pas satisfait le
moins du monde.
Dans l'état actuel de Paris, malgré l'invasion du macadam,
le pavé reste toujours le véritable élément
de la fortification passagère, à condition toutefois d'en
faire un usage plus sérieux que par le passé. C'est une affaire
de bon sens et de calcul.
L'ancien pavé, qui tapisse encore la majeure partie de la voie
publique, est un cube de 25 centimètres de côté. On
peut, dès lors, supputer par avance le nombre de ces blocs qui sera
mis en oeuvre pour bâtir un mur, dont les trois dimensions, longueur,
largeur et hauteur sont déterminées.
Barricade régulière.
La barricade complète consiste dans un rempart et sa contre-garde
ou couvre-face.
Le rempart est en pavés maçonné au plâtre,
large d'un mètre, haut de trois, encastré par des extrémités
dans les murs de façade des maisons.
La contre-garde, placée à six mètres en avant
du rempart, se compose de deux parties attenant l'une à l'autre,
savoir : un mur interne de mêmes dimensions et construction que le
rempart, et un glacis en pavés secs amoncelés s'étendant
sur une longueur de quatre mètres jusqu'à l'entrée
de la rue.
Un mètre cube contient 64 pavés de 25 centimètres
de côté. Le rempart ainsi que le mur interne de la contre-garde
ont toujours deux facteurs fixes : la hauteur, trois mètres, la
largeur ou épaisseur, un mètre. La longueur seule varie.
Elle dépend de la largeur de la rue. (...)
Le détachement chargé de construire et d'occuper la barricade
doit se rendre sur le terrain avec une voiture de sacs de plâtre,
plus des brouettes, des voitures à bras, des leviers, des pics,
des pelles, des pioches, des marteaux, des ciseaux à froid, des
truelles, des seaux, des auges. Les réquisitions de tous ces objets
seront faites chez les marchands respectifs dont les adresses se trouvent
dans l'almanach du commerce. On choisira les plus voisins du point de départ.
Une fois sur le terrain, le chef du poste fait commencer le rempart
à 15 mètres environ du débouché de la rue,
et au lieu de trois mètres de hauteur, ne lui en donne que la moitié.
Ce mur de quatre pieds et demi a précisément la hauteur
normale pour le tir d'un fantassin debout. On peut l'escalader sans doute,
mais l'opération n'est pas commode. C'est déjà un
obstacle respectable. Or, ce massif n'a que 18 mètres cubes ou 1.152
pavés, qui représentent 24 rangées ou six mètres
de longueur à dépaver. Cela peut se faire assez rapidement.
On achève ensuite le rempart jusqu'à trois mètres
à mi-hauteur, c'est-à-dire à un mètre et demi,
on laisse, de distance en distance, des trous destinés à
recevoir des solives. sur lesquelles on posera des planches formant banquette
pour le tir.
Le dessus du mur interne de la contre-garde doit être plan, sans
inclinaison ni en dedans, ni en dehors afin de ne pas donner prise au boulet
qui écrêterait la partie La plus haute amincie.
Le dessus du rempart, peut être incliné légèrement,
afin de ménager au tir une certaine plongée. Il sera crépi
et lissé à la truelle, ainsi que la paroi faisant face à
la contre-garde.
Les trous pratiqués à mi-hauteur pour l'échafaudage
de construction, tant au mur de la contre-garde qu'au rempart, seront bouchés
avec soin. Les parois du rempart et de la contre-garde qui se font face
devront être lissées à la truelle, et n'offrir aucune
aspérité favorisant l'escalade.
Les rangées de pavés de chaque assise de deux murs seront
posées en échiquier, ainsi que les assises elles-mêmes,
par rapport l'une à l'autre.
Si le rempart dépassait en hauteur le mur de la contre-garde,
les boulets démoliraient la partie saillante. Dans le cas cependant
où du rempart on voudrait tirer au loin sur l'ennemi, il suffirait
d'y placer des sacs à plâtre remplis de terre. Les combattants
se hausseraient eux-mêmes au moyen de pavés.
Du reste, le retranchement est plutôt une barrière qu'un
champ d'action. C'est aux fenêtres que se trouve le véritable
poste de combat. De là, des centaines de tirailleurs peuvent diriger
dans tous les sens un feu meurtrier.
