Sur le plan économique, on
notera que les escroqueries fomentées à l'égard de
différents organismes sociaux dont les caisses d'allocations familiales,
ainsi que les utilisations abusives du système de protection médicale
sont les plus nombreuses. Viennent ensuite les escroqueries contre les
entreprises institutionnelles.
Enfin en bout de chaîne, les
fausses identités ont d'ailleurs une influence notable sur le fonctionnement
du système bancaire comme sur celui des activités économiques
en général.
Qui sont les victimes des fausses identités ? En règle général, c'est l'État. L'impact est particulièrement fort sur le système judiciaire comme sur le contrôle aux frontières. Pourtant, pour nos contemporains la notion de sécurité semble antinomique avec celle de liberté. La protection de l'individualité est certes nécessaire. Mais à trop vouloir douter des institutions, on fini par affaiblir l'État. Et cet affaiblissement fait évidemment le jeu du crime organisé.
2.1. LA DÉSTABILISATION COMPLÈTE DU SYSTÈME CITOYEN
Peut-on imaginer le fonctionnement d'une société dont l'Etat-Civil serait partiellement faux ? Non. Les conséquences les plus évidentes seraient :
· Fausses listes électorales
et trucage en amont des résultats
· Recensements statistiques
erronés, ce qui conduirait à mal dimensionner les infrastructures
du pays
· Inhibition de la justice
dans le cadre des affaires familiales et sociales.
C'est une évidence, le système citoyen est déstabilisé dès l'instant qu'on va utiliser une fausse identité dans le cadre de l'usage des droits de chaque citoyen, mais également de ses devoirs.
Système électoral
Il n'est pas utile de développer les exemples liés aux faux électeurs, que ce soit dans le 5éme arrondissement de Paris ou en Corse. Il est clair que si l'Etat n'a pas les moyens de contrôler l'identité de ses propres électeurs, les listes électorales seront fausses. Le fondement même du système démocratique s'effondre alors totalement.
Etat Civil
A propos de l'état civil : auparavant, les déclarations de naissance étaient effectuées par le père qui se rendait fièrement à la mairie de son domicile pour déclarer le nouveau-né. La déclaration était possible grâce à l'établissement d'un papier par l'hôpital ou par un médecin qui certifiait la naissance d'une personne. Il était donc possible pour une famille de créer des identités virtuelles utilisables 20 à 30 ans plus tard. Cette technique, dite « des jumeaux », a été utilisée par les services secrets il y a une trentaine d'années. Il existe peu de cas en France de fausses déclarations de naissance, la plupart de celles ayant été répertoriées étant destinées à être utilisées immédiatement, par exemple pour toucher illégalement des allocations familiales.
Auparavant, plutôt que d'avoir à falsifier une fiche d'état civil, ce qui est complexe, il était donc très aisé de falsifier le banal papier déclaratif de l'hôpital et d'imiter la signature illisible d'un médecin. Aujourd'hui, la protection du dispositif a été renforcée par le fait qu'un employé de l'état civil se déplace directement à l'hôpital pour enregistrer la naissance des enfants. En matière de décès, c'est beaucoup plus compliqué. Il est évident qu'un certain nombre de faux certificats de décès ont été fabriqués par des médecins, mais le certificat de décès ne suffit pas en lui-même pour démontrer la mort, puisqu'il faut un cadavre. Les disparitions sont plus difficiles à organiser que les créations virtuelles d'identité.
Sur un plan plus philosophique, les travaux de la CNIL (Commission nationale Informatique et Liberté) dont l'objet théorique est de protéger les citoyens d'une utilisation abusive des systèmes d'information, ne sont plus aussi pertinents. En effet, nous avons commencé à aborder le fait que la protection des personnes reposait sur leur identification151 certaine, alors que l'ensemble des travaux de la CNIL s'oriente vers la mise en place de dispositifs visant à systématiser l'anonymat sur toute information transitant sur des bases de données publiques ou privées. Cette situation conduit à certaines absurdités :
· il n'est pas possible de
demander à un opérateur téléphonique de consulter
à un instant T les appels qui ont été émis
sur votre propre ligne.
· Les black-list152
des mauvais payeurs sont strictement interdites. Cette mesure franco-française
étant contre nature économiquement, les entreprises s'organisent
différemment, ce qui créé des dispositions discriminatoires
encore plus perverses.
· Les fichiers nominatifs
de
certaines administrations départementalisées (CAF, CNAM,
DASS,...) ne peuvent être consolidés sur le plan national.
· Etc.
Pour les entreprises de téléphone par exemple, cette situation revêt un caractère beaucoup plus grave, comme celui de ne pas pouvoir disposer des numéros complets appelés par certains de ses collaborateurs sous prétexte d'éviter un contrôle de productivité des salariés.
Ces dysfonctionnements ont-ils un coût ? Bien sûr. l'État doit supporter les frais liés :
· Aux enquêtes sur les
faux électeurs
· Aux jugements administratifs
et correctionnels
· Aux jugements civils pour
rectification des identités.
Difficile d'évaluer le coût de ces opérations, qui se chiffrent probablement en millions de francs.
2.2. CONSÉQUENCES DE L'UTILISATION DES FAUSSES IDENTITÉS SUR LES PRESTATIONS SOCIALES
L'ampleur des fraudes basées sur des fausses identités est tellement importante, que nous ne citerons que des exemples absolument avérés qui serviront à appuyer quelques évaluations des préjudices subis par les organismes sociaux, autrement dit le contribuable français.
Les Caisses d'Allocations familiales
Les caisses d'allocations familiales de France ont été victimes de nombreuses escroqueries. Nous n'en citerons que quelques-unes :
· La caisse de Paris Viala dans le 15ème arrondissement a connu en 1997 le plus gros détournement de fonds connu de l'histoire des allocations familiales. Trois techniciennes recevant le public s'étaient mis d'accord avec des familles d'étrangers particulièrement défavorisées pour partager le produit de leur détournement. Le système a été ainsi conçu que la veille du virement trimestriel d'allocations familiales, le nombre d' enfants de ces familles (familles de maliens émigrés ou de maghrébins) étaient passées à un nombre d'enfants variant entre 10 et 18 enfants153.Le virement automatique du montant des allocations était alloué à l'allocataire le jour J, et à J+1, le lendemain du jour du virement, les techniciennes remodifiaient dans le système informatique le nombre des enfants de ces familles et remettaient le chiffre correspondant à la réalité. Cette situation a duré pendant six ans au moins. 20 familles complices ont été identifiées. Chacune de ces familles reversaient 30%154 du montant des allocations perçues. Aujourd'hui en 2000, le montant estimé de l'escroquerie avoisine les 21 MF. Un audit a été diligenté afin de retrouver si d'autres virements illicites ont été émis, et 4 personnes ont été affectées à plein temps par la direction de la CAF de Paris sur cette vérification depuis 1999.
