La nomenklatura française, le crime, la sécurité

Xavier RAUFER

Décembre 2000

 

• 1 - Pour l’opinion publique française, et de longue date, la sécurité est une préoccupation majeure

 

Depuis une décennie et chaque fois qu’un sondage le lui permet, l’opinion fait savoir haut et fort que la sécurité lui semble mauvaise en France, et qu’elle voudrait voir nos dirigeants s’intéresser sérieusement au problème. Toutes les occasions lui sont bonnes - même les élections européennes, qu’on pourrait croire éloignées des soucis sécuritaires :

Sondage Ifop - Le Figaro, sortie des urnes

[Juin 1999 - 17 530 électeurs, 255 bureaux de vote]

Question : quel sujet a le plus compté dans votre vote d’aujourd’hui ? (un seul choix possible) :

 

• Tableau 1 : tous électeurs confondus

 

Rang

%

Thème

1er ex-aequo

11%

La paix en Europe

-

-

La sécurité

9%

Le Chômage

8%

Les inégalités sociales

5° ex aequo

7%

La protection sociale (santé, retraites)

-

-

L’environnement

-

-

L’immigration

4%

Les scandales, les affaires

9° ex aequo

Le niveau de votre pouvoir d’achat

-

-

La fiscalité

-

-

Formation & education des jeunes

12°

2%

La réduction du temps de travail

-

27 %

sans réponse - total : 100 %

 

• Tableau 2 : l’opposition, par listes

 

Question : quel sujet a le plus compté dans votre vote d’aujourd’hui ? (un seul choix possible)

 

Liste Bayrou

Liste Sarkozy

Liste Pasqua

1 - La paix en Europe, 25%

1 - La paix en Europe, 16%

1 - La sécurité, 20%

2 - La sécurité, 9%

2 - La sécurité, 13%

2 - ex-aequo, 8% :

3 - ex-aequo, 7% :

3 - Le chômage, 9%

. Les scandales, les affaires

. La protection sociale

4 - La fiscalité, 7%

. La paix en Europe

. Le chômage

5 - ex-aequo, 6% :

4 - L’immigration

. Formation & éducation des jeunes

. Protection sociale

. Pouvoir d’achat

5 - Le chômage

 

Fin août 2000 encore, un sondage CSA du “Parisien” souligne que 56 % des sondés trouvent leur sécurité “plutôt pas, ou pas du tout, satisfaisante”; parmi ceux-ci, 65% de ceux se disant “de droite”. Et début septembre (Ipsos-Libération), ils sont 48 % de Marseillais à dire que “la sécurité des biens et des personnes s’est détériorée dans leur ville” au cours des cinq dernières années, seuls 19% des sondés voyant les choses s’améliorer. Ce bilan sécuritaire est significativement le plus négatif d’un questionnaire abordant 13 sujets divers (transports, logement, image culturelle, etc.).

 

Cependant, l’élite politique, celle qui fixe les orientations et s’exprime dans les médias, s’intéresse peu à la sécurité (hors promesses électorales) :

 

- La majorité s’est mise à édulcorer, à anesthésier. On est loin du fort sécuritaire colloque de Villepinte (octobre 1997) : “Le droit à la sûreté, égal pour tous, conditionne toutes nos libertés... Répondre à l’attente de nos concitoyens dans le domaine de la sécurité qui est, avec l’emploi, leur principale et d’ailleurs légitime revendication” (JP Chevènement).

- Curieusement, l’opposition s’intéresse souvent moins encore que la majorité “plurielle” à la sécurité, ce malgré les perches de forte taille que lui tend avec constance l’opinion :

 

• “Dites-moi, parmi les thèmes suivants, ceux que la droite devrait privilégier dans les mois qui viennent”

 

(Libération, avril 1998)

 

Thème

ensemble

des français

UDF

RPR

UDF + RPR

L’emploi

69%

78%

64%

69%

L’insécurité

34%

31%

44%

39%

L’immigration clandestine

22%

28%

31%

30%

La lutte contre l’exclusion et la pauvreté

43%

31%

26%

28%

Les impôts

20%

19%

25%

23%

 

Or dans un système aussi rôdé que le nôtre, l’électorat sait exprimer son mécontentement : cette indifférence devant l’insécurité en France explique sans doute en partie pourquoi les partis politiques sont mal vus par les jeunes - témoins privilégiés et souvent victimes des violences urbaines - arrivant bons derniers des institutions auxquelles ils font confiance [1] .

 

Enfin, partie d’une confiance forte de l’opinion, l’opposition actuelle est bien sûr celle que cette indifférence handicape le plus.

 

“Marasme de l’opposition... Dépression durable” tels sont en effet les commentaires accompagnant un sondage de la Sofres (octobre 2000), réalisé pour un ensemble de journaux régionaux. 55% des personnes interrogées ont une opinion “négative ou très négative” de l’opposition - 40% chez ses propres sympathisants ! Pour 62 % des sondés, l’opposition “n’a pas de solutions aux problèmes du pays” - 59 % dans son camp ! Enfin, seuls 16 % des sondés la disent “proche des préoccupation des gens”.

