1) L'Euro en Perspective :
Avant même sa mie en circulation, il est déjà question d'euro sale, car le basculement vers la monnaie unique ne concerne pas seulement les gouvernements, les entreprise ou les consommateurs, mais aussi les trafiquants en tout genre. Quelques 1 500 milliards de francs d'argent occulte, actuellement libellés dans les différentes devises européennes, préparent leur conversion massive en euro. D'ici au premier janvier 2002 et à la mise en circulation des nouveaux billets européens, cet argent va devoir sortir des tiroirs. On pourrait alors assister à la plus grande opération de blanchiment de tous les temps.
Le blanchiment par l'euro se prépare. Les trafiquants auront à choisir l'État européen où la conversion en euro sera la plus souple. Au moment de la conversion d'énormes quantités de devises européennes, il sera beaucoup plus difficile d'identifier l'argent sale. La tâche des trafiquants sera facilitée par la disparition de nombreux bureaux de change, cette activité très surveillée permet de repérer les tentatives de blanchiment.
Grâce à l'euro, la traçabilité des capitaux sera confuse puisque chaque changement de devises nous éloigne de la source de l'argent sale. La décision, d'imprimer un billet de 500 euros (3300 francs environ) est très controversée. Elle a été prise pour satisfaire l'Allemagne et les Pays-Bas, dont les citoyens utilisent beaucoup d'argent liquide pour régler leurs achats. Il existe en effet des études démontrant que les grosses coupures permettent de passer beaucoup d'argent dans les centres offshore sous un volume réduit.
L'euro sera donc une monnaie beaucoup plus séduisante pour les trafiquants, car elle deviendra vite une devise internationale rivale du dollar.
2) Les cols " blancs" agissent pour les blanchisseurs :
Les tendances nouvelles laissent apparaître un glissement vers des professions non financières. Certains pays ont fait état de cas impliquant des avocats, des experts-comptables et des notaires.
« L'une des méthodes
utilisée consiste à déposer des espèces dans
des comptes fiduciaires d'avocats en plusieurs montants, le solde étant
utilisé ultérieurement pour un investissement immobilier.
Un autre cas relève de l'utilisation d'un compte de fiducie par
un avocat pour un délit de crédit.
L'avocat n'avait qu'à
convertir les espèces déposées en compte en instruments
de paiement et encaissés par un autre intermédiaire, méthode
classique. Les exemples sont variés et divers. A chaque fois l'avocat
va user de sa spécificité pour faire office d'intermédiaire
et sous le secret professionnel permettre l'utilisation de fonds d'origine
délictuelle. »68
« Le rôle
du notaire comme de l'intermédiaire peut très bien relever
d'un acte volontaire, d'une complicité, comme d'une action passive
dans le processus. On retrouve ici la notion de (en connaissance de cause)
partie de l'élément intentionnel. »69
Le problème qui se pose est celui de la distinction entre les activités
d'intermédiaires financiers et celles de conseil.
68Olivier Jerez, "le blanchiment de l'argent", op-cit, p. 121.
69Olivier
Jerez, "le blanchiment de l'argent", op-cit, p. 122