YOUGOSLAVIE


Nom officiel: République socialiste fédérative de Yougoslavie
Continent: Europe
Superficie: 255 900 km2
Population: (1989) 23, 7 M. d'h.
Capitale: Belgrade ( 1,6 M. d'h.)
PIB/h.: (1986)$ 3 960

Régime: république socialiste
Chef de l'État: (rotation annuelle) Janez Drnovsek
Chef du gouvernement: Branko Mikulic
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: non
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades

% de non-musulmans: 84 %
- ventilation: chrétiens orthodoxes et catholiques
% de musulmans: 16 %
- vent. /100: sunnites hanafites



L'ensemble des Balkans (massif montagneux boisé, en langue turque) compte à l'heure actuelle 8 millions de musulmans: (+/-) 2 millions en Bulgarie, 170 000 en Roumanie et 120 000 en Grèce. La grande majorité des musulmans balkaniques, +/- 5 millions, vit en Yougoslavie; fédération où cohabitent tant bien que mal 3 religions (orthodoxe, catholique, musulmane) et 18 communautés ethniques (les principales: Serbes, Croates, Slovènes, Monténégrins, Macédoniens, Bosniaques, Hongrois de la Voïvodine, Albanais du Kosovo, etc.).

La communauté musulmane yougoslave est divisée en deux entités très distinctes:

Bosnie-Herzégovine

Possession ottomane de 1463 à 1878; l'une des 6 républiques de la fédération. Elle compte 40 % de musulmans, 32 % d'orthodoxes, (Serbes); 18 % de catholiques (principalement des Croates)

La Bosnie dispose, dans sa capitale, Sarajevo, d'un établissement d'enseignement coranique supérieur, la madrasa Husrefbey.

Kosovo

Possession ottomane entre le XIVe siècle et 1913, année où le Kosovo a été reconquis par les Serbes. A joui d'une modeste autonomie au sein de la république de Serbie entre 1974 et l'été de 1990.

La population du Kosovo compte (+/-) 1,8 million d'Albanais musulmans et 200 000 Serbes orthodoxes.

La capitale de la région, Pristina, est le siège de la madrasa Alauddin.

Les deux communautés ont très vivement réagi à la publication à Belgrade des Versets sataniques, qualifiés de "grande injure faite aux 5 millions de musulmans yougoslaves".

LE MOUVEMENT ISLAMISTE DE BOSNIE

Ce mouvement couvre en réalité un espace géographique plus vaste, les communautés musulmanes de Bosnie, de Croatie et de Slovénie ne formant en réalité qu'une seule entité.

Dès 1970, Ali Izetbegovic, militant islamiste confirmé, publie une "déclaration islamique" appelant les fidèles à en revenir aux principes du Coran, et qualifiant d'idolâtrie le sacrifice de tout individu pour un homme ou pour un parti. Dans un pays où le Parti communiste fait la loi, cette déclaration lui vaut une condamnation à quatorze ans de prison.

Dès le début de la décennie 80, des centaines d'islamistes bosniaques, exilés en Turquie (où vit une importante communauté de musulmans yougoslaves), en Egypte, en Irak et en Iran, reviennent au pays pour prêcher un Islam très radical. Dès cette époque également, le Centre islamique Croate de Toronto, Ontario, Canada, est un pôle important de diffusion de propagande révolutionnaire islamique à destination de l'émigration aussi bien que de la communauté musulmane yougoslave elle-même.

Le pouvoir yougoslave réagit et, de 1983 à 1987, de petits groupes d'islamistes bosniaques (7, 10 ou 12) sont condamnés à des peines assez sévères (quatre ou cinq ans de prison le plus souvent) pour "khomeinisme", "panislamisme", "subversion et propagande", "appel au jihad", etc.

Arrive l'année 1989, les bouleversements à l'Est et la disparition de facto du bloc communiste. Dès février, un Rassemblement des uléma libres se crée à la madrasa de Sarajevo; il regroupe +/- la moitié des uléma de la région. Le même mois, dans la ville de Koper, proche de Trieste et de la frontière italienne, fondation d'un Parti démocratique musulman; ses cadres sont des uléma bosniaques et ses adhérents des Bosniaques travaillant en Slovénie. Le premier semestre de 1989 voit également une augmentation massive de la diffusion de propagande islamiste: 18 brochures sont éditées et diffusées en moins de six mois. En mai, le Parti d'action démocratique (PAD) est fondé à Sarajevo. Musulman, mais non islamiste, d'après ses dirigeants, son président est le docteur Zulficarpasi; son porte-parole, Alija Izetbegovic. En avril, le mensuel de la madrasa de Sarajevo, Zemzem contient un dossier très élogieux sur la République islamique diIran. Sa couverture: un grand portrait de l'imam Khomeini.

