ORGANISATIONS
 

ORDINE NUOVO

Le mouvement Ordre Nouveau (Ordine Nuovo, ON), scission du Mouvement Social Italien (MSI), se constitue en 1956. Minorité activiste au sein du courant néo-fasciste italien, ON mène une existence turbulente -mais légale- jusqu’à la fin des années 60. Entre 1969 et 1970, la majorité des cadres et des militants d’ON retourne au MSI, qui adopte alors une ligne politique plus radicale.

Reste un Ordine Nuovo maintenu, dirigé par Clemente Graziani, Elio Massagrande et Salvatore Francia. Arrêtés en 1971, ils ont en leur possession des documents et des armes qui démontrent un projet terroriste. Effectivement, un premier attentat signé ON fait en mai 1972 trois morts, des carabiniers, et deux blessés.

En 1973, ON est dissous; selon des sources officielles italiennes, le mouvement compte à ce moment-là ± 2500 adhérents. 73 de ses cadres et militants sont traduits devant la justice pour “reconstitution du parti fasciste”; 30 d’entre eux sont condamnés à des peines de un à cinq ans de prison;

Au même moment, trois sections d’ON-Maintenu, le groupe toscan de Mario Tutti (voir portraits, p...), le groupe padouan de Franco Freda et le groupe milanais de N. Rognoni se rapprochent d’ “Avanguardia Nazionale”, un autre groupe néo-fasciste activiste (voir p...), et passent à la clandestinité. Ensemble, ils créent “Ordine Nero” (voir p...).

En novembre 1974, nouveau procès de 119 militants d’Ordine Nuovo; nombreuses condamnations, mais plut»t légères. A l’automne de 1988 encore, toute une charrette de militants d’Ordine nuovo et d’Ordine nero des années 70 passe en jugement. 91 d’entre eux sont condamnés à des peines allant d’un à trente années de prison (constitution de bandes armées, association subversive, attentats, hold-up, etc., entre 1977 et 1982. 57 sont acquittés.
Attentats revendiqués par Ordine nuovo :

1974 : 3; 1976 : 3; 1977 : 6; 1978 : 8; 1979 : 3. Au total, 25 attentats ayant causé la mort de 22 personnes. Leur distribution :Rome : 10; Palerme : 4; Naples : 3; Milan, Padoue, Venise, Turin, etc. 1 chacun.

AVANGUARDIA NAZI0NALE

“Avant-garde nationale” (AN) est un mouvement nationaliste-révolutionnaire (1)  fondé par Stefano Delle Chiaie (voir portraits, p...) en 1963. AN est à la fois une scission d’ordine nuovo et du MSI, principalement de sa section romaine, où Delle Chiaie jouait un r»le important. Là aussi, un groupe activiste mais légal, qui compte à son apogée, la fin des années 60, ± 600 adhérents. Après les premiers attentats “Noirs” et le passage de Delle Chiaie à la clandestinité en 1970 (suite au massacre de la piazza Fontana à Milan, voir p...), le mouvement entre dans une période de confusion. Entre 1973 et 75, les “légalistes” retournent au MSI; les “militaristes”, eux, passent à la clandestinité et contribuent à la création d’ “Ordine nero” (voir p...). En novembre 1975, une grande rafle permet l’arrestation de 42 militants et cadres d’AN.

SQUADRO D’AZIONE MUSSOLINI

Les “Sections d’assaut Mussolini”, SAM, sont un mouvement néo-fasciste clandestin, implanté surtout à Milan. A leur actif, 80 attentats entre 1969 et 1974. 1969 : 16; 1971 : 14; 1972 : 11; 1973 : 24; 1979 : 1 (?). 73 de ces attentats sont commis à Milan; un attentat commis à Turin, Naples, Florence, etc. Les SAM, certains de leurs militants, du moins, se fondent en 1974 dans Ordine nero.

ORDINE NERO

“Ordre Noir” se constitue en 1973, comme un mouvement légal, suite à la dissolution d’Ordre Nouveau. Dissous le 23 novembre 1973, Ordine nero agit désormais clandestinement et passe au terrorisme en 1974. On y retrouve des éléments d’Ordine nuovo, d’Avanguardia nazionale, du Squadro d’azione Mussolini et d’un autre groupe néo-fasciste, le Movimento d’Azione Rivoluzionario (Mouvement d’action révolutionnaire). Durant sa brève période légale, l’un de ses dirigeants, Salvatore Francia (un ancien d’ordre nouveau-maintenu) fait paraître une revue théorique intitulée “Anno zero”.

Les 32 attentats signés “Ordine nero” sont commis entre 1974 et 76. En 74 : 21 attentats; 1975 : 7; 1976 : 4, qui font au total 22 morts, dont le procureur Vittorio Occorsio, assassiné le 10 juillet 1976. Il avait siégé au procès intenté aux dirigeants d’Ordine nuovo pour reconstitution du parti fasciste. Distribution géographique des attentats : Savone : 7; Milan : 5; Brescia, Rome, Pérouse, Naples : 2, etc.
 

