NIGERIA


Nom officiel: République fédérale du Nigeria
Continent: Afrique
Superficie: 924 000 km2
Population: (1989) 110 M. d'h.
Capitale: Abuja (cap. fédérale) 200 000 h.
PIB/h.: (1986) $ 570
Pétrole (production): (1988) 67 M. de t.
Pétrole (réserves connues): 2, 2 milliards de t.

Régime: militaire, tenté par le pluripartisme
Chef de l'État: général Ibrahim Babangida
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades représentant personnel de l'Imam

% de non musulmans: +/- 40 %
-ventilation: chrétiens: +/- 60%; solde: animistes
en 1963, d'après des sources officielles, il y avait au Nigeria 47% de musulmans, 35% de chrétiens, le solde d'animistes
% de musulmans: +/- 60%. Les 5 sultanats, qui forment en gros la moitié nord du pays: Sokoto, Kaduna, Kano, Borno, Bauchi sont à presque 100% musulmans.
- vent. /100 - sunnites malékites pour la plupart



Le Nigeria est un pays morcelé dans tous les domaines et la religion ne fait pas exception. Deux forts blocs de croyants existent, chrétien au Sud, musulman au Nord, en concurrence sévère - mais le plus souvent feutrée - à tous les niveaux; chacun laissant entendre qu'il est majoritaire dans le pays. Depuis l'indépendance, en 1960, une attention minutieuse est portée à la religion des principaux dirigeants du pays. Au début de 1990, le compte s'établit comme suit:

· Chefs de l'État fédéral (8 depuis l'indépendance): 4 chrétiens; 4 musulmans.

· Ministres de la fédération (220): 114 chrétiens; 80 musulmans.

· Gouverneurs des Etats (150) :82 chrétiens; 68 musulmans.

Les musulmans eux-même constituent une nébuleuse chaotique où d'importantes tariqas souries (Tidjaniyya, Qadiriyya) s'opposent aux associations sous influence Saoudienne, elles-mêmes en guerre contre des mouvements proches des Iraniens. Ajoutons à cela des querelles personnelles entre uléma de premier plan et l'hostilité qu'éprouvent les émirs des sultanats du Nord, chefs coutumiers conservateurs, pour les instances religieuses (tel le Conseil des uléma), plus activistes: une belle pagaille. Pagaille dont se sert d'ailleurs le pouvoir central, qui ne se prive pas de diviser pour régner.

Au début de la décennie 80, un jeune alim Mallam Ibrahim Zakzaki, né en 1953, lui-même fils d'alim, entraîne une minorité activiste hors d'une instance communautaire selon lui "embourgeoisée", le Trust islamique du Nigeria et fonde sa propre association islamiste. Figure flamboyante du mouvement révolutionnaire islamique nigérien, Mallam Zakzaki ne tarde pas à se heurter aux pouvoirs centraux successifs, qui, eux, font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher le développement de la tendance islamiste. Contrôle des mosquées, répression, intimidation par les autorités locales: le premier choc a lieu en 1980 au Sokoto. Zakzaki écope dans l'affaire de quatre ans de prison. Il est incarcéré à nouveau en 1984 et 1987, suite à des émeutes (mars 1987, novembre 1988) à Zaria, Kano et Kaduna, dans le nord du pays.

Libre à nouveau en novembre 1989, il se consacre à son organisation, qui s'est donné pour mission la "formation spirituelle et politique des masses musulmanes". Ce travail se fait à tour de rôle dans les mosquées du pays musulman, sous forme de rassemblements hebdomadaires d'information et de séminaires d'une semaine (ta'alim).

Mais Mallam Zakzaki n'est pas seul à soutenir la "ligne iranienne" dans l'oumma. Diverses sociétés d'étudiants, dont celle de la grande université musulmane Ahmadou Bello, invitée dès 1981, une confrérie al-Masihiyya (le Sauveur) et même certains des notables du Conseil des uléma, créé en 1985 pour fédérer l'ensemble des organisations musulmanes, tiennent des propos favorables à l'Iran et aux thèses révolutionnaires islamiques.

Il existe aussi à Lagos un établissement d'enseignement secondaire et supérieur en anglais et arabe, la First Islamic English Foundation, proposant des programmes de cours d'un à cinq ans, dont la thématique est directement inspirée de la propagande de Téhéran. Cette fondation contrôle elle-même un groupe de presse qui édite le mensuel Voice of Islam International qui suit très exactement la ligne iranienne.

En novembre 1989 s'est tenue à la grande mosquée de la nouvelle capitale fédérale nigériane une grande conférence sur le thème "L'Islam en Afrique", co-organisée par le Conseil suprême des Affaires islamiques du Nigeria et le Conseil islamique de Londres (300 délégations venues du monde entier, 2 000 délégués). La délégation iranienne était conduite par l'ayatollah Mohamed Sadegh Haeri Chirazi, représentant personnel de l'ayatollah Ali Khamene'i et par l'hojatolislam seyyed Reza Taqavi, de l'Organisation pour la propagation de l'Islam.

Plus récemment s'est tenu à Lagos, en février 1990, un séminaire sur la pensée de l'Imam Khomeini, présidé par l'ambassadeur d'Iran, en présence de plusieurs centaines d'uléma, d'étudiants et d'universitaires.

Fin avril 1990, une tentative de coup d'État a été déjouée de justesse par le président Babangida (11 morts, 375 arrestations de putschistes), sur fond de rivalités islamo-chrétiennes, une fois de plus.

En octobre, à Kano, "des musulmans" annonce la presse de Téhéran, "s'apprêtent à ouvrir la bibliothèque du Centre théologique de l'Imam Khomeini".
 

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