 

Indifférence : rappelons que dans la campagne législative post-dissolution, la “plateforme” RPR-UDF ne comportait pas un mot sur la sécurité, pas plus d’ailleurs que les programmes de l’opposition aux dernières européennes. Enfin, quand au printemps 2000 le ministère de l’Intérieur présenta un bilan de la criminalité en 1999 fort suspect, nul dirigeant de l’opposition n’a protesté devant ce visible et anesthésique “lissage” des chiffres.

 

Un désintérêt que l’opposition pourrait payer plus cher encore aux prochaines élections. “Le problème de la sécurité pourrait finalement départager les deux camps dans les urnes... ici, l’enjeu n’est rien moins que la reconquête de l’électorat populaire”, ainsi le professeur Dominique Chagnollaud [2] conclut-il une longue étude intitulée “Une droite à la reconquête de son pré carré”.

 

• 2 - Pourquoi ce désintérêt des politiques, s’agissant d’un thème aussi crucial ?

 

Dans le domaine sécuritaire, comment expliquer la perte par les élites politiques de ce que Bachelard appelle “la fonction du réel” ? Voici notre hypothèse.

 

Depuis la présidence de Georges Pompidou, la haute fonction publique colonise la classe politique. Dans un récent livre [3] Thierry Desjardin souligne ainsi que tous les ministres du gouvernement Jospin viennent du domaine étatique : fonction publique ou para-publique, sociétés nationales. De là et en trois décennies, la haute fonction publique a investi les sommets de la médiasphère et du capitalisme para-étatique. En fait, aujourd’hui, une élite de hauts fonctionnaires restés en poste (directions centrales, cabinets, etc.) gère l’Etat avec des collègues passés à la politique et d’autres, enfin, partis “pantoufler”.

 

Quel fonctionnement idéal imaginer pour un grand pays développé comme le nôtre ? Sous l’aiguillon des médias, la classe politique pousse la bureaucratie à se transformer, s’adapter, ce que notoirement, elle fait mal d’elle même - la “réforme de l’Etat”, gag électoral bien connu. Or chez nous, l’élite de la politique (droite et gauche mêlées), de la médiasphère et de la haute fonction publique est pour l’essentiel faite d’individus interchangeables, aux réflexes, références, et paysage intellectuel similaires. Qui voudrait être dur parlerait de “clones”, et évoquerait le slogan de Canada Dry : ça ressemble à une classe politique, ça en a le goût - mais ce n’est en fait qu’une colonie de la haute fonction publique.

 

Fréquentant et observant de près ces milieux depuis deux décennies, l’auteur distingue ici clairement la caste évoquée ci-dessus des fonctionnaires de rang opérationnel, au contact avec le réel quotidien, ainsi que les journalistes de terrain. Combien de fois a-t-il entendu ceux-ci déplorer le mur invisible auquel ils se heurtaient - reportages réalistes rejetés, notes édulcorées au point de perdre tout sens - dans un climat d’arrogance, d’esprit de caste et de science infuse !

 

Prenons un de ces hauts fonctionnaires entrant en politique - en temps de paix, bien sûr, hors crise majeure. Pour lui, la conviction politique est secondaire et le souci de faire carrière, dominant. Il est habitué a traiter des dossiers, pas à la bataille des idées, ni à la spéculation intellectuelle. Même s’il est élu, sa pratique politique reste largement administrative. Ce haut fonctionnaire rejoint donc un parti politique par commodité ou opportunité - et ne sait trop quelle contenance adopter face à des individus ou groupes minoritaires, mais militants, aux convictions idéologiques fortes - voire fanatiques. Ajoutons la crainte respectueuse que lui inspirent les médias (d’un article, ils ruinent une belle carrière). Notons enfin que c’est ici d’un “monde” au sens proustien du terme qu’il s’agit, dans lequel il est malséant d’aborder certains sujets grossiers.

 

Un député s’intéressant à la lutte anti-mafia raconta naguère à l’auteur sa visite au premier ministre d’alors. Ecoutant ce député parler des crimes mafieux au sud de la France, cet homme politique éminent, fort représentatif de ladite caste, était très mal à l’aise - et plus gêné encore qu’horrifié. Dans “son monde”, on ne parle pas de ces affaires criminelles - dont le programme de l’Ecole nationale d’administration, inépuisable en marketing et management, ne comporte d’ailleurs nulle trace.

 

Ce type d’hommes politiques assez peu “politiques” au fond, a des traits culturels bien définis : pratique de rituels obscurs pour qui est hors-caste (outcast, en anglais); respect un peu cynique des bienséances et superstitions du moment - pourvu que les médias trouvent ça bien. L’indépassable horizon idéologique du politique français de l’an 2000 (opposition inclue) étant sans doute la délivrance d’un brevet de “modernité” par le quotidien “Libération”.

