A. Hells Angels contre Bandidos / Outlaws

1) implantation et activités

Les Hells Angels sont présents en France depuis 1980, date à laquelle un club d'aspirants apparaît. Il s'agit des « Hells de Crimée » qui recevront leurs couleurs le 18 avril 1981 des mains de leurs frères néerlandais. C'est en 1987 que les Hells français amorcent une existence légale sous la forme d'une S.A.R.L. « M.C.H.A. » (Motorcycle Club Hells Angels), basée rue Louis Blanc (10ème). Il s'agit du siège des Hells Angels parisiens qui ne se cachent pas puisque l'immeuble en question est clairement estampillé "Hells Angels France". A noter que ce siège est constamment contrôlé par des caméras de surveillance et un « vigile » y est présent lors des réunions du club (souvent un membre prospect). Mais le centre névralgique de leurs activités reste la rue de l'Ourcq, non loin du siège. Cette rue abrite le bar H.A. « F.T.W. » et quelques membres éminents y habitent203. Les Hells parisiens prennent ensuite appui sur les « Damnés » d'Orléans qui deviennent le deuxième chapitre français des H.A. le 18 avril 1987. L'opération menée contre les Bandidos de Marseille en août 1991 vaudra à ses exécutants, les « Filthy Rebels » de Grenoble, un club-aspirant, leurs galons de Hells Angels à part entière le 7 septembre 1991. Mais, du fait même des répercussions judiciaires de cette opération, le chapitre grenoblois a d'abord été officiellement « excusé » dans les réunions internationales puis semble avoir disparu de l'organigramme de l'organisation. Un autre club Hells Angels (devenu prospect le 8 octobre 1993) a existé à Toulouse (les « Barbarians ») mais suite au meurtre de son Président, le club disparaît et ses membres sont dispersés entre les autres chapitres (surtout Orléans). Le dernier chapitre en date a été créé le 18 avril 1999 sur la base du « RMB - Gagny » (pour Raving Mad Brothers). Bien que basé originellement en région parisienne, le club est surtout actif à Paris même où de forts investissements immobiliers ont été constatés. Cette bande, composée d'éléments jeunes et parlant bien l'anglais204, ne peut que s'élever rapidement au sein de la mouvance Hells. On peut dresser un rapide portrait-robot du noyau dur des Hells français : il s'agit en général d'hommes murs (entre 40 et 50 ans) ; déjà connus des services de police (surtout pour des faits de violences) ; en charge de famille ; ayant des métiers souvent manuels et peu qualifiés (parfois liés au monde de la moto ou du tatouage) ; avec un bagage intellectuel plutôt réduit ; parfois fortement alcoolisés... L'arrivée des « RMB - Gagny » dans la galaxie des H.A. pourrait changer radicalement ce portrait-robot : tous exercent une profession et ont un bagage scolaire plus important que leurs aînés ; sur une dizaine de membres en 1999, seuls 3 ont un casier judiciaire ; enfin, on constate que certains membres de ce chapitre ne portent pas de tatouages apparents. De vrais criminels en col blanc. C'est sans doute l'objectif principal des Hells Angels néerlandais qui ont imposé à leurs frères français la création de ce nouveau chapitre. Celui-ci se rapproche plus du modèle scandinave et nord-américain : discrétion maximale et intégration économique (les dirigeants du chapitre de Gagny possèdent un magasin de motos près de la Place de la Bastille205, une société de coursiers et deux entreprises de transport de fret avec des antennes en Angleterre et une domiciliation fictive dans le paradis fiscal des Îles Salom). En 2001, divers signes montrent une volonté de la part des Hells Angels de créer un chapitre « Côte d'Azur » à Fréjus, pour contrecarrer l'influence des Bandidos dans le sud de la France. A terme, un chapitre à Toulouse pourra également prendre forme sur la base des « Diableros ». Le signe le plus important de cette volonté de contrer les Bandidos sur leur propre territoire est sans nul doute l'organisation du World Run 2001 à Puget-sur-Argens (Var) en mai206.