· Monsieur Jacky CAMARAT avait usurpé l'identité de l'un de ses prétendu compatriote réunionais Johnny ACADINE et s'était inscrit comme RMIste dans plusieurs caisses d'allocations familiales à Strasbourg, à Rouen, à Caen, à Charleville-Mézières et à Metz. Pendant trois ans, cet homme a touché le RMI dans ces 5 villes soit un préjudice total de 70.000 F. Jacky CAMARAT, (c'est l'identité qu'il a déclarée), n'a pas pu être identifié formellement par la police nationale. Il a prétendu être originaire de la Réunion mais n'est pas connu de l'état civil de cette île. Il a purgé une peine d'emprisonnement de plusieurs mois et a été libéré sous son identité déclarée.
· Jocelyne HAMARD, après
avoir usurpé l'identité de Sylvie REHLINGER pendant 21 ans
a eu 11 enfants sous sa fausse identité et 1 enfant sous sa vraie
identité. Elle a perçu des allocations familiales au nom
de sa victime. Même si Jocelyne HAMARD aurait pu bénéficier
d'allocations sous sa vraie identité, les poursuites pour trop perçu
sont diligentées contre Sylvie REHLINGER, qui a donc touché
indûment des prestations familiales, en attendant qu'un jugement
déclare effectivement Jocelyne HAMARD155
coupable d'usurpation d'identité.
Si l'on considère l'ensemble
des détournements de prestations sociales156
auprès des CAF de France et des DOM-TOM, détournements uniquement
liés à de fausses identités, on peut estimer au plan
national, un préjudice annuel de 600 MF.
Quelques spécialités
:
· Les personnes originaires
des balkans en général, ou d'ex-yougoslavie en particulier,
pratiquent le détournement des allocations logement au sein d'un
réseau en produisant de faux baux et de faux locataires (identités
virtuelles ou substitutions).
· Les personnes originaires
d'Afrique et du Maghreb jouent sur les allocations pour jeunes enfants
en déclarant des familles importantes. (Création d'identités
virtuelles, et souvent déclarations d'enfants élevés
hors de France)
· Les français de
toutes origines détournent l'argent des RMI (pourcentage de fraude
globale sans doute proche de 10%), en usurpant des identités, ou
par création d'identités virtuelles
Les Unités d'Action
Sociale des D.D.A.S.S.157
Les Unités d'Action Sociale
sont sollicitées en permanence par des émigrés en
situation irrégulière pour l'obtention d'aides immédiates
de diverses natures : logement, financement de nourriture, prise en charge
médicale, aides administratives dans des démarches d'insertion.
Selon les besoins, les demandeurs reçoivent de l'argent en espèces,
des soins gratuits, ou sont transférés dans des centres d'accueil.
Quand les centres d'accueil sont pleins (95% du temps), les personnes sont
alors logées à l'hôtel aux frais de la D.D.A.S.S. jusqu'à
ce qu'une place se libère. Selon Madame SALEMBIER, directrice de
l'U.A.S. de MELUN en Seine et Marne, cette situation fréquente dure
en général 8 à 10 mois.
Les principes d'action des U.A.S.,
contrôlés par les D.D.A.S.S., sont régis par le Code
de la Famille et de l'Aide Sociale. Il y est notamment précisé
à l'article 42158
que la collectivité doit assistance à toute mère n'ayant
aucune ressources, ou à tout enfant mineur en danger. C'est la loi.
Depuis 5 ans, les employés
des trois U.A.S. de Seine et Marne constatent que de plus en plus de faux
papiers d'identité leur sont présentés à l'appui
d'une demande d'aide en urgence. Et ce ne sont pas des spécialistes
! Il s'agit généralement de faux grossiers. Les assistantes
sociales sont surprises par l'incohérence des discours, par la persistances
des demandes, par la récurrence des histoires qu'elles écoutent.
Pour les femmes recquérant
une aide d'urgence, les scénarios sont toujours semblables :
· Une femme enceinte159,
seule ou accompagnée d'enfants mineurs, débarque à
l'Aéroport Charles de Gaulle en provenance d'un pays dont elle déclare
être ressortissante.
· Elle se présente
à la PAF et réclame l'asile politique, étant pourchassée
pour son engagement public, ou ses idées politiques (quand elle
en a...), ou simplement par ce qu'elle déclare avoir été
soupçonnée d'espionnage160
!
· Conformément à
la loi, elle est placée dans un centre de rétention administrative
(Hôtel IBIS à ROISSY) pour une durée d'environ une
semaine, et obtient un sauf conduit161
pour une durée de 8 jours, sauf conduit sur lequel est signifié
le fait qu'elle doit se présenter à la préfecture
du lieu de son domicile provisoire aux fins d'examen de sa situation administrative.
S'il y a rejet, elle doit quitter le territoire français à
l'issue des 8 jours.
· Déambulant dans
l'aéroport, elle tombe tout à fait par hasard, sur un ex
compatriote. Par chance cet homme est animé d'un pur esprit de dévouement.
Il accepte de l'emmener dans sa direction, et la dépose justement
devant un U.A.S. de la région parisienne !
· Prise en charge par la
D.D.A.S.S. du département, elle ne tarde pas à ressentir
les premières douleurs de l'accouchement. Hospitalisée d'urgence,
elle accouche peu après d'un petit prématuré162
qui, heureusement, a bien profité de ses 6 ou 7 premiers mois de
gestation.
