AZERBAIDJAN


Nom officiel: République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan souveraineté proclamée en juillet 1990
Continent: Asie
Superficie: (Azerbaïdjan soviétique) 86 600 km2
Population: 7 M. d'h.
Capitale: Bakou (+/- 1,8 M. d'h.)
PIB/h.: non disponible (n. d.)
Pétrole (production): (1988) 14 M. de t. (pétrole d'excellente qualité) 25 M. de t. pour l'ensemble du Caucase, 4 % du total soviétique. En 1989, l'URSS a produit 610 millions de t. de pétrole (premier producteur mondial). Ses réserves connues sont de 8 milliards de t. Pétrole (réserves connues):

Régime: communiste
Premier secrétaire du PC: (depuis janvier 1990) Ayez Moutalibov, 52 ans (Politburo PCUS)

Pop. non musulmanes: Russes: 8 %, Arméniens: 8 % divers: 4 %
Pop. musulmanes: Azéris: +/- 80 %
- ventilation: . chi'ites: +/- 75%
sunnites hanafites: +/- 25%



A la fin de l'année 1917, l'Azerbaïdjan se constitue en une république libre et indépendante. L'année suivante, des élections démocratiques ont lieu et, en décembre 1918, se réunit le premier Parlement azéri. Il compte 96 députés dont... 1 communiste. Situation intolérable pour l'URSS de Lénine, et l'Azerbaïdjan est "libéré" en 1920 par l'Armée rouge de Trotski. Depuis lors, la culture azérie a survécu surtout dans la partie iranienne du territoire. Difficilement sous les chahs Reza 1er et Mohamed Reza, son fils, qui interdisaient à peu près complètement les expressions publiques en langue azérie; beaucoup plus aisément depuis la Révolution islamique de février 1979.

Car, contrairement à d'autres minorités ethniques ou religieuses, les Azéris ne sont pas persécutés en Iran ni considérés comme des citoyens de seconde zone. Cela influe assez considérablement sur la vision qu'ont de ce pays les Azéris d'Union soviétique: ils ne peuvent que constater l'absence quasi totale de musulmans, sunnites ou chi'ites, dans les sphères dirigeantes de l'URSS, alors qu'à Téhéran des Azéris occupent des postes de tout premier ordre. Pour n'en citer que trois:

· L'ayatollah Ali Meshkini, imam de la prière du vendredi de Qom, président du très prestigieux

Conseil des experts - toutes choses égales, un peu l'équivalent de notre Conseil constitutionnel -membre du bureau de l'association des imams de la prière du vendredi, qui singe à Qom.

· L'ayatollah Abolkarim Moussavi Ardebili, successivement président de la Cour suprême, membre du Conseil judiciaire suprême, imam suppléant de la prière du vendredi de Téhéran; désormais de retour à Qom, à la tête d'un des séminaires les plus prestigieux.

· L'ayatollah Sadegh Khalkhali, premier président des tribunaux révolutionnaires, instaurés en février 1979; élu en 1984 député de la ville sainte de Qom, rcélu en 1988. C'est un membre influent de la commission des Affaires étrangères du Majlis.

Cela dit, les tariqas éprouvent pour les milieux officiels de Téhéran une méfiance certaine. Elles n'oublient pas qu'en 1979, le nouveau régime a laissé - ou fait - assassiner tout les grands chefs des confréries iraniennes, notamment 17 leaders Naqshbandis massacrés au Kurdistan sans qu'aucun des dirigeants de Téhéran n'exprime la moindre émotion.

Avant la révolution de 1917, il y avait plus de 2 000 mosquées en Azerbaïdjan, et près de 800 écoles coraniques de niveaux divers. Il reste aujourd'hui une quarantaine de mosquées, la plupart chi'ites. Le nombre des ulémas autorisés tourne autour de 50. Celui des madrasa nul. Il y aurait en outre en Azerbaïdjan, selon des religieux musulmans itinérants, un millier de lieux de culte clandestins et même des lieux de pèlerinage clandestins ! Le réseau religieux sunnite est pour l'essentiel celui des tariqas soufies, la Naqshbandiyya étant ici prédominante, en raison de la proximité de son centre historique du Daghestan; celui des chi'ites, l'organisation des Mosquées Duodécimaines Ithna Ashari.

La République islamique d'Iran est très attentive à la situation en Azerbaïdjan, et pas seulement du fait de l'importante population chi'ite qu'on y trouve. Journaux, radios, établissements d'enseignement en azéri ont été autorisés assez largement en Iran, pour faire ressortir la différence de traitement aux frères de l'autre côté de la frontière, tandis qu'une propagande massive par voie de radio et de télévision était produite à leur intention, à partir de Tabriz.

Mais la sollicitude de Téhéran va plus loin. Il semble en effet que la coopération soit bonne entre la majorité chi'ite et la minorité sunnite de l'Azerbaïdjan soviétique, les imams de certaines mosquées duodécimaines organisant même des cérémonies à l'intention des sunnites localement dépourvus de lieux de cultes. Les sunnites locaux, en retour, considèrent l'école duodécimaine comme l'une des cinq légitimes de l'Islam. Cette bonne entente, largement médiatisée dans toute la région, sert aux dirigeants de Téhéran à faire ressortir l'intransigeance et le sectarisme des wahhabites saoudiens...

Depuis 1988, plus de 200 000 Azéris vivant dans les secteurs arméniens disputés du Karabakh se sont réfugiés en Azerbaïdjan, où ils mènent une existence précaire.

Point sensible pour l'Union soviétique: l'usine qui fabrique 70 % du matériel de l'industrie pétrolière soviétique (machines, pièces de rechange, etc.) se trouve à proximité de Bakou.

Pour la première fois depuis soixante-dix ans, enfin, les chi'ites soviétiques ont reçu en août 1988 l'autorisation de fêter publiquement l'Achoura. Et l'Achoura 1990 a été célébrée en commun par des Azéris soviétiques et iraniens, des deux côtés de la frontière.

Le 13 août, signe que le calme apparent dans la région est encore très précaire, une bombe de forte puissance a explosé dans un autocar desservant Bagou: 17 morts et 20 blessés.

Le 26 septembre, l'un des responsables du Front populaire azéri, Arif Abdulaïev Beyli, est assassiné à son domicile. Un meurtre politique, selon la presse locale.
 

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