Méthodologie et chiffrage

Selon Interpol, le trafic d’héroïne pratiqué d’Asie en Europe, via la Turquie et par le truchement de ressortissants turcs est tout à fait majeur : en 1994, Europe ouest et est confondues, 10,23 tonnes d’héroïne ont été saisies. Là-dessus, la filière turque représente 4, 72 tonnes :

. en Europe, 672 turcs sont interpellés, porteurs de 2, 55 t. d’héroïne,

. En Turquie même, 935 turcs sont arrêtés, porteurs de 2, 17 t. d’héroïne destinée à l’Europe.

Soit au total, 4, 72 t. d’héroïne sur un total de 10, 23 t., c’est à dire ± 46% de l’héroïne saisie dans les 45 nations d’Europe désormais adhérentes d’Interpol.

Pour 1995 : en Turquie, 1235 trafiquants arrêtés, porteurs de 3, 45 t. d’héroïne. Pour l’Europe, interpellation de 550 turcs, porteurs de 2, 35 t. d’héroïne.
Soit au total pour la filière turque, 5,8 t. d’héroïne saisies en 1995.

Europe occidentale 1995 : implication de turcs dans le trafic d’héroïne :
 
 

PAYS
Ressortissants turcs
Kilos d'héroïne saisis
Allemagne
341
628
France
40
41
Belgique
15
29
Pays-Bas
19
37
Grande-Bretagne
25
611
Espagne
19
160
Autriche
15
4
Italie
7
123
 
 

Pour ce qui est du trafic d'héroïne pratiqué par le PKK :
 

. Il se fait à partir de contacts, eux aussi "politico-criminels", entretenus par les séparatistes kurdes avec des clans chi'ites de la vallée libanaise de la Bekaa, ou avec des tribus insurgées du Baloutchistan (iranien ou pakistanais). Les éléments du PKK implantés en Iran jouant dans l'affaire un rôle central,

. Vers la Syrie et le Liban, ce trafic prend la forme d'un troc triangulaire, où des véhicules de luxe sont volés en Europe (surtout en Allemagne) et échangés au Proche-Orient contre de l'héroïne; elle-même changée en espèces ou en armes, selon les besoins. En juillet 1992, la police Allemande recueille ainsi les aveux de Nurettin SE..., qui décrit le fonctionnement d'un tel réseau, amenant d'autres arrestations aux Pays-Bas et en Turquie. Un trafic analogue impliquant le PKK se produit aussi aux confins de la Turquie, du Nakhitchevan (enclave azérie) et de l'Iran.

. En Turquie même - sans doute par prudence - le trafic de stupéfiants, la gestion de laboratoires de production d'héroïne ou le transport de produits "précurseurs" comme l'anhydride acétique, implique plus souvent les réseaux logistiques du PKK (planques, assistances aux blessés, approvisionnement, recueil de l' "impôt révolutionnaire", etc.) que les guérilleros directement engagés dans la lutte armée.

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