AHL AL-BEIT

Les "gens de la maison" [du Prophète] : son gendre, Ali, sa fille, Fatima, et leurs deux fils, Hassan et Hussein.

ALAOUITES

Secte Ghoulat. Ce terme de l'hérésiographie coranique (sunnite aussi bien que chi'ite duodécimaine) désigne "ceux qui vont trop loin; qui dépassent les bornes" : les extrémistes, les hérétiques. Dans le cas présent, ceux qui font d'Ali le vrai prophète, qui vont jusqu'à le diviniser.

Voir aussi Alévis et Nusaïris.

Ce culte à la lointaine origine ismaélienne s'est développé à la fin du IXe siècle - période de crise religieuse, et du déclin de la dynastie abbasside- dans les populations déshéritées des montagnes de Syrie et de la Turquie méridionale. Son apôtre est un Perse, Mohamed Ibn Nusair, contemporain du XIe Imam chi'ite, Hassan al-Askari. Les Alaouites, ou Nusairis, pratiquent dans l'isolement une religion secrète et initiatique qui, selon les hérésiographes musulmans, doit beaucoup au christianisme gnostique primitif, à l'astrologie babylonienne et bien peu à l'Islam. Ce qu'en 1973, 80 des plus hauts dignitaires alaouites de Syrie ont nié solennellement par une proclamation publique. Notre livre sacré, ont-ils dit, est le Coran, nous sommes de simples chi'ites duodécimains. La pratique systématique par les alaouites de la taqiyya (dissimulation), chaque fois que leur dogme est en cause fait que cette déclaration a rencontré une incrédulité quasi générale.

ALEVIS

Alaouites de Turquie. Les alaouites turcs de Turquie diffèrent de leurs homologues syriens en ce qu'ils s'éloignent moins de l'Islam chi'ite traditionnel. Le culte qu'ils vouent à Ali en fait quand même des hérétiques. Il y a aussi, dans la province turque méridionale d'Iskenderun - l'ancien sandjak d'Alexandrette, partie de la Grande Syrie historique, peuplée d'Arabes et toujours revendiquée par Hafez al-Assad - et notamment dans la ville de Samandag, une minorité alaouite arabe, soeur de celle du Jebel alaouite de Syrie. Nombre des jeunes de cette communauté, boursiers en Syrie, sont ensuite aiguillés vers les places fortes alaouites dans l'appareil d'Etat : armée, renseignement, etc.

ALIM

Singulier du uléma, religieux musulman

ALLAMA

Titre religieux, équivalent de père pour le clergé catholique.

BAHA'IS

Secte Ghoulat. Scission (d'origine perse, au milieu du XIXe siècle) dans un schisme consécutif à l'éclatement (pour simplifier) d'une branche de l'Islam chi'ite duodécimain. En 1884, mille ans jour pour jour après la disparition du XIIe Imam, un mollah perse se déclare être la "porte" de la vérité divine et fonde un culte panaché d'ésotérisme, d'humanisme de socialisme et de pacifisme, autour de traces résiduelles d'Islam. Les islamistes éprouvent pour les baha'is, minorité hérétique porteuse au sein de l'oumma des poisons de l'occidentalisation, une horreur d'autant plus profonde que le tombeau du fondateur de la secte est en Israël, à Haïfa, et que les baha'is étaient nombreux et influents à la cour du chah d'Iran. Au milieu des années 1980 Il y avait ± 350 000 baha'is en Iran, principalement à Téhéran; ils y sont assez sévèrement persécutés et ne jouissent pas du statut de minorité religieuse reconnue.

CHEIKH

Titre de respect souvent octroyé aux religieux dans le monde arabe.

CHI'ITES

La plus importante des branches minoritaires de l'Islam (± 10% des musulmans). La plupart des docteurs de la foi sunnites ne considère pas l'école principale du chi'isme, dite duodécimaine, comme hérétique. Ce malgré une liturgie et des rituels qui diffèrent profondément -, c'est ainsi que, depuis le grand schisme, il y a treize siècles, sunnites et chi'ites n'ont jamais célébré une seule cérémonie exactement au même moment. Les dates et les horaires de jeune du mois de Ramadan, par exemple, divergent. L'anniversaire du Prophète lui-même est célébré à une semaine de distance par les deux communautés !