Le chapitre Bandidos de Marseille207 a constitué le premier chapitre européen de l'organisation en septembre 1989. Il s'agit en fait de la bande du « M.C. Clichy » (fondée en 1982) qui a été chassée de la région parisienne en 1984 par les Hells Angels. S'installant à Marseille, les premiers Bandidos européens s'accaparent le marché du trafic des pièces détachées et le racket des concessions Harley-Davidson dans le Sud-Est. Preuve de la formidable croissance du gang texan, plusieurs chapitres ont vu le jour : celui de Montpellier a été créé en octobre 1993 et celui de Clouanges (près de Metz) au printemps 1994. A la même période, un club de Saint-Appolinaire (près de Dijon) devenait prospect Bandidos. Mais les arrestations opérées après une expédition punitive contre une sous-bande pro-Hells mettent fin aux activités du chapitre de Montpellier et du club-prospect de Dijon. A sa sortie de prison, un membre important du chapitre montpelliérain a créé un nouveau chapitre Bandidos à Annemasse en septembre 1996, sur la base du « M.C. 74 ». Le chapitre Bandidos de Metz était plongé dans une certaine léthargie : des membres danois du mouvement ont donc assuré une présidence tournante pour éviter la perte du chapitre, au moment même où les implantations nouvelles sont limitées selon l'accord de paix. Ensuite, une figure historique des Bandidos français (qui a créé le chapitre Outlaws de Nantes et également le chapitre de Montpellier) a repris la tête du chapitre lorrain. D'ailleurs, un « Spring Erotica Show » a fêté son arrivée début juillet 1999. Ce club possède également un gang hangaround : les « Thunderbirds »208. Implantés à Nancy, ils organisent depuis 1996 un rassemblement de Harley dans la région. En l'an 2000, deux nouveau chapitres ont été créés à Grasse et à Cannes et un chapitre prospect a vu le jour à Nice. En 2001, certains annoncent la création prochaine à Narbonne et Avignon de nouveaux chapitres.

Un chapitre Outlaws a également existé en France, à Rezé (banlieue de Nantes) depuis 1991. C'est un Bandidos marseillais qui s'est rendu à Nantes pour organiser le M.C. 44 qu'il a ensuite abandonné après un an et la mise en place d'une nouvelle équipe dirigeante. Cet exemple montre bien les liens très proches (« organisations soeurs ») entre les deux gangs. C'est le 19 octobre 1993 que les trois dirigeants nantais sont officiellement intégrés à la structure internationale lors d'un séjour au Canada. Les dirigeants ont commencé à arborer les couleurs « Outlaws Europe » mais les « Outlaws Midlands », considérés comme un club ami (avant de devenir un chapitre à part entière), se sont plaints et les nantais ont donc dû faire preuve de plus d'humilité en se faisant appeler « Outlaws France ». Ils semblent avoir été impliqués dans l'importation de drogues chimiques mais aussi dans la « protection » de magasins Harley (peut être en utilisant des malfaiteurs gitans209) de la région nantaise voire dans une affaire de trafic d'armes. Un consensus semblait s'être établi avec le milieu nantais (un des repaires des Outlaws est un bar appartenant à un « parrain » local) mais la volonté des bikers de s'imposer sur le marché de la drogue et de la sécurité des concerts leur a, semble-t-il, valu quelques inimitiés au sein du grand-banditisme local. Aujourd'hui, les activités du club sont considérablement réduites et Nantes n'est plus cité dans l'organigramme du club. Outre l'antipathie de la pègre nantaise, cette mise en sommeil s'explique aussi par l'arrestation du Président du club pour une double agression (durant sa cavale, il aurait été tatoueur en Angleterre, protégé par le club « Outlaws » local210) et la grave blessure de son trésorier en Scandinavie. Ce dernier s'est en effet rendu en été 1995 en Norvège où il est devenu membre d'un club-prospect Outlaws à Oslo. Il a été blessé de plusieurs balles tirées par les « Untouchables », club lié aux Hells Angels. Paraplégique, il est rentré en France où il a épousé une parente du Président des Bandidos de Suède211.

2) guerre territoriale

La répartition des clubs sur le territoire national dessine naturellement les « zones d'influence » des diverses bandes en présence. Pourtant, il est inévitable que des affrontements éclatent, contestant ainsi l'hégémonie de tel ou tel groupe sur un territoire donné. Si le conflit Hells / Bandidos est bien réel en France, il n'est cependant pas du niveau de violence atteint dans les pays scandinaves ou au Canada.