 

Consanguinité au sommet du pouvoir, isolement intellectuel proche parfois de l’autisme, bienséance, répugnance à aborder les sujets vulgaires - et qui fâchent, en prime - comme le crime : on voit la difficulté qu’éprouvent nos élites politiques à prendre à bras-le-corps l’ingrat, le très politique et médiatique dossier de la sécurité.

 

• 3 -Dans le concret, la part criminelle des problèmes qu’ils soulèvent n’apparaît même plus aux dirigeants de l’opposition

 

Un exemple suffira ici à montrer que, sur les radars de nos gouvernants, les phénomènes criminels n’apparaissent pas, qu’ils ne sont jamais pris en compte au préalable, lors de l’élaboration de plans, en théorie parfaits. Résultat trop fréquent : de sérieux effets pervers, des résultats concrets précisément contraires à ceux envisagés.

 

Un homme politique de l’opposition a récemment proposé que l’on sanctionne désormais en justice les propos homophobes. On voit l’intention généreuse : réprimer les vexations et humiliations de tout type; on devine aussi le “coup” médiatique, la course au look jeune-branché. On constate surtout l’absence de réflexion un peu profonde; l’ignorance de la voie dangereuse dans laquelle on s’engage étourdiment.

 

Car il existe déjà une société où la loi proscrit tout défoulement verbal; où chacun doit être conforme et “politically correct”. Une société dont tout risque est en théorie banni (voir les “product liabilities” sur les objets usuels); où il est interdit de traverser où l’on veut, de fumer (même dehors), de s’asseoir seul au restaurant, de consommer de l’alcool à l’air libre [4] : la “suburbia” blanche américaine.

 

Or - est-ce un hasard - les grands massacres, Littleton en tête (où 12 lycéens furent abattus par deux de leurs copains aussi “nice” que possible) et bien d’autres encore [5] , se sont produits dans cette “surburbia”, Brave new world où les âmes et l’environnement quotidien sont en principe purs et parfaits. Classique effet de cocotte-minute psychologique, l’interdit verbal généralisé, l’ennui terrifiant (surtout pour des jeunes) résultant d’une maniaque obsession de la sécurité, produit forcément des “bombes humaines” explosant au moindre choc. Qu’on censure tout excès verbal en France (quelque odieux qu’il soit) et on aura ici, un jour, un Littleton à déplorer  [6] .

 

• 4 - Un responsable de cet état de fait : la nomenklatura médiatique

 

“Chacune de leurs plaintes rend un son de vengeance, dans chacune de leurs louanges, il y a l’intention de faire mal; et être juge leur semble une félicité” Friedrich Nietzsche “Ainsi parlait Zarathoustra” (Des tarentules).

 

“Sous la puissance du technique... “culture”, “esprit”, “morale” et “civilisation” sont ravalés au rang de moyens purement techniques. La forme sous laquelle l’esprit exerce son emprise est le journalisme, en prenant le mot en un sens large et essentiel” Martin Heidegger “L’ère du pouvoir technique”, 1947.

 

“Le courtisan était la figure la plus remarquable de l’ordre aristocratique. Le militant était la figure la plus remarquable de l’ordre social et révolutionnaire. Le repenti est la figure la plus remarquable de l’ordre démocratique avancé. Rassurez-vous : on peut être à la fois courtisan et repenti, militant et repenti, militant et courtisan (ce sont les pires)”. Jean Baudrillard “Le paroxyste indifférent”, 1999.

 

Dans l’ordre politique - surtout, à la veille d’élections majeures, un tel oubli, ou refoulement, de la sécurité, est si incompréhensible, si suicidaire que ce qui le motive doit être très fort.

 

Ce qui le motive d’abord est l’emprise sur l’élite politique d’intellectuels médiatiques jouant les consciences morales. Ces intellectuels sont les commissaires politiques et si besoin est, les inquisiteurs de la caste dominante; ils imposent aisément leurs idées et ukases à une classe politique fonctionnarisée.

 

Fort divers par ailleurs, et souvent opposés en de byzantines querelles de divas, ces intellectuels médiatiques ont en commun, d’abord, un réel pouvoir. Pour Christopher Lasch [7] , ce sont eux qui “gèrent les instruments de production intellectuelle et fixent ainsi les termes du débat public”.

 

Ce sont ensuite, en grande majorité, d’ex-révolutionnaires recyclés, ce que souligne, cruellement Michel Surya dans son frappant essai “De l’argent - la ruine de la politique”  [8] “Ce sont les mêmes, pour la plupart, qui protestaient avec le plus de liberté et de violence, qui représentent avec le plus d’assurance les raisons selon lesquelles non seulement ce monde ne devrait pas être renversé, mais selon lesquelles il n’y a même pas de meilleur monde possible”... “Ils s’étaient jusque là érigés en instance de surveillance [du capital]... On les verrait dès lors s’ériger en instances de surveillance des menaces qui pesaient sur lui... Ce sont les mêmes qui voulaient que la révolution soit impeccable, qui veulent aujourd’hui que la contre-révolution le soit aussi”.

