La Turquie et l'islamisme

En Turquie même, le péril islamiste est bel et bien présent : le Refah Partisi, parti de la prospérité, qui incarne le refus de la modernité, le repli sur soi des couches les plus fragiles de la population, a été le grand vainqueur des élections municipales de mars 1994, remportant la mégapole d'Istanbul et 26 autres grandes villes du pays. Mais comment s'étonner des angoisses du peuple turc, qui vit au carrefour de trois mondes, fait donc face tout à la fois aux défis qu'affrontent l'Europe, l'ex-bloc de l'Est et le Proche-orient ?

Dès le dégel du Bloc de l’Est, les autorités turques ont activé une Fondation des Affaires Religieuses, aujourd’hui dotée de bureaux en Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan et même dans la Fédération de Russie, et de plus de cent permanents qui prônent un islam moderne et modéré. Mais, réunies à Ankara à la fin d’octobre 1995, les autorités religieuses tadjikes, kirghizes et azéries dénoncent la présence, chez eux, de partis islamistes très actifs. Et de fait, pour les analystes officiels russes, l'ensemble Asie centrale-Caucase - la Zone des Tempêtes - est en passe de devenir le foyer islamiste le plus brûlant du monde. Déjà, deux jihad y font rage, au Tadjikistan et en Tchetchénie.
 

 retour | suite