C'est sans doute le 22 août 1991 que l'incident le plus grave se produit (le premier du genre en France, près de deux ans après l'installation officielle des Bandidos), avec le mitraillage du local des Bandidos de Marseille. Le Président du Chapitre (chassé de la région parisienne voici quelques années par les Hells Angels) est tué et deux autres membres grièvement blessés. On retrouve également dans le local une grenade qui n'a pas explosé. L'opération serait liée à un conflit pour le contrôle du trafic de pièces détachées et des réunions de motards (les Bandidos ayant créé leur propre « Iron Power Bike Show » sur le circuit du Castellet)212. Mais cette explication ne suffit pas : l'attaque contre les Bandidos se produit la veille du Free-Wheels et près de 2 mois après la descente de la Brigade des Stupéfiants au siège de la Rue Louis Blanc, à Paris (plusieurs armes ainsi que 750 grammes de cocaïne et 11 kg de cannabis saisis). Les Hells Angels n'ont-ils pas pu supporter cette concurrence au moment même où leurs propres affaires flanchaient ? Quelques mois plus tôt, le climat s'était nettement détérioré : en avril 1991, un Bandidos, frère du concessionnaire exclusif Harley-Davidson pour les Bouches-du-Rhône, est pris pour cible par deux hommes à moto dans son salon de tatouage (mitraillé fin mai 1991) ; en juin, c'est la façade des « Wanted Bikers » (club souhaitant se libérer du pesant « parrainage » des Bandidos pour se rapprocher des Hells) qui est mitraillée en Haute-Savoie et les motos garées à l'extérieur, détruites. Vient ensuite l'escalade avec un mort et deux blessés graves. L'enquête permet de mettre en cause les Hells Angels et leur groupe prospect de Grenoble, les « Filthy Rebels », appuyés par le club hangaround de Fréjus et Toulon, les « Buccaneers ». Après cette opération, les motards grenoblois reçoivent les couleurs Hells Angels, un honneur cependant terni par l'arrestation en février 1992 de toute la bande, de leurs complices de la Côte et d'un membre important du chapitre parisien. Les représailles des Bandidos se font moins attendre : en décembre 1991, un engin explosif est déposé à l'entrée du local Hells Angels de Grenoble. Un organisateur de spectacles est grièvement blessé au dos et aux jambes.

Autre évènement important, en février 1994 : le meurtre du chef des « Barbarians » de Toulouse, club prospect H.A.. Implanté à Toulouse, le club-prospect ne pouvait que mal réagir quand le concessionnaire local Harley-Davidson choisit des Bandidos marseillais pour protéger une journée portes-ouvertes de son magasin. Menacé à plusieurs reprises, le concessionnaire abat le chef des « Barbarians », entré dans son bureau après avoir essuyé un coup de feu d'un Bandidos. Ce meurtre vaut au club d'entrer officiellement dans la confrérie Hells Angels mais aussi le désorganise totalement. Contrairement à l'épisode mortel précédent, il ne semble pas que des représailles directes de la part des Hells aient eu lieu, même si elles ont été envisagées.