Au printemps de 1990, les uléma politisés obtiennent le renvoi de bureaucrates musulmans contestés, des "collabos", tel le président du Conseil supérieur islamique de Bosnie, Croatie et Slovénie.

En septembre, le PAD organise un grand meeting à Sarajevo; il revendique désormais 500.000 adhérents et Alija Izetbegovic, pro-iranien notoire, en est le dirigeant le plus actif.

Aux élections de novembre 1990, les premières réellement libres, renouvelant le Parlement bosniaque, le Parti d'action démocratique remporte 41 sièges (sur 130), écrasant notamment les partis yougoslaves de type "communiste honteux".

LE MOUVEMENT IRREDENTISTE AU KOSOVO, OU LA "PALESTINE EUROPEENNE"

Au Kosovo comme en Palestine, disent les islamistes, nationalisme et religion sont indissociables et, effectivement, la composante islamiste est importante dans le soulèvement du Kosovo. Cette ressemblance entre Kosovo et Palestine n'est pas la seule; au Kosovo aussi on observe:

· Une natalité importante: le taux le plus élevé d'Europe.

· Une forte émigration: plus de 250 000 "Kossoviens" vivent en dehors de Yougoslavie.

· Des mosquées qui servent de base à l'agitation.

Le soulèvement actuel n'est pas le premier de l'histoire contemporaine: en 1981-1982 déjà, des émeutes, durement réprimées par l'armée yougoslave, ont fait près de 2 000 morts.

L'INTIFADA DU KOSOVO: CHRONOLOGIE

1989

Début février: l'agitation éclate, renforcée par des grèves dans les mines de Trepca; les manifestants réclament pour le Kosovo un statut de république à part entière et des droits identiques à ceux des autres républiques de la fédération. Jusqu'à la fin mars, près de 1 000 personnes sont jetées en prison. L'armée yougoslave renforce sa présence et entame une véritable occupation militaire. Le 27 février, l'état d'urgence est décrété par Belgrade au Kosovo.

Le 23 mars, l'assemblée fantoche du Kosovo transfère une bonne partie de ses pouvoirs à la Serbie. La population, furieuse, manifeste en masse (plus de 60 000 personnes) dans les rues de Pristina, les 27 et 28 mars. La répression fait, selon les sources, de 24 à 140 morts. Egalement, plus de 400 incarcérations.

Avril: le quotidien iranien Kayhan, toujours à l'affût, parle de la "nouvelle intifada" du Kosovo.

Juin: il y a 2 300 habitants du Kosovo en prison. Les islamistes parlent d'un total, sans doute exagéré, de 350 morts. Les étudiants manifestent à Pristina.

Novembre: nouvelles émeutes; plusieurs morts. Désormais, l'armée yougoslave compte 15 000 hommes dans la région.

1990

Janvier: émeutes; manifestation de 40 000 personnes à Pristina; 30 morts en deux semaines.

Février: renforcement de la présence militaire yougoslave: blindés, avions, hélicoptères. Le couvre feu est décrété de 21 heures à 4heures du matin. 33 morts dans le mois.

Juillet: le 3, 114 parlementaires du Kosovo sur 182 annulent leur décision du 23 mars 1989. Le 5, Belgrade dissout le Parlement du Kosovo.

Août: manifestation de 150 000 musulmans bosniaques à Foca (Bosnie) pour protester contre le traitement infligé à leurs coreligionnaires du Kosovo.

. Depuis le 5 juillet, plus de 15 000 Kosoviens fonctionnaires ont été limogés et remplacés par des Serbes, dont 2 000 dans la police. Le quotidien Riljinda en langue albanaise, est interdit; les radios et télévisions du Kosovo, fermées. Selon les autorités de Belgrade, il y a eu, entre mars 1989, et août 1990, 64 morts.

Septembre: 7 dirigeants politiques du Kosovo, dont l'ex-Premier ministre Youssouf Zejnulahu et l'ex ministre de l'Intérieur Youssouf Karakusi, du gouvernement dissous en juillet 1990, sont arrêtés et risquent quinze ans de prison.

. Réunis en session secrète, 111 parlementaires du Kosovo adoptent une Constitution de la république du Kosovo".
 

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