L'officier, chargé de défendre le débouché
d'une rue, fait occuper, en arrivant, les maisons des deux angles par le
tiers de son monde, les hommes les mieux armés, détache en
avant quelques vedettes pour éclairer les rues voisines et prévenir
une surprise, et commence les travaux du retranchement avec les précautions
et dans l'ordre indiqués plus haut.
Si une attaque survient avant l'achèvement du mur simple, d'un
mètre et demi de haut, l'officier se retire avec tout son monde
dans les maisons des deux angles, après avoir mis en sûreté
dans une cour intérieure, voitures, chevaux, matériel de
toute espèce. Il se défend par les feux des fenêtres
et les pavés lancés des étages supérieurs.
Les petits pavés rectangulaires des grandes voies macadamisées
sont excellents pour cet usage.
L'attaque repoussée, il reprend et presse sans relâche
la construction de la barricade en dépit des interruptions. Au besoin,
des renforts arrivent.
Cette besogne enfin terminée, on se met en communication avec
les deux barricades latérales, en perçant les gros murs qui
séparent les maisons situées sur le front de défense.
La même opération s'exécute simultanément, dans
les maisons des deux côtés de la rue barricadée jusqu'à
son extrémité, puis en retour à droite et à
gauche, le long de la rue parallèle au front de défense en
arrière.
Les ouvertures sont pratiquées au premier et au dernier étage,
afin d'avoir deux routes ; le travail se poursuit à la fois dans
quatre directions.
Tous les îlots ou pâtés de maisons appartenant aux
rues barricadées doivent être percés dans leur pourtour,
de manière que les combattants puissent entrer et sortir par la
rue parallèle de derrière, hors de la vue et de la portée
de l'ennemi.
Dans ce travail, la garnison de chaque barricade doit se rencontrer
à mi-chemin, tant sur le front de défense que dans la rue
de derrière avec les deux garnisons des deux barricades voisines,
de droite et de gauche. (...)
Lorsque sur le front de défense une maison est plus particulièrement
menacée, on démolit l'escalier du rez-de-chaussée
et l'on pratique des ouvertures dans les planchers des diverses chambres
du premier étage, afin de tirer sur les soldats qui envahiraient
le rez-de-chaussée pour y attacher des pétards. L'eau bouillante
jouerait aussi un rôle utile dans cette circonstance.
Si l'attaque embrasse une grande étendue de front, on coupe
les escaliers et on perce les planchers dans toutes les maisons exposées.
En règle générale, lorsque le temps et les autres
travaux de défense plus urgents le permettent, il faut détruire
l'escalier du rez-de-chaussée dans toutes les maisons de l'îlot,
sauf une, à l'endroit de la rue derrière le moins exposé.
La troupe enlève toujours assez facilement les barricades, à
cause du petit nombre de leurs défenseurs, de l'isolement où
on les abandonne, et du défaut de confiance mutuelle dû à
l'absence d'organisation et de commandement. Les choses prendraient une
toute autre face, avec une direction énergique et l'envoi successif
de puissants renforts.
Jusqu'ici dans les luttes parisiennes, les insurgés sont toujours
demeurés inactifs derrière leurs semblants de barricades,
oisiveté fatale chez des combattants très mal armés,
sans artillerie, presque sans munitions. La bravoure seule ne suffit pas
à compenser tous les désavantages matériels.
Les ouvriers parisiens semblent ignorer leur principale force, la supériorité
de l'intelligence et de l'adresse. Inépuisables en ressources, ingénieux,
tenaces, initiés à toutes les puissances de l'industrie,
il leur serait facile d'improviser en peu d'heures tout un matériel
de guerre. Charpentiers, menuisiers, mécaniciens, serruriers, fondeurs,
tourneurs, maçons, etc., ils peuvent suffire à tout et opposer
à l'ennemi cent sapeurs du génie pour un. (...)
Tout chef de barricade fera prendre chez les marchands les plus proches
les matériaux ou engins utiles à la défense, il mettra
en réquisition les industriels, tels que tourneurs, menuisiers,
serruriers, etc., pour le confectionnement des objets que les soldats de
la garnison ne seraient pas en mesure de fabriquer eux-mêmes. Il
délivrera en échange des récépissés
réguliers, valant facture.
Les commandants de barricade ne retiendront pas auprès d'eux
les recrues qui viendraient les rejoindre. Ils les adresseront à
leur supérieur immédiat, les lieutenants au capitaine, les
capitaines au chef de bataillon, afin que ces hommes soient dirigés
sur la réserve où s'opère l'organisation des nouveaux
corps.
