Traduction non-officielle de la Conférence de M. Pino Arlacchi,

Secrétaire-Général adjoint et
Directeur Exécutif de l’Office des Nations Unies
pour le Contrôle des Drogues et la Prévention du Crime

Centre de Recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines
Université Panthéon-Assas (Paris II)
2 mars 2000

“L’Action des Nations Unies :
une réponse mondiale au crime organisé”

Bonsoir,

J’aimerais remercier M. Raufer de m’avoir invité à parler ce soir. Une citation de ses récents travaux sera un excellent point de départ. Dans son ouvrage récemment publié dans  la collection Que sais-je, coécrit avec Mme Quéré, le professeur Raufer a qualifié le crime organisé “d’affaire sérieuse”. Ne nous laissons pas tromper par la simplicité de ces mots. Le crime organisé est en effet un problème sérieux. C’est aussi une affaire de gros sous.

Des analystes essaient d’estimer le revenu annuel ou le chiffre d’affaires du crime organisé. J’hésiterais à utiliser un chiffre exact, mais on peut avancer sans danger qu’il est de l’ordre de plusieurs centaines de milliards de dollars américains. Il dépasse de loin le produit intérieur brut de la plupart des pays et rivalise avec celui de pays qui compte parmi les plus importantes puissances économiques. Aux coûts économiques du crime organisé, il faut ajouter ses coûts sociaux et politiques.
 
 
 
 
La plupart des observateurs sont d’accord sur le fait qu’aujourd’hui le crime organisé a un impact sur l’ensemble du monde. Ce qui n’est pas une surprise par ces temps de globalisation.  Les nouvelles technologies combinées avec l’ouverture des frontières ont créé pour la première fois quelque chose de proche d’une économie globale. Des fonds peuvent aujourd’hui être transférés de l’autre coté de la planète par simple pression de bouton. Les gens et les marchandises se déplacent plus vite et plus loin avec de moins en moins d’obstacles. Les moyens de communication permettent aux individus de rester en contact les uns avec les autres, quel que soit l’endroit où ils se trouvent.

 
 

Le crime organisé a suivi ce mouvement vers la globalisation. Il en a aussi bénéficié. Si certaines formes d’activités criminelles - comme le trafic de stupéfiants par exempleD ont toujours eu une dimension internationale, elles ont su profiter de la tendance actuelle qui tend à la globalisation. En Europe de l’ouestles contrôles frontaliers ont totalement disparu entre certains pays. Ailleurs dans le monde, les barrières tarifaires tombent aussi, et le besoin d’inspection des biens en transit diminue. L’interception des stupéfiants illégaux devient alors de plus en plus problématique.

D’autres formes de criminalité organisés internationales/transnationales en ont bénéficié bien plus encore. Je ne citerai que trois exemples. Le blanchiment des produits issus du trafic de stupéfiants et d’autres activités illégales a été grandement aidé par l’avènement de l’électronique dans le secteur bancaire. La corruption peut maintenant encore plus facilement faire sortir des quantités énormes d’argent d’un pays. Le trafic d’êtres humains est devenu une véritable industrie, prenant avantage de la perméabilité des frontières.

Les vieilles solutions applicables au crime organisé ne suffisent plus. La nature de la réponse à ces problèmes doit maintenant être globale. De nouveaux moyens doivent être trouvés afin d’augmenter les capacités des pays en voie de développement et de ceux en transition à participer à une nouvelle réponse globale.
 
 

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