· L'enfant étant né
sur le territoire français, il peut prétendre à la
nationalité française. Administrativement parlant, il n'est
donc plus question, pour la préfecture, d'expulser cette femme,
ou même de la séparer d'un nourrisson susceptible de devenir
français.
· De retour à l'U.A.S.
dont elle dépend, elle réclame l'assistance qui lui est due
par la collectivité afin de ne pas mettre en danger la vie de son
enfant. Elle est alors placée dans un hôtel (conditions sanitaires
obligent) en demi pension pour une durée d'environ 8 mois, en attendant
qu'une place se libère dans un centre d'hébergement. Une
aide journalière163
lui est également attribuée pour se nourrir, elle et son
enfant.
· Plusieurs mois plus tard,
la jeune femme déclare avoir pris une fausse identité et
demande sa régularisation. Son enfant est potentiellement français.
Après 24 mois, si elle est expulsée, l'enfant serait placé
à la D.D.A.S.S., ce que l'administration se refuse de faire à
ce jour.
A quelques nuances près,
c'est toujours la même histoire.
Madame MENIS, responsable de l'action
sociale de l'U.A.S. de MELUN pense qu'il existe un réseau zaïrois
destiné à détourner les fonds d'aide sociale, en contravention
avec l'article 146164
du Code de la Famille et de l'Aide Sociale. Elle fonde son impression sur
le fait que le gardien de l'U.A.S. a observé que c'était
toujours un véhicule Mercedes ou BMW, immatriculé en BELGIQUE
qui déposait les jeunes femmes devant l'U.A.S. Une rapide investigation
révèle que c'est le même véhicule qui dépose
le même jour des femmes devant les U.A.S. de MELUN, CESSON, MEAUX,
MITRY et CHELLES. La solidarité est décidément bien
organisée.
Prévenue des faits, la Police
Nationale est déclaré incompétente, aucune infraction
apparente n'ayant été constatée. Cette situation suscite
de nombreuses interrogations auprès des personnels des services
sociaux, pourtant animés d'un fibre humaniste et sociale particulièrement
développée. « Nous ne sommes pas des flics, nous
ne voulons pas faire un boulot de flics » déclarent [de
façon péjorative] les travailleurs sociaux. Faut-il dénoncer
de telles situations ? Et si oui, auprès de quelles instances ?
Les personnes sous fausses identités à l'U.A.S. de MELUN sont majoritairement des zaïrois et des congolais. Une répartition approximative des dossiers révèle :
· Zaïrois 40%
· Congolais 35%
· Algériens 5%
· Sri lankais 5%
· Autres nationalités
15%
Mesdames SALEMBIER, MENIS et LEFEBVRE, estiment avoir à gérer un nouveau cas par semaine d'une personne ayant des faux papiers, donc déclarant une identité fictive165. Elles évaluent les coûts directs et indirects à 13.300 francs par personne et par mois, soit 162.000 francs par an.
Sur la foi de ces déclarations, une évaluation nationale nous permet de penser que le préjudice pour l'état est au moins de 365 MF166 par an.
A.S.S.E.D.I.C. - U.N.E.D.I.C. et G.A.R.P.
Les escroqueries aux assurances chômage sont évidemment importantes. Si quelques cas extrêmes sont révélés par an, l'organisme UNEDIC fait le choix politique de ne pas communiquer sur les personnes qui détournent les fonds des différentes ASSEDIC, fonds collectés auprès des travailleurs en activité et des entreprises.
La raison invoquée est que « bien qu'étant auteurs d'infractions diverses, les demandeurs d'emplois (réels ou virtuels) sont des personnes dans des situations économiques déjà difficiles. Il est donc inutile de les accabler en ajoutant à leurs difficultés quotidiennes une pression de l'opinion publique, de la Police ou de la Justice ».
L'UNEDIC estime être à même de gérer correctement avec les ASSEDICs et le GARP les dossiers dit de « contentieux ». Or en terme de contentieux auprès des organismes d'assurance chômage, il ne peut s'agir que d'actes volontaires visant à détourner des fonds... On peut donc considérer que contentieux = escroquerie. La part des sommes non récupérées pour disparition pure et simple des demandeurs d'emploi n'est pas connue. Difficile d'estimer le pourcentage de dossiers liés à des fausses identités, qu'il s'agisse d'identité virtuelles, d'usurpations ou de substitutions.
Aucun chiffre ne nous a été communiqué.
2.3. CONSÉQUENCES DE L'UTILISATION DES FAUSSES IDENTITÉS SUR LE SYSTÈME BANCAIRE
Banques
Avant tout, les fausses identités permettent d'ouvrir un compte bancaire et de prétendre à un certain nombre de services ( prêt à la consommation, découvert, cautionnement, etc...).
Monsieur Alain RAYNAUD, Directeur
de l'inspection générale du CRÉDIT DU NORD estime
que les comptes ouverts sous de fausses identités représentent
environ 2% de l'ensemble des comptes. Sur ces 2% , on distingue les clients
honnêtes sous fausse identité, des clients malhonnêtes
profitant de leur fausse identité.
· La grande majorité
des personnes sont des clients « honnêtes » avec la banque,
c'est à dire qu'elles ne profitent pas de leur statut de personnes
sous fausse identités pour commettre des petites escroqueries constantes.
Ce sont probablement les travailleurs clandestins qui aspirent à
une vie normale sur le territoire français.
· En revanche, une minorité
active prend soin de monter de nombreuses opérations d'escroquerie,
notamment par le tendon d'Achille bancaire : les appels à caution.
Le principe est relativement simple, une personne, même sous sa véritable
identité va augmenter son encours auprès de la banque à
un point tel qu'il sera fait appel à la caution. Si les vérifications
concernant le titulaire même du compte dont l'encours est important
ont probablement été faites par les banquiers, celles concernant
les cautions sont en général bâclées pour des
raisons commerciales. Si le titulaire du compte est déclaré
insolvable, et que sa caution n'existe pas du fait d'une fausse identité,
les pertes sont entièrement supportées par les banques.
Il est très difficile d'estimer
le montant des préjudices subis par les banques, celles-ci ne souhaitant
pas révéler le montant de leurs pertes du fait d'un manque
de vigilance ou d'un manque d'application des consignes de sécurité.
