Les “Macédoniens” - bien réveillés - vivent ce
cauchemar-là depuis un siècle. Et aujourd’hui encore, c’est
dans l’ex-République socialiste yougoslave de Macédoine que
la situation est la plus explosive de tous les Balkans, alors même
qu’aucun coup de fusil n’y a été tiré. C’est que,
contrairement aux guerres civiles ouvertes ou larvées qui opposent,
ou ont opposé, les Serbes aux Slovènes, aux Croates, ou aux
Bosniaques, la “question macédonienne” déborde largement
les limites de l’ex-RSFY. En effet, elle implique directement la Bulgarie
et la Grèce; immédiatement après, des puissances régionales
comme la “troisième Yougoslavie” et la Turquie ; enfin, la CEE,
la Russie et les Etats-Unis, protecteurs tutélaires de l’un ou l’autre
des pays de cette séculaire “ligne de front”.
Pour la plupart des géographes -sauf les grecs, comme on le
verra plus bas- la Macédoine historique est une aire géographique
de - 67 000 km2, délimitée au nord par les massifs montagneux
de Skopsa Tcherna Gora et de Char Planina ; au sud par la mer Egée,
où se jette le Vardar à la hauteur de Salonique, puis par
le mont Olympe et la chaîne du Pinde ; à l’ouest par les lacs
d’Ohrid et de Prespa.
Si l’espace géographique macédonien est pauvre en ressources naturelles, il est stratégiquement précieux : il contrle toutes les grandes voies de communication entre le bassin du Danube, l’Adriatique et la mer Egée. Cet espace est aujourd’hui divisé en trois :
La Macédoine ex-yougoslave, capitale Skopje, d’une superficie de - 25 720 km2 (- 38,5% de la Macédoine historique) ; appelée la Macédoine-Vardar ;
La Macédoine grecque, - 34 600 km2, (- 51% de la Macédoine historique), Macédoine-Egée ;
La Macédoine bulgare, - 6 790 km2 (- 10,5% de la Macédoine
historique), Macédoine-Pirin; essentiellement la vallée de
la Struma.