HISTOIRE ET ACTUALITE DU TERRORISME CROATE

  Ante Pavelitch et la création de l’Oustacha

Ante Pavelitch naît dans une famille croate le 14 juillet 1889, à Ivan Planina, à la limite de la Bosnie et de l’Herzégovine (alors provinces de l’Empire Austro-hongrois, comme la Croatie et la Slovénie). Elève des jésuites, il est affaibli durant son adolescence par une tuberculose; bachelier en 1910 à Zagreb, il commence à militer pour une formation nationaliste, le Parti croate du Droit, HSP. En 1915, il obtient son doctorat de droit à l’Université François-Joseph de Zagreb. En 1918, il ouvre un cabinet d’avocat à Zagreb et, la même année, il est élu secrétaire du HSP; il en devient le vice-président en 1919. Peu après, il épouse une jeune fille de la bonne société juive viennoise. Le 1er mars de la même année, ce jeune avocat de 30 ans, déjà en vue, est l’un des signataires d’un manifeste pour une Croatie indépendante. Il anime en outre les “Sokols”, des “sociétés de gymnastique”, en réalité de discrètes associations patriotiques croates qui deviendront plus tard para-militaires et clandestines.

Pavelitch est élu en décembre 1921 au parlement régional croate, puis, en septembre 1927, député de Zagreb à l’assemblée nationale yougoslave. A l’ouverture de la session parlementaire du 28
octobre 1927, il déclare sans ambages : “Le peuple croate n’a pas voulu cet Etat qui ne correspond ni à son passé, ni à ses besoins présents... La participation du Bloc Croate aux travaux de cette assemblée ne signifie pas que nous reconnaissions cet Etat factice, ni que nous l’approuvions. Au contraire, le Bloc Croate usera de tous les moyens légaux pour que soit modifié le statut du peuple croate, en vue de l’établissement d’un Etat croate indépendant”. En tant qu’avocat, il assure à la fin de 1927 la défense de terroristes macédoniens devant les tribunaux de Skopje.

L’année 1928 voit Pavelitch et ses amis basculer dans la violence : le 20 juin, en plein hémicycle, un député radical monténégrin tire sur ses collègues Croates de l’assemblée nationale : Pavle Raditch et Djuro Basaricek sont tués sur le coup; Stjepan Raditch, personnalité politique de première importance et fondateur avec son frère Pavle du Parti paysan Croate, décède le 8 août suivant. A Belgrade, il se dit très vite que les meurtres ont été commandités par la Main Blanche dont le chef d'alors, le général Givkovitch, est très lié à la dynastie Karageorgévitch. Le 6 janvier 1929, la crise s’aggravant, la constitution de 1921 est abrogée; le parlement et les partis sont dissous : la “dictature royale” commence; en octobre suivant, le pays est rebaptisé “Royaume de Yougoslavie” (Jugoslavija).

Le 7 janvier 1929, l’ ”Oustacha” - Ustasa Hrvatska Revolucionarna Organizacija, Organisation des insurgés révolutionnaires croates - est fondée par Ante Pavelitch et ses amis. Le 17 du même mois, Pavelitch gagne Vienne où il retrouve le colonel Percevitch qui anime depuis 1926 un mouvement nationaliste croate en exil. Depuis Vienne, il structure son mouvement, le dote d’un état-major et divise ses troupes -encore maigres- en unités territoriales, puis en cellules secrètes. Simultanément, Pavelitch voyage beaucoup : en avril 1929, à Sofia, il s’entend avec “Vantché” (le petit Ivan) Mikha´loff, alors chef de l'ORIM. Dès lors, l’Oustacha bénéficie d’un transfert de la technologie des “Comitadjis” macédoniens, qui mettent leurs “experts” à sa disposition, comme on le verra lors de l’assassinat à Marseille du roi Alexandre Ier. Pavelitch se rend aussi en Hongrie, en Allemagne et en Italie et se rapproche petit à petit des régimes autoritaires ou fascistes. L'aide de ceux-ci lui permet d’intensifier la propagande de l’Oustacha dans toute l’Europe; d’implanter des réseaux plus loin encore, aux Etats-Unis, en Argentine, par exemple. Des contacts fructueux entre Pavelitch, le régent Horthy et le comte Ciano débouchent sur l’ouverture de camps d’entraînement oustachis en Italie et en Hongrie. En Croatie même, la lutte armée commence au début des années 30 : sabotages, attentats, et, en retour, une répression impitoyable menée par la gendarmerie serbe. En 1932, l’Oustacha, qui compte alors quelques centaines de combattants, peut animer une guérilla rurale prolongée dans la province de Lika. L’organisation se “fascise” de plus en plus; Pavelitch devient le “Polgravnik”, le “guide”. Favorables à tous ceux qui contestent l’ordre de Versailles, les nazis autorisent, en 1933, l’Oustacha à ouvrir un bureau à Berlin.