Monsieur RAYNAUD, qui considère que le CRÉDIT DU NORD est une petite banque en terme de nombres de comptes bancaires, estime que les pertes subies par les comptes ouverts sous de fausse identité représentent 2 MF. Si l'on tente une péréquation rapportée au nombre de comptes bancaires existant, avec l'ensemble des banques françaises, la somme de 350 MF peut être avancée.
Organismes de crédit
L'objectif des organismes de crédit
est de provoquer le besoin de crédit à la consommation. Ces
crédits sont relativement modestes entre 10.000 et 25.000 F. Ils
s'obtiennent facilement, par téléphone, dans un délai
extrêmement court, sans que les employés de ces organismes
puissent réellement vérifier les déclarations de leurs
nouveaux clients.
Le montant des escroqueries liées
aux fausses identités sur les organismes de crédit représente
un préjudice global plus faible que celui des banques, mais quantitativement
ils sont plus importants. Dans l'affaire REHLINGER - HAMARD, l'organisme
de crédit FINAREF déplore un préjudice déclaré
d'environ 7.000 francs.
Aucun organisme de crédit (GIE Carte Bleue, COFINOGA, CETELEM, COFIDIS) n'ayant souhaité communiquer le montant de leurs préjudices estimés du fait des fausses identités, et manquant totalement de paramètres, il n'a pas été possible de proposer au lecteur de ce mémoire une estimation réaliste.
Les loueurs de véhicules
Les loueurs de véhicules enregistrent de plus en plus fréquemment la disparition complète de quelques uns de leurs véhicules. Il y a plusieurs types de disparitions : celles qui sont le fait de clients malveillants (ce sont des détournements), et celles dont les clients n'ont rien à voir avec le vol du véhicule (vol qualifié). Le cas des fausses identités ne concerne que les détournements.
Les modes opératoires sont
toujours identiques :
· le client mal intentionné
se présente dans une agence de location de véhicule aux heures
d'affluence. Sa demande va généralement vers des véhicules
haut de gamme167.
A l'appui de cette demande de location, il présente un faux permis
de conduire français ou étranger, un faux passeport ou une
fausse carte d'identité, une vraie carte bancaire établie
sous sa fausse identité, et part avec le véhicule. L'opération
peut également se réaliser avec de l'argent liquide.
· Le client est un client
dupe. Il se présente dans l'agence de location de véhicule,
et loue tout à fait normalement son véhicule. Généralement
il est accompagné d'une personne qui est alors inscrite comme conducteur
additionnel. Si les formalités concernant le conducteur principal
sont bien effectuées, celles concernant le conducteur additionnel
sont beaucoup plus légères. Le faux permis de conduire est
alors enregistré. Plus tard, à l'issue de la date de restitution,
le loueur de véhicule prend contact avec le client principal qui
lui apprend que le conducteur additionnel a disparu avec le véhicule.
L'enquête révèle alors que le client (généralement
une jeune femme modeste et naïve) a voulu rendre service a un ami
dont elle ignore presque tout, que celui-ci l'a quitté sans lui
laisser ses coordonnées si ce n'est un vague numéro de téléphone
portable désormais sans attribution168.
Le contrat mentionnant effectivement le conducteur additionnel, aucune
poursuite ne peut être engagée contre le client dupe. D'autant
que l'identité réelle du voleur est inconnue. Le préjudice
est essentiellement pour le loueur de voiture.
· L'escroc a pris soin de
se faire établir une carte de règlement169
personnalisée sous une fausse identité. Même quand
les cartes de règlement sont payantes, les vérifications
d'enregistrement sont simplifiées à l'extrême. Le mode
de renseignement est généralement déclaratif. Une
fois la carte établie, il suffit de disparaître avec le véhicule.
· Le client mal intentionné
loue le véhicule normalement en présentant les garanties
classiques. Puis, le jour de la date de restitution, les clefs du véhicule
sont glissées dans la boite aux lettres de restitution avec le contrat.
Mais le véhicule est introuvable. Contacté sur son téléphone
portable dès le lendemain, il confirme bien avoir restitué
le véhicule ; si un vol est intervenu, c'est nécessairement
après la restitution sur le parking de l'agence de location. Quatre
hypothèses sont possibles :
Pour être parfaitement objectif, la moitié des détournements de la société HERTZ pourraient être évités si les personnels des agences de location respectaient parfaitement les procédures de sécurité (vérification de la cohérence des papiers d'identité, cohérence du numéro, des dates, de l'orthographe, de la police de caractère utilisée sur les faux papiers, des réactions aux rayons ultra violets, etc). Il est probable que ce problème de respect des procédures par le personnel existe également dans toutes les sociétés de location.
Le fait que les vols de véhicules (et infractions concernant l'automobile) constituent 41% des faits enregistrés en France, contraint la Police Nationale et la Gendarmerie a avoir un pouvoir d'action assez limité. Depuis 1995, cinq entreprises de location de véhicule ont décidé de mener des investigations par elles mêmes avant de déclarer le sinistre auprès des parquets. Il est également intéressant de noter que les résultats des enquêtes réalisées directement par ces sociétés sont meilleurs que ceux de la Police Judiciaire. Toutefois, les coupables de détournements quand ils sont identifiés, ne sont pas toujours traduits devant un tribunal, l'objectif de la société de location étant avant tout de récupérer le véhicule pour limiter son préjudice.
Il est particulièrement périlleux
d'essayer d'évaluer le préjudice de ces entreprises à
cause de deux paramètres variables :
1. la quantité de détournement
effectuées avec des fausses identités,
2. le coût de chacun des véhicules
détournés.
Toutefois, le chiffre noir devrait avoisiner au minimum les 120jMF170 pour la France uniquement. Ce coût est supporté par les sociétés d'assurance qui le reportent sur les polices des sociétés de location, qui le reportent sur le prix de location payé par le client honnête !
Les transporteurs aériens
Selon une estimation de l'IATA171,
la fraude aux faux billets d'avion est en explosion. Le préjudice
a été estimé en 1996 à 1,5 milliard de dollars
par an pour les 254 compagnies membres de l'association. La compagnie aérienne
AIR FRANCE, malheureusement très discrète sur ces problèmes,
connaît un accroissement des fraudes aux faux billets d'avion de
38% en 4 ans172,
eux mêmes forcément utilisés avec de vrais faux papiers,
ou des faux vrais.