 

De ce passé et malgré leur abjuration de la révolution, ces intellectuels médiatiques ont gardé des séquelles : dogmatisme, goût de lyncher ceux qu’il jugent déviants - nous voyons ce point plus bas (“police de la pensée”) - surtout, une abyssale, une insondable ignorance de ce qui est criminel - tout, du crime organisé le plus sophistiqué à la délinquance la plus bénigne. Deux exemples, parmi mille autres :

 

- En l’an 2000 parait un ouvrage intitulé en toute simplicité “les clés du XXI° siècle” (Unesco-Seuil, 500 pages), sur la jaquette duquel on lit ceci : “Plus que jamais, il nous faut des clés si nous voulons entrer pour de bon dans le nouveau siècle. Plus de quatre-vingts scientifiques, intellectuels, créateurs et décideurs de renommée mondiale nous les livrent dans cet ouvrage”. “Guide raisonné des grands enjeux du futur, les clés du XXI° siècle abordent trente questions cruciales pour l’avenir de chacun d’entre nous”, etc. Dans l’ouvrage (500 pages), crime et délinquance sont abordés en ... quatre lignes (pp. 399, 421 et 425). L’avenir est radieux : pourquoi parler de ce qui fâche ?

 

- En mai-juin 2000 “le Monde Diplomatique-Manière de voir” publie “Afriques en renaissance”. Dans la présentation, Ignacio Ramonet souligne qu’ “en dépit de son infernale image médiatique faite de guerres et de calamités, de désastres et de violences, l’Afrique noire reste un continent aux formidables atouts qui regarde confiant l’avenir”. il conclut sur “l’espoir d’une véritable renaissance pour l’Afrique”. En 100 pages : rien sur le crime. Les cartels de la drogue du Nigéria, les énormes et constants trafics d’êtres humains, les guérillas dégénérées coupables des plus atroces massacres et mutilations de masse du Libéria à l’ouest aux Grands lacs, à l’est : rien.

 

Voilà de manifestes séquelles du léninisme - sinon d’une lointaine magie shamanique : “pour cacher la vérité, ne pas la nommer” [9] . La réalité vous gène ? Niez-là. A quoi bon discuter du remède ? Rejetez le diagnostic même. Et pourquoi réfuter les arguments de l’adversaire, quand on peut le détruire, lui ?

 

Cette façon de faire enchante bien des hauts fonctionnaires, ainsi délivrés de la corvée d’adapter sans cesse l’administration aux sinuosités et foucades du réel. Là aussi, un exemple. Sous la plume d’un ex-président de l’IHEDN, La Lettre de la rue Saint-Guillaume (N°119, 2000), publie une étude intitulée “Le concept de défense a-t-il encore un contenu ?” En exergue, une phrase sur “les “nouvelles menaces globales” où se côtoient terrorisme, mafias, trafics...”

 

Sur ces nouvelles menaces, le texte dit ceci : “Cette présentation est triplement dangereuse : elle encourage, en réponse à l’affaiblissement inévitable de la distinction entre affaires intérieures et affaires extérieures, qui résulte de la mondialisation, une militarisation de la sécurité qui brouille la séparation essentielle pour les libertés publiques entre ce qui relève de la police et ce qui relève de la défense; en présentant comme des questions de sécurité globale des menaces qui relèvent d’abord de mesures de politique interne, elle pousse à une globalisation de la gestion de toutes les questions de sécurité, qui, dans l’état actuel de la construction politique européenne, reviendrait à donner aux Etats-Unis un rôle directeur dans des matières où la dimension interne des questions posées justifie pourtant des réponses proprement européennes; en fin de compte, elle ne contribue pas à la réalisation de l’objectif qu’elle croit servir : en diluant la défense dans la sécurité, elle relègue au second plan des questions de défense qui continuent à se poser, même si nous n’aimons pas y penser”.

 

Passons sur l’aspect pâteux et confus - une phrase de 14 lignes ! On croit cependant saisir ceci : ceux qui parlent de nouvelles menaces sont des fascistes, des agents américains et enfin des imbéciles. Conclusion : la guerre froide continue, rompez ! La contagion de l’intellectuel médiatique sur le haut fonctionnaire apparaît ici clairement :

 

- Comme le phénomène criminel (composante importante des “nouvelles menaces”) échappe au premier, le second ne le perçoit pas non plus,

 

- Un concept nouveau vous dérange ? Bouleverse le bel ordonnancement bureaucratique du moment ? On disqualifie ses concepteurs, on tente de s’en débarrasser par l’anathème.

 

• 5 - “Eugénisme lexical” : la police de la pensée à l’œuvre

 

“La tempête dura trois jours; enfin, immolant des victimes et adressant au vent des incantations à grands cris, offrant en outre des sacrifices à Thétis et au Néréïdes, les mages y mirent fin le quatrième jour - à mois que, pour quelque autre raison, le vent ait bien voulu s’apaiser de lui même...” Hérodote VII, 191.

