Le Parti des Travailleurs du Kurdistan, PKK
 
Une minorité dans La minorité : les Alaouites kurdes (1)
 
Etre Kurde, ou encore faire partie de la minorité alévie, n'est pas très gratifiant en Turquie; mais se trouver à la fois alévi et kurde, c'est-à-dire minoritaire dans une minorité [les kurdes de Turquie sont à ± 85% sunnites chaféites; les turcs sunnites sont, eux, sunnites hanafites] est, semble-t-il, un sort plutôt funeste.
 
En Turquie, le qualificatif d'"alévi" est flou : si l'on inclut dans cette minorité les Ordres soufis frottés de chi'isme, on atteint les 18 millions de fidèles; si l'on s'en tient aux alaouites purs(2), on dépasse un peu les trois millions. Là-dessus, deux millions sont turcs ou turkmènes et un million, à peu près, kurdes. Ces Kurdes alévi, fortement métissés d'Arméniens, parlent un dialecte turco-kurde distinct, le Zaza.
 
Au XVIème siècle, avant que l'Empire ottoman ne conquière l'Anatolie orientale, des tribus turkmènes et kurdes alaouites, les "Kizilbash" (têtes rouges, en raison de leurs coiffure : des turbans rouges comportant douze plis, symbolisant les douze imam) jouaient pour l'empire perse Safavide chi'ite, le rôle de légion étrangère. Annexés à l'empire ottoman après quelques massacres, les "têtes rouges" ont toujours été soupçonnées par les turcs d'être une cinquième colonne chi'ite. Ils vivent le plus souvent dans les montagnes inhospitalières de la région de Tunceli ou dans les plaines marécageuses de celle de Kahramanmaras. Depuis les années 60, ils s'entassent par dizaines de milliers dans les bindovilles des grandes villes d'Anatolie. C'est chez les jeunes de cette communauté rejetée que le PKK trouve ses partisans les plus décidés.
 
(1)  A lire, sur ce sujet très mal connu :  "The Kurds, a nation denied" David  Mc Dowall; ed. Minority rights group,  Londres, GB, 1992, 150 p. index, cartes, bibliographie, glossaire. Sur les  alaouites et alevis, lire : "Notes &  Etudes" N°6, août 1988, "Les liens  entre la Syrie de Hafez al-Assad et  l'Iran islamique : la dimension  occultée"; Atlas mondial de l'Islam  activiste, "Syrie", p.194-198; "Terrorisme & Violence politique" N° 3, octobre 1991, dans le dossier  consacré à Dev. Sol etc. : "Apparances communistes-combattantes, réalités religieuses" p. 46-47.
(2)  Les alévis kurdes sont, comme leurs homologues syriens, les Nusaïri, très éloignés de l'Islam orthodoxe; leur foi est un synchrétisme de chi'isme, de mazdéisme perse, de christianisme primitif et de chamanisme d'Asie centrale.
 
 
 
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