La « guerre » territoriale est pourtant loin d'être terminée comme en témoignent divers incidents. Ainsi, en mai 1995, des Bandidos de Marseille, Montpellier et Metz organisent une fusillade (plus de 30 impacts de balles seront retrouvés) contre le club pro-Hells des « Apocalypse Riders » à Créancey (Côte d'Or), avec 2 blessés dont un grave (paraplégie). Il s'agissait en fait de représailles, suite aux provocations de H.A., de passage dans la région213. Les opérations de police relatives à cette expédition punitive contre un groupe accusé d'empiéter un territoire Bandidos (il existait alors un club-prospect près de Dijon) mettent fin aux activités du club de Montpellier et au club-prospect de Dijon. Il faut dire que diverses opérations d'intimidation avaient été menées contre le magasin dijonnais du tatoueur des « Apocalypse Riders », jusqu'à son incendie en décembre 1995. Le 25 mars 1999, un Bandidos est condamné à 18 ans de prison par la Cour d'Assises pour tentative de meurtre (le Procureur de la République avait requis 12 ans d'emprisonnement) ; 10 complices sont jugés ultérieurement par le Tribunal Correctionnel. Un empiètement identique s'est déroulé en Haute-Savoie, contrôlée par les Bandidos installés à Annemasse. Ainsi, en janvier 1997, plusieurs coups de feu touchent les locaux du groupe pro-Hells des « Bad Winners ». Pas de blessé mais les sympathisants des Hells ont du adopter un profil bas et moins fréquenter les HA, de peur de représailles. Quelques mois plus tard, en mai 1997, les « Wakan Tanka » (mouvance Hells) organisent un rassemblement à Cavaillon, en pleine terre Bandidos. Cette réunion de motards est perturbée par un groupe important de Bandidos, pris pour cible par un sympathisant Hells, lui même blessé par des tirs en retour des Bandidos. Par la suite, plusieurs personnes sont interpellées et des armes saisies. On peut penser que ce genre d'installation ou de manifestation à proximité de « places-fortes » des Bandidos correspond à une véritable politique de provocation de la part des H.A. et de leurs alliés. En novembre 1997, un Bandidos d'Annemasse est arrêté en possession d'armes de poing ainsi que d'une liste d'objectifs visant les sous-groupes des HA. Plus largement, les gangs de motards français sont parties prenantes de la guerre en Scandinavie : ils assurent notamment la logistique par des recueils de fonds pour financer le conflit, l'accueil et la protection des membres en fuite,... Fin juillet 1998, les Bandidos marseillais ont même accueilli un « Euro-Run » de quelques 300 Bandidos, Outlaws, Ghostriders (d'Allemagne) et Rock Machines (du Québec). Au menu de cette réunion au sommet figurait notamment la question de la guerre contre les Hells Angels. En 1999, plusieurs Bandidos, dont une figure danoise du mouvement (surnommé « le Roi Soleil »), ont effectué une « tournée » pour durcir la position des Bandidos face aux H.A.. Cette « tournée » est notamment passée par Marseille et Metz.

3) l'importance des petites bandes

L'affrontement Est-Ouest se faisait via des conflits locaux lors de la Guerrre Froide. De même, les deux grandes organisations présentes sur le territoire national s'affrontent-elles par sous-bandes interposées. Chargées de l'exécution des basses oeuvres, ces bandes en retirent un avantage certain par la reconnaissance de leurs aînés, aboutissant parfois à un changement de statut (d'hangaround à prospect) voire au droit de porter les couleurs rouge et blanche ou le bandit mexicain rouge et or (selon l'affiliation). Au sein de la « galaxie » Hells, on peut citer : le M.C. Drôme ; les Diableros (Lot et Garonne) ; les Bad Winners (déjà mentionnés, en Haute-Savoie) ; les Outsiders et les Partners Bands (Région Parisienne) ; les 666214 (Charente) ; les Mescaleros215 (Rouen) ; les Wind's Brothers (Oise) ; les Mescaleros (Roussillon) ; le Cercle of Friends ; le Yankton (Beauvais) ; le M.C. Champagne ; le Liberty M.C. (Alsace) ; les Road Brothers (Drancy) ; le Evil's Tribe (Clermont Ferrand) ; les Noir Mat (St-Quentin)216 ; les Devil's Sons (Angoulême) ; le Wakan Tanka (déjà cité, Cavaillon) ;... Ce sont eux qui montent au feu pour la défense du territoire. Il est ainsi d'autant plus difficile pour la police d'impliquer des H.A. directement dans des opérations violentes. Il en va de même pour le trafic de stupéfiants. Depuis la descente de la Brigade des Stupéfiants à leur siège de la rue Louis-Blanc en 1991, les Hells Angels se montrent plus discrets et préfèrent « sous-traiter » leurs opérations de drogue à leurs clubs prospects ou hangaround. D'autres activités risquées sont également effectuées par des sous-bandes : en janvier 1999, 5 membres du « M.C. Sequane » (tendance Hells) sont arrêtés à Besançon pour des vols à main armée. Ils se sont lancés dans cette activité suite à une dette impayée contractée au cours d'un rassemblement de motards217. Un autre club proche des Hells Angels218, le « Clan des Templiers », est démantelé dans le Vaucluse en décembre 1998. Les Templiers, qui envisageaient une nouvelle implantation en Seine-et-Marne219, sont soupçonnés de recouvrements de dettes « musclés », de vols, de violences et d'incendies de voiture220. Très présents dans la sécurité privée locale, les « Templiers » sont arrêtés avec des armes, des insignes et des documents « White Suprematist ». Les sous-bandes jouent donc ainsi réellement un rôle de « coupe-circuit » : il est très difficile de remonter des exécutants aux donneurs d'ordre.