 

“Avec notre intention, poussée jusqu’à l’énormité, de vouloir raboter toutes les aspérités et tous les angles de la vie, ne sommes-nous pas en bonne voie de réduire l’humanité jusqu’à en faire du sable ! Du sable, fin, mou, granuleux, infini” Friedrich Nietzsche “Aurore”, livre III°.

 

“You don’t need a weatherman to tell which way the wind blows”. Bob Dylan “Subterranean homesick blues”.

 

Un peu au-dessous (dans l’ordre intellectuel) du lieu où la bienséance s’élabore, plutôt au niveau où s’exécutent les manœuvres, règne la police de la pensée. Ici, nuls théoriciens de haute volée, mais des vigiles du droit d’ingérence médiatique. Un sérail plutôt journalistique au sein duquel “le monde réel se résume à ces idées reçues qu’on partage entre collègues” [10] . Pour ces hygiénistes textuels, il y a des idées dangereuses, des opinions toxiques, il faut donc purifier, purifier sans cesse.

 

Comment ? Dans une récente tribune libre du “Monde” Elisabeth Lévy [11] - qui avait osé écrire que le “génocide” du Kosovo rétrécissait à l’examen - donne la recette de la “croisade des chasseurs de déviants” : pratiquez un “empilement rhétorique de termes émotionnellement porteurs”, “dénoncez tout questionnement des faits comme une preuve d’alliance avec le crime”, frappez d’infâmie tout soupçon de désaccord, criminalisez la divergence, sommez le coupable de valider la représentation dominante - et bienséante, bien sûr.

 

Cas pratique : au printemps 2000, “Libération” annonce que “La préfecture de Nîmes fiche secrètement 179 jeunes”. Les intéressés sont “tous suspects et comme tels, secrètement fichés”. Plus loin, on parle de “liste occulte” et de “délit de bureau”. Saisissez-vous les harmonies sémantiques ? “Liste” comme dans “Liste de Schindler”, “délit de bureau” comme dans ces crimes de bureau reprochés à Papon. On alerte aussi la CNIL sur le “fichier informatique illégal” : le grand jeu.

 

De quoi s’agit-il vraiment ? La préfecture locale tente de cerner le “noyau dur” des mineurs multiréitérants de Nîmes, en liaison avec d’autres services de l’Etat. Prépare-t-on une nouvelle et sinistre rafle ? Non. Abasourdis, des fonctionnaires expliquent que l’idée est plutôt de “travailler sur des cas concrets pour lutter contre l’exclusion”. Ce simple listing sur traitement de texte (et présenté comme une liste fatale) comprend-il les adresses des mineurs, leur nationalité ou origine, le détail des méfaits qu’ils ont commis ? Non encore - juste leur quartier de résidence, leur cursus scolaire (absentéisme, etc.), leurs “contacts” avec la police, l’ANPE, la Protection judiciaire de la jeunesse.

 

Où est le problème alors ? On a révélé l’indicible, donné les noms : comme le dit l’article “151 jeunes sur 179 sont issus de l’immigration”. Ajoutons-y les gitans : de fait, s’indignent le Syndicat de la magistrature et la Ligue des Droits de l’homme, on trouve peu de “gaulois” sur la fameuse liste. Mais pour “Libération”, le scandale n’est pas qu’existent en France des zones de non-droit ou l’avenir logique d’un adolescent (issu ou non de l’immigration) est dans la délinquance et peut-être dans le crime, c’est de le dire. Les violences urbaines n’ont pas de dimension ethnique, point final - “couvrez ce sein que je ne saurais voir” [12] .

 

Ce cas n’est pas unique - voir les études publiées dans la revue de l’Insee [13] sur le “non-emploi en France”, montrant que le majorité des titulaires du RMI n’ont nul avantage financier à travailler et que “57% du non-emploi en France résulte d’une situation volontaire”. Conclusion implicite : aujourd’hui, la protection sociale encourage le farniente. Grosse colère des syndicats de l’Insee (CGT, CFDT, FO, CGC) qui somment la direction de l’institut de désavouer ces études et clament que “la direction porte un coup important à la crédibilité scientifique de l’Insee”.

 

Dans un climat de lynchage et d’étouffement de toute critique un peu gênante : Kosovo, social, violences urbaines, gardez un silence prudent et vous êtes un grand savant. Mettez en revanche les pieds dans le plat : vous êtes un escroc intellectuel, un fils spirituel de Hitler, un agent de Milosevic. Ce qui étonne l’un des hérétiques auteurs de l’Insee : “Si l’on refuse de toucher à tous les sujets qui peuvent être utilisés, on se barre l’accès à toutes les questions intéressantes”.