Décembre 1933 : à Zagreb, premier attentat contre Alexandre Ier. Echec : deux Oustachis sont capturés et pendus. Mais le 9 octobre 1934, à Marseille, Pavelitch et ses “conseillers” macédoniens arrivent à leurs fins. Ce jour là, Alexandre Ier de Yougoslavie rend à la France la visite que Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, a faite à Belgrade en août précédent. Dans une voiture découverte, Alexandre et Barthou saluent la foule, qui réserve un accueil chaleureux à l’allié serbe de la première guerre mondiale. Un homme saute soudain sur le marchepied de la Delage officielle et vide son barillet sur le roi, qui est tué net. Dans la panique, Barthou est touché au bras droit par une balle perdue de la police (1)  et meurt d’une hémorragie qui aurait fort bien pu être contenue. Le terroriste, blessé d’un revers de sabre d’un officier à cheval, est lynché par la foule et agonise plusieurs heures dans un commissariat de Marseille. Il finit par y  mourir sans avoir reçu de soins. Qui est-il ? “Petr Kelemen” alias “le loup du Vardar” se nomme-t-il Vlada Georgijev-Tchernozemski ? Ou Velitchko Georgijev-Kerin ? Il semble qu’il soit né à Kamenica, en Macédoine bulgare, en mars 1897. On ne sait pas grand chose de plus sur lui.

Au-delà du tueur, une enquête franco-serbe est déclen-chée à l’échelle européenne. Elle permet d’apprendre que l’attentat a été préparé et planifié par Eugen “Dido” Kvaternik, un proche d’Ante Pavelitch (2) , aidé de “conseil-lers” macédoniens, au camp oustachi de Janka Pusta, non loin de la ville hongroise de Nagykanisza. Le retentissement de l’attentat en Europe est immense : partout, les Oustachis se terrent; les Hongrois ferment Janka Pusta; le soutien de Hitler et Mussolini se fait plus discret. Ce dernier fait même arrêter Pavelitch à Turin (où il réside désormais le plus souvent); surtout pour le soustraire à la justice française. Déjà condamné à mort en Yougoslavie en 1929, Pavelitch y écope de sa seconde peine capitale -par contumace- en février 1936. Par la suite, les Oustachis abandonnent peu à peu le terrorisme international et se contentent de mener une guérilla sporadique en Croatie.

  Les Oustachis durant la seconde guerre mondiale

Le 6 avril 1941, l’aviation nazie lance un raid massif sur Belgrade, prélude à une attaque terrestre de grande ampleur. Le 10, la Wehrmacht entre à Zagreb; deux jours auparavant, les milices oustachies, concentrées aux frontières de l'Autriche et de l'Italie, sont rentrées en Yougoslavie. Elles prennent alors le pouvoir. Le 16 avril, les Oustachis déclarent indépendante une “Grande Croatie” agrandie de la Bosnie-Herzégovine ; elle compte au total - 6,5 millions d’habitants (dont 50% de Croates catholiques(3)).

En Yougoslavie, la Seconde Guerre mondiale est plus atroce encore qu’ailleurs en Europe, si possible. Le pays comptait en 1940 - 15 millions d’habitants : 1,7 million de ceux-ci vont mourir; un quart dans la guerre avec le IIIème Reich, tous les autres au cours d’une guerre civile abomi-nable. Exactions, tortures, massacres de civils - femmes et enfants compris - destruction de villages entiers par l’incendie et le pillage, représailles aveugles : tel est le lot quotidien des Yougoslaves durant quatre ans ; nombre de ces horreurs ont pour théâtre la Croatie oustachie d’Ante Pavelitch(4).

Pavelitch, engagé dans l’Axe avec les Etats fasciste et nazi, participe également à la “Croisade européenne contre le bolchevisme”; les unités croates envoyées à l’Est sont pour la plupart anéanties à Stalingrad. L’Allemagne nazie défaite, les Partisans de Tito se livrent à leur tour à une orgie de massacres, assassinant sans distinction des dizaines de milliers d’Oustachis et de Croates non “collabos”. Ante Pavelitch s’enfuit en Autriche en mai 1945.