De leur côté, les Bandidos ont su réunir autour d'eux les petits clubs refusant l'arrogance et l'impérialisme des H.A.. On peut ainsi citer les « Thunderbirds » de Nancy dont les couleurs ont été pourtant signalées au « Free-Wheels » de 1999. Au début des années 90, les Bandidos de Marseille entretenaient des liens étroits avec les "Road's Vikings" du Var et les "Sarmates" de Nice (à l'origine du club prospect)221. Les Outlaws nantais avaient également des liens avec trois autres clubs : 2 dans le Morbihan (« Vikings Nomades » et « Ouest Froggies ») et un à Brest, les « Dialens », considérés comme très violents et liés à un mouvement néo-druidique.

Le cas de l'Espagne n'a pas été traité dans le chapitre sur l'implantation internationale des gangs de motards : le club des « Centuriones » de Barcelone entretient un rapport privilégié avec ses « grands frères » français. Ceux-ci sont en effet les « parrains » de ce club espagnol, devenu par la suite le premier chapitre Hells Angels en Espagne, en même temps que celui de Valence. Les « parrains » français ont donc été chargés de suivre le club, de l'organiser sur le modèle d'un chapitre H.A. classique, enfin de sélectionner les « Centurions » ayant le droit de porter les couleurs rouge et blanche. Les liens sont forts entre les deux groupes trans-pyrénéens222 : les rencontres se font lors des fêtes des uns et des autres ; une présence espagnole est également signalée lors des funérailles du Président du club toulousain en février 1994. C'est le 19 avril 1997, lors des cérémonies marquant le dixième anniversaire des H.A. d'Orléans que les clubs de Barcelone et de Valence ont été officiellement intronisés par leurs parrains français, devant des représentants issus de toute l'Europe, à Chilleur aux Bois. Cette implantation espagnole ne s'est pas faite facilement car plus d'un an auparavant, le 21 mars 1996, la police était menée contre le club (alors prospect) à Barcelone. Des armes, de la drogue et des insignes nazis ont été saisis dans le local de cette « bande néo-nazie »223. Depuis 1994, les "Centuriones" puis les "Hells Angels - Spain" organisent près de Tarragone le festival « Viva Las Vegas » via leur société « Artistic Promotions Pro Arts ». Ils possèdent également des clubs prospects (le « MC Valladolid » et le « MC Zaragoza ») et hangaround (« Bloody Devils » au Portugal224, « Calaveras MC » et "Jokers MC"225 à Barcelone et « Ases MC »). Il existait un autre club prospect, les « Islanders » de Mayorque, mais celui-ci a été dissous (remplacé par les « Imperiales MC ») et son chef a rejoint les Hells de Valence.

Autres gangs espagnols : Skulls MC / Comancheros / Vevils / Destroyers / Pawnees / Outlaws226 / Arcane MC / Demons of the Asphalt / Jokers

4) les liens avec l'extrême-droite

Les bandes de motards sont peu politisées. Ce ne sont pas des mouvements terroristes oeuvrant pour telle ou telle doctrine politique : leur seul but est de faire de l'argent, notamment via les activités illégales. Néanmoins, les H.A. ont une attitude clairement raciste qui va au delà des insignes nazis qu'ils affichent227. Certains membres H.A. sont connus pour être des skin-head ou proches de ceux-ci, fréquentant notamment le milieu du hard-rock228. Certains membres du "Clan des Templiers" (décrit plus haut) étaient également membres du Parti Nationaliste Français et Européen (PNFE). Plus intéressant sont les liens unissant les Hells parisiens à un personnage emblématique du mouvement skinhead. Ancien leader des « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires », « Batskin  » était à la tête d'un groupe de motards utilisé par les H.A. pour des actions violentes. Installés rue de l'Ourcq (19ème), près du repaire des H.A. (ils fréquentaient notamment le bar « F.T.W. »), ils étaient également connus pour organiser des compétitions de bras de fer. Il faut également noter que « Batskin » a participé à l'organisation du service d'ordre du Free-Wheels en 1995 et 1996. Sa participation au rassemblement de l'année suivante a été sans doute contrariée par son arrestation en mars 1997 : il était porteur de 2 grammes d' « ice ». Il s'agissait là de la première saisie en France de cette méthamphétamine très puissante229. Autre indice des liens entre HA et skinheads : en septembre 1999, une fête importante du mouvement motard230 a eu lieu sur une boîte de nuit installée sur une péniche sur la Seine. Cette boîte de nuit est connue comme appartenant à des sympathisants des skins.