Les faux billets d'avion sont imprimés
à l'identique malgré quelques astuces anti contrefaçons,
et présentés avec de fausses pièces d'identité
correspondantes à l'identité indiquée sur le faux
billet.
Les modes opératoires sont
très nombreux. Nous ne ferons qu'une présentation des plus
courants :
· le passager arrive au dernier
moment avec un billet « open173
» en classe affaire émis manuellement dans une agence secondaire,
sur des destinations prestige174.
La prestance du passager, le type du billet, le stress du personnel d'enregistrement,
font que les vérifications sont abrégées. Des semaines
plus tard, lorsque le billet arrive en compensation, on découvre
qu'il n'a pas été émis. Le nom du passager apparaît
bien sur la liste des personnes montées à bord. La vérification
de son identité, quand elle possible avec certains pays, débouche
sur une impasse. La personne n'existe pas. Aucune enquête n'est possible.
C'est une perte directe pour le transporteur.
· Le billet a été
établi avec une identité occidentale usurpée de façon
à ne pas avoir de problème au passage du filtre de Police.
Lorsque le billet arrivera en chambre de compensation, la compagnie se
retourne alors vers la personne victime de l'usurpation. Le temps de démêler
l'écheveau, le temps pour la victime de prouver son innocence quand
c'est possible, les poursuites sont arrêtées par extinction.
· Le passager arrive là
encore au dernier moment sur des vols sans contrôle réel du
fait de l'affluence continuelle (La Navette175)
et d'un tarif unique. Il embarque au dernier moment, bien habillé,
impatient, exigeant, arrogant. De ce fait, les relations sont limitées
au strict minimum. Dans la précipitation, le billet n'est pas toujours
vérifié.
· Une personne se fait ouvrir
un compte « fréquent flyer » de fidélisation,
ouverture de compte qui se fait de façon déclarative. Il
usurpe l'identité d'une personne dont il sait qu'elle voyage beaucoup,
et se fait transférer ses miles sur sa propre carte. Il utilise
alors les miles avec l'identité usurpée de sa victime, puis
disparaît.
· Des lots de billets vierges
sont volés dans les agences de voyage, ou déclarés
comme tels. Ils sont alors émis manuellement et validés alors
qu'ils sont en opposition. Les billets volés sont revendus sur le
circuit parallèle à des passagers, dupes ou receleurs, à
des prix attractifs. Le trafic de faux billets d'avion fonctionne en corrélation
complète avec celui des faux papiers.
Il y a beaucoup d'autres méthodes
que nous ne détaillerons pas. Ce qu'il faut savoir, c'est que le
faux billet utilisé avec une fausse identité n'est pas une
activité réalisée ponctuellement par un fraudeur de
génie. C'est une activité industrielle qui profite à
la criminalité organisée ! Les bénéfices de
cette activité lucrative sont généralement réinvestis,
selon les spécialistes mondiaux de la prévention des fraudes,
dans les autres activités criminelles : trafic de stupéfiants,
trafic de véhicules, trafic d'êtres humains, prostitution,
contrefaçons et contrebande.
Il est intéressant de noter
que les réseaux criminels les plus efficaces sont parfaitement identiques
à ceux des faux papiers. Au palmarès du faux billet d'avion176,
on retrouve :
· Les Libanais
· Les Nigérians, Ghanéens
et Zaïrois
· Les Ivoiriens
· Les Philippins
· Les « black muslims
»
· Les Yougoslaves, Albanais,
Serbes et Croates.
· Les vietnamiens
Malgré une politique très volontaire (et assez performante) de la compagnie, le personnel AIR FRANCE en métropole n'est pas vraiment favorable à des vérifications réelles des billets. Les raisons avancées sont :
1. Ne pas avoir d'ennui avec un passager
qui pourrait être influent
2. Ne pas avoir un rôle de
contrôle, assimilé à une tâche répressive
confiée il y a peu à la PAF sur les vols internationaux,
ou à des sociétés privées sur les vols domestiques
3. La prime de découverte
d'un faux billet n'est pas assez attractive177
La compagnie AIR FRANCE n'a pas
souhaité que les chiffres la concernant soit communiqués.
Toutefois, on sait que le préjudice actuel est équivalent
au chiffre d'affaires d'un CDL178
comme celui DU CAIRE. Compte tenu de la croissance actuelle de la fraude,
on peut estimer179
le préjudice du contribuable français à 130 MF en
2005 et 500 MF en 2010.
Sur le plan international une estimation de 5,5 milliards de dollars en 2005 et de 21 milliards de dollars en 2010 peut être raisonnablement envisagée.
Industrie hôtelière
L'industrie hôtelière mondiale est l'une des victimes de choix des escroqueries classiques reposant fréquemment sur de fausse identité, et parfois sur de fausse cartes bancaires ou cartes de fidélisation établies sur la base de ces mêmes fausses identités.
Les clients malveillants utilisent
deux modes opératoires :
· Ils se présentent
dans un hôtel qui enregistre ses clients uniquement d'après
l'identité affichée. C'est le cas dans beaucoup de pays en
voie de développement. Puis après une durée généralement
longue (20 jours au moins), ils quittent l'hôtel « à
la cloche de bois » en prenant soin d'abandonner quelques affaires
dans leur chambre afin de retarder la découverte de leur absence.
Les recherches sont bien entendu vaines. Le préjudice est uniquement
à charge de l'hôtelier.
· Nos clients réservent
par l'intermédiaire d'une centrale de réservation une chambre
dans un très grand hôtel. La réservation existe et
est garantie par un numéro de carte bancaire existant. Lorsque le
client se présente avec une carte bancaire, son paiement est déjà
garanti par une carte de crédit, peu importe qu'elle ne soit pas
à son nom. Une empreinte manuelle vierge d'une autre carte bancaire,
fausse cette fois, est établie à titre de provision, sans
aucune vérification véritablement poussée. Notre client
est un bon client, c'est à dire qu'il dépense sans compter,
offre quelques pourboires important au personnel, ce qui pré suppose
toutes les garanties d'honorabilité ! Après avoir épuisé
son crédit d'honnêteté auprès du personnel,
il quitte discrètement l'hôtel abandonnant ses valises vides,
après avoir transféré en plusieurs fois leur contenu
dans des petits sacs. L'affaire est généralement classée
rapidement par les parquets.