  Les Oustachis depuis 1945 : écrasement et renaissance

Après la capitulation du IIIème Reich, Ante Pavelitch quitte l’Europe et se réfugie en Argentine, où existe une importante communauté croate; le droit d’asile lui est accordé par Peron. Mais celui-ci démissionne et le climat devient malsain pour le “Polgravnik”: en avril 1957, il est blessé dans un attentat fomenté par la police secrète de Tito, l’UDBA. Peu après, Pavelitch se réfugie en Espagne où, il peut compter sur la solidarité d’un autre dictateur catholique, le général Franco. Il y meurt de sa belle mort en décembre 1959, à l’âge de 70 ans.

En 1956, las de voir l’émigration croate se déchirer, Ante Pavelitch crée le “Mouvement de libération croate” (HOP) qui se réclame plus ou moins ouvertement de l’héritage oustachi. Après sa mort, le HOP est dirigé jusqu’en 1973 par le Dr. Stjepan Hefer; puis jusqu’en 1981 par le Dr. Ante Bonifacitch. Depuis, c’est le Dr. Srecko Psenichnik, gendre d’Ante Pavelitch, qui assure la présidence du mouvement.

C'est en 1971 que l'espoir renaît pour l'émigration nationaliste croate : en novembre -retombée probable des événements des années 68-89 en Europe- les étudiants croates se mettent en grève et lancent un mouvement d’agitation. Un mois plus tard, Tito destitue les cadres dirigeants de la république socialiste de Croatie, et du parti communiste local. La purge touche plus de 30 000 personnes, limogées ou incarcérées, pour “nationalisme bourgeois”, “espionnage” ou “activités contre-révolutionnaires”.

Au même moment, tous les nationalistes croates rêvant de libérer leur patrie se passionnent pour l’usage public et médiatique que font les Palestiniens de la violence politique, qu’on l’appelle “lutte armée”, “guérilla urbaine”, ou “terrorisme”. Malgré les scissions(5), malgré les coups que leur porte la police secrète de Tito(6), la décennie 70 sera celle du retour des activistes croates à l’action violente et spectaculaire. En Yougoslavie même, où les groupes post-oustachis lancent une campagne de bombes dans les trains et les cinémas - attentats dont les échos, étouffés par le régime de Belgrade, parviendront rarement jusqu’aux médias occidentaux -  mais surtout à l’étranger.

  1971-1981 : la vague de terrorisme néo-oustachi

La vague de terreur des durs de l’émigration croate ne débute pas net en 1971. Déjà en 1962, un commando de 25 néo-oustachis dirigés par Josep Stepan Bilandzic, l’un de leurs principaux responsables en Allemagne fédérale, a pris d’assaut la mission commerciale yougoslave à Bad-Godesberg. Et en 1969, un diplomate yougoslave a été grièvement blessé par balles à Berlin-ouest.

Avril 1971 : un commando de jeunes émigrés croates prend d’assaut l’ambassade de Yougoslavie à Stockholm (Suède) et assassine l’ambassadeur, Vladimir Rolovic. Miroslav Barecik et Andjelko Brajkovic sont arrêtés et, peu après, condamnés à perpétuité pour meurtre. En septembre de la même année, un Croate se rend maître d’un avion de ligne de la compagnie scandinave SAS avec 86 passagers à bord et exige la libération des militants croates détenus en Suède. 7 de ceux-ci sont libérés en échange des passagers et l’avion se rend en Espagne; là les huit guérilleros sont condamnés à une peine de prison symbolique, puis expulsés vers le Paraguay.

1972 : en janvier, une bombe, vraisemblablement oustachie, détruit en vol un avion des lignes aériennes yougoslaves, JAT, au-dessus de la Tchécoslovaquie, 27 morts. L’émigration radicale tente d’implanter un maquis en Croatie. Venus d'Autriche, 19 guérilleros pénètrent clandestinement en Yougoslavie et tentent de s’implanter dans les montagnes de Bosnie. Peu après, ils sont capturés par l’armée fédérale qui en tue 15 au cours de l’opération; 4 sont capturés dont trois, ultérieurement fusillés. En juin, le consul général de Yougoslavie est tué dans un attentat. En décembre, un terroriste croate se tue dans les toilettes d’un café de la rue de la Faisanderie à Paris XVIème, alors qu’il amorçait une bombe destinée à l’ambassade yougoslave, toute proche.

1975 : en mars, le vice-consul de Yougoslavie à Lyon est grièvement blessé lors d’un attentat revendiqué par des néo-oustachis : deux guérilleros tirent six balles sur Mladen Djogovic, sans doute membre des services spéciaux de Belgrade. En septembre, une bombe explose dans une banque de Zagreb et y provoque des dégâts matériels graves. En décembre, Zlavko Urbanic, 46 ans et Zvonko Dzapo, 49 ans, arrêtés en possession d’armes et d’explosifs, sont condamnés respectivement à 5 et 15 ans de prison pour “activités terroristes” par un tribunal de Zagreb.