Ce fond raciste a pourtant posé des problèmes récemment quand les H.A. parisiens ont fait entrer dans leurs rangs des nouveaux membres d'origine maghrébine. Cette décision, fondée sur la nécessité de rajeunir l'organisation et sur les contacts qu'ont ces nouveaux membres dans le monde de la drogue, a suscité des réticences :. certains membres purs et durs du groupe ont préféré prendre leurs distances. En général, cette attitude se solde par des représailles, mais en l'espèce, il semble que ces départs n'ont pas eu de suite.

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203 Un dirigeant du Chapitre parisien possède un salon de tatouage juste en face du bar FTW.

204 Pour celà, des cours de langue et des séjours linguistiques en Angleterre ont été organisés

205 Après leur intronisation officielle, les nouveaux "frères" se sont rendus dans plusieurs concessions Harley-Davidson de la région parisienne pour leur préciser que le marché de l'occasion était désormais un monopole de leur société...

206 Quelques semaines avant, une réunion européenne des Bandidos s'est également tenue sur la Côte d'Azur, entre Marseille, Cannes et Nice.

207 La région marseillaise est très prisée des motards nordiques qui viennent pour le plaisir, les affaires et parfois pour prendre quelque distance avec la justice.

208 Certains observateurs les considèrent comme proches des Hells Angels.

209 Presse-Océan - 14 décembre 1997

210 La Lettre à Lulu n°16 - février 1998

211 Preuve de l'importance qui lui est donné au sein de la mouvance Bandidos.

212 Une réunion de conciliation entre H.A. et Bandidos s'était tenue quelque temps auparavent aux U.S.A. pour le partage du marché des pièces détachées et des concentrations de motos en France. Echec...

213 Les prospect-Bandidos de Dijon ont affirmé avoir été agressés quelques mois avant la fusillade près du circuit de Magny-Cours, dans la Nièvre.

214 Toujours la référence au satanisme.

215 Les « Mescaleros M.C. Normandy » ont organisé pendant plusieurs années un « Harley Rock Show » dans l'Eure. Au programme : attractions liées à la moto, bras de fer, stands de tatouage, strip-tease, concerts,...

216 Ce club, après plus de 10 ans d'existence, a éclaté en 2000 en deux clubs rivaux.

217 Dépêche d'Associated Press - 22 janvier 1999

218 Des contacts avaient également été établis avec les Bandidos et leurs relations avec leurs voisins pro-Hells du "MC Drôme" étaient tendues...

219 Une installation qui semble s'être concrétisée en janvier 2001, à Melun.

220 Des rumeurs ont circulé sur un projet de "contrat" dans la région parisienne.

221 En 1988, le leader du gang, Roch Isnard, par ailleurs chanteur dans le groupe de rock `Ranc_ur", est assassiné. 5 membres du gang seront condamnés en janvier 1990. Le principal responsable du meurtre, Gilbert Tambouez, condamné à 12 ans de prison, est devenu par la suite membre du chapitre Bandidos de Grasse et impliqué dans des petites affaires de drogue (Le Nouveau Détective - 31 janvier 1991).

222 Un gang du sud-ouest, proche des Hells Angels, est également soupçonné de se livrer au trafic d'armes avec l'E.T.A..

223 Selon le qualificatif donné par le communiqué des services de police et reprise par une dépêche de l'A.F.P.

224 Devenu club prospect en 2001.

225 Créés en mars 1995.

226 Il s'agit d'un club homonyme du "Big Four".

227 Divers portraits de dirigeants du Troisième Reich avaient été découverts par la police dans les locaux des Bandidos de Montpellier ; des « pressions » avaient été exercées sur les journalistes locaux pour ne pas faire état de cette découverte.

228 Ceci est notamment vrai pour les membres toulousains, issus des « Barbarians »

229 Rappelons que les H.A. sont connus pour être d'importants trafiquants de méthamphétamines.

230 Signe sans doute du nouveau dynamisme des Hells français, cette "Support Party" a été suivie d'autres en 200 et 2001. Ces fêtes ont de nouveau eu lieu sur une péniche, sans doute pour faciliter le contrôle d'accès.