La création du PKK est un effet pervers de la vague de maoïsme
qui a balayé la jeunesse estudiantine de Turquie, au même
titre que ses homologues du reste de l'Europe, dans la seconde moitié
des années 60. (voir T&VP N°3, oct. 1991, "Dev. Sol, etc.
l'incroyable puzzle du communisme-combattant turc"(1). Les jeunes révolutionnaires
qui souhaitent combattre sur une "base de classe" se partagent des les
années 70 entre des Organisations communistes combattantes comme
la "Gauche révolutionnaire" -Dev. Sol et ceux qui,
même S'ils sont marxistes-léninistes, mettent en avant
la revendication nationale Kurde et vont fonder le PKK -Parti-ye Karkaran
i Kurdistan- le Parti des Travailleurs du Kurdistan. Méthodes sanglantes,
mélange explosif de léninisme grossier et de nationalisme
exalte, culte du leader : il y a plus qu'une ressemblance superficielle
entre le Sentier Lumineux du Camarade Gonzalo Abimaël Guzman et le
PKK.
A sa tête Abdallah Ocalan "Apo", aujourd'hui âgé
de 46 ans, ancien de Dev. Genc et de l'ALPT. Son objectif ? Créer
un équivalent kurde de ces mouvements, d'un marxisme-léninisme
tout aussi rigide, puis fonder un Etat Kurde, marxiste-léniniste,
indépendant, en Turquie mais aussi en Irak, en Iran, en Syrie. L'URSS
existant, la partie du Kurdistan sous contrôle soviétique
a toujours été passée par perte et profit par le PKK...
Les militants du PKK (hors émigration) sont le plus souvent
jeunes (18/25 ans) peu ou pas éduqués : bergers, ouvriers,
travailleurs agricoles, chômeurs. "Recrutés" souvent de gré,
parfois de force, ces jeunes sont emmenés au Liban, via la Syrie,
et formés à la guérilla et à la doctrine du
PKK dans les camps du Parti, notamment la célèbre "Académie
militaire Mahsum Korkmaz" sise à Helwé, dans la vallée
de la Bekaa.
En amont, le PKK s'est doté en 1985 d'un Front de Libération
Nationale en bonne et due forme (Eniya Ruzgariya Netwa Kurdistan / ERNK);
également présidé par A. Ocalan, il regroupe, au-delà
du PKK, des associations affiliées, en Europe, en Iran et en Syrie.
Sa base principale est à Athènes, où réside
son porte-parole Mehmet Silopi. L'ERNK n'a pas vraiment mordu sur la clientèle
des autres mouvements Kurdes. En aval du Parti, pour la conduite de la
lutte armée, se trouve l' "Armée Populaire de Libération
-On ressent l'influence maoïste- du Kurdistan", ARGK.
(1) La plupart des grands leaders des OCC turques
des années 70 sont d'ailleurs kurdes eux mêmes : Deniz
Gezmis du THKP-C, Mahir Cayan du THKO, Ibrahim Kaypakkaya de
TKP-ML/TIKKO, par exemple.
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