1976 : en février, Edvin Zdovic, vice-consul “chargé de la sécurité” au Consulat yougoslave de Francfort, Allemagne fédérale, est assassiné de cinq balles à la porte de son domicile, dans la banlieue de la ville.

En septembre, un commando de cinq néo-oustachis, dont une femme(7), s’empare d’un Boeing 727 de la TWA assurant un vol New York-Chicago et exige la publication par la presse américaine d’un communiqué exigeant “le droit à l’autodétermination et à l’indépendance pour la nation croate”(8)  . Il y a 92 personnes à bord. Polis et courtois tout au long du détournement, les terroristes n’en sont pas moins dangereux : pour prouver leur détermination, ils ont déposé une bombe dans un casier de consigne de la gare centrale de New York ; un policier est tué en la désamorçant. L’avion détourné fait une première escale à Montréal. Là, les pirates de l’air exigent que des tracts semblables à leur communiqué soient largués par hélicoptère au dessus de New-York, Chicago et Montréal, ce qui est fait. Autre escale à Gander, Terre-neuve, où trente otages sont libérés. Autre escale à Keflavik, Islande, où le commando exige un Boeing 707 pour traverser l’Atlantique nord. L’appareil vole vers l'Angleterre, survole Londres en rase-mottes et largue ses tracts. Même scénario au-dessus de Paris, peu après. L’avion finit par se poser à Roissy, trente heures après le début de l’odyssée. Là, un commando crève les pneus de l’avion. Les pirates se rendent, libèrent les 49 derniers otages et avouent que les bombes exhibées durant le vol étaient en pâte à modeler... renvoyés à New York dès le lendemain, ils sont immédiatement interpellés par le FBI.

1977 : en juin, un commando d’émigrés croates occupe durant plusieurs heures le siège de la mission yougoslave à l’ONU, et abattent le garde yougoslave. Les trois hommes finissent par se rendre après avoir libéré leur seul otage.

1978 : en mai, la police yougoslave arrête quatre militants de la fraction armée rouge, RAF, à Zagreb. Il s’agit de Brigitte Mohnhaupt, Sieglinde Hofmann, Peter J³rgen Bock et Rolf-Clemens Wagner, recherchés pour l’enlèvement et l’assassinat de Hans-Martin Schleyer en octobre 1977.
Les autorités de Belgrade déclarent qu’elles sont prêtes à livrer les quatre terroristes à la RFA en échange de 8 activistes néo-oustachis, dont Josep Stepan Bilandzic, chef de la “Résistance populaire croate”(9). D’ordinaire plutôt discrète, la communauté émigrée croate en RFA se mobilise autour de la quinzaine de groupes nationalistes actifs dans le pays(10). En août, des “Combattants de la liberté croates” posent deux bombes -désamorçées à temps- l’une à la gare centrale de New York, l’autre aux Nations Unies. Ce même mois, deux néo-oustachis occupent pendant dix heures le consulat de Yougoslavie à Chicago et y prennent 8 otages. Ils menacent de “faire tout sauter” si Bilandzic est livré à Belgrade. Rassurés au téléphone par Bilandzic lui-même, les activistes se rendent à la police.

En novembre, comprenant que Bilandzic et ses camarades ne leur seront pas livrés, le gouvernement yougoslave libère les quatre terroristes allemands, qui disparaissent.

En 1978 toujours, un camp nationaliste croate est découvert en septembre, en Australie(11), dans un secteur montagneux et désert, à 400km au sud de Sydney. Une vingtaine de militants en uniforme y manipulent des armes automatiques, des munitions, des explosifs, etc. Selon la police australienne, c’est le troisième camp de ce type découvert en trois ans. Ce même mois, Anton Cikoja, un homme d’affaires croato-américain, favorable au régime de Tito, est assassiné devant sa maison dans un faubourg chic de New-York. Motif : refus de payer l’ ”impôt révolutionnaire”. En novembre, cinq jeunes activistes croates, membres du groupe de Bruno Busic, sont condamnés à Zagreb à des peines de 1 à 5 ans de prison. Le même mois, un terroriste néo-oustachi se tue à Marseille en manipulant une bombe. Les trois derniers étages de l’hôtel où il réside sont soufflés.
1979 : en décembre, attentat à l’explosif dans le quartier de Queens, à New York, visant une agence de voyages yougoslave; dégâts sérieux. Revendication : les “Combattants de la liberté croate”.

