ASALA, PKK... : Saddam Hussein recrute 

Plus les injonctions des Nations-Unies se font pressantes, plus les armées coalisées se font menaçantes, plus les manoeuvres indirectes destinées à entraîner sa chute se précipitent et plus Saddam Hussein se voit contraint de riposter et de préparer sa vengeance. L'écrasement de son armée, la menace que font peser sur lui les forces de la coalition lui laissent comme seule arme celle du terrorisme : et de fait, depuis l'été 1991, les services spéciaux irakiens ont recruté et encadré -tout ou partie- d'au moins deux organisations particulièrement dangereuses, le Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK et l'Armée Secrète Arménienne pour la Libération de l'Arménie, Asala. Elles sont, d'ailleurs, déjà passées à l'acte en frappant leur cible la plus immédiate, la Turquie.

Le 20 décembre, l'ambassadeur turc en Hongrie n'a échappé à la mort -six balles de gros calibres tirées de près-que grâce à sa voiture blindée. Un acte revendiqué -depuis Paris- par l'Asala.Ce groupe, né dans la communauté arménienne du Liban, s'est rendu tristement célèbre en commettant, entre 1975 et 1984, 22 meurtres et 130 attentats, dont 35 en France (voir plus bas, la chronologie de l'ASALA). C'est l'un des plus graves de ceux-ci, le massacre de l'aéroport d'Orly (9 morts, 56 blessés en juillet 1983) qui va perdre l'Asala, totalement démantelée en moins de six mois par la DST. Depuis, elle conservait une base près d'Anjar, ville de la vallée libanaise de la Bekaa sous contrôle syrien, et, déchirée de scissions, ne se manifestait plus que par l'envoi, chaque année de quelques rares communiqués.

Or, peu après l'attentat de Budapest, la «Direction de la sécurité» d'une Asala requinquée expédie, à ses sympathisants de par le monde, une circulaire attaquant violemment son ex-protecteur syrien : façon de rendre publique son alliance nouvelle avec Saddam Hussein.

Seconde recrue des SR irakiens : Le Parti des travailleurs du Kurdistan, PKK (voir plus bas, chronologie). En contact avec les services irakiens depuis deux ans déjà, le PKK a été gratifié par ceux-ci, au cours des mois d'août et septembre 1991, d'énormes stocks d'armes de fabrication chinoise : mortiers de 120mm., mitrailleuses lourdes, artillerie anti-aérienne. Du coup, les raids du PKK en territoire turc prennent l'allure d'opérations militaires. En décembre dernier, 500 de ses combattants dotés d' armement lourd ont attaqué une caserne proche de la frontière irakienne : 17 militaires turcs tués. Fait nouveau, le PKK s'est également lancé dans le terrorisme urbain : en décembre toujours, 50 de ses militants ont attaqué à la grenade
 incendiaire un supermarché d'Istanbul : 11 morts, 17 blessés.

Saddam a de bonnes raisons de frapper d'abord la Turquie : il entend ainsi dissuader ce pays d'entrer dans la coalition constituée depuis l'été 1991 -et dans la plus grande discrétion- par l'Arabie saoudite, la République islamique d'Iran et... les Etats-Unis, pour le renverser. Un plan prévoyant de faire éclater le noyau dur du régime entre les deux branches d'une tenaille constituée, au sud, par le Conseil supérieur de la révolution islamique d'Irak de l'ayatollah Mohamed-Bakr al-Hakim et, au nord, par l'Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani.
 

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