 

A terme, l’inévitable conséquence s’appelle l’idéologie fixe, comme on dit une idée fixe. Dans un système bienséant, tout confirme la validité de l’idéologie fixe. Prenons la “prévention à la française”, seule potion admise par la police de la pensée lors de violences urbaines : la délinquance baisse ? Vive la prévention; le crime augmente ? On en a pas fait assez.

 

Quand la bienséance s’impose dans un pays, la frontière entre le “correct” et le “vrai” s’y brouille toujours plus; des idéologues arrogants n’admettant jamais nulle erreur, nul échec, assènent sans cesse les même bêtises; la société finit par y croire à-demi - ou fait comme si. Les politiques, eux, se laissent persuader que c’est vrai, puisque c’est dans le journal. Un tel exemple de gâtification collective existe : c’est précisément ce qui s’est produit en URSS sous Brejnev...

 

Etat communiste d’ailleurs, ou Etat libéral, peu importe, car comme l’observe encore Michel Surya (op. cit) : “ce sont toujours les mêmes qui veulent le pouvoir, l’obtiendraient-ils de la révolution ou de leur ralliement à ce qui a rendu la révolution impossible... Ils n’ont pas changé de violence, ils ont changé de raison. Cette violence est celle des épurateurs et des puritains”.

 

Puritain : le maître-mot est dit. Quelle est en effet l’incarnation la plus parfaite du puritain dans notre imaginaire national ? Tartufe. Et comment Tartufe s’impose-t-il ? Par le moralisme.

 

• 6 -Au cœur du système, le moralisme

 

“Inquiétant semble l’écart croissant entre le réel vécu par nos concitoyens et le réel projeté sur les écrans médiatiques; entre les pensées autorisées des bons auteurs, via éditos, et les sentiments éprouvés sans bruit par les gens et notamment les treize millions de Français logés en HLM; disons clairement : entre la France morale, légitime et parisienne, et la France périurbaine, peu policée et assez démoralisée où vit à contrecœur la moitié de la population... Quand la réalité sociale est politiquement incorrecte, faut-il la taire ? Châtions notre langage, restons entre nous et couvrez ce sein que je ne saurais voir; comme l’aberrante naissance, au bord de nos villes, de zones de peuplement ethnique. Est-ce céder aux sirènes du racisme que de constater que les quartiers en tête pour les problèmes de violence sont ceux où l’immigration irrégulière est la plus répandue (pauvreté et chômage obligent) ? Que le nombre de viols enregistrés y a triplé en dix ans ?” Régis Debray, Max Gallo, Jacques Julliard, Blandine Kriegel, Olivier Mongin, Mona Ozouf, Anicet le Pors, Paul Thibaud, “Le Monde” 4/9/98.

 

“Moralisme : manière de dire ce qui doit être et ce qui ne doit pas être, en se moquant de ce qui est” Clément Rosset.

 

La France vit de longue date une crise moraliste aux conséquences fâcheuses : “racisme” mis à toutes les sauces, bienséance, attitude “politiquement correcte”, sont en effet les habits neufs du moralisme “rideau qui masque ce que le réel a d’intolérable, d’indigeste, de cru” [14] . Machine à fuir la réalité, le moralisme, “ajoute, à l’observation d’un fait, l’appréciation de ses intentions” [15] . Officiels ou médias moralisateurs vont ainsi censurer le nom (révélateur) d’un malfaiteur, ou la réalité ethnique des violences urbaines, au motif que cela pousserait au racisme, “ferait le jeu” de tel parti. En matière de recherche, le moralisme confond délibérément distinguer avec discriminer ou stigmatiser.

 

A ce double titre, le moralisme est dangereux : pour le philosophe Clément Rosset, “coïncidence du désir de bien agir à un effet de mal faire, l’intention morale aboutit toujours bizarrement aux effets les plus scabreux”. Observons la Prohibition  [16] , cas célèbre de “moralisme social”. Ayant pour objet (fort moral) de supprimer l’alcoolisme, fléau pour la santé publique, son seul résultat tangible fut d’offrir à la mafia le marché de l’alcool en Amérique - alors 2 milliards de dollars par an : “Ses partisans pensaient que la prohibition supprimerait les maux sociaux de l’Amérique. Tout au contraire, suscita-t-elle des maux nouveaux sans supprimer les anciens” [17] . Effet pervers classique, l’action “morale” profita surtout au crime organisé.

 

En France, le moralisme créée de même des racistes en croyant de bonne foi les anéantir et handicape ceux-là mêmes qu’il veut protéger du “racisme”. Mettre en avant la “race” interdit de fait logiquement de distinguer les immigrés de leur minorité criminelle - vu leur commune origine. Cela revient à livrer aux bandes criminelles les quartiers où ils vivent - d’où exactions, déprédations, racket et angoisse.

 

Pire encore : sommés par les moralisateurs de se montrer solidaires de leurs propres délinquants, les immigrés deviennent les otages collectifs de l’ “antiracisme”. Ils héritent ainsi - bien malgré eux - de l’image désastreuse d’une minorité de malfaiteurs - seuls gagnants dans l’opération. Les grands perdants sont ici les étudiants issus de l’immigration (français pour la plupart) cherchant un emploi, qui voient les employeurs blêmir à leur arrivée, à l’idée que des “jeunes” débarquent pour les piller.