· Comme pour les cartes de
règlements envers les loueurs de véhicule, il suffit de se
faire établir une carte de fidélisation, fut-elle payante.
En arrivant à l'hôtel, la carte de fidélisation permet
au client de ne pas subir les vérifications habituelles. Après
avoir passé une semaine ou deux dans un hôtel, il suffit de
partir en abandonnant quelques affaires. L'amortissement de la carte est
ainsi rapidement réalisé.
Les préjudices des hôteliers sont modestes, mais malheureusement beaucoup plus fréquents. Contrairement à l'idée reçue, les hôtels de luxe sont moins touchés que l'hôtellerie bas de gamme. Les préjudices sont faibles et fréquents pour l'hôtellerie dite familiale, tandis qu'ils sont importants et plus rares dans les palaces. C'est ce qui explique que le groupe ACCOR a pris des mesures draconiennes sur ses hôtels de type FORMULE 1 ou ETAP, établissement dans lesquels le paiement se fait de façon journalière, de préférence avec une carte de crédit pour laquelle la banque est interrogée au quotidien. L'accueil s'en ressent forcément puisque ce ne sont plus des concierges zélés et prévenants qui accueillent les honorables voyageurs, mais des cerbères avides de multiples garanties.
La encore peu de chiffres connus. Aucune chaîne d'hôtellerie n'acceptant de communiquer le chiffre noir de ses préjudices du fait de clients ayant déclaré une fausse identité. Le groupe ACCOR n'a pas souhaité donner de chiffre à ce sujet. En revanche, la chaîne américaine CHOICE installé en France depuis 5 ans seulement, déclare qu'aux ETATS UNIS, chaque hôtel du groupe enregistre chaque année 5 fraudes par an, dont une est effectuée par un client présentant une fausse identité. Par extrapolation, on peut estimer en FRANCE un préjudice de 75 MF180 au moins pour une année, tout en étant certains d'être en dessous de la réalité. Le chiffre mondial serait en 1998 de plusieurs milliards de dollars.
Entreprises du marché de l'immobilier
Le marché de l'immobilier
connaît lui aussi une recrudescence de pertes engendrées par
des locations sous fausse identité. Les agences immobilières
connaissent trois types de scénarios :
1. La location d'un logement principal
non meublé
2. La location d'un logement meublé
3. La location d'un logement de
vacances
· En ce qui concerne les
logements principaux non meublés, le bail est généralement
établi tout à fait normalement sur la foi d'une fausse identité
et de divers autres faux (fausses fiches de payes, fausses déclarations
familiales, fausses attestations d'employeurs, fausses déclaration
de revenus, etc.). La plupart du temps, il s'agit de grands appartements
loués dans des zones urbaines sensibles. Les loyers sont payés
presque normalement, en liquide, pendant une durée minimale allant
généralement jusqu'au début de l'été.
Pendant les vacances scolaires, aucun paiement du fait d'une supposé
absence. Septembre est le mois de la négociation, mois au cours
duquel le propriétaire accepte un étalement de la dette.
Mais les paiements n'arrivent toujours pas, et le propriétaire entame
alors des démarches d'expulsion. A l'image du fonctionnement de
la justice, la procédure d'expulsion est longue, aussi le mois de
novembre arrive assez rapidement ; l'interdiction d'expulser aussi ! Il
faut désormais pour le propriétaire attendre la fin de l'hiver.
Avril/mai, il est alors temps pour les locataires indélicats de
quitter les lieux en abandonnant leur maigre mobilier sans demander leur
reste. La dette, elle, subsiste, et le propriétaire ne peut se retourner
en justice contre des personnes qui n'existent plus officiellement. La
perte est bien réelle, sans compter les frais de remise en état
des appartements, certains locataires n'hésitant pas à emporter
avec eux le mobilier sanitaire, les convecteurs, etc. Il n'y a pas de petits
profits. Ce scénario est le plus fréquent. Les préjudices
sont en moyenne de 30.000 francs. Si l'on considère que 5% des familles
disparues (inscrites au contentieux) ont souscrit un bail sous une fausse
identité, on peut estimer un préjudice national pour les
sociétés HLM de 90 MF.
· La location des appartements
meublés obéit à des règles différentes.
Ce sont en général, des personnes en apparence aisées,
qui louent des villas luxueuses ou de grands appartements de 200 ou 300
m² dans les meilleurs quartiers. Les loyers mensuels avoisinent généralement
les 25 KF. Même dispositif, bien que des cautions confortables aient
été précédemment versées. Le paradoxe,
c'est que la loi anti expulsion s'applique également aux appartements
de luxe. Là encore, aucune chance pour le propriétaire de
récupérer ses pertes. Ces arnaques à la location ont
même été réalisées avec de faux passeports
diplomatiques.
· La location des villas
de vacances est également un sport intéressant. D'autant
que les cautions ne sont pas systématiques étant donné
le coût de la location. Ne négligeons pas non plus l'envie
d'un propriétaire, d'oublier de déclarer un revenu complémentaire.
Les paiements en espèces sont donc les bienvenus. Très souvent,
le bail des locations saisonnières à des particuliers est
oral. Le reste est très classique, et obéit aux même
règles que celles des arnaques classiques effectuées avec
une fausse identité.
A ce jour, aucune société HLM n'a accepté de communiquer des éléments concernant d'anciens locataires sous fausse identité. Monsieur GUYOT de L'OPAC du Rhône justifie son refus de s'exprimer par la peur de commettre un dérapage xénophobe en citant les cas qu'il a pu connaître depuis dix ans sur les 7.000 logements qu'il gère dans la banlieue lyonnaise. Sans aucune référence, et sans chiffres précis, il a été impossible de tenter une évaluation sérieuse.
Entreprises de location de matériel
Il est clair que les entreprises qui louent toute sorte de matériel sur la foi d'une identité présentée, voient régulièrement leur matériel disparaître malgré toutes les précautions prises. Il n'est guerre utile de développer.
