ETHIOPIE


Nom officiel: République populaire et démocratique d'Ethiopie
Continent: Afrique
Superficie: 1,22M.de km2
Population: (1989) +/- 49,8 M. d'h.
Capitale: Addis-Abeba (+/- 1, 4 M. d'h.)
PIB/h: (1986) $ 212

Régime: "socialiste" à parti unique Chef de l'État: lieutenant-colonel.Mengistu Hailé Mariam
Chef du gouvernement: Feqrä Sellase Wäg-Däres
Ligue arabe: non
Organisation de la conférence islamique: non
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades. Sans doute l'Iran aura-t-il rappelé son ambassadeur dès l'annonce de la reprise des relations diplomatiques entre l'Ethiopie et Israël, en mars 1990...

% de non-musulmans: 55%
- ventilation: dont Eglise orthodoxe d'Ethiopie: 40Yo, et diverses minorités
% de musulmans: 45% (en Erythrée, notamment). En désaccord avec ces chiffres, les islamistes prétendent que les musulmans constituent, au total, 60% de la population de l'Ethiopie
- vent. /100 : sunnites hanafites et malékites



Le problème éthiopien est essentiellement celui de l'Erythrée, ancienne colonie italienne sous administration de l'ONU après la Seconde Guerre mondiale et remise à l'empereur Haïlé Sélassié en 1952 contre la volonté de ses habitants. Depuis lors, l'Erythrée, à forte majorité arabo-musulmane, constitue la façade maritime de l'Ethiopie, pays dont l'ethnie dominante, les Amhara, est chrétienne orthodoxe. Les chrétiens d'Erythrée ( 30%) appartiennent à l'Église orthodoxe éthiopienne qui dépend elle-même du pape Copte d'Egypte.

Tour à tour empire et Etat "marxiste-léniniste", l'Ethiopie a changé de protecteur au cours des quarante années écoulées - Etats-Unis et Israël d'abord, Union soviétique ensuite, Israël à nouveau depuis peu - mais a maintenu une politique en vigueur depuis le XIXe siècle.

Dès cette époque, des puissances européennes ont soutenu l'empire éthiopien en tant que contrepoids chrétien au milieu d'importances communautés musulmanes: Afars, Oromos, Somalis. Dés intérêts particuliers venant s'y greffer: la religion orthodoxe, pour la Russie tsariste; une alliance contre les forces mahdistes (voir Soudan, p. 187), pour la Grande-Bretagne.

Au centre de la politique éthiopienne -celle de l'empereur Haïlé Sélassié et du colonel "communiste" Mengistu Hailé Mariam - la défense de l'intégrité de son territoire et une solide mainmise sur les secteurs les plus stratégiques de celui-ci. Au premier rang desquels, l'Erythrée.

Une Erythrée indépendante, et voilà la totalité de la mer Rouge sous le contrôle exclusif de pays arabes et musulmans; bref, de la Ligue arabe.

Or l'Erythrée, musulmane à 70%, se bat depuis 1962 pour obtenir son indépendance. Cette année là a été créé un Front de libération de l'Erythrée, FLE, d'orientation islamiste et patriotique" succédant lui-même à un Jihad conduit dans les années 1950 par des chefs comme le commandant Hamid Awati. Le Front a ouvert rapidement un bureau au Caire et noué des contacts avec la Syrie, l'Irak, l'Arabie Saoudite, le Yémen du sud le Soudan, la Somalie, l'Union soviétique la Chine et l'OLP. Comme l'OLP, le Front s'est rapidement divisé en tendances et fractions et va, depuis 1969, de guerres intestines en scissions diverses.

En 1970 s'est créé le Front de libération du peuple d'Erythrée (FLPE), laïc, marxiste-léniniste et refusant de donner au combat érythréen une dimension arabe et islamique. Le FLPE - dont la base est musulmane, mais plusieurs des dirigeants, dont Asiaki Aforki sont chrétiens-révolutionnaires - mène depuis lors, avec d'autres formations minoritaires en général issues de scissions, une guerre féroce contre des Ethiopiens qui ne le sont pas moins. En février - mars 1990, le FLPE a infligé à l'armée éthiopienne une véritable déroute en reprenant, au prix de dizaines de milliers de morts, le contrôle de Massawa, principal port - et base militaire éthiopienne- sur la mer Rouge. Cette victoire a déchaîné à nouveau le spectre d'une Erythrée indépendante, arabe, nationaliste et révolutionnaire.

Mais le désengagement soviétique de l'Afrique et du monde arabe "progressistes" a considérablement bouleversé le jeu érythréo-éthiopien. Grâce à la vieille tactique de la chauve-souris - Je suis oiseau, voici mes ailes, etc… - les Erythréens bénéficiaient auparavant de l'aide de tout un éventail de pays arabes, en recourant aux arguments appropriés: marxistes-léninistes pour les pays révolutionnaires, nationalistes arabes pour les panarabes; défendant, enfin, Dar ul-Islam contre les chrétiens avec les religieux.

Les pays arabes "progressistes" étant de facto lâchés par Moscou, et les autres de plus en plus soumis aux pressions de Washington, cette troisième dimension, celle de l'islam, est désormais la plus payante - pour ne pas dire la seule.

Et c'est ainsi que la République islamique d'Iran, que son implication libanaise amène à bien connaître les techniques de rachat de milices "d'occasion", manifeste un vif intérêt pour le combat des Erythréens; cet engagement entrant dans le cadre de la politique africaine de plus en plus active de Téhéran.

Des membres du Conseil révolutionnaire du Front de libération de l'Erythrée ont été invités dès janvier 1980 à la première conférence des mouvements de libération organisée par les Etudiants dans la Voie de l'Imam à l'intérieur de l'ambassade américaine à Téhéran. Depuis, les relations avec les groupes islamistes n'ont jamais cessé et l’Iran a soutenu la création d'un Front islamique de libération de l'Erythrée. En 1989 est apparu un Mouvement du Jihad islamique d'Erythrée, violemment hostile au FLPE. Son porte parole pour les relations extérieures est cheikh Mobamed Ismaïl.

L'Iran soutient également - dans sa propagande tout au moins - le Front de libération oromo ; les Oromos sont 15 millions et à 70% musulmans.

 

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