TERZA POSIZIONE

“Troisième position” (TP) est fondé en janvier 1978 par des étudiants néo-fascistes de “Lotta Studentesca” déçus par la mollesse des mouvements traditionnels comme le MSI. Le nom du mouvement est identique au titre d’une revue nationaliste révolutionnaire, d’inspiration péroniste. Au plan idéologique, le père spirituel de TP est l’éditeur Franco Giorgio Freda (voir p...). Les principaux dirigeants de TP, Roberto Fiore et Gabriele Adinolfi sont également très marqués par l’ “Autonomie ouvrière” italienne. En 1980, à son apogée, TP reste surtout un mouvement romain, ville où se trouve son noyau central et où il peut compter sur des groupes structurés, implantés dans 7 ou 8 quartiers populaires. Son originalité : compter, selon ses dirigeants, un tiers d’ex-militants gauchistes dans ses rangs, séduits par l’activisme et la rhétorique révolutionnaire du mouvement. TP est touché de plein fouet par la vague répressive qui suit le sanglant attentat de la gare de Bologne (voir p...). Le 28 août 1980, ses principaux cadres sont arrêtés et maintenus -des années parfois- en prison avant que l’enquête ne finisse par les exonérer de toute participation au massacre. Principale accusation des magistrats : TP serait la superstructure politique légale des Noyaux armés révolutionnaires (voir p...). Les dirigeants restés libres, ou remis en liberté, choisissent le plus souvent de s’exiler (Roberto Fiore, à Londres, en septembre 1981). Le mouvement s’étiole et disparaît en 1984.

NUCLEI ARMATI RIVOLUZIONARI

Les Noyaux armés révolutionnaires (NAR) sont de loin l’acteur principal de la scène du terrorisme noir italien. Constitués en octobre 1977, ils se manifestent pour la première fois le 23 décembre de cette année par une “nuit bleue” à Rome : les bombes visent notamment des locaux de la DC et du PCI. La revendication des NAR s’achève par ce slogan : “Contre un peuple de taupes se lève un peuple de loups !”.

Entre 1977 et 1982, les NAR sont responsables de 119 attentats : 108 attaques par explosif de bâtiments divers; 8 assassinats; 3 “embuscades armées”. Distribution géographique : Rome : 92 attentats par explosif, 6 assassinats, 3 embuscades; Naples, Turin : 5 attentats; Padoue : 4 attentats; Milan, Trente, Bologne : 2 attentats. Au total, 15 morts et 87 blessés. Après les succès de la répression en 1982, les NAR font encore sporadiquement parler d’eux : 2 morts et un blessé au cours de deux mitraillages entre 1982 et 85.

Comme ceux de “Terza Posizione”, les fondateurs des NAR sont très impressionnés par l’idéologie et le style de l’Autonomie ouvrière, au point de se réclamer de l’ “Autonomie noire”. Les magistrats qui ont enquêté sur les NAR estiment que ceux-ci n’ont jamais formé une organisation unitaire -d’où le pluriel du titre “Noyaux...”. Peu ou pas de textes théoriques ou explicatifs signés des NAR, juste de brèves revendications d’attentats. D’où le soupçon, nourri par les juges, d’un partage des tâches entre TP et NAR du type “la tête et les jambes”.

Au sommet des NAR, un “comité révolutionnaire” d’une dizaine de membres décide, en théorie, des actions. On y trouve, selon la justice italienne, Paolo Signorelli (l’ “idéologue”, voir p...), Gilberto Cavallini, Luigi Ciavardini, Valério Fioravanti, Francesca Mambro, Stefano Soderini, Pasquale Relsito, Franco-Maria Massimi et Andrea Calvi.

Mais, aux NAR, spontanéité ne signifie pas amateurisme. Les enquêtes ont révélé à ce propos une pratique consommée de la clandestinité :

Les attentats physiques des NAR visent toujours des cibles précises : politiciens, “traîtres”, magistrats, etc. Cela dit, le professionnalisme des NAR est loin de celui des Brigades rouges : il arrivera que des innocents tombent par méprise sous leurs balles, confondus avec des journalistes ou des avocats anti-fascistes. Le 28 octobre 1978, leur premier meurtre est celui d’un jeune militant du PCI. En janvier 79, virage idéologique : les NAR proposent une trêve aux activistes d’extrême-gauche et leur proposent même une alliance “contre le régime” pour, ensemble “changer le système”. mais, peu après, un commando des NAR mitraille les locaux de la radio gauchiste romaine “Citta Futura” : 5 blessés. En juin de la même année, une bombe dans un local du PCI, à Rome, fait 23 blessés. Le 12 février 80, un commando NAR assassine un militant d’Autonomie Ouvrière. Le 23 juin de la même année, les NAR assassinent à Rome le juge Mario Amato, spécialisé dans le terrorisme néo-fasciste.

MOVIMENTO POPOLARE E RIVOLUZIONARIO

Le Mouvement populaire et révolutionnaire est de la même génération que Terza Posizione et les NAR. Son existence -météorique- débute par une importante “nuit bleue” à Rome, en 1979 (attentats contre l’H»tel de ville, le Conseil supérieur de la magistrature, le Ministère des Affaires étrangères, la prison Regina cœli) puis cesse de faire parler de lui.

(1) Sur le courant nationaliste-révolutionnaire, voir “Terrorisme & Violence politique” N° 1, avril 1991, “Du nationalisme révolutionnaire au maoïsme, puis aux Brigades rouges : la dérive de Renato Curcio 1960-1970”.