 

Que faire alors ? Comment sortir de la mortelle emprise du moralisme ? A notre niveau, en aidant politiques et médiatiques à retrouver la voie du réel. En soulignant sans trève les quelques vérités qui serviront ici de conclusion :

 

• D’abord ce simple rappel, qu’on rougit de devoir faire : être issu de l’immigration, chômeur ou toxicomane - et hélas trop souvent les trois ensemble - ne donne nulle licence pour perpétrer un crime. Et celui-ci commis, nul droit spécial à crier au “racisme” ou à la discrimination. Avec force, la démographe Michèle Tribalat [18] affirme “les jeunes d’origine maghrébine sont comme les autres, ils ne se réduisent pas à l’objet de la sociologie du malheur”, avant de souligner d’une sentence que tout enseignant en “zone sensible” devrait prendre pour devise : “Une complaisance coupable n’est jamais qu’une autre forme de colonialisme. Le respect est fait d’exigence”.

 

• Pour notre malheur collectif, la justice française pratique au quotidien la morale de l’intention. Sortant de la stricte sanction des faits pour s’engager dans le domaine vague, subjectif, impénétrable de l’appréciation des intentions, elle se ransformera fatalement en une machine à fabriquer des délinquants - comme on commence à le voir à l’heure présente.

 

• Plus largement. Dirigeants politiques et médiatiques : ne censurez pas les faits pouvant infirmer les vérités établies. Comme toujours dans l’histoire, ces théories dominantes qu’on interdit aujourd’hui de contredire ou même de discuter, seront balayées demain et avec elles, la clique arrogante détentrice de la science infuse. Ecoutez sur ce point le prix Nobel d’économie Maurice Allais [19] : “Il est une forme de fraude bien plus insidieuse et bien plus dangereuse encore, celle qui consiste pour les milieux autorisés à occulter délibérément les faits susceptibles de mettre en cause les vérités établies et à s’opposer à leur publication... Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir d’autres critères de la vérité d’une théorie que son accord plus ou moins parfait avec des phénomènes concrets”

 

• Enfin : en France, le moralisme vient par vagues, souvent à la fin d’un siècle. Denrée périssable, déprime passagère, il disparaît un beau jour comme il est apparu. Qui connaît aujourd’hui Elmé Caro ? Personne. C’était pourtant le grand moralisateur fin-de-siècle. La coqueluche des journaux et salons, vers 1890. Ses “Etudes morales sur le temps présent” furent rééditées vingt fois. Dans un féroce article intitulé “La soupe froide des bons sentiments”, le critique Roger-Pol Droit [20] qualifie Caro et consorts de “piètres penseurs”. Laissons nos piètres-penseurs du jour à leur triste soupe. Ne souffrons pas qu’il nous donnent des leçons. 

 

• Sondage Figaro-Sofres, (mai 1996,1000 personnes)

 

Les priorités (Ensemble des français) : parmi ces différents thèmes, quels sont ceux dont devrait s’occuper en priorité la majorité RPR-UDF ?

 

1°)       La lutte contre l’immigration clandestine               (47%)

2°)       La lutte contre l’insécurité                                                  (43%)

3°)       La réforme des impôts                                                            (42%)

4°)       La réduction des déficits publics                                              (35%)

5°)       La réforme de l’éducation                                                       (31%)

6°)       La réduction du temps de travail                                              (29%)

7°)       La construction européenne                                                    (19%)

8°)       La réforme de la justice                                                           (19%)

9°)       La réforme de l’armée et du service militaire                (10%)

10°)     Les privatisations                                                                    (4%)

            Sans opinion                                                                           (3%)

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• Sondage Le Parisien-CSA, (février 1997, 1008 personnes)

Qu’est-ce qui serait efficace pour lutter contre l’influence de l’extrême-droite ?

. Accorder plus d’attention aux préoccupations des citoyens : 82%

. Amélioration de la sécurité : 78%

. Lutte contre l’immigration clandestine : 78%

. Action contre la corruption : 76%

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• IFOP - Préfecture de Police (janvier 1998) sur les principaux problèmes qu’estiment rencontrer les parisiens (Notons qu’il s’agit de Paris, où la présence policière est très importante, et le plan Vigipirate, encore en partie en vigueur) :

1°) La pollution (atmosphérique et sonore)       : 62 %

2°) Le nombre des sans-abris                          : 60 %

3°) L’insécurité                                             : 44 %

Les missions de la police à renforcer :

1°) Lutte anticriminalité                               : 48 %

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• Figaro-Sofrès, mars 1998 (avant les élections régionales) : “parmi les thèmes suivants, quels sont ceux qui auront pour vous le plus d’importance au moment de voter ?”