Cette règle est dictée par des motifs impérieux:
l° l'indemnité ne peut être allouée aux volontaires
que sur constatation officielle de leur présence sous le drapeau
avec date précise ; 2° le commandant en chef doit toujours connaître
le chiffre exact des forces de chaque retranchement ; 3° le bon ordre
exige que l'effectif des compagnies et des bataillons demeure a peu près
uniforme.
Les commandants de barricades adresseront des rapports fréquents
à leurs supérieurs qui les feront tenir au quartier général.
DÉFENSE DES BARRICADES.
En supposant que l'armée tienne pied et s'acharne à la
lutte, il est aisé de pressentir sa méthode d'attaque contre
les positions républicaines.
D'abord, des détachements plus ou moins nombreux tirant aux
fenêtres pendant leur marche s'avanceront pour enlever une barricade.
S'ils sont repousses, et peut-être même sans avoir couru cette
chance, ils perceront les maisons des îlots qui font face aux insurgés,
et arriveront ainsi par l'intérieur sur le front de défense.
Les deux parties n'étant plus alors séparées que
par la largeur de la rue, les soldats dirigeront un feu violent sur les
fenêtres en face, pour chasser les défenseurs. Il faut s'attendre
aussi que la troupe, en cas de résistance un peu longue, amènera
du canon à travers l'ilôt qu'elle occupe.
Elle le mettra en batterie sous une porte cochère, vis-à-vis
de l'une des maisons du front de défense, puis, ouvrant soudainement
la porte, canonnera les murs à bout portant, pour jeter bas l'édifice.
Il ne tombera pas aux premiers coups, il faut un certain temps.
Dès que le canon sera démasqué, les Républicains
tireront sur les artilleurs par les ouvertures du rez-de-chaussée,
soupiraux, portes et balcons, ayant vue sur l'allée de la porte
cochère. On percera rapidement des meurtrières vis-à-vis,
afin de multiplier les feux.
Règle générale: il est inutile de riposter aux
soldats qui fusillent des fenêtres. C'est perdre sa poudre. L'ennemi
en a de reste. Elle est rare chez les insurges. Il est donc indispensable
de la ménager. On se garantira des balles au moyen des volets doublés
de tôle qui garnissent les fenêtres et balcons.
La garnison, dédaignant le feu des croisées, surveillera
la rue pour empêcher l'ennemi de la traverser. Dès qu'il tentera
le passage, il faut le fusiller à outrance, l'accabler de pierres
et de pavés du haut des maisons. En même temps, on se tiendra
prêt à le fusiller, à l'arroser à l'eau bouillante
par le plancher du premier étage, s'il pénétrait dans
le rez-de-chaussée malgré le barricadement des portes et
des fenêtres. Durant le combat, veiller avec soin àce qu'il
ne puisse attacher des pétards. Ne pas ménager les pavés,
les bouteilles pleines d'eau, même les meubles à défaut
d'autres projectiles. Oter les volets en tôle des hauts étages,
pour lancer les pierres, en évitant les balles d'en face.
Quant au retranchement, il ne sera pas facile d'en avoir raison. Le
boulet ne pourrait atteindre le rempart que par le tir à ricochet,
et le faible intervalle de six mètres qui le sépare de la
contre-garde rendrait ce tir inefficace.
L'obus sera également impuissant. Il viendra faire explosion
en avant ou en arrière ou dans l'intervalle des deux ouvrages et
ses éclats écorcheront le plâtre des murailles, rien
de plus. Car il ne trouvera là personne. La barricade sera défendue
par les fenêtres.
L'assaut serait très meurtrier pour les assaillants. Il faudrait
essuyer la fusillade jusqu'au pied du glacis, et à partir de ce
point, braver un péril plus redoutable encore, il ne serait possible
de descendre du mur interne, puis de franchir le rempart qu'avec des échelles
de huit pieds, bagage incommode, et sous une grêle de pavés
et de balles.
Si, en construisant la barricade, on a pu enfermer une ou deux porte-cochères,
dans l'intervalle de six mètres, entre le rempart et sa contre-garde,
des pelotons de faucheurs massés derrière les battants de
la porte qui s'ouvrira tout à coup se jetteront sur les soldats
qui seraient descendus de la contre-garde et les mettront en pièces
dans cette souricière, car leurs baïonnettes ne seront pas
de longueur contre leurs pertuisanes.