Les chi'ites se différencient entre eux par le nombre des descendants d'Ali et de Fatima (gendre et fille du Prophète) qu'ils considèrent comme "impeccables" et par le rôle qu'ils leurs accordent. duodécimains: 12 Imams; ismaéliens (septimains: 7 Imams; zaydites: 5 Imams.)

Pour les duodécimains, à eux seuls ± 90% des chi'ites, le XIIe et dernier Imam, fils unique du XIle Imam, Mohamed abou Qasim, surnommé "al-Muntazar" ou "al-Mahdi", est entré en occultation - a disparu - vers 872 AD. La petite occultation a duré jusqu'en 940 AD. La grande occultation débute alors; elle dure toujours et s'achèvera à la fin des temps, lorsque Mohamed al-Muntazar reviendra comme Rédempteur.

A l'origine, le Parti (Chi'at) d'Ali Ibn Abi Talib se compose de ceux qui souhaitent le voir succéder au prophète Mahomet. Au cours des siècles, les chi'ites ont souvent incarné la tendance contestataire et révoltée de l'Islam.

DA'OUA

Le prosélytisme islamique, l'appel à la conversion à l'Islam.

DRUZES

Secte Ghoulat: extrémiste et hérétique.

Culte d'origine ismaélienne. En ± 1010, en une époque de confusion grave et de guerres - donc de quête d'un dirigeant messianique, d'un mahdi- des uléma ismaéliens proclament la nature divine du VIe Calife fatimide du Caire (et imam ismaélien), al-Hakim Bi'amr Allah. En 1017, ce dernier se déclare manifestation de la divinité et annonce que le 1er moharrarn (30 mai) débute une ère nouvelle, où l'unité de Dieu sera révélée. Al-Hakim Bi'amr Allah disparaît en 1021. La religion druze se veut à l'origine nouvelle, différente en tout point de l'islam : initiatique et ésotérique, un peu sur le modèle alaouite, elle inclut la métempsycose et accepte comme prophètes, outre ceux du Coran, Hermès, Jethro (le beau-père de Moïse) et les philosophes Pithagore, Platon et Plotin. Religion fermée, elle se refuse au prosélytisme depuis 1043.

HANAFITES

Voir sunnites.

HANBALITES

Voir sunnites.

ISMAELIENS

Secte "Ghoulat" : extrémiste et hérétique.

Voir également Chi'ites septimains.

Pour les Ismaéliens, c'est le fils aîné de Ja'afar Sadiq, Ismaël, qui est l'authentique VIIe Imam, et non son fils cadet Abol Hassan Moussa al-Qasim (considéré comme le vrai par les duodécimains). Ja'afar Sadiq aurait dépossédé son fils Ismaël de son titre d'imam en raison de sa vie dissolue. Le courant ismaélien s'est rapidement scindé en deux ordres, les mustafiens et les misaris, tous deux imprégnés de mysticisme et d'ésotérisme. C'est la communauté misarie qui a donné naissance à la célèbre secte des Assassins.

JA'AFARI

De l'Imam-chi'ite Ja'afar. Désigne l'école juridique duodécimaine.

JAMA'A

Ou Jama'at, Jamiat, etc. : association, rassemblement, société...

KHARIDJITES

Les Kharidjites sont des musulmans puritains, descendants spirituels de ceux des partisans d'Ali "qui ont fait sécession", qui ont quitté le champ de bataille de Siffin, en 657, après le combat opposant le gendre du Prophète à Moawiya pour le contrôle du califat. Le kharidjisme ibadite (du nom de l'inventeur de cette variante de l'Islam, Abdallah ben Ibad) est la religion du sultanat d'Oman, mais il existe aussi des minorités kharidjites en Algérie, en Tunisie, en Libye et en Tanzanie.