Là encore, aucun moyen d'évaluer le nombre et le montant des sinistres.
2.5. CONSÉQUENCES DE L'UTILISATION DES FAUSSES IDENTITÉS SUR LE SYSTÈME DE PROTECTION MÉDICALE
La CMU
SOS Médecins à Paris estime que la CMU présente des effets particulièrement pervers. Le principe de la gratuité des soins pour les personnes indigentes n'est absolument pas remis en cause, la difficulté vient du fait que les services de secours sont sollicités beaucoup plus souvent qu'auparavant par des familles indigentes parce qu'ils n'ont pas à faire l'avance de frais. Alors que SOS Médecins est un pré-service d'urgences, les médecins sont désormais sollicités à toute heure du jour et de la nuit pour de la « bobologie », ou de la médecine de confort. Le principe de venir dans un dispensaire ou un hôpital pour y recevoir des soins est donc progressivement abandonné au profit d'un confort qui est de faire appeler un médecin à domicile.
Quel rapport avec les fausses identités ? Simplement le fait que la CMU permet de légitimer la clandestinité. Naturellement, les patients n'ont pas à justifier de leur identité, ni de leur affiliation à la sécurité sociale. Alors qu'auparavant, pour se faire soigner, il fallait au moins justifier de son affiliation à une CPAM, l'utilisation de sociétés comme SOS Médecins, ou de tout généraliste, permet de prodiguer des soins à des personnes qui seraient découvertes comme clandestines si elles se présentaient dans un hôpital...
L'hospitalisation
Autre problème : les substitutions d'identités dans le cadre d'actes médicaux lourds. Elles sont malheureusement fréquentes avec les étrangers (pas forcément indigents) qui viennent de leur pays pour accoucher ou subir une intervention chirurgicale un peu lourde au nom d'un compatriote installé en France et titulaire d'une carte de séjour ou de la nationalité française.
Théoriquement, les hôpitaux français accueillent toute personne étrangère, sans aucune discrimination, pourvu que le coût des soins soit assumé par la personne elle même, ou par une assurance de son pays d'origine. Afin de ne pas avoir à supporter les frais d'une hospitalisation, on utilise alors les substitutions d'identités181. Cela arrange tout le monde. Découvrir officiellement l'existence de telles pratiques pourrait induire des difficultés politiques et diplomatiques.
Parmi les exemples, lourds de conséquences, que l'on peut noter, prenons le cas de la carte « vitale ». Elle contient toutes les informations nécessaires pour bénéficier d'actes médicaux, de couvertures financières, etc. L'absence de photographie, permettant de reconnaître le titulaire, permettra sans aucun doute de multiples substitutions d'identités. Ca arrange tout le monde. Découvrir officiellement l'existence de telle pratiques pourrait induire des difficultés politiques et diplomatiques.
2.6. CONSÉQUENCES DE L'UTILISATION DES FAUSSES IDENTITÉS SUR LES CONTRÔLES AUX FRONTIÈRES
En effet, comme nous l'avons développé précédemment, il est tout à fait impossible pour un douanier ou un policier ou tout autre personnel des services de sûreté d'un port ou d'un aéroport de repérer :
· Un faux vrai passeport de
son propre pays (un policier182
français par exemple ne sera pas capable de détecter un faux
vrai passeport français)
· un faux passeport d'un
pays étranger.
Le contrôle des identités aux frontières nécessiterait une formation spécifique, en constante évolution du fait des bouleversements géopolitiques et du fait des diverses techniques utilisées par le crime organisé pour perméabiliser les frontières des pays, notamment des pays occidentaux.
Sur le plan technique, les moyens
de contrôle sont assez faibles. L'utilisation de la lampe ultra-violet
permet de détecter les faux grossiers, mais c'est surtout le comportement
des voyageurs qui peut mettre en éveil un policier averti. Les falsifications
grossières sont presque toujours détectées immédiatement.
Une des techniques des trafiquants en général consiste à
débarquer en France par exemple le matin très tôt à
l'arrivée des premiers vols ou le soir assez tard. Cela permet d'espérer
que les policiers sont ou fatigués ou travaillent à des périodes
où l'attention est difficilement soutenable. Les contrôles
d'identité aux frontières régleraient probablement
un certain nombre de problèmes avec les fausses identités
sur le territoire national (à hauteur de 60%).
Comme nous l'avons vu dans le précédent
chapitre, c'est principalement sur les populations immigrées que
s'appuie l'utilisation de fausses identités.
Naturellement, les fausses identités étrangères, sont difficilement vérifiables, avant tout parce qu'il n'existe pas d'état civil nécessairement performant dans certains pays. Quelques demandes sont effectuées mais les réponses sont longues à venir, la loi française n'autorisant qu'une rétention de quatre heures maximum dans le cadre d'une vérification d'identité.
2.7. CONSÉQUENCES DE L'UTILISATION DES FAUSSES IDENTITÉS SUR LE SYSTÈME JUDICIAIRE
Il s'agit de personnes physiques ou de personnes morales. Il est évidemment que s'il n'est plus possible pour toutes les raisons évoquées précédemment d'identifier les auteurs des infractions, notre système judiciaire apparaît comme étant l'un de ceux qui favorisera le plus l'impunité. Les problèmes principaux viennent du fait que les magistrats n'ont pas les moyens de s'assurer de l'identité réelle des prévenus qui se présentent à eux. Ainsi, nous observons plusieurs cas :
· Une fausse identité
utilisée dans le cadre d'une escroquerie ne permet pas à
la justice, malgré une demande de recherche de trouver l'auteur
de ou des infractions. C'est malheureusement un cas assez fréquent.
L'encombrement des tribunaux fait que la justice va s'intéresser
à des infractions plus lourdes ou plus prioritaires, ce qui est
un souci parfaitement légitime. Un grand nombre de ces infractions
commises sous de fausses identités finissent par être oubliées
et non traitées soit du fait de la prescription des faits, soit
par extinction de l'affaire.