. Ile-de-France :

 - chômage, 82%,

- violence urbaine, 67%;

. Provence-Alpes-Côte d’Azur :

- chômage, 80%,

- violence urbaine, 55%.

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• Février 1999 : un sondage Sofrès indique que la lutte contre la violence scolaire est une priorité pour 73% des français.

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• IPSOS et Conseil régional d’Ile de France : sondage (octobre 1999) sur “La qualité de la vie en Ile-de-France”. Quelles sont selon-vous les priorités sur lesquelles doit porter l’action régionale ?

. L’environnement et la qualité de la vie            : 66%

. Les transports publics                                : 63%

. La sécurité                                                  : 63%

. L’emploi                                                       : 40%

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• Sondage publié dans “Le Monde”(novembre 1999) sur “Les jeunes et la société” (500 jeunes de 15 à 24 ans). Selon vous, quels sont les problèmes les plus graves auxquels sont confrontés les jeunes aujourd’hui ? :

. Le chômage   : 76%

. La violence              : 60%

. La drogue                : 50%

 



[1] Sondage de novembre 1999 auprès d’un échantillon de 500 jeunes de 15 à 24 ans (Le Monde, 22/11/1999). Premier, la médecine (89% de confiance); derniers les partis politiques (9% confiance, 91%, pas confiance).

[2] Directeur du Centre d’études constitutionnelles et politiques de l’Université Panthéon-Assas - Paris II. Etude publiée dans Le Figaro, avril 2000.

[3] “Arrêtez d’emmerder les français”, Plon, 2000

[4] Voir “Virus of political correctness and concern for safety fuel rise in authoritarian laws - Land of the free stifled by fear” SCMP-The Guardian, 31/12/99.

[5] 9 tueries rien que dans des écoles aux Etats-Unis, entre octobre 97 et dec. 99. Plus largement, en 1999 : Fort Gibson, Oklahoma (école), Fort Worth, Texas (église), Tampa, Floride (hôtel), Littleton, Colorado (école), Los Angeles, Californie (jardin d’enfants), Pelham, Alabama (bureau), Atlanta, Géorgie (bureau), Conyers, Géorgie (école). Voir “Year of mass shootings leaves US stunned but no longer surprised”, International Herald Tribune, 4/1/2000.

[6] J’entends d’ici les usuels docteurs tant-mieux sussurer “Raufer dramatise”. Comme ce sont peu ou prou les mêmes (nous possédons nombre de documents édifiants à ce sujet) qui nous affirmèrent jadis qu’il n’y aurait jamais de terrorisme en France, jamais de bandes “à l’américaine” dans nos banlieues, et jamais d’attentats d’islamistes algériens chez nous, le risque est d’autant plus sérieux que le déni est fort.

[7] “La révolte des élites”, Climats 1996 (traduction française).

[8] Payot, 2000.

[9] Jean Sevillia “Le terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours”, Perrin, 2000.

[10] “A court of no appeal : how one obscure sentence upset the New York Times”, Renata Adler, Harper’s magazine, août 2000.

[11] “E. Lévy “Le réel ne passera pas”, Le Monde, 17/5/00.

[12] Alors qu’aux Etats-Unis, et même en pleine crise de “political correctness” on évoque couramment trois origines complémentaires à l’explosion criminelle des années 70 : a) l’évolution démographique, adjointe à l’urbanisation et la densification de la population dans certaines zones; b) le progrès économique, multipliant les opportunités criminelles; et enfin c) l’ “hétérogénéité sociale”, empilement de migrants d’origines trop diverses interdisant la constitution de communautés locales viables et provoquant par défaut, l’atomisation sociale et l’apparition de “jungles urbaines”. C’est dit en des termes bien contournés, mais c’est dit.

[13] Voir “La critique est Insee mais le SMIC est sacré,”, Libération, 3/8/00 et “L’Insee victime du politiquement correct”, Le Figaro 4/8/OO.

[14] Cette citation et la précédente, en exergue : Clément Rosset, entretien, Le Monde de l’Education, novembre 1999.

[15] Le moralisme est une perversion de la morale comme l’islamisme constitue un extrémisme pervers de l’islam; qui fait œuvre de moralisme est un moralisateur. Le moraliste, lui, étudie les mœurs sous l’angle philosophique ou théologique. Dénoncer le moralisme n’est pas prôner l’amoralisme ou l’immoralisme; c’est à l’inverse dénoncer une attitude aux conséquences toujours fâcheuses.

[16] La prohibition dura du 16 janvier 1920 (18ème amendement et “Volstead act”) au 5 décembre 1933 (21ème amendement).

[17] “The mafia encyclopedia”, 2nd edition, Checkmark books, New York, NY, 1999.

[18] “Les mauvaises consciences”, tribune libre du Figaro, 18/10/00.

[19] “Réflexions sur les vérités établies”, Le Figaro, 27/4/99.

[20] “Le temps de la soupe”, Roger-pol Droit, Le Monde, 15/1/1999.