MADRASSA

Le plus souvent, complexe école islamique, plus bibliothèque et dortoir.

MALEKITES

Voir sunnites.

MAULANA

Ou maulvi. Titre religieux, équivalent de "père" pour le clergé catholique.

NUSAIRIS

Voir Alaouites.

PIR

Titre religieux donné aux dirigeants des confréries souf ies.

SEYYED

Titre donné à un descendant du Prophète par l'un des fils de sa fille Fatima. Fém. ; seyyeda.

SHAFEITES

Voir sunnites.

SOUFIS

Islam de repli, ésotérique, le soufisme est une discipline d'intériorisation de la révélation coranique. Cherchant à revivre l'expérience intime du Prophète pendant la nuit du Miraj (son ascension nocturne dans les cieux), le croyant cherche à obtenir une connaissance directe de Dieu. Les soufis sont regroupés en fraternités, les Tariqas, de toute taille. Certaines d'entre elles ont des disciples à travers plusieurs continents : la Qadiriyya, la Naqshbandiyya, par exemple.

SUNNITES

Pratiquants de l'islam orthodoxe, celui de ±80% des musulmans et suivant la sunna (modèle, coutume du Prophète). Les sunnites adhèrent pour la plupart à l'un des quatre systèmes juridiques suivants (ils portent le nom du canoniste qui les a conçus) :

- Hanafite : fondée par Abou Hanifa, en 699-767 . Ancien Empire turc (école officielle de l'Empire ottoman) et sous-continent Indien. (± 50% des sunnites).

- Malékite : école fondée par Malik Ibn Anas, en 715-795. Pratiquée surtout au Maghreb et en Afrique occidentale (± 25% des sunnites).

- Shaféite : fondée par Mohamed Ibn Idriss as-Shafei, 767-820. Asie du Sud, Afrique orientale.(± 25% des sunnites).

- Hanbalite: fondée par Ibn Hanbal, 780-855. Arabie et Qatar (- de 1 % des sunnites).

USTAZ

Titre de respect souvent attribué aux religieux: Il maître".

ULEMA

Voir Alim.

WAHHABITES

Pratique fondamentaliste, rigoriste et puritaine de l'islam prêchée aux tribus d'Arabie par Mohamed Abdel Wahhab (1703-1787). Wahhab fut le mentor et l'allié de Mohamed Ibn Séoud, fondateur de la dynastie Saoudite. Depuis l'origine, les wahhabites vouent une exécration toute particulière aux chi'ites, qui le leur rendent bien.

YEZIDIS

Secte Ghoulat: extrémiste et hérétique.

Culte dualiste (gnostique) teinté d'occultisme; sans doute manichéiste à l'origine. Les Yezidis sont 100 000, éparpillés dans le Kurdistan historique nord de l'Irak (± 70 000); Syrie (± 10 000)-, Turquie, Iran, Caucase soviétique. Le centre de leur vie religieuse est l'Irak, où vit leur émir. Tenus en horreur par les musulmans pieux, qui les surnomment les Il adorateurs du Diable", les Yezidis vénèrent un ange, Malik Taus, déchu mais sauvé par Dieu, dépeint sous la forme d'un paon. Le mode de vie communautaire ancestral des Yezidis, leur présence aux confins de l'Union soviétique a fait d'eux un important vecteur de pénétration du communisme dans les populations kurdes (comme, à l'inverse, les baha'is ont été un facteur d'occidentalisation en Perse), ce qui les rend particulièrement détestables aux yeux des islamistes.

ZAYDITES

Voir Chi'ites. Les zaydites considèrent que le VO Imam authentique n'est pas Mohamed al-Bakr, l'un des fils d'Ali Zein al-Abidin, le IVe Imam, mais Zayd ibn Ali. Les zaydites considèrent que l'imamat n'est pas forcément transmis par voie héréditaire, n'attendent pas le retour de l'Imam caché et ne pratiquent pas la taqiyya. Ce sont les chi'ites les plus proches du sunnisme. Ils sont essentiellement implantés au Yémen du Nord.