Introduction - violence politique et narcotrafic :
les "Yardies" jamaïquains, le PKK

Les organisations criminelles, mais possédant une dimension politique et idéologique, posent un problème ardu à nos systèmes judiciaires et répressifs. Jouant de la culpabilité occidentale, sensibilité humanitaire des opinions publiques, ou encore nostalgie tiers-mondiste d'une certaine intelligentsia, ces entités hybrides sont d'abord très difficiles à caractériser comme criminelles, accusation qu'elles nient bien sûr farouchement. Et plus délicates encore à combattre.

Complexe, le problème est aussi durable. Il est en effet sans exemple qu'un système quasi-parfait ne soit pas imité sur le champ - et largement. Cette recette de l'entité chauve-souris ("je suis oiseau, voyez mes ailes..."), la voici :
 

1°) S'implanter durablement - parfois de façon quasi-indéracinable - dans un ou plusieurs pays d'Europe ou d'Amérique du nord, en s'abritant parmi les émigrés de sa communauté d'origine;

2°) Pratiquer au grand jour une activité politique, sociale, communautaire - ou même artistique - de couverture, laquelle fournit en même temps l'axe de l'agit-prop en cas de répression. Policiers et magistrats sont alors taxés de "racisme", ou de complicité avec le pouvoir "fasciste" du pays d'origine:

3°) Se livrer clandestinement à des trafics de toute sorte : stupéfiants, migrants illégaux dans un sens, armes, munitions, explosifs dans l'autre.

Soyons en sûrs : une recette aussi efficace servira dans les années à venir.

Mais ces activités illégales, disent déjà les bonnes âmes, sont-elles si graves que cela ? Ces trafics clandestins ne sont au départ qu'accessoires, bien sûr. Un jour, il faut brutalement beaucoup d'argent pour financer la lutte de libération, ou l'autodéfense communautaire. Or rien au monde ne génère plus vite une fortune que le narcotrafic. La fin justifie donc les moyens. Et puis, l'organisation dispose de troupes rodées à la clandestinité, de sanctuaires, aussi. Alors...

Alors : une entité qui met le doigt dans l'engrenage de tels trafics finit irrémédiablement par y être happée toute entière - quelle que soit la noblesse de son idéal d'origine, le désintéressement de ses adhérents. Armée, guérilla, groupe terroriste, secte : pas d'exception - cette voie, vraiment, est à sens unique. Songeons aux Forces armées révolutionnaires de Colombie, les FARC, jadis branche militaire du très orthodoxe parti communiste colombien (à l'époque Brejnevien) aujourd'hui si mouillées dans la production et le trafic de cocaïne que la presse de Bogota les a surnommées le "troisième cartel"...

Mais ces liens entre violence "politique" et narcotrafic sont tout sauf univoques. Plusieurs configurations existent, tenant d'abord à l'histoire des entités hybrides elles-mêmes, mais aussi à la géographie de la zone qui les a vues naître. Nous présentons ici deux de ces organisations mutantes.

• Les gangs jamaïquains, mal connus en Europe continentale. Hors de Grande-Bretagne, nul ne les croit aujourd'hui implantés en Europe. Or nous verrons plus bas que, dès 1980, les posses ont pu former plusieurs véritables armées de 1000 soldats et cadres aux Etats-Unis. Ces gangs, il fallut cinq ans pour en détecter la présence, dans un pays qui possède depuis cinquante ans une police fédérale - contrairement à l'Union Européenne. Ils avaient entre temps commis 1500 meurtres.

• Nous revenons aussi sur le Parti des Travailleurs du Kurdistan, PKK, en raison de la position inextricable dans laquelle cette "guérilla dégénérée" a mis le plus grand pays d'Europe. Il nous a semblé qu'il y avait là un contre - exemple allemand à méditer. Et une recette, pour le coup, à ne pas suivre :

- Ignorez le problème aussi longtemps que vous pouvez.

- Bercez vous plus longtemps encore de l'idée que le PKK n'est qu'une sorte de social-démocratie kurde - certes un peu turbulente.

- Laissez-vous inonder d'héroïne en refusant de voir le lien militantisme-narcotrafic. Même quand les preuves sont aveuglantes. Même quand l’homme impliqué dans le trafic de plus de cent kilos d'héroine est le propre frère de celui qui dirige la guérilla dans les montagnes du sud-est anatolien  (voir ci-après, clan SAKIK)   .

- Abdallah Ocalan vous menace de ses commandos-suicide, après avoir juré de massacrer vos touristes s'ils osent aller en Turquie ? Gémissez que ces propos sont "inadmissibles".

- Laissez enfin ses "soldats" paralyser vos autoroutes - et incendier cent fois plus de commerces turcs qu'aucun skinhead allemand n'a jamais rêvé de le faire.

Enfin réveillez-vous un beau matin pour constater qu'un de vos dossiers politiques les plus délicats - les rapports Allemagne-Turquie - est l'otage d'une secte maoiste, dirigée par un paranoïaque grave. Avez-vous lu les derniers discours d'Ocalan ? Il y révèle que le chancelier Kohl est un agent stipendié des services spéciaux turcs. Et que président turc Turgut Ozal (décédé d'une crise cardiaque en avril 1993), ainsi que le premier ministre suédois Olof Palme (tombé sous les balles d'un inconnu dans une rue de Stockholm en février 1986) ont tous les deux été assassinés par des agents secrets turcs. Le monstrueux complot visant bien sûr à discréditer le PKK... (voir ci-après, extraits de ces discours délirants)

Présenter de façon détaillée ces entités permettra, pensons nous, d'accélérer la prise de conscience des européens sur leur très réelle nocivité.

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