S'il n'existe point de porte-cochère, les faucheurs se masseront
au rez-dechaussée afin de s'élancer par les portes d'allées
ainsi que par les fenêtres basses. Au préalable, le commandant
aura fait cesser la pluie de balles et de paves, ce que la troupe pourra
prendre pour un signe de défaite, méprise qui lui deviendrait
fatale.
Si l'ennemi est rebuté par la longue résistance d'une
ou de plusieurs barricades, il recourra peut-être à l'incendie
des maisons par les obus. Éteindre le feu sera difficile. Si on
n'y réussit pas, la retraite deviendra inévitable. Il faudra
se replier de maison en maison sur une deuxième ligne de défense.
Les troupes ne joueraient pas longtemps ce jeu-là. On ne fera pas
de Paris une seconde Saragosse.
La lutte des barricades fournira au commandant en chef l'occasion de
prendre à son tour l'offensive et de jeter des colonnes d'attaque
sur les flancs et les derrières des assaillants.
Les blessés seront évacués sur les ambulances,
désignées aux chefs de corps ; les morts seront transportés
aux hôpitaux.
DES MINES.
Les troupes pourraient avoir recours à la mine pour forcer un
front de défense trop tenace. C'est un moyen puissant mais assez
peu probable. L'ennemi n'en n'usera certainement pas au début. Ce
moyen est long et dénote d'ailleurs une certaine timidité,
qui ébranlerait l'esprit du soldat en lui montrant l'insurrection
très redoutable.
Cependant, il se peut que la nécessité fasse passer par
dessus cet inconvénient. Dans ce cas, le système d'égouts
prend une grande importance. Dans toutes les rues où il s'en trouve,
ils deviendraient le point de départ des galeries de mine.
L'ennemi a le plan détaillé des égouts de Paris.
Ils sont de plusieurs dimensions. La carte des plus grands, dits égouts
collecteurs, est connue de tout le monde. On la trouve dans le second volume
de Paris-Guide. Mais ceux-là ne forment que le très petit
nombre. La masse des canaux moyens et des rigoles demeure inconnue. Il
serait utile de s'en enquérir auprès des ouvriers égoutiers.
Pendant le combat, il sera indispensable de faire reconnaître
ces voies souterraines par de nombreux détachements, auxquels on
tracera un itinéraire. Ils seront munis d'échelles pour remonter
à volonté par tous les regards.
On barricadera les embranchements qui aboutissent aux collecteurs eux-mêmes,
d'après un plan réglé sur celui des opérations
à ciel ouvert.
Toute rue servant de front de défense peut être traversée
par une galerie de mine, il faudra donc s'assurer si elle recouvre un égout,
et dans ce cas, occuper l'égout par des barricades, lorsque le front
de défense sera attaqué avec vigueur par l'ennemi. ( ...
)
Des sentinelles devront coller l'oreille au mur de la cave bordant
la rue, afin d'écouter le bruit des mineurs. La garnison, prévenue,
les attendrait à l'issue pour leur faire un mauvais parti.
Somme toute, la guerre de mine est peu probable ; celle d'égout
l'est davantage.
DES HABITANTS DES MAISONS OCCUPÉES.
Les habitants des maisons occupées par les Républicains
seront invités dans leur propre intérêt à se
retirer avec leur numéraire, leurs valeurs quelconques et leur argenterie,
après avoir fermé tous les meubles. On leur rappellera, d'après
l'exemple du 2 décembre, que les soldats de Bonaparte, en pénétrant
dans toute maison d'où il est parti un coup de feu, égorgent
sans distinction hommes et femmes, vieillards au lit, enfants à
la mamelle.
Si les vieillards, les femmes et les enfants se retirent, les hommes
devront les suivre. On ne les laissera pas demeurer au logis.
Lorsqu'on aura percé les murs de toutes les maisons d'un flot,
on pourra faire retirer les familles qui habitent le front de défense,
dans la partie de derrière de l'îlot.
Dans le cas où, par suite des communications interceptées,
les vivres viendraient à leur manquer, les Républicains leur
en donneront, en prévenant du fait les commissaires de bataillons
pour qu'ils approvisionnent en conséquence.
Il faut encore le répéter : la condition sine qua non
de la victoire, c'est l'organisation, l'ensemble, l'ordre et la discipline.
Il est douteux que les troupes résistent longtemps à une
insurrection organisée et agissant avec tout l'appareil d'une force
gouvernementale. L'hésitation les gagnera, puis le trouble, puis
le découragement, enfin la débâcle.
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