· En ce qui concerne les
personnes que la justice n'arrive pas à identifier mais qui sont
physiquement présentes, ces prévenus vont déclarer
une certaine identité, qui n'est pas forcément leur identité
réelle. Après les avoir référencés par
l'identité judiciaire, ces personnes vont être jugées
et condamnées sous leur identité déclarée et
vont accomplir la peine décidée par le tribunal. C'est ainsi
que l'on retrouve parfois des personnes connues sous plusieurs identités,
en général toutes fausses. Leur identification ne s'effectue
que sur des éléments biométriques, à savoir
leurs empreintes dactylotechniques. Le fait d'être référencé
par l'identité judiciaire, ne les dissuade pas vraiment de commettre
de nouvelles infractions puisque leur identification biométrique
ne confère pas une dimension aussi sacrée que l'utilisation
de leur nom réel, qui lui, pourrait porter le déshonneur
sur leur famille ou sur leurs proches. C'est souvent le cas des chinois.
· Un nombre non négligeable
de personnes sont incarcérées sous X. Le fait d'être
incarcéré sous X établi la certitude du refus de présenter
son identité à un magistrat. Cette attitude est sanctionnée
par le code pénal, mais la peine est souvent dérisoire par
rapport à l'infraction commise ou à d'autres infractions
non connues que l'on pourrait rapprocher. Il n'est donc pas assez dissuasif
d'être incarcéré sous X.
D'une façon générale, on peut estimer que les fausses identités annihilent le bon fonctionnement du système judiciaire, mais surtout autorisent la récidive. C'est le cas de nombreux étrangers qui sont expulsés sous une certaine identité et reviennent dans un pays d'accueil sous une autre identité. Comme nous l'avons vu dans le paragraphe 2-6, il n'est pas possible aux policiers des frontières de faire instantanément le rapprochement entre l'identité d'une personne expulsée et interdite de séjour et l'identité de la personne qui se présente devant eux à la frontière. C'est là toutes les limites de l'identité patronymique, qui ne suffit plus pour assurer le fonctionnement correct, intègre et fiable du système judiciaire.
152Black-list : liste noire
153Les allocations familiales pour 10 enfants mineurs représentent une somme d'environ 12.000 F et 25.000 F pour 18 enfants.
154Selon les déclarations des complices.
155En fait, Jocelyne HAMARD aurait probablement touché des allocations familiales pour ses 11 enfants, mais avec un calcul différent. Il y a donc bien un préjudice pour la sécurité sociale.
156Toutes prestations confondues : parent isolé, allocation handicapé, RMI, aide scolaire, aides exceptionnelles, avances sur trésorerie, allocation logement, etc.
157UAS
: Unité d'Actions Sociales sont des annexes délocalisées
des D.D.A.S.S. : Directions Départementales de l'action Sanitaire
et Sociale
158loi
n° 71-1050 du 24 décembre 1971
159Officiellement,
une compagnie aérienne ne peut embarquer une femme enceinte de plus
de 8 mois conformément à la convention de CHICAGO et aux
injonctions de l'O.A.C.I. qui régit le transport aérien international.
La déclaration de grossesse est déclarative ! Officieusement,
toutes ces malheureuses sont enceintes au dernier degré.
160Voir le récit annexé de Madame Tshebwe BATENA du 31/01/2000.
161Voir exemple de sauf conduit en annexe.
162Rappelons pour la forme que l'Organisation Internationale du Transport Aérien n'autorise pas l'embarquement des femmes enceintes de plus de 7 mois. La vente du billet s'effectue sur déclaration du client, et parfois sur présentation d'un certificat de grossesse qui, dans les faits, s'achète ou se transforme en certificat de complaisance.
16330
francs par jour et par personne environ, soit 2.000 F/mois.
164Article
147 : Sans préjudice des poursuites en restitution, quiconque aura
frauduleusement perçu ou tenté de percevoir des prestations
au titre de l'aide sociale, sera puni des peines prévues aux articles
313-1, 313-7 et 313-8 du code pénal .
165Aucun
intérêt de déclarer une identité usurpée
dans le cadre d'une action sociale de prise en charge.
166365 MF = 162.000 FF par personne x 50 personnes par an x 3 UAS sur 5 par département x 15 départements sur 95.
167Selon la société HERTZ, ce sont des véhicules d'un coût moyen de 200 KF.
168Voir Mobicarte® et identité électronique dans la première partie.
169Par exemple la carte AVIS 1000, ou la carte HERTZ #1CLUB GOLD
170120 MF = 50 véhicules d'un prix moyen de 160 KF, par les 15 sociétés les plus importantes de location de véhicules en France.
171IATA : Association du Transport Aérien International.
172Étude réalisée sur 3 ans par le service DG AI « Prévention des fraudes », créé en 1996 par Monsieur Robert LLORENTE
173Billet valable sur tous les vols d'une même destination, et ce sans réservation.
174Paris, Londres, New-York, Honk Kong, Singapour, Tokyo, Los Angeles, Miami, Rio de Janeiro, Munich, Genève, Rome, Amsterdam, Bruxelles, Chicago, San Fransico
175Le concept Navette, c'est de faire partir les avions toutes les demi-heures sur des destinations très demandées, et ce aux heures de pointe.
176Information diffusée sur les support de formation du service prévention des fraudes d'AIR FRANCE.
177En cas de découverte d'un faux billet d'avion avant embarquement, l'agent responsable de la découverte touche une prime de US $ 50, quelle que soit la compagnie à laquelle il appartient. Si cette prime est très attractive dans la très grande majorité du monde où les salaires des employés de compagnie aérienne sont bas, elle est considérée comme très insuffisante par les partenaires sociaux en France.
178CDL : Centre De Ligne, ou anciens CDR Centre de Résultats.
179Estimation effectuée avec un taux de croissance minoré d'un quart/an sur le taux actuel, intégrant ainsi les futurs et hypothétiques succès de la Police, de la Justice et de la Prévention des Fraudes.
18075 MF = 1 chambre au prix moyen de 220 FF pendant dix nuits pour le même client, une fois par an dans chacun des 50.000 hôtels de France.
181Voir Première partie, chapitre 2, substitution d'identité page 67.
182Naturellement,
il ne serait question de leur en tenir rigueur, puisque justement le passeport
est vrai ! ... Comment deviner qu'il comporte une fausse identité.