1980 : 7 néo-oustachis sont arrêtés en Yougoslavie, avec un arsenal complet; ils s’apprêtaient à commettre une campagne d’attentats contre des bâtiments publics, des banques, etc. Jugés en juin, ils sont condamnés à des peines de 5 à 15 ans de prison. En mars, un attentat à la bombe provoque des dégâts graves à la “Jugobanka” de Manhattan, New York. Signature : les “Combattants de la liberté croate”. En avril, Dusan Sedlar, l’un des dirigeants de l’émigration serbe en Allemagne, est assassiné à Dusseldorf. La police incrimine les néo-oustachis; pas d’arrestations. En décembre, cinq néo-oustachis sont arrêtés dans la banlieue de New York et inculpés d’association de malfaiteurs en vue de commettre des attentats terroristes.

1981 : en Australie, six néo-oustachis de nationalité australienne sont condamnés à 15 ans de prison pour avoir préparé une vague d’attentats contre des agences de voyages yougoslaves et un club d’émigrés pro-titistes.

Depuis, à part l’incident de juin 1992 à Milan(12), impliquant trois jeunes croates, l’activisme terroriste international des néo-oustachis a cessé.

(1) La balle qui a sectionné l’artère humérale de Louis Barthou, un projectile blindé de calibre 8mm/92, celui des forces de l’ordre françaises, ne correspond à aucun des deux revolvers du terroriste. Un rapport d’enquête sur l’affaire, remis au gouvernement le 9 octobre 1935, restera secret jusqu’en 1974.
(2) Et futur dignitaire de l’Etat croate oustachi créé en 1941.
(3) Mais, dans l'idéologie des Oustachis, les Musulmans bosniaques sont “les plus purs des Croates” qu’il convient de faire revenir, par le baptème, dans la religion catholique.; les Serbes nationalistes, eux, considèrent les mêmes malheureux Bosniaques comme des traitres s’étant convertis à l’Islam pour conserver leurs terres sous le joug ottoman.
(4) Notamment, l’extermination de centaines de milliers de Serbes de la Krajina, ainsi que de nombreux Juifs et Gitans, dans le camp oustachi de Josenovac, entre 1941 et 1944.
(5) A côté du HOP, le Front National Croate, plus modéré, est fondé en 1974 à Toronto, Canada. Il se transforme peu après en Conseil National Croate (Hrvatsko Narodno Vijece, HNV) et transfère son siège aux Etats-Unis. Le conseil, de tendance légaliste, comprend un parlement en exil, un comité exécutif, un comité de contrôle et un jury d’honneur. La plupart des tendances libérales de l’émigration y sont présentes. En Europe, le Conseil est représenté par le Comité national croate qui a son siège à Munich. Mais de multiples scissions affectent ces deux grandes organisations de l’émigration : Front socialiste croate, Fraternité révolutionnaire croate, Union des travailleurs croate, Parti présidentiel croate, Union fédéraliste croate, etc. Au total, dans les années 70, il y a ¦ 3 millions d’émigrés croates dans le monde.
(6) Au cours de la décennie 70, l’UDBA assassine une quarantaine de chefs “oustachis” de par le monde; en Europe (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Suède, Suisse) et au-delà (Afrique du Sud, Argentine, Australie, Etats-Unis).
(7) Il s’agit de Zvonko Busic, 30 ans, de son épouse (américaine non croate), Julienne, 27 ans; de Petar Matovic, 31 ans, tous trois de New-York; de Frane Pesut, 25 ans, de Fairview, New-jersey; et de Mark Vlasic, 29 ans de Stamford, Connecticut. Tous sont de nationalité américaine. Ils sont condamnés à de lourdes peines en 1977; les trois premiers, à la réclusion à vie. L’auteur du texte publié dans les journaux américains est Bruno Busic, frère de Zvonko, assassiné par l’UDBA en octobre 1978 à Paris.
(8) Signé du “Quartier général des forces nationales pour la libération de la Croatie”, le texte est publié par le Chicago Tribune, l’International Herald tribune, le Los Angeles Times, le New York Times et le Washington Post.
(9) Petit groupe très virulent, qui compte une vingtaine de militants; il a été dissous en RFA en juillet 1976; depuis cette date, Bilandzic est détenu à Cologne.
(10) Il y a à l’époque un peu moins de 400.000 émigrés yougoslaves en RFA, en majorité croates; ensemble, les groupes nationalistes croates représentent entre 12 et 15 000 militants et sympathisants actifs.
(11) Il y a eu depuis 1963 une quinzaine d’attentats anti-Titistes dans ce pays, où  les nationalistes croates possèdent une “ambassade” officieuse.
(12) Voir p. 7

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